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après l'avoir faite, il ne leur serait plus permis de remplir aucune fonction de leur ordre, et qu'ainsi le peuple serait privé des sacrements. « Que ferai-je donc de vous, mes frères, dit Rathier? si vous ne confessez pas vos péchés, je crains que vous ne soyez pas sauvés; si vous les confessez, il ne vous sera plus permis d'offrir le saint Sacrifice1. »> Ce fut dans cette perplexité que Rathier forma le dessein d'aller prendre conseil à Rome2. L'Itinéraire est fort semblable au traité du mépris des canons, et peut être regardé comme lui faisant suite.

Après l'Itinéraire vient dans l'édition de Vérone le diplôme de l'empereur Othon en faveur de Rathier et de son église, diplôme dont nous avons suffisamment parlé dans la vie de l'illustre Pontife3.

Ce diplôme est suivi de la charte de fondation en faveur des pauvres clercs de l'église de Vérone: Judicatum Ratherii seu fundatio et dotatio pauperiorum clericorum cathedralis Veronensis ecclesiae. Le Judi

1) Oblata non permitteris consecrare, si te peccasse confiteris; salutem non consequeris, nisi te peccasse confitearis. Quid igitur de vobis faciam, fratres et compresbyteri mei? Si peccata vestra non confitemini, timeo, timeo ne non salvemini : si confitemini, oblata nisi contra vetitum consecratis; si contra vetitum consecratis, ignem aeternum accenditis. Itin. n. 13, op. col. 595. Rathier, en disant à ses clercs que, s'ils confessent leurs péchés, ils ne pourront plus offrir le saint sacrifice, s'appuyait sur le neuvième canon du concile de Néocésarée, en 315. - Presbyter si confessus fuerit, quod ante ordinationem corporali peccato deliquerit, oblata non consecret, manens in reliquis officiis propter studium bonum. Si enim qui ante ordinationem corporaliter se peccasse confitetur, tam austere feritur, ajoute Rathier, quid de eo qui post ordinationem moechatus fuisse cognoscitur? Cf. Itiner. n. 10, op. col. 592.

2) Cf. Itiner. n. 17, op. col. 599.

3) Cf. tom. I, p. 245.

catum est adressé à tous les évêques de Vérone successeurs de Rathier'; et la fondation que celui-ci établit, est en faveur de quelques prêtres-chapelains, sous-diacres, acolythes et portiers de l'église cathédrale. De l'avis du prélat ce sont ces clercs qui rendent les plus grands services à l'église. Cette charte est une nouvelle preuve de la pauvreté de Rathier. « Je leur ai fait sans doute une faible donation, dit-il, car je n'avais rien de plus à donner; lorsque les autres cherchaient à s'enrichir, j'étais occupé à chanter les louanges de Dieu dans l'amertume de mon cœur3. »

L'opuscule suivant a pour titre De clericis sibi rebellibus. Rathier se plaint de la rébellion de ses clercs contre lui, et de leur insensibilité opiniâtre qui les empêche non-seulement de mettre en pratique les canons, mais même de les lire et d'en entendre parler. Il les exhorte à se corriger, et il leur déclare que c'est dans cette espérance qu'il n'a pas voulu les frapper de l'excommunication, comme il aurait pu le faire. Il leur reproche enfin de l'avoir déjà chassé quatre fois de son église. Les auteurs de l'Histoire litté

1) Ratherius, Dei solummodo gratia Veronensis episcopus, successoribus omnibus. Judicatum, op. col. 605.

2) Considerans... qui majorem in Ecclesia laborem, et fortiorem sustinerent adeo paupertatem, delegavi quaedam quibusdam presbyteris capellanis, subdiaconibus, acolythis, atque ostiariis nostrae matris Ecclesiae. Judicatum, n. 2, op. col. 607.

3) Parum vero eis ideo contuli, quia et dandis non adeo abundabam, utpote qui ubi alii dominabantur, ego solum moerens cantarem. Judicatum, n. 4, op. col. 611. Cf. tom. I, p. 244 et suiv.

4) Des clercs rebelles.

5) De clericis rebellibus, n. 1, op. col. 615.

6) Ib. n. 2, op. col. 617. Cf. tom. I, p. 224 et 246.

raire de France croient que l'opuscule

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Des clercs rebelles, est un discours prononcé par Rathier en présence de ses ecclésiastiques.

