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la Chronique des Arts et de la Curiosité.

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MOUVEMENT DES ARTS

Bas-reliefs de Clodion

On a vendu ces jours-ci à l'Hôtel Drouot quatre bas-reliefs représentant les Saisons, de Clodion.' Ces bas-reliefs en pierre décoraient la façade d'une maison de la rue de Bondy qui avait été habitée au xvm siècle par un parent de l'artiste. Le propriétaire actuel, voulant faire une spéculation, les avait remplacés par des moulages et avait porté les originaux à l'Hôtel Drouot. La vente n'avait pas été annoncée; les quatre bas-reliefs se sont vendus ensemble $5 francs! L'acquéreur les revendit séance tenante 2.000 francs à un marchand qui, à son tour, a trouvé amateur à 5.000 francs.

Tableaux, Objets d'Art, Meubles Hôtel Drouot, salle 8, les 10 et 11 janvier. 3. Ferdinand Bol. Portrait de jeune gentilhomme: 590. 4. Brascassat. Les Pâturages: 3.000. 5. De Marne. La Grande route: 1.925. 10-11. Ecole flamande. La Fête de l'arbre de mai et son pendant : 980. 12. Commode ventrue en marqueterie de bois et fleurs, brorzes attribués à Caffieri, marbre rouge, époque Louis XV : 405. 15. Surtout de table argenté, Christofle : 1.890. 25. Ameublement de chambre à coucher en noyer sculpté et ciré style Henri II: 2.880.

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1.850.

1.250,

--

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(Ecole de). Allégories de la musique et de la danse 600. 8. 9. 10. 11. Deneux. Le Sommeil du berger, d'après Boucher; la Leçon d'amour, d'après Baudoin; Scène russe, d'après Leprince; Bergère jouant de la flûte, d'après Boucher; quatre panneaux décoratifs à médaillon central: 18. Lagrenée. Minerve entourée de Muses, etc. : 680. 20. Leprince. Scènes chinoises, deux panneaux décoratifs : 1.300. 25. Monnoyer (Baptiste). Nature morte; console, draperies, fleurs, etc.: 2.200. 26. Id. Grand bouquet de roses, etc.: 1.000. 29. 30. 31. 32. Norblin (attribué à). Chasse au faucon, Halte à l'auberge, Rendez-vous de chasse, Promenade au camp 820. · - 34. 35. Oudry (attribué à). Chien en arrêt sur deux perdrix; Renard et Faisan : 40 à 43. Spaendonck (attribué à G. Van). Quatre panneaux, fruits, fleurs, oiseaux, monuments, parcs, statues, etc. : 1.800. - 51. Ecole française du XVIe siècle. Le Moulin de Charenton: 650. - 52. Id. La Danse. Deux couples de villageois dansant le menuet à l'entrée d'un parc : 53. La Balançoire : 620. 68. Taraval. Trois grandes compositions allégoriques: 700. 79. Le Bronzino (attribué à). Portrait de femme : 600. 84. Clouet (Ecole de). Portrait d'un jeune seigneur 880. 87. Largillière (attribué à). Portrait présumé du duc d'Antin : 720. 89. Carle Van Loo (attribué à). Portrait présumé de Frédéric II, roi de Prusse: 550. 94. Pourbus (attribué à). Portrait présumé de Louise de Vaudemont, femme de Henri III: 1.020. 93. Rigaud (attribué à). Portrait de Louis XIV: 550. Raoux (attribué à). Portrait de jeune femme en toilette de satin blanc : 580. 112. Lorenzo di Credi (attribué à). L'Adoration de l'Enfant Jésus : 620.508. Chaise à porteurs de l'époque Louis XV, Amours et Guirlandes sur fond rouge: 580 francs.

520.

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probation que son correspondant lui a donnée : « J'ai cette bonne fortune d'être insensible aux attaques et très sensible aux marques d'estime et d'affection »; vendue 10 francs.

Neuf lettres de Charles X à la comtesse Diane de Polignac; dans une de celles-ci, il exprime son amour pour une amie. Le pouvoir de cette femme est des plus puissants: « Vous voyes ma position, les devoirs qui me sont imposés. Hé bien! un mot, un seul mot de sa main me feroit tout abandonner, et jamais je n'éprouverois aucun remord. Jugés dans son âme d'après ma conduite; » adjugées £50 fr.

