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» quelle je suis venu, de mon propre mouvement. hier, » pour m'amuser avec la Félix, que j'ai fait déshabiller » et que j'ai touchée avec la main enveloppée dans le >> bout de mon manteau; et aujourd'hui, jouant avec » Félix et Julie, sa compagne, qui m'ont ôté mes ha→ » bits religieux elles m'ont mis en femme, avec du >> rouge et des mouches. L'inspecteur m'a surpris en » cet état. Je déclare qu'il y a plusieurs années que j'avais cette fantaisie, que je n'ai pu satisfaire plus » tôt. En foi de quoi j'ai signé la présente déclaration, > contenant exacte vérité. HONORÉ REGNARD. Com» miss., Mutel; insp., Marais. » (1)

« 19 février 1767. Le P. Constance (piq.), entre Victoire et Emilie, se comparant à l'âne de Buridan. Commiss., Duruisseau ; insp., Marais..

Quant aux anecdotes relatives à des hommes qui n'appartenaient pas aux ordres, je suis certain que Sartine, plus tard, les recueillait pour en régaler la cour. C'était un grand plaisir pour lui de pouvoir dire au roi, tous les dimanches, à l'heure de son travail, de ces petites histoires dans le genre de celles-ci :

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Jarnowick, rival de M. de Ségur, vient toutes les nuits, sur la place Royale, en fiacre; il monte

(1) Avant la révolution, les Grands-Augustins bénissaient, tous les ans, à la fête de Saint – Nicolas de Tolentin, un pai qui recevait la puissance de guérir de toutes sortes de maladies, de préserver du feu, de l'eau, du tonnerre, et particulièrement des fièvres.

sur le siége du cocher, de là, grimpe au balcon que lui ouvre l'Irlandaise Nicolson, qui le cache dans son lit.

. Madame de Marsan, gouvernante des enfans de France, après avoir été la protectrice déclarée de l'évêque de Rennes, a vendu jusqu'à ses diamans pour le comte de Bissy, dont les seize mulets sont appelés les petits Marsan.

» M. de Bernage, prévôt des marchands, s'épuise avec la baronne Blanche, qui a épuisé tout le corps diplomatique.

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L'abbé de Saint-Hermine, grand mangeur de moutarde, aumônier de la reine, vit avec la sœur du doyen du grand conseil.

>> La duchesse de la Vallière et la duchesse de Luxembourg ne sé quittent jamais que quand M. de Bissy se met entre elles.

» La princesse de Richemont menace ses femmes de chambre, dans ses momens de colère contre elles, de les faire.... par ses laquais. »

Comme ces petits contes, que Sartine faisait si bien, auraient pu employer trop de temps et exiger de trop grands frais de mémoire, le lieutenant-général de police laissait au prince des notes ainsi rédigées: « La Dorval, qui est devenue la marquise d'Aubard, fit ses premières campagnes avec un soldat qui déserta pour elle. Elle s'en lassa, et lui fit casser la tête. Une compagnie entière l'épousa. Elle déserta à son tour pour suivre une troupe de comédiens. De rôle en rôle elle parvint jusqu'à Paris, où M. Da

nisy ne lui avait encore fait que des billets, lorsqu'un regard de M. le duc d'Orléans fit naître à un chevalier de Saint-Louis l'ambition de la prendre pour femme. Il en mourut. Elle se retira en carrosse drapé, au couvent des Cordelières, où elle essaya plusieurs maris, sans pouvoir en décider un à se charger d'elle.

La marquise de Ségur, créole, a le plus joli pied de Paris. Le baron de Bezenval l'a déterminée à se venger de son mari qui n'a qu'une main.

» Mademoiselle Allard s'est fait peindre nue par Lenoir. Tout le monde la reconnaît.

>> Le prince d'Hénin oublie sa femme; sa femme l'oublie avec le chevalier de Coigny.

>> › C'est un miracle le guet que n'ait pas encore surpris M. le comte de la Marche, qui, la nuit, s'introduit chez la princesse Chimay, par un soupirail de cave, dans la rue des Rosiers. Il serait bon à amener chez un commissaire.

