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port sur la déclaration de Vienne, du 13. Dans ce rapport, il ne ménage pas plus les Bourbons que les princes coalisés; puis, quand la coalition a pris une attitude plus décidée, il renouvelle à Napoléon le conseil de se retirer aux États-Unis.

Sondé par le général Lafayette, sur le projet de profiter du rassemblement du Champ-de-Mai pour ôter le pouvoir des mains de Napoléon, il se contente de lui répondre que le moment n'est pas favorable, et n'en instruit pas l'empereur.

L'affaire de Mont-Saint-Jean a lieu : Fouché crée et dirige dans la chambre des députés le parti qui réclame avec lui une abdication nouvelle; il dicte la commission du gouvernement que lui-même va présider ce fut alors qu'il exigea impérieusement l'abdication et le prompt départ de son ancien maître, qui réclamait avec instance et comme une faveur de se mettre à la tête des troupes en qualité de général en chef, et qu'il le menaça de faire prononcer sa déchéance en cas de retard.

« Le duc d'Otrante paraissait approuver, en conseil et en public, les principes et les résolutions de ses collègues. En particulier, c'était autre chose : dévoué en apparence à tous les partis, il les flattait et les abusait tour à tour par de faux épanchemens, de chimériques espérances. Il parlait de liberté aux républicains, de gloire et de Napoléon II aux bonapartistes, de légitimité aux amis du roi, de garanties et de paix générale aux partisans du duc d'Orléans, et parvenait ainsi à se ménager de tous les côtés,

en cas de besoin, des appuis et des chances favorables (1). »

Un conseil de guerre déclarant impossible la défense de Paris, une convention fut signée pour la remise de la ville aux alliés. Fouché, qui correspondait avec Wellington, auquel il avait demandé, pour la France, son suffrage et sa protection, vit le généralissime à Neuilly, pour s'entendre avec lui sur l'exécution de cette convention.

Le lendemain, il alla à Saint-Denis, féliciter Louis XVIII sur son retour, et recevoir l'assurance de sa conservation au ministère de la police.

Nous ne dissimulerons pas, disent les auteurs de la biographie de Bruxelles, que, négociant à la fois avec tous les partis, et transigeant avec toutes les opinions, dans l'intérêt de son ambition personnelle, non moins que dans celui de l'État, le duc d'Otrante, par une conduite nécessairement souterraine et tortueuse, a dû, lorsque ce chaos d'intrigues diverses et opposées a été débrouillé à tous les yeux, soulever contre lui tous les soupçons et toutes les haines.

L'arrestation de Ney et de Labédoyère, la soumission de l'armée de la Loire, le désarmement et l'éloignement des hommes qui s'étaient prononcés pour

(1) Fleury de Chaboulon. Instruit des manœuvres de Fouché, l'empereur dit : « Il est toujours le même, toujours prêt » à mettre son pied dans le soulier de tout le monde. »

le gouvernement impérial, enfin, la liste de proscription du 24 juillet, furent son ouvrage.

Veuf, depuis deux ans, de sa première femme, Fouché épousa, au mois d'août, une demoiselle de Castellane, et Louis XVIII signa son contrat de ma

riage.

L'orage grondait autour de lui. Vers la fin du mois de septembre suivant, le roi lui demanda sa démission et le nomma son ministre à Dresde.

Frappé de bannissement, comme votant, par la loi du 6 janvier 1816, il quitta bientôt Dresde, se retira à Prague, ou, concentré dans sa famille, il employa son temps à rédiger des écrits apologétiques dont il inonda toute l'Allemagne.

Vers le milieu de 1818, le duc d'Otrante obtint du gouvernement la permission de se rendre à Lintz, puis à Trieste, où il mourut, le 25 décembre 1820, à la suite d'une maladie de poitrine, laissant deux enfans et une fortune de plus de quatorze millions. Ses dernières paroles ont été celles-ci, adressées à sa femme : ཝཱ Maintenant, vous pourrez rentrer en

France. »

Les mœurs de Fouché étaient simples et réglées ; il consacrait cent louis par mois à des actes de bienfaisance je n'ai pas d'autre bien à dire de lui, et toute sa vie privée est là.

Quant à sa vie publique, celui-là fausserait son jugement qui se bornerait à consulter les écrits sans nombre qui sont restés de lui. Pour moi, qui ai dû chercher ailleurs, pour fixer mon opinion sur cet

homme célèbre, je finirai cette notice par l'expression d'un vœu libre et sincère: puisse la France ne jamais produire un être qui lui ressemble!

LECARLIER.

Il avait possédé une charge de secrétaire du roi, et exerçait les fonctions de maire de la ville de Laon, lorsque le bailliage du Vermandois l'élut, en 1789, député aux États-Généraux.

On le remarqua peu dans cette assemblée, où il ne cessa point de voter avec le parti populaire.

Nommé, en septembre 1792, par le département de l'Aisne, à la Convention nationale, il montra du zèle dans le procès de Louis XVI, et vota la mort de ce prince sans appel et sans sursis.

Lorsque la convention termina ses séances, le 26 octobre 1795, Lecarlier ne fut appelé ni au Conseil des Cinq-Cents, ni au Conseil des Anciens.

Il est possible que ce soit à cette époque que ce législateur ait été fait président du tribunal de Coucy, car les auteurs de la biographie de Leipzig, qui lui accordent ce titre, ne disent point dans quel temps le gouvernement l'en revêtit.

Dondeau venait de se démettre du ministère de la police. Le Directoire y plaça Lecarlier, le 16 mai 1798; mais, sans que j'en sache le motif, le nouveau ministre donna sa démission le 29 octobre suivant.

Lecarlier devait recevoir de ses concitoyens une nouvelle marque de leur confiance en 1799, le dé

partement de l'Aisne le nomma au Conseil des Anciens. Cette preuve d'estime publique couronna sa carrière politique; il mourut peu de temps après l'avoir reçue.

Qu'a fait ce législateur, ce ministre de cinq mois, dans les assemblées qui ont gouverné la France, ou pendant un si court ministère républicain? Pas grand'chose; il a figuré dans les majorités, et a fortement appuyé les propositions les plus chères de son collègue Guillotin.

J'entrerai, à cet égard, dans des détails qui me semblent offrir quelque intérêt.

Une loi du 21 janvier 1790 porta expressément que les délits du même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et l'état des coupables.

Alors, Guillotin demanda, en remplacement de la potence et de la roue, l'adoption d'un instrument de supplice connu depuis long-temps en Ecosse sous le nom de maiden, et en Italie sous celui de mannaia, mais avec quelques modifications. Ce qui avait probablement suggéré cette idée à Guillotin, c'est qu'Audinot avait fait représenter sur son théâtre, long-temps auparavant, une pantomime intitulée les Quatre fils Aymon, où se trouvait simulée une exécution capitale à l'aide d'une machine de cette espèce.

L'assemblée, après avoir beaucoup ri de la proposition de Guillotin, l'adopta néanmoins à la presque unanimité.

« EelmineJätka »