Une missive adressée par le prince de Condé au roi de Navarre, dans laquelle il se plaint des calomnies dont il a été l'objet de la part de l'historiographe le Plessis; il proteste avec la plus grande énergie. Payée 205 francs.

On s'est rendu acquéreur au prix de 305 francs d'une importante lettre de Louis XVIII, alors en exil, et qui donne des instructions sur la manière de traiter avec les différents partis qui existent en France. « Il y a de vrais royalistes, de prétendus royalistes qui veulent bien un individu qui s'appelle roi, mais non une monarchie telle que nous l'avions; d'autres qui voudraient un changement de dynastie, des républicains modérés et des anarchistes.

« De ces cinq classes, il n'y a que la première et la dernière qui aient un but fixe, l'une parce qu'elle aime l'ordre, l'autre parce qu'elle n'a rien à perdre et que ceux qui la composent, si tout n'est renversé, ne saurait subsister. Dans les autres classes, on peut dire : Quot capita, tot census. Comment donc donner une règle de condnite à leur égard? » Il déclare qu'il n'a pas l'intention de se venger et qu'il est disposé au pardon. Sa probité et ses intérêts sont un sûr garant de ses intentions.

Une très curieuse épître de Meyerbeer à Scribe, où Meyerbeer se plaint que Scribe lui ait fait réclamer par huissier les deux premiers actes de l'Africaine. Il proteste contre ce procédé : « Dans un mois ou six semaines au plus tard je serai à Paris, et j'espère que je vous retrouverai ce que je suis pour la vie, c'est-à-dire votre dévoué et loyal ami, et que je vous embrasserai de cœur, sans intermédiaire d'huissier »; vendue 102 fr.

On a payé 1.000 fr. 19 lettres autographes, formant 28 pages de texte, de Mme Récamier; 1.500 fr. 36 lettres de Mme de Staël; 405 fr. 65 lettres adressées par des émigrés aux comtes de Botherel et de La Chapelle, formant un dossier des plus importants pour l'histoire de l'émigration. Cette vente a produit 10.098 francs.

Succession de Mme H. Heilbron

MM. P. Chevallier et Mannheim.

« On a pu voir, écrit le Temps, par la vente du mobilier de Marie Heilbron qui vient de se terminer, combien sont défectueuses les installations de l'Hôtel Drouot. Les deux jours d'exposition qui ont précédé cette adjudication ont donné lieu à de telles bousculades qu'il a fallu requérir l'intervention de gardiens de la paix pour rétablir la circulation. Cette affluence à fait tort à la vente; beaucoup de personnes désireuses d'acquérir un

des objets ayant appartenu à l'artiste n'ont pu entrer dans la salle 8, qui est cependant la plus grande de l'hôtel. »

Ea attendant un compte rendu détaillé, voic quelques-unes des enchères obtenues:

Un clavecin de l'époque Louis XV, décoré au vernis Martin, fond d'or, à composition mythologique dans le goût de Boucher, adjugé 6.000 fr.

Tenture de salon composée d'une suite de six tapisseries d'Aubusson de l'époque Louis XV, représentant des scènes pastorales, vendue 7.800 fr.

Vingt-six mètres de bordure en tapisserie Renaissance, à décor de petites figures, payées 6.700 francs.

Un couvre-lit en satin de Chine, fond crème, bordé d'une dentelle d'or, acquis au prix de 2.455 fr.

Un meuble Louis XVI en forme de commode, en bois de placage avec panneaux marquetés, garni de cuivres ciselés et dorés, adjugé 2.600 fr.

Un collier composé d'un rang de cinquante-neuf perles fines, 9.000 fr.; et enfin le bracelet, composé de chatons carrés, ornés chacun d'un brillant et d'une statuette de sphinx, que Marie Heilbron portait dans son rôle de Cléopâtre, a été vendu 5.100 fr.

CONCOURS & EXPOSITIONS

L'Exposition de 1889

M. de Lanessan vient d'adresser à M. le ministre du commerce et de l'industrie un rapport sur la participation de la Tunisie à l'Exposition de 1889. M. de Lanessan demande que

la Tunisie reste maîtresse d'organiser son exposition comme elle l'entend. Il croit qu'il ne faudrait compter, de la part de cette colonie, sur aucun sacrifice sérieux en argent ni sur aucun effort moral, si la direction supérieure de l'Exposition lui refusait d'organiser elle-même son exposition particulière ou voulait la confondre avec toute autre.

