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LA MAISON DE RETRAITE

GALIGNANI FRÈRES

Nous lisons dans le journal le Temps du 22 février, l'intéressant article suivant, que nous sommes heureux de reproduire presque eu entier pour nos lecteurs, sur la « Maison de retraite Galignani frères » :

des deux frères Galignani. M. Jules Thomas, de l'Institut, est chargé de l'exécution des bustes, et M. Aublet, le peintre, des portraits.

« Les travaux seront terminés avant le mois de juillet prochain, de sorte que l'inauguration de l'asile aura lieu en novembre. Le legs de MM. Galignani se composait, en outre du terrain, de 70,000 fr. de rente 5 % et de deux immeubles sis à Paris : l'un rue Neuve-desPetits-Champs, n° 87, et l'autre, rue de l'Echiquier, no 38. Par suite de la conversion du 5 % en 4 1/2, les rentes se trouvent aumonument de forme carrée portant l'inscrip-jourd'hui réduites à 63,000 fr.; quant aux

A l'angle du boulevard Victor Hugo, au numéro 53 du boulevard Bineau s'élève un

tion « Maison de retraite Galignani frères». C'est là que seront recueillis bientôt quelques-uns de ceux appartenant à la nombreuse famille des sciences et des arts, et qui, n'ayant eu la sagesse ou le pouvoir de songer à l'avenir, terminent leur existence dans les angoises et la misère. D'après les intentions des fondateurs, cent personnes des deux sexes, âgées de soixante ans, seront recueillies dans cet asile. -Touchante sollicitude de deux êtres généreux ayant connu les défaillances et les amertumes de la carrière artistique, et voulant en atténuer les rigueurs à ceux que l'âge et la maladie ont atteints!

« Les constructions, commencées au mois de septembre 1885, seront terminées dans trois mois. Environ soixante-dix ouvriers travaillent sans relâche à l'édification de l'œuvre. La grosse maçonnerie est achevée; seuls, les travaux de marbrerie et de menuiserie restent à terminer. Le terrain affecté à cette construction est de 7,169 mètres et faisait partie de la fortune immobilière de MM. Galignani frères.

L'ensemble du monument comporte un pavillon central orné d'une vérandah et flanqué de deux ailes venant en avant. Une série de bâtiments sont disposés autour d'une cour centrale, précédée elle-même d'un jardin profond de 20 mètres. Le style architectural est simple, « du Louis XVI modernisé », pour employer l'expression technique.

Les bâtiments du fond, élevés d'un étage, renferment les services généraux; les bâtiments latéraux, élevés de trois étages, seront affectés aux pensionnaires. Toutes les chambres prennent jour soit sur la cour centrale, soit sur les chemins de ronde, et s'ouvrent sur un large couloir. Un ascenceur et un escalier desservent chaque groupe de bâtiments latéraux. Rien n'a été négligé pour rendre agréable aux pensionnaires le séjour de l'asile. Une chapelle gracieusement décorée et une grande salle de lecture et de jeux complètent le monument. Chaque pensionnaire aura sa chambre meublée confortablement et un cabinet de toilette y attenant. Dans la salle de réception du rezde-chaussée, on verra les bustes et les portraits

deux immeubles, leur produit net s'élève à 77,000 fr., ce qui porte à 140,000 fr. les reve. nus de la fondation Galignani.

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« Suivant les volontés expresses de MM. Galignani, pour être admis dans cette maison, chaque pensionnaire devra payer une pension annuelle de 500 fr. Les non payants la moitié des pensionnaires seront choisis dans les catégories suivantes : Dix anciens libraires ou imprimeurs français, leurs veuves ou leurs filles; vingt savants français, leurs pères ou leurs mères, leurs veuves ou leurs filles; vingt hommes de lettres ou artistes français, leurs pères ou leurs mères, leurs veuves ou leurs fills.

« En évaluant à 1,000 fr. par an les frais d'entretien de chaque pensionnaire, on voit que la fondation aura à faire face annuellement à une dépense de 75,000 fr.; savoir: entretien des cinquante pensionnaires admis gratuitement, soit 50,000 fr.; plus l'entretien des cinquante pensionnaires versant 500 fr., soit 25,000 fr.; en tout, 75,000 fr.

« Cette somme, rapprochée des 140,000 fr. de revenus de la fondation, laisse une marge de 65,000 fr., soit en capital une somme de 1,690,000 fr. Or, les frais de construction de la maison de retraite atteignent, d'après les devis dressés par les architectes de l'Assistance publique, la somme de 1,200,000 fr.

