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après le décès, et quarante-huit, en cas de mort subite, au lieu destiné pour la sépulture commune, couverts d'un voile funèbre, sur lequel sera peint le sommeil; le lieu commun où leurs cendres reposeront, sera isolé de toute habitation, planté d'arbres, sous l'ombre desquels s'élèvera une statue représentant le sommeil. Tous les autres signes seront détruits; et on lira sur la porte de ce champ, consacré par un respect religieux aux mânes des morts, cette inscription : La mort est un sommeil éternel (1).

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On trouve dans les procès-verbaux de la Convention, à une date rapprochée de quelques jours de ce décret :

« Fouché de Nantes, représentant du peuple dans le département de la Nièvre, envoie à la Convention 1091 pièces en or et argent provenant des dépouilles des églises.

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Il fit plusieurs envois de cette nature à la Convention. Je ne rapporterai, des lettres dont il accompagnait ses envois, que celle du 1 novembre 1793:

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Citoyens collègues, je vous envoie dix-sept malles remplies d'or, d'argent, et d'argenterie de toute espèce, provenant de la dépouille des églises, des châteaux, et aussi des dons des Sans-Culottes. Vous

(1) On a remarqué que ces mesures de Fouché ont été ordonnées plusieurs semaines avant que la Convention en corps se fût rendue au Temple de la Raison, et avant la commune que de Paris cût aboli 'toute pratique extérieure des cérémonies religieuses.

verrez avec plaisir, deux belles crosses d'argent doré, et une couronne ducale en vermeil. L'or et l'argent ont fait plus de mal à la république que le fer et le feu des féroces Autrichiens et des lâches Anglais. Je ne sais par quelle imbécile complaisance on laisse encore ces métaux entre les mains des hommes suspects. Ne voit-on pas que c'est laisser un dernier espoir à la malveillance et à la cupidité? Avilissons l'or et l'argent; traînons dans la boue ces dieux de la monarchie, si nous voulons faire adorer les dieux de la république, et établir le culte des vertus austères de la liberté. Vive la Montagne! vive la Convention nationale. Je vous ferai dans peu un troisième envoi. Vive la République !»

Le comité de salut public jugea que le département de la Nièvre était suffisamment exploré. Il appela Fouché à des fonctions plus graves, en l'adjoignant à Collot-d'Herbois pour une mission commune à Lyon. Le comité comptait beaucoup sur ces « deux représentans, dont les mains fermes et vigoureuses appuieraient l'exécution des lois..

Mais Fouché tenait singulièrement au département de la Nièvre, qu'il avait régénéré avec tant de bonheur pour lui, et il refusa d'abord l'honneur qu'on voulait lui faire. L'insistance du comité le menaçant d'une disgrâce, il se décida ensuite à aceepter.

Quels sont les premiers exploits des nouveaux représentans du peuple dans Commune-Affranchie? Ils recueillent religieusement les restes précieux de

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Challier (1), les exposent à la vénération publique, et crient vengeance: « Le sol qui fut rougi du sang des patriotes, sera bouleversé; tout ce que le vice et le crime avaient élevé sera anéanti; et sur les débris de cette ville superbe et rebelle, qui fut assez corrompue pour demander un maître, le voyageur verra avec satisfaction quelques monumens simples élevés à la mémoire des martyrs de la liberté, et des chaumières éparses que les amis de l'égalité s'empresseront de venir habiter pour y vivre heureux des bienfaits de la nature (2).

Ils poursuivent en même temps les individus et les pierres de leur cité : « ..... On n'ose pas encore vous demander le rapport de votre premier décret sur l'anéantissement de la ville de Lyon; mais on n'a presque rien fait jusqu'ici pour l'exécuter. Les démolitions sont trop lentes, il faut des moyens plus rapides à l'impatience républicaine. L'explosion de la mine, et l'activité dévorante de la flamme, vent seuls exprimer la toutepuissance du peuple; sa volonté ne peut être arrêtée comme celle des tyrans, elle doit avoir les effets du tonnerre (3). ›

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(1) Challier, disciple de Marat, s'était mis à la tête d'un club de six cents scélérats, qui avaient formé le complot d'assassiner tous les riches habitans de Lyon, et de jeter leurs cadavres dans le Rhône. Il fut jugé, condamné et exécuté par ordre de la municipalité.

(2) Lettre à la Convention, Moniteur du 17 novembre 1795. (3) Idem, du 24 novembre 1793.

Idem,

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Ils cherchent à s'emparer de la fortune des citoyens: «... Nous saisissons chaque jour de nouveaux trésors; nous avons découvert chez Tolosan une partie de sa vaisselle cachée dans un mur. Il y a ici beaucoup d'or et d'argent, que nous enverrons successivement (1). »

Ils établissent le régime de la terreur: «... La terreur, la salutaire terreur, est vraiment ici à l'ordre du jour; elle comprime tous les efforts des méchans, elle dépouille le crime de ses vêtemens et de son or; c'est sous les haillons honorables de la misère que se cache le riche royaliste, etc. (2)

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La guillotine est trop lente à leur gré, ils font seconder son action par le fusil de leurs soldats.

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.....

Les représentans du peuple ont substitué aux deux tribunaux révolutionnaires qu'ils avaient créés, un comité de sept juges; cette mesure était indispensable les deux tribunaux, sans cesse embar rassés par les formes, ne remplissaient pas les vœux du peuple; les prisonniers, entassés dans les prisons, les exécutions partielles, ne faisaient plus que peu d'effet sur le peuple; le comité des sept juge sommairement, et leur justice est aussi éclairée qu'elle est promple.... Le 14 frimaire, soixante de ces scélérats ont subi la peine due à leurs crimes par la fusillade;

(1) Lettre à la Convention, Moniteur du 5 décembre 1793.

(2) Lettre de Fouché à la Convention, Moniteur du 17 cembre 1795.

le 15 frimaire, deux cent huit ont subi le même sort; le 18, soixante-huit ont été fusillés, et huit guillotinés; le 19, treize ont été guillotinés ; le 21, la fusillade en a détruit en masse cinquante-trois; sous peu de temps, les coupables de Lyon ne souilleront plus. le sol de la république (1). »

Et l'on osait accuser ces honnêtes représentans! Et le fameux Collot-d'Herbois était obligé de se justifier, le 23 décembre, à la tribune des Jacobins!

. C'est de vous, Jacobins, leur dit-il, que Fouché de Nantes, et moi, avons reçu la mission difficile de purger le midi de tous les contre-révolutionnaires qui l'infectent.... On nous a accusés d'être des antro-pophages, des hommes de sang, et ce sont des pétitions contre-révolutionnaires, colportées par des aristocrates, qui nous font ce reproche! On examine, avec l'attention la plus scrupuleuse, de quelle manière sont morts les contre-révolutionnaires, on affecte de répondre qu'ils ne sont pas morts du premier coup! Eh! Jacobins, Challier est-il mort du premier coup?.... Qui sont donc ces hommes qui réservent toute leur sensibilité pour des contre-révolationnaires, qui évoquent douloureusement les mânes des assassins de nos frères? qui sont ceux qui ont des larmes de reste pour pleurer sur les cadavres

(1) Lettre de Pelletier, agent confidentiel du citoyen Fouché, adressée au conseil-général : Moniteur du 20 décembre 1793

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