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. confiance, nous avons sans doute à regretter que ⚫ celle de quelques-uns des honorables membres qui

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» s'asseoient de ce côté (le ministre indiqua alors » le côté droit), ne la suive pas; mais du moins ils » nous permettront de penser que la confiance de »notre maître, que les droits qu'elle nous donne à > celle de la nation et à la vôtre, peuvent suffisam»ment nous consoler de ne pas obtenir la leur. Un » de ces orateurs (M. de Labourdonnaie) vous a dit qu'il s'exprimerait en peu de mots et qu'il fallait des choses. Il vous a peut-être paru, comme à nous, • que son discours se réduisait à des noms, j'aurais pu » dire à un nom. La police, depuis qu'elle existe, » c'est-à-dire depuis l'origine des sociétés et des gou» vernemens, puisqu'elle n'est autre chose que la sur»veillance de l'administration, a le bonheur, je dirai » l'honneur même, d'avoir beaucoup d'ennemis. Peut» être me serait-il permis de dire que ce n'est ni dans » cette enceinte, ni sur ces bancs qu'elle devrait en » rencontrer autant. Quoi qu'il en soit, il est des outrages dont la cause honore et dont on a quelque » droit de se glorifier. La police est inutile, vous a>>t-on dit; on s'est mal expliqué : c'est le ministère auquel elle est confiée; je pourrais presque dire, si ma dignité me le permettait, que c'est le choix du mi» nistre lui-même qui blesse quelques personnes : ce » ne sont pas les choses, mais les hommes qu'on a en

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» Vue.

M. de Labourdonnaie avait dit encore que le ministre de la police n'avait aucune espèce de responsabi

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lité, M. Decazes répondit ainsi à cette objection : « La responsabilité légale n'est-elle pas renfermée dans la » loi qu'on vous propose? Si, au lieu de ces accusations vagues qui ont retenti à cette tribune, il était possible de citer des faits, si on pouvait venir vous dire que le ministre a abusé de la loi, on saurait bien alors le prouver, et vous n'hésiteriez pas à prou. » ver vous-même que cette responsabilité n'est pas » un vain mot. »

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M. Decazes aurait succombé sous le poids des inimitiés auxquelles il était en butte, s'il n'eût été soutenu par la faveur du monarque, qui le nomma pair de France.

La loi de censure, portée à la chambre des pairs, fut discutée le 19 janvier 1818. M. de Châteaubriand la combattit, et attaqua le ministère en général, et le ministre de la police en particulier.

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La loi des élections, du 5 février 1817, amenait à chaque session de nouveaux défenseurs des libertés constitutionnelles. Les ultra-royalistes tentèrent de la renverser. M. Barthélemy, ancien membre du Directoire, fit, à cet effet, à la chambre des pairs, sa fameuse proposition (1). Le parti, dont il était l'organe, avait circonvenu M. de Richelieu, président du conseil des ministres, récemment de retour du congrès d'Aix-la-Chapelle. M. Decazes qui, en 1817, s'était

(1) Cette proposition tendait à dépouiller la classe moyenne des propriétaires, des manufacturiers et des négocians, du droit d'élection, et à le concentrer dans la haute propriété.

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prononcé pour la division des électeurs en colléges d'arrondissement, s'aperçut, en 1818, que le projet de quelques hommes influens était de revenir aux élections indirectes, système menteur, dangereux. Ne pouvant modifier à son gré la loi des élections, M. Decazes s'opposa à toute espèce de changement; il éclata donc une scission entre lui et le président du conseil. Le bruit courut que M. Decazes avait donné sa démission; que M. de Richelieu avait essayé, en effet, de composer un ministère, et que ne pouvant y parvenir, il avait été obligé de laisser M. Decazes se ressaisir du pouvoir ce fut une véritable journée de dupes.