« L'administration a donc aliéné pour la construction une somme de rentes représentant 1,200,000 fr. de capital, soit 50,000 fr. environ, de sorte que la fondation disposera encore de 90,000 fr. de rentes ou revenus. Un dixième, soit 9,000 fr., devant être capitalisé chaque année, en conformité des instructions ministérielles, il restera net 81,000 fr. pour couvrir une dépense annuelle de 75,000 fr.

« Le terrain, boulevard Bineau, mesure exactement 7,099 mètres entre murs. Il est de forme à peu près carrée et sa longueur sur le boulevard est de 90 mètres. Mais une servitude, qui lui est commune avec les autres terrains du boulevard Bineau, n'a permis de bâtir qu'à une distance de 20 mètres de l'alignement; la surface du terrain se trouve donc réduite à 5,300 mètres environ............. »

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La papeterie française vient de perdre son doyen, M. Mauban, mort le 14 février à l'âge de quatre-vingt-trois ans. Qu'il nous soit permis de rendre ici un dernier hommage à cet homme de bien, à ce travailleur modeste dont toute la vie s'est résumée dans ces mots : faire son devoir.

Né en 1805, il dirigeait ses études vers la médecine, voulant continuer les traditions de son père qui était médecin des Mamelucks de la Garde. Malheureusement ce dernier mourut pendant la première invasion et la mère de notre regretté confrère changeant la direction de ses idées, préféra le voir se destiner au commerce. La voie se trouvait indiquée pour lui; neveu de M. Thierry, un des prédécesseurs de notre confrère Barthélemy, cousin de

M. Boichard, dont il devint le gendre, et qui
était à cette époque le chef de la maison
bien connue, aujourd'hui entre les mains de
Mme veuve Prioux, il devait naturellement en-
trer dans notre industrie. En 1840, avec le
concours de son beau-père, de MM. Pillet,
Tenré, Crapelet, il fonda la Société anonyme
des papeteries du Souche, dont il resta le direc-
teur jusqu'en 1862. Pendant cette période de
vingt-deux ans, il sut faire prospérer cet éta-
blissement, le tenir toujours au courant des
nouveaux procédés de fabrication tout en mo-
dérant certaines impatiences par son bon sens
éclairé; ce qui prouve ce que nous avançons,
c'est que, en 1849, il obtint pour son établisse-
des
pour
ment à l'exposition, une médaille d'or
papiers où entraient de fortes proportions de
pâte de bois, et en 1852, il obtint une médaille
de première classe pour des papiers de tenture
avec fonds de couleur.

Il avait été de ceux qui fondèrent en 1847 le Cercle de la librairie; il y fit bientôt partie du comité judiciaire qui a rendu de si grands services à nos industries. Remarqué de ses collègues pour la droiture de ses idées, la rectitude de son jugement, il fut désigné par eux aux élections au Tribunal de commerce en 1865. Juge suppléant, puis juge, de 1865 à 1870, il porta au tribunal les qualités maîtresses qui l'avaient désigné à ses confrères, et plus d'un justiciable pourrait attes ter ici qu'à la droiture et l'impartialité du juge il joignait le cœur d'un homme de bien.

Depuis 1870, fatigué d'une vie de travail si bien remplie, il restait au milieu des siens, tranquille, honoré, faisant le bien autour de lui. C'est ainsi qu'il s'est éteint, laissant à sa digne veuve le souvenir cruel et doux de quarante-huit années d'une union sans nuage, à ses enfants et petits-enfants un nom respecté et l'exemple d'une vie sans reproche, et, consolé de mourir par la conviction qu'il avait l'enque cette cruelle séparation n'était que trée dans une vie nouvelle où les siens le retrouveraient un jour.

G. G.

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CHRONIQUE

DU JOURNAL GÉNÉRAL

DE L'IMPRIMERIE ET DE LA LIBRAIRIE

AU CERCLE DE LA LIBRAIRIE, DE L'IMPRIMERIE ET DE LA PAPETERIE
BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 117, A PARIS

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SOMMAIRE: Assemblée générale annuelle du Cercle de la librairie Rapport du Président; Élections. Assemblée générale ordinaire annuelle de la Société civile des propriétaires de l'hôtel du Cercle de la librairie; Rapport du trésorier: Remboursement de vingt actions. Exposition de Copenhague. Loi modifiant les droits de douanes à l'égard de certains produits italiens. Librairie étrangère. Bibliothèque de lecture.

- Vente publique.

CERCLE DE LA LIBRAIRIE.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE

DU 24 FÉVRIER 1888.

Présidence de M. Paul DELALAIN.

