sans le consentement de la Diéte, nulle loi et nul nouvel impôt ne sont valables (1). On peut donc dire que les relations du Grand-Duché répondent parfaitement à l'union réelle, bien qu'aujourd'hui le gouvernement russe essaye d'y empiéter. Quant aux droits des Etats dans la communauté, c'est-à-dire le droit international, notre auteur trouve qu'il y a sur ses fondements toujours de la confusion et que la doctrine dominante le fait encore reposer sur le droit naturel. Nous ne savons pas de quels auteurs représentant cette doctrine il veut parler; mais, si nous passons en revue les écrivains les plus renommés en droit international, ce reproche parait bien injuste; parmi eux, nous n'en connaissons pas un qui prenne pour base le droit naturel. Il semble que la réfutation de la théorie de la contrainte comme facteur principal du droit, mise en avant par Jhering dans le Droit international, de F. de Martens, et l'excellent traité de Lawrence: Is there a true international law?, lui soient inconnus (2). Si donc, par ses déductions, il croit avoir porté la lumière dans les ténèbres qu'il qualifie « d'orgies du droit naturel », nous devons avouer que nous n'y avons trouvé rien de nouveau, excepté le langage et les constructions propres à l'auteur. A part ce chapitre, le livre de M. Jellinek est un ouvrage remarquable; il contient un puissant travail d'idées, des constructions ingénieuses, une connaissance étendue de la littérature, mais nous croyons qu'il eût gagné par une plus grande concision. GEFFCKEN. 42. Les origines du droit international, par M. ERNEST NYS. — 1 vol. in-8° de v et 414 pages. Bruxelles, Alfred Castaigne, et Paris, Thorin et fils, 1894. On a tant répété que Grotius est le père du droit des gens que chacun a, malgré soi, une certaine tendance à se figurer que le droit des gens serait sorti tout armé, comme Minerve, du cerveau de l'illustre auteur du De jure belli ac pacis. Comme M. Nys le remarque, et suivant l'observation très juste d'un écrivain anglais (3), « la science ne surgit pas de toutes pièces et l'homme de génie que l'on appelle le fondateur d'une science ne fait que ratta<< cher ses éléments déjà existants; il se borne à réunir ses membres épars, à leur insuffler le souflle de la vie ». C'est de ces membres épars, de ces éléments primitifs de la science que M. Nys fait en quelque sorte l'inventaire dans son dernier ouvrage. Personne n'était mieux préparé que notre savant collaborateur pour mener à bonne fin cette œuvre considérable. Voici une quinzaine d'années qu'il se consacre aux longues recherches dont son dernier ouvrage est le (') D'après le précédent d'Alexandre Ier, qui, lors de sa prise de possession, confirma tous les droits constitutionnels et privilèges du pays et jura de les observer strictement (29 mars 1809). (2) Essays on some disputed questions of modern international lax, 2o éd., 1885. (3) ROBERT FLINE, History of the philosophy of history. fruit. Nous leur devons déjà son livre sur HONORÉ BONET et l'étude intitulée: Le droit de la guerre et les précurseurs de Grotius; les lecteurs de cette revue connaissent également les nombreuses monographies par lesquelles M. Nys nous a tenus en quelque sorte journellement au courant du progrès de ses découvertes dans la poussière des bibliothèques et des archives. Le dernier ouvrage de M. Nys est un rapport complet sur une enqnête poursuivie sans relâche depuis des années. Il est rempli de renseignements sur les hommes et les choses du droit international, depuis les origines des nations européennes nées de la dissolution de l'empire romain, jusqu'à la fin du XVIe siècle. Nous y voyons, parmi le chaos du moyen âge, l'idée juridique rester vivace; délivrée du joug des traditions romaines, elle reçoit d'autant plus librement l'influence du christianisme et, dans ce passé lointain, nous apercevons déjà le travail latent qui permettra à la science moderne de s'épanouir. Ce que nous aurions voulu trouver de plus dans l'excellent livre de M. Nys, qui renferme d'ailleurs tant de pages intéressantes et de renseignements précieux, c'est un plan d'ensemble reliant plus parfaitement entre eux les divers chapitres; le lecteur n'y suivra pas toujours, croyonsnous, ce fil conducteur de la pensée qui rend la lecture à la fois attachante et plus fructueuse. M. Nys nous