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On n'en doit pas être étonné : ce grand publiciste connu presque toutes les formes de gouvernemen et un aussi puissant génie était bien capable d'e saisir les vices et d'en déduire les véritables principe

Le gouvernement monarchique avait existé che les Assyriens; il paraît avoir été de ceux que M.Pas toret appelle si justement des monarchies despo tiques, c'est-à-dire de ces états où, suivant Aris tote, la loi fondamentale est la volonté du prince Le gouvernement était si despotique, que la pro priété de toutes les terres appartenait au roi, qu les cédait moyennant une redevance; il avait auss droit absolu de vie et de mort; on se prosternai devant lui comme devant un dieu.

On trouve dans l'histoire de ce peuple la preuve que le principe de l'indépendance des nations était déjà connu ; mais on faisait périr les prisonniers de guerre dans les supplices; plus tard on les employa aux travaux publics.

Aristote connut aussi la constitution des Phé niciens de Tyr et de Sidon. Malgré les doutes exprimés par un savant aussi distingué que M. de Pastoret, il est difficile de croire que leur gouvernement n'ait pas été démocratique, ou du moins aristocratique, comme le fut celui de Carthage, leur plus brillante colonie; au moins l'historien de la législation ne fournit-il aucune preuve contraire.

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L'Egypte, long-temps soumise à la domination arbitraire d'un seul (1), tombait de temps à autre dans l'anarchie populaire, pour devenir ensuite la proie des conquérans de l'Ethiopie, de la Perse et de la Grèce. Le gouvernement était fortement entaché de théocratie; on y connaissait l'hérédité du sacerdoce, la divination, les prophéties, les oracles; les prêtres étaient revêtus de la puissance judiciaire; ils étaient seuls dépositaires de l'enseignement; les rois étaient sous leur tutelle. Plus tard, des hommes habiles surent diminuer leur influence; mais les prêtres conservèrent un grand pouvoir. Rien ne ressemble plus à l'ancien gouvernement d'Egypte que l'état actuel de l'empire ottoman; le chef de l'état, quoique absolu, est obligé de se soumettre à la loi divine, telle qu'elle est expliquée par les prêtres.

Les Grecs avaient des relations fréquentes avec l'Egypte, dont ils connaissaient parfaitement les institutions; à l'égard des Hébreux, peut-être Aristote ignora-t-il (2) jusqu'à l'existence de cette petite nation, d'origine arabique, concentrée dans un pays pauvre et de peu d'étendue, mais dont les livres ont acquis chez nous un si grand empire,

(1) M. de Pastoret, Histoire de la Législation, t. 11 p. 2.

(2) C'est l'opinion de M. de Pastoret, Hist. de la Législat., t. IV, p.467, 470; un rabbio prétend qu'Aristote avait été instruit par Siméon-le-Juste.

au point de lui faire occuper dans l'histoire u place que les anciens n'auraient pas soupçonnée.

Quoi qu'il en soit, le gouvernement primitif Hébreux était purement théocratique; ils n'avaie pas d'autre monarque que leur dieu Jehovah, do Moïse eut l'art de se déclarer l'interprète. Les H breux formaient une famille plutôt qu'un peuple; étaient divisés en tribus; et c'était le chef le plus h bile, celui qui savait le mieux faire parlerJehovah, q obtenait le plus de crédit, et le pouvoir momentar de diriger cette horde ignorante et superstitieuse. I grand prêtre était leur véritable souverain, et l juges n'étaient que des généraux soumis au pouvo théocratique. Les rois qui succédèrent à Samud furent des despotes soumis, comme en Egypte à l'influence du sacerdoce, dont ils étaient force de respecter les décisions, sous peine de perdr leur couronne.

Les Grecs connaissaient parfaitement les instìtutions politiques des rois des Perses, dont le pouvoir despotique ne peut être révoqué en doute par personne.

Le despotisnie paraît être la maladie endémique de l'Orient, comme la peste.

Aristote avait fait une étude spéciale de la constitution des Carthaginois, et d'après ce qu'il nous en a transmis, on ne peut s'empêcher de reconnaître que cette constitution était fort ingénieuse,

elle se rapproche beaucoup de la constitution française de 1795. Le peuple, en assemblée générale, composée de tous les citoyens payant un cens déterminé, élit les magistrats, fait les lois de finances, déclare la guerre et la paix; le pouvoir exécutif est confié au sénat et aux magistrats. Le sénat se divise en deux conseils, celui des anciens, chargé des affaires générales, et le conseil des cinq, chargé des affaires secrètes et de surveiller l'administration. Les sénateurs sont à vie; ils sont présidés par "deux magistrats annuels nommés par le peuple, sous le nom de sufètes.

Les cinq sont tirés du conseil des anciens.

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Aristote fait observer comme signe certain de l'excellence de ce gouvernement, que jamais sédition n'a troublé l'Etat, et que jamais tyran n'a menacé la liberté. C'est, en effet, là le problême à résoudre quand on veut constituer une nation. Les Grecs avaient entre eux un droit des peu près semblable au droit actuel Européen, fondé sur l'usage et sur les traités. Ils devaient ce bienfait à l'établissement du conseil des amphyctions, dont le savant Barbeyrac exagère l'antiquité en le faisant remonter jusqu'à 14 siècles avant l'ère vulgaire.

Ce conseil était le lien d'une espèce de ligue fédérative; mais il ne paraît pas que ce lien ait été

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plus puissant, que n'est aujourd'hui celui de la confédération germanique.

On a conservé le serment que prêtaient les états qui étaient membres du conseil. C'est un monument fort curieux : ils s'obligent pendant la guerre de ne point détruire les villes et de ne point interdire l'usage des eaux courantes. Ce serment était terminé par une imprécation terrible contre ceux qui s'en rendraient violateurs; mais ce qui était plus effrayant, la confédération devait prendre les armes contre eux, et tirer vengeance des infractions par le fer et par le feu.

Barbeyrac rapporte, d'après Hérodote, le pacte fait entre sept des principaux Persans pour l'élection d'un roi; ils stipulèrent qu'ils auraient une libre entrée dans le palais, et que le roi serait tenu de prendre une femme dans la famille de l'un d'eux.

Ce n'était pas pousser la prévoyance bien loin, et cette Charte n'était pas difficile à violer.

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On place dans le cinquième siècle avant l'ère chrétienne le premier traité entre les Romains et les Carthaginois dont le texte nous a été conservé. Cette convention part d'un principe injuste, en limitant le droit de naviguer en pleine mer; la libre vente des marchandises est assurée en acquittant de simples droits de location où marché.

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