Le 24 février 1888, à neuf heures du soir, les membres du Cercle de la librairie, de l'imprimerie, de la papeterie, du commerce de la musique et des estampes se sont réunis en Assemblée générale dans les salons du Cercle.

103 membres ont signé le registre de présence.

M. Paul Delalain occupe le fauteuil de la présidence.

Prennent place au bureau MM. Baudry et Jousset, vice-présidents du Conseil d'administration; Armand Templier, secrétaire; Bouasse-Lebel, trésorier; Alcan, Champenois, Choquet, Éthiou-Pérou, Jouvet, Le Soudier, Maillet, conseillers.

M. LE SECRÉTAIRE donne lecture du procès-verbal de l'Assemblée générale du 23 février 1887, qui est adopté.

M. LE PRÉSIDENT commence la lecture du rapport suivant :

MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES,

Le recensement de cette année nous permet encore de constater, malgré des pertes douloureuses et des démissions toujours à regretter, que le nombre des membres de notre Association se maintient au-dessus de trois cents.

Il s'était augmenté, depuis notre dernière Assemblée générale, de quinze nouveaux membres, auxquels nous sommes heureux de souhaiter la bienvenue :

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Mais de trop nombreux décès nous ont péniblement éprouvés.

Une louable tradition nous fait rappeler ici, dans l'expression d'un sympathique souvenir, ceux de nos collègues que la mort nous a enlevés.

Chronique. 1888. 9.

Membre distingué du barreau, qui l'avait appelé au conseil de l'ordre, M. Beaupré était devenu notre collègue, pour s'être particulièrement consacré à l'étude des questions de droit intéressant nos professions; ses conseils, dont plusieurs d'entre Vous ont apprécié la sûreté, ont été utiles à l'Association lors de la revision de se statuts.

M. Brandus était le chef d'une des maisons les plus anciennes parmi celles qui éditent les œuvres musicales; président de la commission consultative du commerce de la musique, il nous apportait, au syndicat de la propriété littéraire et artistique, le précieux concours de son expérience.

M. Paul Dalloz, directeur du Moniteur universel, s'était fait dans la presse une place des plus considérables; s'intéressant à toutes les inventions nouvelles du ressort de la typographic, il suivait attentivement, pour les appliquer aux publications périodiques, tous les progrès de l'impression et de la gravure en relief.

A la tête d'une librairie estimée, consacrée aux ouvrages d'enseignement et d'éducation, notre ancien trésorier et vice-président, M. Paul Ducrocq avait adopté le Cercle comme le foyer d'une seconde famille. Il a, soit dans nos réunions intimes, soit dans l'exercice des fonctions que vous lui aviez confiées, montré une affabilité et un dévouement qui ne se sont jamais démentis ; il aimait à s'occuper des distractions qui pouvaient être offertes à ses collègues et s'entendait à en assurer le succès. Une mort prématurée l'a ravi à notre amitié ; mais il laisse inscrits dans tous les cœurs les regrets les plus sincères et les plus durables.

M. Fraillery s'était élevé à une remarquable habileté dans les impressions chromolithographiques ; c'était un travailleur infatigable dont les efforts ont rende service à nos industries.

Un goût distingué pour les arts, un esprit fin et enjoué, une aménité pleine de bonne grâce, qui, chez M. Théodore Le Cerf, étaient autant de qualités heureuses pour la direction du Journal amusant et du Petit Journal pour rire, lui avaient concilié parmi nous de sérieuses amitiés.

M. Nilsson, qui dirigeait une importante maison de commission, aidait avec zèle à la propagation des livres français, principalement dans les pays scandinaves, dont il était originaire.

Il y a quelques jours à peine, nous rendions les derniers devoirs à l'un des fondateurs de notre Association, M. Mauban, ancien directeur de la papeterie du Souche, dont les qualités avaient été justement appréciées parmi nous comme au Tribunal de commerce.

Vous vous associerez aussi à l'hommage qu'il convient de rendre à la mémoire de deux de nos anciens collègues M. Auguste Lacroix, directeur des papeteries d'Angoulême, qui avait fait partie du premier conseil d'administration du Cercle; M. Charles Lahure, auquel la typographie dut une si vive impulsion et qui fut président de la Chambre des imprimeurs.

Au cours de cette année, le Conseil a reçu douze démissions dont vous avez trouvé la mention dans les procès-verbaux sommaires de nos séances et qui ramènent à 307 le chiffre actuel des membres titulaires.