pardonnera cette légère critique; elle ne vise, du reste, en quelque sorte que le côté didactique de son œuvre, dont notre savant ami, tout entier livré à son travail de recherche et d'analyse, ne s'est probablement que fort médiocrement soucié. Il a mis au jour une série de théories et de coutumes anciennes concernant la guerre, les traités, le commerce, la diplomatie, le droit maritime, sur l'action de l'idée chrétienne, de l'Eglise romaine et de l'Empire; il fait part de tout cela au lecteur dans autant de chapitres, dont chacun est une étude distincte sur les origines de la branche spéciale du droit international à laquelle il se rapporte. Plusieurs chapitres sont toutefois consacrés à la guerre et traitent notamment de la guerre privée, des causes de la guerre, de la guerre contre les infidèles et contre les hérétiques, de la légitimité de la guerre, de la déclaration de la guerre et des usages et pratiques de la guerre en général. Le livre de M. Nys est le fruit d'un travail considérable et minutieux. Le nombre d'auteurs anciens et la plupart oubliés, dont il a étudié les écrits et dont il rapporte et analyse les idées et les théories souvent fort remarquables, est vraiment incroyable. Beaucoup d'entre eux méritent que leur nom soit ainsi tiré de l'oubli; c'est une œuvre de justice et de réparation; elle était due à la mémoire de ces hommes qui, par la générosité et la noblesse de leur pensée, ont devancé leur temps. Tous ceux qui s'intéressent à l'histoire du droit et spécialement aux origines de la littérature du droit des gens réserveront à l'ouvrage de M. Nys une place marquée dans leur bibliothèque. ÉDOUARD ROLIN. TABLE DES MATIÈRES DANS LE VINGT-SIXIÈME VOLUME. ANNÉE 1894 (1). - Pages. La répression des attentats anarchistes, par M. ALBÉRIC ROLIN. Les Etats-Unis et la politique d'annexion, par M. J. BASSETT MOore. L'arbitrage international dans le différend entre la Suisse et l'Italie au sujet du décret italien du 8 novembre 1893, prescrivant le payement des droits de 43 Le droit international devant l'histoire, par M. ERNEST NYS Le suffrage politique chez les principaux peuples civilisés, par M. HENRI PAS- La codification du droit international privé. Deuxième conférence tenue à la Haye, du 25 juin au 13 juillet 1894. Communication de M. T.-M.-C. ASSER. Le différend entre le Portugal et le Brésil considéré au point de vue du droit Du droit de propriété revendiqué par les États-Unis d'Amérique sur les phoques à fourrure de la mer de Behring. Étude critique, par M. ED. ENGELHARDT Observations sur la contrebande de guerre, par M. L. DE BAR. Solidarité et souveraineté, à propos d'une brochure intitulée : et la péninsule balkanique », par M. H. BROCHER DE LA FLÉCHÈRE. Institut de droit international. Publicité plus large à donner à ses résolu- tions. Participation à ses travaux de savants étrangers au corps. Note de Le droit des gens dans les rapports des Arabes et des Byzantins, par ERNEST La Convention de la Haye de 1887 concernant le trafic des spiritueux dans la De la codification du droit international privé, par M. LOUIS OLIVI La prescription des créances. Étude de législation comparée à propos de deux La litispendance dans les rapports entre juridictions d'États différents. Pro- position présentée à l'Institut de droit international pour la session de 1895, La question de désarmement dans les relations entre la Russie et l'Angleterre, Règlement des lois et coutumes de la guerre, par M. le Dr GEFFCKEN. La prescription des créances (deuxième article), par M. V.-C. THOMSEN Considérations historiques et juridiques sur les profectorats, par M. ÉD. ENGEL- Pages. Asser (T.-M.-C.). Art. p. 319. BAR (L. de). Art. p. 401. BERNEY (J.). Art. p. 204. Bibl. p. 225, BROCHER DE LA FLÉCHÈRE (H.). Art. p. 415. BUZZATI (J.-C.). Art. p. 9. DE WITTE (Alphonse). Art. p. 75. FLAISCHLEN (G.). Art. p. 95, 288, 562. GUILLAUME (Baron). Art. p. 488. HEGENER (Th.-M.). Bibl. p. 124, 226, HYMANS (Paul). Nécr. p. 340. Bibl. p. 566. LEHR (Ernest). Art. p. 335, 432, 640. Bibl. p. 120, 121, 435, 458, 571, 644, MARTENS (F. de). Art. p. 573. ROLIN (Édouard). Art. 304. N. p 109, 111, 112. Nécr. p. 339, 345. Bibl. p. 122, THOMSEN (V.-C.). Art. p. 530, 605. (1) Dans cette table, Art. signifie article; N., Notes ou Notices diverses: Nécr., Notices nécrologiques; |