Cette allocution est suivie de la Discorde entre Rathier et son clergé, Discordia inter ipsum Ratherium et clericos. Après avoir montré que le différend entre lui et son clergé n'est pas nouveau, puisqu'il avait commencé dès sa promotion à l'évêché de Vérone1, Rathier en indique les principales causes, savoir: la diversité des mœurs de ses clercs avec les siennes, son attention à faire observer les lois de l'Eglise, quoiqu'il ne les contraignit point par la violence, ses instances pour leur faire quitter tout commerce avec les femmes, conformément aux décrets des conciles et à l'ordre de l'empereur, enfin son impatience au sujet du partage inégal des revenus ecclésiastiques.

L'Apologétique, Liber apologeticus, parut presque aussitôt après la Discorde. Rathier le publia pour se justifier en particulier de l'accusation intentée contre lui par ses clercs, parce qu'il avait employé à restaurer la basilique de Saint-Zénon une somme d'argent que l'empereur lui avait confiée. Le prétexte de l'accusation était que ces deniers auraient dû servir au soulagement des nécessiteux. Rathier prouva qu'il n'avait pas contrevenu aux ordres de l'empereur; que ce prince, en lui remettant cet argent, l'avait laissé le maître de l'employer à la réparation de la basilique et de distribuer l'excédant aux pauvres. Il ajoute que, comme on ne voyait à Vérone aucun 1) Discordia, n. 1, op. col. 619.

2) Liber Apologeticus, n. 2, op. col. 631.

indigent aux besoins duquel on ne pourvût, la somme donnée par Othon ne leur était pas indispensable : qu'au surplus l'évêque avait le droit d'appliquer les revenus de l'Eglise à toute espèce d'œuvre nécessaire, sauf les deux parts destinées à l'entretien du clergé et de son chef. Rathier se croyait d'autant plus autorisé à rebâtir les églises de son diocèse tombées de vétusté, ou brûlées par les païens, qu'il était le seul qui s'intéressât à une œuvre si louable'. Il trouvait même dans ces constructions de l'avantage pour les pauvres, qui gagnaient leur vie en y travaillant, et qui profitaient plus que les riches de ces édifices; car il entre plus d'indigents que de riches dans les églises3. Le prélat adressa son Apologétique au plus ardent de ses adversaires, qui, non content de censurer ses paroles et ses actions, se constituait encore le juge de ses intentions. Il se plaint aussi dans cet écrit de ce que l'un de ses ennemis était allé à Rome sans sa permission, et y avait obtenu, à prix d'argent, des lettres émanées, en apparence, du Siége Apostolique, qui l'excommuniaient lui et ses successeurs, s'ils se mélaient de la distribution des revenus de l'église de Vérone. Rathier dit à ce sujet, que l'excommunication causera du trouble, parce que s'il méprise l'anathême du Saint-Siége, ce sera un mauvais exemple pour

1) Liber Apologeticus, n. 5, op. col. 636.

2) Ib. n. 3, op. col. 633.

3) Ib. n. 4, op. col. 634.

4) Cf. Apologetic. tit. op. col. 629.

5) Cf. tom. I, p. 249.

tout le monde; s'il y obéit, il ne lui sera plus permis de célébrer la messe ni de remplir les fonctions d'évêque, et celui qui, en qualité de surintendant est au-dessus des autres, se verra au-dessous de tous. Le prélat signale l'injustice du procédé de ce téméraire qu'il accuse de n'avoir pris la précaution de le faire excommunier qu'afin de l'empêcher de connaître les violences que ce clerc et ses confrères ont commises dans l'Eglise, violences telles, qu'on ne pourrait y célébrer les saints mystères le jour de Pâques, si on ne la réconciliait auparavant1. Nous avons donné plus haut le Testament de Rathier qui suit l'Apologétique dans l'édition des frères Ballerini2.

Les lettres de Rathier qui forment la seconde partie de ses œuvres sont au nombre de treize. La première est la plus importante de toutes à cause du sujet qu'elle traite, c'est-à-dire le dogme de la présence réelle de J.-C. dans l'Eucharistie. Elle est adressée à un prêtre nommé Patrick3.

Le commencement de cette lettre est extrêmement obscur, mais le reste est très-clair. Après avoir établi en quelques mots s'il est plus utile de célébrer la Messe tous les jours, ou de ne le faire que rarement*, Rathier prouve les dogmes de la Transubstantiation et de la présence réelle de J.-C. dans l'Eucharistie

1) Apologetic. n. 7, op. col. 639.

2) Cf. tom. I, p. 251.

3) De Corpore et Sanguine Domini, Patrico Ratherius, misero miserrimus. Epist. 1, op. col. 645.

4) Epist. 1, n. 1, op. col. 645.

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