M. de Lanessan émet, en outre, le vœu que cette méthode soit appliquée à nos autres établissements coloniaux. Il y voit un double avantage celui de provoquer entre nos colonies une concurrence profitable au succès de l'Exposition et celui de consentir des sacrifices qui allégeront le budget général de l'Exposition.

Le ministre de l'instruction publique vient de décider qu'une session normale aura lieu à Paris, du 11 au 16 avril prochain inclusivement, afiu de préparer les candidats à subir les examens institués pour l'obtention des certificats d'aptitude à l'Enseignement du dessin dans les établissements universitaires.

Le Conseil de l'Union centrale des Arts décoratifs se réunira dans la première quin

zaine de février pour examiner certains détails relatifs au relèvement des ruines de l'ancien palais de la Cour des Comptes, et fixer la date à laquelle on pourrait commencer les travaux; l'Union des Arts décoratifs désirant inaugurer son nouveau musée en 1889.

L'Exposition des œuvres de M. Charles Toché ouverte dans la galerie Georges Petit, est fort curieuse, mais nous doutons fort que les artistes et le public des amateurs partagent l'enthousiasme de certains journaux à leur sujet. Nous ne voyons pas dans cette débauche d'aquarelles gigantesques, ambitieuses et pour la plupart plus intentionnelles que réalisées, la révélation d'un grand artiste. M. Toché surprend par la grandeur de ses cadres, le caractère énigmatique des sujets, et l'audace de sa peinture; il ne satisfait ni les dessinateurs ni les peintres; sa technique laisse beaucoup trop à désirer. Sans vouloir préjuger de l'avenir d'un artiste qui a certainement quelques dons naturels, on peut dire qu'il lui reste beaucoup à apprendre pour approcher des modèles dont il s'inspire au point de paraître les copier quelques fois; modèles dignes de tout respect, d'ailleurs, car ils s'appellent tour à tour Veronèse, Rubens, Tiepolo et Goya.

A. DE L.

On annonce, pour le 1er février, l'ouverture de l'exposition annuelle de la Société des Aquarellistes français. Cette Société s'étant augmentée dans le cours de l'année, de seize nouveaux adhérents; on craint que la salle Georges Petit ne puisse contenir tous les envois; aussi est-il question de la diviser en quatre compartiments par des cloisons mobiles sur lesquelles seraient attachées une partie des aquarelles.

La Société des Beaux-Arts de Nice a ouvert son exposition annuelle au palais des Beaux-Arts le 20 décembre. Cette exposition durera jusqu'à la fin de février. Un grand nombre d'artistes y ont pris part et le chiffre des ouvrages exposés s'élève à plus de 550, tableaux, sculptures, gravures, lithographies, objets de céramique et projets d'architecture.

L'Etat a fait plusieurs envois : Adam et Eve chassés du Paradis terrestre, toile de M. Lowe-Marchand; la Plaine à Saint-Aubin-sur-Quilleboeuf (Eure), paysage par M. Victor Binet; la Duchesse de Longueville au château de Dieppe, par M. Adrien Moreau.

Exposition vaticane de 1887

Nous recevons communication de la note suivante :

« A la fin de cette année doit avoir lieu pans le palais du Vatican, à Rome, une Expo

sition internationale des produits de l'art et de l'industrie.

« Ce que cette Exposition aura de particulier c'est que les objets exposés resteront la propriété du Pape, auquel ils seront offerts à l'occasion de son Jubile sacerdotal.

« Les frais d'envoi à Romo sont seuls à la charge des exposants, l'administration du Vatican ayant fait disposer de vastes locaux qu'elle met gratuitement à la disposition des divers comités nationaux.

«Il est inutile d'insister sur l'intérêt que les artistes et les industriels français peuvent avoir à prendre part à cette Exposition, dont le caractère chevaleresque et généreux est loin d'exclure les avantages commerciaux.

« Pour tous les renseignements, programmes, documents quelconques relatifs à l'Exposition vaticane de 1887, on peut s'adresser au siège du Comité français, 107, rue de l'Université, Paris. »

NOUVELLES

M. le ministre de l'instruction publique a reçu, il y a quelques jours, M. le président du Conseil municipal, qui lui a rewis une délibération protestant contre le projet de translation, à Compiègne, de la manufacture nationale des Gobelins.

