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celle de Paris; je rends graces à celui par qui va s'opérer cette confraternité: il sait combien je me tiendrai honoré de la sienne, et l'inviolable attachement que je lui ai voué.

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FRAGMENTS

D'UNE ODE ADRESSÉE A LEFRANC DE POMPIGNAN.

1758.

De Thémis autrefois soutenant la balance,
Des fragiles mortels tu pesois les destins;
Et le poids du crédit, celui de la puissance,
Ne l'ont point fait pencher dans tes fidèles mains.

Vile adulation, ta lâche perfidie

Trompe et séduit les grands avec dextérité;
Lefranc, ce fut toi seul de qui la voix hardie
Osa faire à ton roi parler la vérité(').

Du maître des humains tu nous peins la puissance (1):
Il parle, l'univers est sorti du chaos;

* Toutes les pièces qui composent ce Recueil ont été revues avec le plus grand soin, mises dans un meilleur ordre, augmentées de notes et des textes originaux des traductions.

(1) En sa qualité de président de la cour des aides de Montauban, Lefranc avoit défendu, avec autant de courage que d'éloquence, la cause et les intérêts du peuple auprès du roi.

(2) Allusion aux poésies sacrées.

T. I. POÉS. Fug.

I

Les cieux ont sous ses mains courbé leur voûte immense;

La terre au loin s'étend, la mer roule ses eaux.

Il commande, et soudain de l'un à l'autre pôle,
Et la terre et les mers et les cieux confondus,
Par lui créés d'un mot, au son de sa parole,
Dans l'antique chaos tombent et ne sont plus.

Le luxe impérieux qui règne dans nos villes,
En dégradant la terre, amène un goût pervers:
Le riche l'abandonne à des ames serviles;
Le poëte orgueilleux lui refuse ses vers.

Tel on voit le lierre, à l'ombre qui le cache,
Ramper dans les forêts, et languir sans appui;
S'il rencontre le chêne, à son tronc il s'attache,
Embrasse ses rameaux et s'élève avec lui(').

(') Le jeune Delille, qui s'occupoit déja de la traduction des Géorgiques, met ingénieusement ici son travail sous la protection d'un nom alors célébre dans la littérature.

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ODE

A MONSIEUR LE PREMIER PRÉSIDENT

MOLÉ,

A L'OCCASION DE LA NAISSANCE DE MONSIEUR DE CHAMPLATREUX.

1760.

Précipite, grand Dieu, dans la nuit éternelle
Du superbe oppresseur la race criminelle;
Ensevelis son nom dans l'oubli du tombeau;
Et que de ses palais l'édifice fragile,

Brisé comme l'argile,

De ses derniers enfants écrase le berceau.

Mais conserve, ô mon Dieu, sous ton aile puissante
Des humains bienfaisants la race florissante:
Qu'ils étendent au loin leurs rejetons nombreux;
Que des fruits immortels de leur tige féconde
Ils nourrissent le monde,

Et couvrent l'orphelin de leurs rameaux heureux.

Famille des Molé, triomphez d'âge en âge;
Bravez, bravez des ans l'injurieux outrage;
Que la gloire vous porte à l'immortalité.

Ombres des demi-dieux, puissent mes chants profanes,

« EelmineJätka »