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res. Enfin Martin alla le trouver, lui reprochant, avec émotion, son silence et son peu d'empressement à recevoir le chef Franc. Pourquoi donc ne venezvous pas nous dire ce qu'il faut faire? Charles, notre seigneur, est sur le point d'arriver ici. Le saint ayant alors achevé son oraison, répondit avec douceur : Allez trouver ceux qui viennent d'arriver, donnez-leur tout ce qu'il faut, et dites-leur qu'ils peuvent retourner près de leur maître; car, en vérité, Charles ne viendra pas au monastère cette année. Le prévôt exécuta les ordres de son abbé; la multitude, qui était entrée, partit après avoir pris ce qui était nécessaire, et Charles, de son côté, acheva la route qu'il avait commencée1.

Dieu fit aussi connaître à son serviteur la gloire future du fils de Charles, le grand Pepin, l'illustre défenseur des droits de la sainte Eglise romaine. Lors de la naissance de cet enfant, il vint à Lobbes un noble chevalier de la cour de Lestines, annoncer à Ermin cet heureux évènement. L'abbé s'enquit du nom qu'on lui avait donné: Il s'appelle Pepin, lui fut-il répondu. Le visiteur étant parti, Ermin dit à ceux qui l'entouraient : Cet enfant obtiendra l'empire des Francs, et le gouvernera avec une vigueur que nul de sa race encore n'a montrée2.

1) Gilles Waulde, p. 161. Vie inédite de saint Ermin.

2) Pepin, fils de Charles-Martel, naquit en l'an 714. C'est le premier roi de la seconde race; son père Charles et son aïeul Pepin n'avaient jamais pu prendre ce titre. Il fut surnommé le Bref à cause de sa petite taille. Saint Eloi et saint Willibrord avaient aussi annoncé la gloire du grand Pepin. Cf. Gilles Waulde, p. 163. Vie inédite de saint Ermin. Feller v. Pepin. Anquetil, Histoire de France, tom. I, p. 198, Paris, Locquin, 1841. Cantu, Hisioire universelle, t. IV, p. 360.

Il nous resterait sans doute à écrire divers autres prodiges opérés par ce saint prélat pendant le cours de sa vie, mais la négligence des écrivains, et surtout l'humilité de notre bienheureux, en ont fait perdre le souvenir. Citons toutefois encore la connaissance du décès de Guinibert, religieux de Lobbes, qu'Ermin apprit par révélation, lorsqu'il se trouvait au monastère d'Elnon. Guinibert avait à peine rendu le dernier soupir à l'abbaye de SaintPierre, qu'Ermin le recommanda aux prières et aux suffrages des moines d'Elnon; «ce qu'ils firent avec d'autant plus d'empressement, dit un hagiographe, qu'ils y étaient obligés non-seulement par les devoirs d'une confraternité déjà établie, mais aussi par le respect que méritait un prélat qui venait de leur donner des marques d'une si grande vertu1. »

Une vie si sainte et si miraculeuse fut couronnée par une mort précieuse devant Dieu. Comblé d'années et enrichi de mérites, Ermin reçut la récompense promise à ceux qui suivent la voie des divins commandements. Il mourut l'an de grâce sept cent trente-sept, le vingt-cinq avril, le jeudi avant les Rogations. Ermin avait gouverné le monastère de Lobbes pendant vingt-cinq années. Son corps fut déposé dans l'église supérieure au côté gauche de l'autel, en face du tombeau de saint Ursmer3.

1) Vie inédite de saint Ermin. Gilles Waulde, p. 164. 2) Ibid.

3) On voit encore aujourd'hui dans la crypte de l'église paroissiale de Lobbes, le tombeau de notre saint. On célébrait autrefois plusieurs fêtes en l'honneur de saint Ermin. 1o la fête principale, le 26

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Mausolée de Saint-Ermin. Œuvre moderne recouvrant l'ancien Tombeau.

CHAPITRE V.

L'ABBAYE DE LOBBES DEPUIS LA MORT DE SAINT ERMIN JUSQU'A CELLE DU B. ANSON.

Fulcuin et après lui divers historiens et 'chroniqueurs donnent Théoduin comme successeur de saint Ermin, en la dignité abbatiale de Lobbes'. Le 6 février 743, ce prélat obtint de Carloman2, maire du

avril, au lieu du 25 empêché par la fête de saint Marc: jour de la mort de saint Ermin (dies natalis). 20 le 20 octobre, fête de l'élévation de son corps. 30 le 23 septembre, commémoration commune avec les autres saints de Lobbes. 40 le 2me dimanche après la Nativité de saint Jean-Baptiste, fête de la translation des reliques des saints, de Lobbes à Binche. 50 le 14 octobre, commémoration de la translation de 1459. 60 le 2 avril, commémoration des mérites de saint Ursmer et de saint Ermin, qui en ce jour ont délivré les habitants de Lobbes de la fureur des Hongrois.

1) C'est l'opinion de Delwarde, tom. I, p. 288, de Bucherius, de Pinius, Sylloge histor., tom. II, de Lecointe et des auteurs du Gallia Christiana, nouv. édit. tom. III, col. 80; contre Bollandus et Gilles Waulde, p. 344, qui donnent saint Théodulphe comme successeur de saint Ermin, et contre le P. Fisen, qui fait succéder saint Ulgise à saint Ermin.

2) Le maire du palais Carloman était fils de Charles-Martel et frère du roi Pepin le Bref. Après la mort de son père, il eut en partage la Neustrie, la Souabe et la Thuringe. En 747, il abandonna à son frère ses états, et se fit religieux chez les Bénédictins du mont saint-Oreste, anciennement appelé le Soracte. Pour éviter les honneurs qu'on lui prodiguait, Carloman se retira au Mont-Cassin. Il mourut dans un monastère de Vienne (au Rhône) le 4 décembre, l'an 754. Le Bienheureux Carloman n'a jamais été canonisé par l'Eglise. Cependant il a été honoré d'un culte très-ancien au monastère du Mont-Cassin. Cf. Ribadeneira Vies des saints, tom. XII, p. 70; Gaume, Les Trois Rome, t. III, p. 38.

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