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DÉFENSE

DE L'ORDRE SOCIAL

CONTRE LES PRINCIPES

DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

CHAPITRE I.

Considérations préliminaires sur la Société civile et sur les Gouvernemens.

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Ce n'est point dans les institutions humaines, c'est dans la nature qu'il faut chercher les principes fondamentaux de l'ordre social. Les hommes ont créé les sociétés politiques, ils les ont diversifiées selon le génie, le caractère et le besoin des peuples; mais en s'unissant pour vivre sous des lois communes, ils n'ont fait qu'obéir à l'impulsion irrésistible de la Nature.

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DE L'ORDRE SOCIAL

CONTRE LES PRINCIPES

DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

CHAPITRE I.

Considérations préliminaires sur la Société civile et sur les Gouvernemens.

CE n'est point dans les institutions humaines, c'est dans la nature qu'il faut chercher les principes fondamentaux de l'ordre social. Les hommes ont créé les sociétés politiques, ils les ont diversifiées selon le génie, le caractère et le besoin des peuples; mais en s'unissant pour vivre sous des lois communes, ils n'ont fait qu'obéir à l'impulsion irrésistible de la Nature.

Le plus célèbre des philosophes de l'antiquité définit l'homme, un animal politique ou social. En effet, la longueur et les besoins de son enfance, l'usage de la parole qui le distingue de tous les animaux, sa perfectibilité qui ne connaît point de terme et qui ne peut se développer que par le commerce de ses semblables, ses affections expansives qui le font jouir ou souffrir dans les autres; ses passions, ses vertus, ses vices même, tout démontre qu'il est né pour la société.

La société domestique est, sans doute, le premier vœu de la Nature; mais elle n'en remplit pas toutes les vues. Elle est trop retrécie et trop faible pour suffire aux penchans de l'homme, à ses besoins, à ses dangers. Les liens du sang se relâchent à mesure qu'ils s'étendent: les familles tendent sans cesse à se séparer; l'autorité qui doit les contenir, la force qui doit les protéger, s'évanouiraient bientôt, si elles ne se réunissaient pas en une seule famille politique. La société domestique est l'élément de la société civile. Sans la première, les individus ne pourraient se conserver; sans la seconde, les familles ne peuvent se perpétuer.

D'ailleurs, il est évident que le genre humain ne peut se multiplier à un certain point, et subsister avec quelque aisanse, si le droit de propriété n'est pas reconnu. Le droit de propriété augmente la valeur de la terre en la fécondant par la culture;

il conserve jusqu'à leur parfaite maturité les productions de la nature que le droit de premier occupant détruirait avant terme. Il étend et perfectionne les commodités de la vie, par l'échange que les hommes font entr'eux du produit de leurs fonds et du fruit de leur industrie. Tels sont les avantages du droit de propriété, que par-tout où il est reconnu, ceux même qui n'ont aucune propriété personnelle, sont mieux pourvus contre les besoins de la nature, que ne l'est aucun de ceux qui errent dans ces vastes solitudes où tout est en commun.

Or, quoique le droit de propriété ait son fondement dans le droit naturel, il faut convenir qu'il ne peut être réglé et protégé que par le droit civil. Il serait même facile de prouver que la propriété foncière ne peut exister que dans la société civile, et qu'il n'y a de société civile proprement dite, que parmi les nations agricoles. D'où il suit que, l'homme est appellé à l'agriculture par ses besoins et par la voix de la nature, on ne peut nier que l'état social ne soit son état naturel.

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Enfin la société civile et ses divers établissemens sont les effets nécessaires de ce principe, en vertu duquel l'espèce humaine tend continuellement à se perfectionner. Ce n'est pas en s'éloignant de la Nature, comme l'ont dit quelques philosophes, c'est en suivant sa direction et en la secondant, que les hommes font tous les jours des progrès dans la

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