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LA PRINCESSE CHARLOTTE. KNOX.

Je viens de nommer Hogg le dernier poète des chaumières des Trois royaumes; je dirai quelques mots de la dernière muse des palais britanniques, afin qu'on voie tout mourir dans ce siècle de mort. La princesse Charlotte d'Angleterre a chanté les beautés de Claremont, en leur appliquant ces vers d'un grand poète :

To Claremont's terrac'd heights and Esher groves,
Where, in the sweet solitude, embraced

By the soft windings of the silent muse,
From courts and cities Charlotte find repose:
Enchanting vale! beyond whae'er the muse
Har of Achaia, of Hesperia sung.
O vale of bliss! o softly swelling hills,
On which the pover of cultivation lies
And joys to see the wonders of this soil!

« Terrasses élevées de Claremont! bocages

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» d'Esher! c'est dans votre paisible solitude » que, bercée par les doux accens de sa muse modeste, Charlotte trouve le repos loin des » cités et des cours! Vallon enchanteur ! bien >> au-dessus de tout ce qu'ont célébré les chan» tres de la Grèce et de l'Ausonie! O vallée » du bonheur ! ô collines doucement inclinées, sur lesquelles le génie de la culture s'enorgueillit de voir éclore les merveilles de sa puissance (1).

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«

»

D

Quand on voit cette reine présumée rêver si jeune et si heureuse dans les bocages d'Esher, on peut croire qu'elle eût descendu dans la tombe avec moins de peine du haut du trône d'Élisabeth que du haut des terrasses de Claremont. J'avais vu cette princesse enfant dans les bras de sa mère; je ne l'ai point retrouvée en 1822, à Windsor, auprès de son père. Ces vols que la mort commet sans cesse au milieu de nous, nous surprennent toujours : mais qui sait si ce n'est pas par un effet de sa miséricorde, que la Providence a retiré sitôt du monde la fille de Georges IV ? Que de bonheur en apparence attendait Marie-Antoinette, quand elle

(1) J'emprunte ce texte et cette traduction à une biographie nouvellement publiée.

vint poser à Versailles,

sur sa belle tête, la

plus belle couronne du monde ! Abreuvée d'outrages quelques années plus tard, elle ne trouvait pas une voix en France qui dît: Paix à ses douleurs! L'auguste victime n'était chantée qu'en terre étrangère par des fugitifs ou par des étrangers: l'abbé Delille demandait des expiations à sa lyre fidèle; Alfieri composait l'admirable sonnet :

Regina sempre!

Knox pleurait la captivité de la reine veuve et martyre:

If thy breast soft pity knows,

O! drop a tear with me;
Feel for th' unexampled woes
Of widow'd royalty.

Fallen, fallen from a throne!

Lo! beauty, grandeur, pow'r;

Hark! 'tis a queens, a mother's moan;
From yonder dismal tow'r,

I hear her say, or seem to

say,

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« Si ton sein connaît la douce pitié, oh! ré

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pands avec moi une larme ! laisse-toi toucher

>> par les malheurs sans exemple de la veuve

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royale.

› Tombée, tombée du trône! Regardez la beauté, la grandeur, la puissance! Ecoutez! c'est le gémissement d'une reine, d'une » mère : là, du fond de cette affreuse tour,

» Je l'entends qui dit, ou qui semble dire : » Vous qui prêtez l'oreille à mon histoire, » apprenez combien est rapide le jour de la beauté, combien inconstante la gloire hu

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>> maine! »>

CHANSONS. LORD DORSET. BÉRANGER.

La chanson, aussi ancienne en Angleterre qu'elle l'est dans le royaume de saint Louis, a pris toutes les formes: elle se change en hymne pour la religion; elle reste chanson pour les mille riens et les mille accidens de la vie, gais ou tristes. Les Marins (the Seamen) de lord Dorset, sont une composition d'une verve élégante. J'en prends la traduction littérale dans la poétique anglaise de M. Hennet.

A vous, mesdames, qui êtes à présent sur terre,
Nous, qui sommes sur mer, nous écrivons;
Mais d'abord nous voudrions vous faire comprendre
Combien il est difficile d'écrire ;
Tantôt les muses, et tantôt Neptune,
Nous devons implorer pour vous écrire
Avec un fa, la, la, la, la, la.

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