M. Mesureur a exposé au ministre les raisons qui militent en faveur du maintien de cet établissement à Paris. Il a fait valoir les intérêts de la population nombreuse qui y est attachée; enfin l'intérêt même de la manufacture, qui doit son éclat, sa réputation aux artistes de notre ville et au milieu parisien si propre au développement de nos industries d'art.

M. le ministre a répondu qu'en effet on avait projeté le transfert des Gobelins à Compiègne, en vue d utiliser un de nos palais nationaux; mais il a ajouté qu'on ne saurait passer outre sans consulter la Ville de Paris, et que, d'autre part, M. le directeur des beaux-arts était d'avis d'ouvrir une enquête où tous les intérêts en jeu pourraient se faire entendre.

On vient d'ouvrir aux visiteurs du Louvre la galerie des dessins provenant de la donation de M. His de la Salle. Située au deuxième étage du musée, cette nouvelle galerie longe le musée de la Marine.

Depuis plus de six mois, la communication entre les deux quartiers des musées du Louvre, du côté de la place Saint-Germainl'Auxerrois, ne pouvait se faire que par l'extérieur, en longeant la colonnade, attendu que les salles qui font suite au grand salon carré et dans lesquelles était installé autrefois le Musée des souverains, étaient livrées aux ouvriers chargés d'en opérer la transformation. Ces salles sont de nouveau livrées au public

depuis quelques jours. Décorées dans le style égyptien, sans aucune ornementation d'or ni d'argent, ces nouvelles salles sont destinés à recevoir une très curieuse collection de briques et de sujets divers, en pierres, rappelant les faits mémorables de l'histoire de l'Egypte. L'installation prochaine de ces souvenirs antiques dans les salles livrées dès à présent aux visiteurs donne lieu à un travail assez curieux : il s'agit d'évaluer le poids des collections destinées à garnir ces salles, afin de s'assurer si les travées, telles qu'elles existent, pourront les supporter. Ce n'est guère que vers le mois d'août prochain que les nouvelles salles seront complètement installées. On y voit cependant, comme auparavant, exposée dans des vitrines, une très belle collection de bronzes provenant du legs Gatteaux.

La 5e commission du Conseil municipal (architecture, beaux-arts) présentera, dans. le cours de la prochaine session, les rapports sur deux affaires importantes: la décoration picturale de l'Hôtel-de-Ville, et la création d'un musée municipal des beaux-arts, dans un immeuble boulevard Morland.

En ce qui concerne l'Hôtel-de-Ville, M. Hattat, rapporteur, conclut à la commande directe aux artistes.

Les sujets traités se rattacheront à l'histoire de Paris, à l'affranchissement des communes, à la vie d'Etienne Marcel et aux grands événements de la Révolution, pour toutes les surfaces présentant un développement suffisant.

La Société des pastellistes français, dans sa dernière réunion, a procédé à l'élection de deux membres nouveaux: M. Vollon et M. Luc-Olivier Merson.

Nous apprenons que notre collaborateur, M. Louis Courajod, vient d'être nommé professeur à l'Ecole du Louvre, et qu'il est chargé d'y faire un cours sur l'histoire de la sculpture française. Il se propose, cette année, d'étudier les origines de la Renaissance française au XIV et au xve siècle.

Nous sommes heureux d'apprendre que notre savant et excellent collaborateur se présente à l'Académie des Inscriptions pour le siège laissé vacant par la mort de M. Desjardins.

Les journaux ont fait grand bruit, la plupart sur le mode plaisant, à propos du fragment de mâchoire de Molière, qu'une décision ministérielle a fait passer du musée de Cluny aux archives de la Comédie-Française, ainsi que nous l'avons annoncé dans notre dernier numéro.

Cette transmission fait partie d'un ensemble de mesures que le conservateur du musée de Cluny, sur l'avis conforme de la commission des monuments historiques, a été autorisé à prendre, afin de donner plus d'homogénéité aux collections confiées à ses soins.

Déjà depuis deux ans les moulages que le musée pouvait posséder ont été transportés

au musée du Trocadéro, où ils ont trouvé leur place au milieu des séries qui y sont installées.

