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Desdemona pensive écoutoit ce discours;
Ou, si de mon histoire interrompant le cours,
Quelque soin domestique exigeoit sa présence,
Bientôt, pour réparer ces courts moments d'absence,
Elle accouroit vers nous, et son cœur transporté,
Écoutant mon récit avec avidité,

Partageoit mon destin heureux ou misérable.
Je le vis, je saisis un instant favorable,
Et surpris à son cœur sensible et généreux
Une douce prière, objet de tous mes vœux :
C'étoit de répéter, de répéter encore

Ces traits qu'elle admira, ces maux qu'elle déplore.
Mon récit trop modeste en taisoit la moitié ;
C'étoit trahir ma gloire et trahir l'amitié;
Depuis les premiers jours de ma première enfance
Jusqu'au dernier péril qu'affronta ma vaillance,
On vouloit tout savoir; et tandis que ma voix
Reprenoit ce récit redemandé vingt fois,
Mes courses, mes combats sur la terre et les ondes,
Dans les sables déserts, dans les forêts profondes,
Mon coursier tout sanglant se débattant sous moi;
Mon œil dans tous ses traits voyoit courir l'effroi.
J'entendois ses soupirs, je surprenois ses larmes,
Et jouissois tout bas de ses tendres alarmes.

Un jour, enfin, d'un ton mélancolique et doux :
Quel mortel, me dit-elle, a souffert plus que

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Entre tous vos amis s'il en est un qui m'aime,

A conter vos malheurs instruisez-le vous-même,

vous?

She lov'd me for the dangers I had past, And I lov'd her, that she did pity them. This only is the witchcraft I have us'd.

Et je ne quitte plus ce touchant entretien. >>
Ces mots partis du cœur avertirent le mien;
Elle avoit révélé le secret de sa flamme,
Et l'aveu de la mienne échappa de mon ame.
Sans refuser mes voeux et sans les recevoir,
Sa touchante rougeur confirma mon espoir;
Elle aimoit mes malheurs, et moi j'aimai ses larmes.
L'amour et la pitié confondirent leurs charmes,
Et firent deux époux de deux tendres amants :
Voilà mon sortilège et mes enchantements. (1)

() Voyez l'OTHELLO de Ducis, acte I, scène v.

m

Demandés

COUPLETS

par des jeunes gens de Saint-Dié, qui donnoient une fête aux jeunes personnes de la ville.

Le printemps vient, que tout s'empresse
A fêter l'âge des amours :

Peut-on mieux chanter la jeunesse,
Que dans la saison des beaux jours?

Tout s'embellit par la jeunesse ;
Pour nous le fer arme ses mains;
Elle eut ses fêtes dans la Grèce,
Elle eut ses jeux chez les Romains.

Toi-même, à la tête des Graces,
Vieillesse, parois à ton tour;
Comme l'hiver, chauffe tes glaces
Aux
rayons naissants d'un beau jour.

O toi, jeunesse séduisante,

Ne refuse pas son doux prix

Au poëte heureux qui te chante!

Tu peux le payer d'un souris.

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