Parmi les membres correspondants nous avons à constater cinq démissions et à regretter la perte de MM. Martin-Bottier, Charles Palud et Edouard Privat. Tous trois ils avaient acquis la plus honorable situation dans la librairie départementale. Imprimeur-libraire à Bourg-en-Bresse, M. Martin-Bottier, dont la maison comptait presque un siècle d'existence, avait écrit d'intéressantes notices sur l'histoire locale de l'imprimerie. M. Charles Palud, sorti des rangs de l'Université, avait encore accru à Lyon la légitime réputation de la librairie de son prédécesseur, M. Brun. Établi à

Toulouse, M. Edouard Privat a, dans sa longue, carrière, non seulement étendu sur toute la région du Sud-Ouest le réseau d'une importante librairie, mais encore, devenu éditeur, puis imprimeur, il s'est fait remarquer par ses publications classiques et par la réimpression de l'Histoire du Languedoc.

Nous n'avons eu à prononcer que deux admissions de membres correspondants : celles de M. Cagniard, imprimeur à Rouen, des presses duquel est sortie la magnifique édition, qu'il a bien voulu nous offrir, de l'ouvrage consacré aux fêtes du deuxième centenaire de Corneille, auxquelles le Cercle avait été convié, et de M. Paul Privat, depuis plusieurs années déjà associé aux travaux de son père, dont il prend la place parmi nous.

Nos professions ont un lien naturel avec l'instruction et l'éducation; aussi avonsnous vu avec plaisir s'augmenter le nombre de nos collègues honorés des palmes d'officier d'académie ou d'instruction publique. Et, puisque nous parlons de distinctions honorifiques, rappelons, en leur adressant également nos félicitations, que, dans les promotions au grade de chevalier de la Légion d'honneur, nous avons remarqué les noms de MM. Philibert Audebrand et Pouillet, membres du syndicat de la propriété littéraire et artistique institué au Cercle, et de M. Ernest Leroux, qui appartient à la grande famille des libraires dont rien, même en dehors de notre Association, ne doit nous être indifférent.

Je viens de dire « la grande famille des libraires » ; elle est nombreuse en effet, et reçoit aujourd'hui si libéralement ceux qui viennent à elle, qu'il devient difficile d'en connaître exactement tous les membres; nous en avons fait l'expérience dans l'établissement du nouvel Annuaire de la Librairie, dont je mets sous vos yeux le premier exemplaire. Nous aurions voulu l'exécuter plus rapidement et surtout avec moins de frais; mais, pour arriver à dresser la minutieuse nomenclature qu'il renferme, nous avons rencontré des obstacles qui n'ont pu être surmontés qu'avec le temps et de coûteux efforts. La formalité de la déclaration au ministère de l'intérieur, qu'avait maintenue le décret du 10 septembre 1870 en proclamant la liberté de la profession de libraire et d'imprimeur, a été supprimée, comme vous le savez, par la loi du 29 juillet 1881 ; ainsi se trouvait tarie la source officielle à laquelle nos prédécesseurs avaient pu puiser les mutations et les créations nouvelles. Votre Conseil n'a rien épargné pour remédier à cette situation et pour recueillir les renseignements nécessaires; il a surtout considéré le service que l'Annuaire était appelé à rendre aux diverses industries de notre groupe, et, par esprit de dignité professionnelle autant que par dévouement à vos intérêts, il a voulu le publier aussi complet, aussi exact qu'il lui était possible. Dirigée par les membres de la commission qu'avait nommée le Conseil, MM. Bouasse-Lebel, Armand Colin, Le Soudier et votre président, l'œuvre entreprise est aujourd'hui accomplie, sans avoir la prétention d'échapper à toute imperfection.

La première partie de l'Annuaire comprend l'indication des libraires, imprimeurs, papeliers, etc., d'abord de la ville de Paris, puis des départements et de nos possessions coloniales, enfin des pays étrangers; la seconde est réservée, dans le même ordre, aux journaux et écrits périodiques. Ces deux parties sont précédées de préliminaires développés où vous trouverez notamment un résumé de la législation actuelle d'une part sur la librairie et l'imprimerie, d'autre part sur la propriété littéraire et artistique; nous y avons joint les renseignements postaux de toute nature, et la composition des bureaux des divers services administratifs auxquels l'exercice de nos professions nous oblige ou nous engage à avoir recours. C'est maintenant aux lecteurs de l'Annuaire à compléter la tâche du Conseil et de sa commission en signalant les rectifications utiles dont nous aurons soin de prendre note en vue d'un nouveau tirage; nous souhaitons qu'il soit prochain, afin de permettre à votre Conseil, alors moins effrayé du

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