Aujourd'hui, il a été décidé que les antiquités préhistoriques, gauloises, et gallo romaines, qui sont entrées au musée de Cluny lorsqu'aucun établissement n'existait pour les conserver, seraient attribuées au musée de SaintGermain, qui a été créé depuis, et dans lequel elles combleront des lacures ou formeront des séries. Le peu d'importance de ces antiquités les faisait trouver peu à leur place à Cluny, au milieu des objets du moyen âge et de la Renaissance qui forment le fond principal des collections Quelques antiquités romaines, trouvées à Paris, sont attribuées au musée de Carnavalet.

La Bibliothèque nationale a reçu quelques chartes que personne n'aurait songé à venir consulter à Cluny et qui ont pris place dans la collection des titres.

Le musée ethnographique doit prendre un éléphant en staf, portant un harnachement siamois, que l'on est quelque peu étonné d'apercevoir au fond d'un des sous-sol du pa lais des Thermes.

Enfin le musée des plans reliefs du palais des Invalides joindra à ses collections le modèle du château de Pierrefonds, qui occupe une salle entière, destinée à exposer, dans leur ensemble, les objets du XVIIe et du XVIII® siècle, donnés au musée par Jules Audeoud.

Le musée des Arts décoratifs a reçu quelques fac-similés d'orfèvrerie allemande du XVIe siècle, et le musée d'Antiquités de la Seine-Inférieure, à Rouen, doit prendre deux modèles en relief des projets d'achèvement du portail occidental de l'église Saint-Ouen de cette ville.

L'ART ET L'ARCHÉOLOGIE AU THÉATRE

Franciilon à la Comédie-Française

Les trois actes de Francillon se passent dans un seul décor, qui est un vaste salon qu'éclaire un plafond vitré. Comme le salon symétrique et solennel, carrément planté, de la comédie classique ne saurait convenir à l'action mouvementée des pièces modernes, le salon de Francillon est vu obliquement, en perspective, et au lieu de la porte à deux battants qui s'ouvre au milieu du panneau du fond, il est percé d'une large baie cintrée qui s'ouvre sur un jardin d'hiver.

Une grande cheminée en marbre campan, garnie de faïences à l'intérieur, occupe un panneau latéral, sous une grande glace.

des

Le style de la décoration est celui de la Régence. Des pilastres de menuiserie supportent une voussure courbe interrompue par consoles rampantes, et encadrent des panneaux de tapisserie. Ce décor pourrait être construit. Le ton des murs est gris-roux, les ornements sont d'or. Les tapisseries inclinent un peu plus vers Boucher que vers Watteau.

De doubles portières de tapisserie, dont les sujets sont les mêmes que ceux des murs, sont suspendues de chaque côté de la baie qui communique avec le jardin d'hiver rempli de plantes exotiques. Des meubles jetés un peu au hasard garnissent la pièce. Au fond, contre le pan coupé de gauche, un piano drapé à la mode d'aujourd'hui. Au premier plan, du même côté, en avant de la cheminée, un bureau avec cartonnier, buvard, etc. Du côté opposé une table pour le thé, un canapé avec des chaises et fauteuils sont placés entre les deux.

Une grande pendule de bronze doré, de la forme des cartels de Boulle, entre deux groupes de Saxe cantonnés de deux potiches de bleu de la Chine montés en bronze rocaille est posée sur la haute tablette de la cheminée, et de gros bouquets de fleurs de même espèce, dans chaque vase, sont posés sur des meubles volants dans différentes parties du salon. On devine, à première vue, qu'il est habité, et qu'il est même la pièce de prédilection de la famille riche et élégante qui le possède. Le tout est très moderne, et d'un luxe ancien et de bon aloi, sans cet encombrement de meubles, d'étoffes et de bibelots sans lesquels les bourgeois parvenus ne sauraient faire montre de leur fortune.

La même discrétion que M. J. Claretie a montrée dans la composition du décor, si exactement peint que certains détails de la Voussure sont un vrai trompe-l'œil, ainsi que dans son mobilier, il l'a imposée aux couturières. Point de robes d'un luxe tapageur : mais de belles étoffes, unies, amples et chaudes, l'action se passant en hiver, revêtent les actrices.

Aucune dissonance n'est à signaler, et l'harmonie de l'ensemble montre que la tradition de M. Perrin s'est perpétuée chez son

successeur.