M. le duc de Chartres a soupé, le 29 mars 1771, rue Blanche, n° 2, avec le duc de Lauzun, le duc de Fronsac, Fitz-James, Conflans, le marquis de Laval, le marquis de Clermont et le comte de Coigny. Ils avaient trois demoiselles de compagnie. On y parla beaucoup de la fille d'un peintre de la rue des SaintsPères, qui ne voulait pas se rendre. Un abbé avait offert, de la part du duc de Luxembourg, à ses père et mère, six mille livres de rente et mille d'argent; M. de Sainte-Foi, trésorier de la marine, en donnait davantage. M. de Fitz-James voulut parier cent cin

quante louis que sous huit jours il a livrerait à M. de Conflans. La présidente Brissaut a représenté qu'aucune fille ne pouvait être mise dans le commerce, sans qu'elle lui eût signé ses lettres de maîtrise. On décida qu'elle partagerait avec le duc la gloire et le profit de cette conquête. »

Le roi rapportait toutes ces gaillardises à la comtesse Dubarri, qui s'en amusait beaucoup.

L'ancien procureur-général de la commune, Manuel, qui vit de près la police, et tira de ses archives les secrets impurs qu'il a dévoilés, s'est exprimé ainsi sur Sartine. :

« Avant le règne de M. de Sartine, qui ne voulait tout voir que parce qu'il voulait tout savoir, et ne défendait tout que pour pouvoir tout permettre, Paris comptait à peine soixante de ces filles qui, ramassant les flambeaux que l'hymen avait éteints, sans enseignes, vêtues comme des bourgeoises, se chargeaient d'aimer, ou dé lourds maltôtiers, ou de vieux ducs.... C'est M. de Sartine qui, donnant des gardes au vice, le soumettant à des règles pour le forcer à des impôts, et formant ainsi de ses viles recrues un régiment de prostituées que le nombre enhardit, que l'exemple empoisonne, se fit un jeu et un commerce de la dépravation des femmes. Ses officiers, conseillers du roi, comme le furent jadis les languayeurs, visitaient tous les jours ces antres magiques où s'engloutissaient la fortune et la santé des familles témoins et juges de toutes les espèces de débauches, eux-mêmes, par le plus infâme des cour¬

:

tages, appareilleurs complaisans, ils vendaient à l'inconstant Plutus toutes les idoles qui s'échappaient des provinces où la fidélité pauvre ne brûle que de l'encens. Instruits par des délations, par des confidences, par des découvertes, de tout ce qui se passait dans leur bas empire, ils recueillaient, pour les menus plaisirs du magistrat, des anecdotes gaillardes dont n'auraient pas voulu salir leur plume ni les Bussi, ni les Brantôme..

Cette sévérité de jugement paraîtra mieux encore justifiée quand j'aurai dit que ce magistrat remplissait quelquefois les fonctions de conseiller Bonneau; les lettres que lui écrivit l'inspecteur Marais, le 5 et le 12 mars 1762, le prouvent de reste. Les voici :

5 Mars. Monsieur, j'ai eu l'honneur de vous informer que monseigneur le comte de la Marche était venu chez moi me demander un homme qu'il pût avec confiance employer dans ses affaires de galanteries. Après avoir reçu vos ordres, je lui en ai envoyé un, et voilà les ordres que son altesse lui a donnés de faire en sorte de se lier avec les :

gens de madame de Thiroux de Monregard, rue Feydeau, afin de savoir ce qu'on disait de lui dans la maison; de s'informer si le duc de Fronsac n'y allait point, ou quelques autres, sur le pied d'amans, et de l'instruire exactement des jours que cette dame irait au spectacłe. Notre homme, jusqu'à présent, s'est bien acquitté de sa commission; il s'est lié avec un des laquais de cette dame, qui s'est trouvé être de son pays, lequel lui a dit que M. le comte de la Marche était fort

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