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envoyant la lettre ci-jointe, qui m'a été adressée vraisemblablement par quiproquo, puisqu'elle répond à une lettre que je n'ai pas eu l'honneur de vous écrire ; non que je n'acquiesce aux félicitations que vous recevez, mais parce que ce n'est pas mon usage d'écrire en pareil cas. Je vous supplie, monsieur, d'agréer mon respect. »

Ce n'était probablement pas une erreur du ministre ; mais comme à cette époque les gens de lettres avaient l'habitude de s'intéresser à tous les changemens de position des hommes puissans, et particulièrement à ceux des lieutenans de police devenus l'objet de quelques nouvelles faveurs, on aura adressé au citoyen de Genève une circulaire de remercîmens, sans s'assurer s'il lui en revenait une de droit. Rousseau fit bien le caractère des écrivains ne devrait jamais rien perdre de sa dignité.

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Au moment où la révolution sembla menacer les jours de tous ceux qui avaient joui de la confiance du prince, Sartine dut croire sa vie en danger. Cependant il ne voulait point quitter sa patrie; et il ne céda qu'aux instances de ses amis en se réfugiant en Espagne, où il était sûr de trouver des ressources que ce gouvernement ne pouvait refuser aux services que sa famille avait rendus à ce pays.

Il paraît que l'abbé Maury avait une haute opinion du savoir-faire de l'ancien lieutenant-général de police.

On sait qu'un jour, à sa sortie de l'assemblée constituante, cet abbé avait répondu à quelques hommes

qui le voulaient mettre à la lanterne : imbéciles, en verrez-vous plus clair?

Peu de temps après s'être tiré de ce mauvais pas, l'évêque d'Autun (Talleyrand Périgord) lui dit, en plaisantant: Mon cher abbe, quand allez-vous à Paris!

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Moi, répondit l'abbé, qu'irai-je faire à Paris? Qu'on me rende auparavant la Bastille, M. de Sartine, M. le chevalier Dubois et le régiment des gardes.

TACHEREAU OU TESCHEREAU

(GABRIEL), seigneur de Baudry et de Linières.

S'il est vrai que l'homme le plus sage ait été celui dont on a le moins parlé, aucun ne le fut à l'égal de Tachereau. Historiens, poètes, annalistes, faiseurs de recueils d'anecdotes, personne enfin n'a trouvé l'occasion de rattacher son nom à un événement, à un fait quelconque.

Il était maître des requêtes, et avait eu le titre d'intendant au conseil des finances créé en 1715 par le régent, quand ce prince l'appela à la lieutenance-générale de police le 1 juillet 1720, emploi qu'il ne conserva que jusqu'au 26 avril 1722.

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Il mourut conseiller-d'état le 22 avril 1755,

MINISTRES

DE LA POLICE GÉNÉRALE.

Le ministère de la police générale était une création du Directoire (1), qui, faible et sans cesse attaqué par un grand nombre de mécontens de toutes les opinions, crut trouver dans cette institution une force protectrice de son pouvoir.

Chaque jour les feuilles publiques attaquaient les chefs de l'état, qui n'en avaient qu'une seule où ils pussent se défendre contre leurs ennemis, contre les royalistes et les anarchistes, lesquels, au moyen de leurs journaux et de leurs réunions particulières, exerçaient une véritable influence sur l'esprit public.

Le gouvernement semblait paralysé, et il ne pouvait qu'à peine surveiller toutes ces réunions, dont il était impuissant à réprimer les excès. Jeté au milieu des factions pour les empêcher d'en venir aux

(1) Voir l'Introduction, page xi et suiv.

mains, les tentatives qu'il faisait pour les comprimer tournaient toujours à son désavantage. La création du ministère de la police générale, devenue nécessaire, ne fut combattue par personne; elle eut l'assentiment presque unanime des deux conseils.

A ce département fut confié l'exécution des lois relatives à la police générale, à la sûreté, à la tranquillité intérieure de l'État; la police des prisons, maisons de justice, de réclusion; la répression de la mendicité et du vagabondage; le maintien de l'ordre, et les affaires de la haute police.

En 1802, la police générale fut réunie au ministère du grand-juge; mais, par des motifs puisés sans doute dans l'importance des événemens, à la suite de la conspiration royaliste de Georges et de Pichegru, un décret du 10 juillet 1804 rétablit l'ancien ministère, l'investissant de toutes les attributions qu'il avait avant sa suppression.

Quatre conseillers-d'état, travaillant avec le ministre, étaient chargés de la correspondance, de la suite et de l'instruction des affaires relatives aux départemens assignés spécialement à chacun d'eux.

Ce ministère fut réuni à celui de l'intérieur au moment où Fouché était chargé du dernier de ces portefeuilles.

En 1814, le département de la police se convertit en direction générale, confiée à M. le comte Beugnot. Rétabli en 1815, ce ministère a été définitivement supprimé en 1818, et ses attributions ont été réunies au ministère de l'intérieur.

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Le premier ministre de la police a été M. Merlin de Douai, et le dernier M. Decazes.

ANGLÈS

(LE COMTE).

Anglès est plus connu comme préfet de police que comme ministre ; le portefeuille n'a fait que passer entre ses mains: nommé par un gouvernement provisoire, il fut une excellence provisoire.

Il était né en 1780, à Grenoble. Sa famille le destina d'abord au barreau: la révolution en fit un fonctionnaire. A dix-neuf ans, il accepta une place dans les charrois; ensuite, il se fit recevoir timonnier à bord du Duquesne, en rade de Brest ; puis il entra en qualité de commis dans les bureaux de M. Morard de Galles, préfet maritime, dont il épousa la fille. Le premier emploi important qu'il ait occupé est celui d'inspecteur de la librairie à Rome.

Nommé auditeur au conseil-d'état, à l'âge de vingtun ans, il fut attaché, en cette qualité, à l'administration des provinces conquises. Il était à Vienne en Autriche lorsqu'il reçut sa nomination de maître des requêtes.

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A son retour en France, on le chargea de la correspondance du troisième arrondissement de la lice générale de l'empire. Il fallait que Anglès eût preuve de capacité pour qu'on lui confiât une tâche aussi importante. Le gouvernement impérial, au

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