A. D.

ARTISTES ET FONDEURS

(Voir notre dernier numéro)

Pour l'instant, la fonte d'un jet à cire perdue paraît en faveur parmi les artistes. C'est vers elle que les jeunes tournent les yeux. Il est donc intéressant de connaître les origines et les causes de ce mouvement artistique, qui peut avoir et qui a déjà une influence sérieuse sur l'art du bronze en notre pays; car c'est surtout en cette matière qu'on peut répéter avec Balzac qu'on compterait dix Venise dans Paris si les gens enrichis y avaient cet instinct des grandes choses qui distingue les Italiens. Maintenant encore, les sculpteurs sont seuls à chercher leur voie, seuls à lutter; à part une ou deux exceptions, un ou deux fondeurs qui les encouragent et les aident, les autres leur répondent que leur clientèle fait la moue lorsqu'on lui présente une copie d'un bronze qui dépasse le prix de trois cents à mille francs. L'artiste, lui, voudrait qu'on fit de son

œuvre non des copies ou des réductions par des procédés industriels qui n'ont qu'une parenté très éloignée avec l'art, mais un bronze unique, fondu sur le modèle de cire qu'il apporte et qui disparaîtrait pour céder sa place au métal. Alors on lui répond qu'il n'y aurait pas de clientèle pour les bronzes de ce genre, parce que le prix en serait trop élevé. Notre époque n'a de tendresses que pour les peintres; elle couvre d'or la toile d'un artiste à la mode, mais son sentiment artistique ne s'étend point au métal. Elle s'indignerait si quelqu'un essayait de lui faire prendre pour une œuvre d'art une reproduction en chromolithographie d'une toile célèbre; cependant elle achète couramment, comme bronzes d'art, des statuettes obtenues par le procédé de réduction Collas. A ce point de vue, elle ne diffère pas des époques antérieures dont parlait Balzac lorsqu'il écrivait la Cousine Bette.

Ce qui séduit les artistes dans la fonte à cire perdue, c'est que la coulée du métal est faite d'un seul jet et que leur statue ne court pas les chances de subir un montage qui en altère les mouvements, comme cela peut arriver lorsque les bras, les jambes, le torse, la tête, sont coulés à part et réunis ensuite. Mais les opérations préparatoires de la fonte à cire perdue, telles qu'on les pratique généralement, présentent cependant des inconvénients; au lieu de débiter le modèle, on le moule, on en prend une empreinte en plâtre, à l'intérieur de laquelle on estampe ou on coule de la cire. Cette empreinte est nécessairement divisée en plusieurs parties qui, lorsqu'on les réunit pour les besoins du travail, peuvent ne pas présenter un assemblage aussi parfait que celui qu'ils avaient autour du modèle. Seulement, la cire a, sur le sable, l'avantage d'être maniable et de pouvoir, lorsqu'elle sort du moule à l'état de statue, être retouchée par l'artiste, qui peut lui rendre la vie de surface alourdie ou altérée au contact du plâtre. Après la retouche, la cire est recouverte d'une terre spéciale qui doit en garder les plus fines empreintes, puis le tout est placé dans une étuve où la cire fond, s'échappe au dehors par des conduits ménagés à travers l'enveloppe de terre, en un mot « se perd ». De là le nom de « cire perdue » donné à ce sytème de fonte. Le vide qu'elle laisse entre un noyau de terre sur lequel elle était appliquée et la terre qui l'enveloppait sera rempli d'un jet par le métal en fusion. J'ajoute, et c'est là le secret dont les fondeurs à cire perdue s'autorisent pour revendiquer leur supériorité sur les fondeurs au sable, les terres qui enveloppent la cire, comme celles qui composent le noyau autour duquel elle est appliquée, doivent être d'une composition telle qu'elles pourront retenir et fixer le métal sans l'abreuver, c'est-à-dire sans se mélanger en aucune façon avec tui, car le bronze aurait alors besoin d'être gratté et ciselé. On retomberait dans les inconvénients des autres systèmes; le charme particulier des surfaces, auquel les sculpteurs tiennent tant, serait détruit; le ciselet et le grattoir enlèveraient la fleur de l'épiderme, effaceraient les empreintes de l'ébauchoir, traient à néant les traces fugitives de l'inspiration comme de l'habileté de l'artiste, toutes choses fort importantes dans notre Ecole française qui, à toutes les époques, a recherché le côté pictural de la sculpture.

met

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