M. Decazes voulut mettre à couvert l'amour-propre de M. de Richelieu, et proposa aux chambres de lui décerner une récompense nationale. Cette compensation, offerte à la disgrâce par celui qui en profitait, fit dire que le nouveau premier ministre était destiné à s'enrichir aux dépens de son prédécesseur; car le père de M. Decazes avait fait sa fortune, en achetant à la nation le château et la terre de Fronsac, propriété de M. de Richelieu, révolutionnairement confisquée et vendue en 1793.

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Le ministère de la police, qui avait été l'objet des attaques les plus vives et les mieux fondées, fut réun i à celui de l'intérieur, dont le portefeuille fut confié à M. Decazes, le 18 décembre 1818. Le nouveau ministre s'était entouré de M. le maréchal Gouvion SaintCyr, de M. le marquis Dessoles et de M. le baron Louis. Pour s'assurer la majorité dans la chambre des pairs,

M. Decazes obtint du roi l'ordonnance du 5 mars 1819, qui nomma cinquante-neuf nouveaux pairs, et fit entrer dans cette chambre des notabilités de la France nouvelle.

M. Decazes, veuf de la fille du comte Muraire, épousa, le 11 août 1818, Mademoiselle de Saint-Aulaire, petite-fille, par sa mère, du dernier prince régnant de Nassau-Saarbruck. En considération de ce mariage, il reçut du roi de Danemarck le titre et le duché de Glukesbourg.

La politique de M. Decazes, qui consistait à se servir des partis sans les seconder, ou plutôt qui s'efforçait de les neutraliser les uns par les autres, allait bientôt se trouver aux abois. Une majorité compacte ne pouvait lui convenir. Le système de bascule lui̟ attirait l'inimitié du côté droit et du côté gauche.

La popularité, qui était revenue à M. Decazes après le renvoi de M. de Richelieu, semblait l'assurer dans sa position; mais des craintes, des terreurs vinrent l'agiter. L'assassinat du duc de Berri mit un terme à ses irrésolutions. Il attaqua ce qui avait sauvé la France, en proposant de changer la loi des élections; et la censure des journaux vint de nouveau bâillonner l'opinion publique.

Les ultra-royalistes cherchèrent à tirer parti du crime de Louvel. Ils accusèrent M. Decazes de complicité. Les pieds lui ont glissé dans le sang, écrivait M. de Châteaubriand, dans le Conservateur. Cette absurdité dégoûtante, qui ne mérite pas même d'être réfutée, fut reproduite à la tribune par un député,

elle valut à son auteur le titre de calomniateur que lui donna M. de Saint-Aulaire : « Songez, s'écria-t-il, que désormais il faut que vous obteniez la tête de M. Decazes, ou que la vôtre reste chargée d'infamie! >

Ces accusations, d'une violence et d'une injustice inconcevables, rendirent inévitable la retraite de M. Decazes. Ses dernières concessions au parti qui aspirait à le renverser, lui enlevèrent l'appui qu'il pouvait trouver encore dans le côté gauche; ses amis l'abandonnèrent; la droite l'accabla d'injures et de dédains, après l'avoir accusé d'un crime atroce. Objet de haine et de pitié, le jeune ministre tomba aux applaudissemens des uns, sans emporter les regrets. des autres. Il ne fut pleuré que par son maître, qui conserva toujours pour lui la sollicitude d'un père (1). Sa disgrâce, tout éclatante qu'elle était, fut une occasion de plus pour le roi Louis XVIII de lui témoigner le plus vif intérêt. Il fut nommé ambassadeur en Angleterre, duc, ministre-d'état.

Les fureurs de ses ennemis, n'étaient cependant pas calmées. « M. Decazes est tombé, disait le Jour

(1) Il fut remplacé au ministère, le 20 février 1820, par M. le comte Siméon.

En 1823, le roi lui donna une somme de huit cent cinquante mille francs, pour payer les dettes qu'il avait, diton, contractées pendant son ministère. Qui ne connaît les bienfaits accordés par Louis XVIII à madame de Princeteau, sœur de M. Decazes ?

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