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C'est-à-dire,

Nouvelles Remarques concernant la Langue Hollandoise & diverfes Antiquités. Par Mr. FRANÇOIS BURMAN. Utrecht chez Broedelet &c. 1761. petit 8. de 528. pp.

MR le Lieutenant Colonel BURMAN (1)

avoit déjà publié en 1757. des Remarques très curieufes & très favantes fur la Langue Hollandoife. Quelque bon accueil que le Public leur aît fait, l'Auteur lui même n'a pas été content de fon Ouvrage, dont une partie avoit été écrite avec beaucoup de précipitation, & ayant trouvé bien des corrections & des additions à y faire, il nous donne à préfent un nouveau Volume plus confidérable que le précédent,tant par fon étendue, que par fon exactitude & par la multitude d'obfervations intéreffantes dont il eft rempli fur les Langues Françoife & Hollandoife, & fur plufieurs anciens ufages. Nous difons fur la Langue Françoife, parce qu'en effet Mr. BURMAN, qui en a une profonde connoiffance, & à qui les plus anciens Auteurs François font auffi familiers que ceux de fon Pays, explique quantité de mots Gaulois, en recherchant l'origine de ceux de fa

(1) Il eft Fils du célèbre Littérateur, Pierre Burman, mort en 1741. à Leyde où il étoit Profeffeur.

fa propre Langue. Dans fon premier Ou. vrage il avoit donné une Lifte des mots qui font communs aux François & aux Hollandois, foit qu'ils aient paffé d'une de ces Langues dans l'autre, foit qu'ils aient la même origine, & qu'ils dérivent de quelqu'autre Langue. Cette Lifte étant assez défectueufe, le Savant Auteur en a dressé une nouvelle, tant des mots qui manquoient dans la première, que de ceux qui s'y trouvoient, mais qui avoient befoin de quelques éclairciffemens ultérieurs. Mais il ne faut pas croire que les Remarques publiées en 1757. reparoiffent dans ce nouveau Volume. Mr. BURMAN n'y a fait entrer que les additions & les corrections, qu'il a jugées néceffaires, & tant s'en faut que l'Ouvrage, que nous annonçons aujourd'hui, rende le précédent inutile, qu'au con. traire plufieurs endroits du nouveau Volume feroient inintelligibles, fi l'on ne confultoit le premier. Il faut donc les avoir l'un & l'autre, & c'eft une excellente acquisition à faire pour tous ceux qui aiment ce genre de Littérature.

ques

Avant de préfenter à nos Lecteurs quel. Articles de la Lifte dont nous venons de parler, nous devons les avertir que la penfée de l'Auteur n'eft point du tout, que fa Langue Françoife foit dérivée de la Flamande, ou celle-ci de la Françoife. Il veut Teulement montrer que les deux Langues ont quantité de mots qui font communs à J'une & à l'autre. D'ordinaire il laiffe in

décis,

décis, fi le terme François vient du Flamand, ou le Flamand du François, & il croit que la plupart tirent leur origine d'une ancienne Langue qui étoit jadis commune aux deux Nations. Les Francs, qui firent la conquête des Gaules, venoient de la Baffe Germanie, où ils habitoient aux environs du Rhin, de l'Yffel, & du Wezer jufqu'à l'Elbe. Ces Peuples, parmi lefquels plufieurs Savans croient que fe trouvoient aufli des Bataves, portèrent leur Langue dans les Gaules, qui étoient alors fous la domination des Romains, & du mêlange de ces trois Langues, l'ancienne Gauloife ou Celtique, que l'on appelle encore à préfent la Langue Wallonne, la Latine & celle des Francs, fortit celle que les François parlent aujourd'hui. Elle differe fans doute beaucoup de l'ancienne, & elle s'eft confidérablement polie & perfection. née; mais elle ne laiffe pas de porter toujours bien des marques de fon origine, & elle en avoit fans comparaifon plus encore, avant qu'on cût introduit l'ufage de fupprimer les lettres qui ne fe prononcent point, & qui fervoient autrefois à faire decouvrir l'origine de mots.

Pour ce qui eft de la Langue Hollandoife, Mr. BURMAN croit qu'elle defcend de l'Allemande, dont elle n'eft qu'un Dialecte. Les mots Latins qui s'y trouvent viennent moins, felon lui, des Romains lorfqu'ils étoient les maîtres des Pays-Bas, que des Eccléfiaftiques, qui fe fervant jour1 5

nelle

nellement de la Langue Latine dans le fervice Divin, en firent infenfiblement paffer une multitude de mots dans la Langue Al lemande. La même chofe eft arrivée dans la Langue Françoife, & l'on verra avec plaifir la Lifte que notre Savant Auteur a faite des mots François & Hollandois, qui defcendent visiblement du Latin. Cette Lifte occupe 25 pages, & eft en trois coJonnes, dont la première eft destinée aux mots Hollandois, la feconde aux François, la troifième aux Latins. Mais Mr. BURMAN nous donne cette Lifte fans l'accompagner d'aucune remarque, parce qu'il ne s'eft pas tant propofé, dans fon Ouvrage, de traiter des mots que les Hollandois ont empruntés du Latin, que de ceux qui leur font communs avec les François quelle qu'en puiffe être d'ailleurs l'origine. En voici quelques-uns.

BYWACHT, Bijouac ou Bivouac, garde qui ne fe fait jamais que de nuit lorfque l'ennemi eft près, & que l'on craint d'être attaqué. Le mot François vient évidemment du Flamand ou de l'Allemand

EXTER, Agace. Dans quelques Provinces de France on appelle Agace, l'oifeau qui eft connu fous le nom de Pie. Or Mr. B. ne doute pas que ce mot Agace ne foit le même que le Flamand Exter, que plufieurs prononcent Aexster, ou Aekfler.

Fooy, ce mot Hollandois fignifie un

petit préfent que l'on fait aux domesti ques, aux ouvriers &c. par deffus le falaire qu'on leur a promis. Ne feroit-ce pas le vieux mot François, Fié, qui, depuis long tems eft hors d'ufage? Dans un ancien Cérémonial des Chevaliers du Bain, publié par Du Cange, dans fon Gloffaire de la baffe Latinite, & inferé par le P. Daniel dans fon Hiftoire de la Milice Françoise Tom. I. Liv. lil. Chap. IV. ce mot revient très fouvent. A la page 76. par ex. on trouve: Et l'Efcuier ainfi bors du Baing & attorné, le Barbier oftera le baing, & tout ce qu'il a entour auffi bien dedans comme en debors, & le prendra pour fon Fié. Et à la page 78. A l'iffue de la chapelle le Maiftre Queux du Roy fera preft d'ofter les efperons les prendra pour fon Fié, & dira je fuis venu le Maijire Qucux du Roi & prens vos efperons pour mon Fie.

GOLF, Golfe, étendue de Mer qui entre dans les terres. Autrefois on difoit GOFFRE : Une cité qui s'appelle Nichomie,

fi gift fur un Goffre de Mer, VILLEHARDOUIN de la conquête de Conftantinople, Chap. 167. Un chajiel Caralas, qui gift fur un Goffre de mer, lbid. Chap. 240. Cela fait conjecturer à Mir. BURMAN, que Goffre pourroit bien être la même chofe que Gouffre qui, comme on fait, fignifie un abyfme produit fouvent par l'éruption des Rivières & de la Mer. Dans la fuite

on

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