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sion se renouvelèrent lorsqu'on voulut l'attacher à · une commission chargée de rechercher les causes des troubles du midi: son élection fut révoquée.

Le Directoire désirait étendre la juridiction des tribunaux militaires ; il adressa au conseil un message à ce sujet; mais M. Pelet fit passer à l'ordre du jour.

Nommé président, il proposa et fit adopter deux décrets, l'un portant qu'il serait accordé des secours à tous les enfans d'émigrés et de condamnés; l'autre, que tous les pensionnaires de l'État, civils, militaires et ecclésiastiques seraient payés sans délai.

Il sortit du conseil, en 1797, après avoir voté l'établissement d'une loterie, et avoir provoqué la distribution du milliard promis aux défenseurs de la patrie. Alors M. Pelet se retira dans ses foyers; mais le premier consul, qui voulait faire honorer ses administrations, en plaçant à leur tête des hommes dignes de la confiance publique, l'appela, en 1800, à la préfecture de Vaucluse.

Des factions entretenaient les troubles qui agitaient presque toutes les parties de ce département; il parvint à le pacifier, et réussit, par de sages dispositions et par des voies conciliatrices, à y ramener l'ordre et le calme.

M. Pelet entra au conseil d'État en 1802, et n'en sortit qu'en 1815.

Peu de temps après l'avoir fait conseiller d'État, le premier consul l'envoya dans les départemens réunis, pour aviser aux moyens de rendre au commerce

toute l'activité dont les circonstances le rendaient

susceptible.

En 1803, il fut nommé membre du consistoire de l'Église réformée, à Paris, et, l'année suivante, il alla présider le collége électoral du Gard, qui l'élut pour son candidat au sénat conservateur.

Lorsque, en 1804, Napoléon attacha au ministère de la police générale trois conseillers d'État, pour y suivre les affaires et la correspondance des cent sept départemens de l'empire, divisé en trois arrondissemens, il confia à M. Pelet, par décret du 10 juillet, le travail des quarante-trois préfectures, formant le troisième arrondissement. Le deuxième de ces arrondissemens ayant été supprimé en 1806, un décret du 21 février lui confia treize départemens des vingtneuf qui le composaient.

Son zèle, son activité, sa prévoyante modération le firent remarquer dans l'exercice de ces fonctions. difficiles.

Ce qui fera toujours l'éloge de ses lumières, de ses talens et de son caractère, c'est que Napoléon lui confia plusieurs missions importantes, parmi lesquelles on cite plus particulièrement celles de Bayonne et de Montpellier en 1813 et 1814. Il fut chargé de cette dernière avec le titre de commissaire extraordinaire dans la neuvième division.

En 1815, le 23 juin, Fouché étant entré au gouvernement provisoire, M. Pelet eut le ministère de la police; mais il ne le conserva que jusqu'au 8 juillet,

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Fouché ayant été remis en possession de ce département, qui semblait lui appartenir de droit.

Pendant ses quinze jours d'administration, dans ce moment d'effervescence et d'incertitude pour les partis, M. Pelet n'a pris et n'a pu prendre aucune de ces mesures qui fixent ordinairement l'opinion sur un ministre : il a dû se trouver heureux de pouvoir quitter un poste que les excès de l'arbitraire allaient rendre fort dangereux pour un homme d'honneur.

M. Pelet, commandant de la Légion-d'Honneur depuis la création de cette institution, semblait avoir fini sa carrière politique, et probablement il le croyait lui-même, quand l'ordonnance du 5 mars 1819 vint l'appeler à siéger à la chambre des pairs, où il vote avec l'opposition.

SAVARY

(ANNE-JEAN-MARIE-RENÉ), duc de Rovigo.

Le duc de Rovigo est un des héros de la police, qu'il organisa pour ainsi dire militairement. La révolution en avait fait un soldat; Napoléon en fit un ministre. Soldat ou ministre, le duc de Rovigo fut toujours aveuglément dévoué à l'empereur; et de toutes les accusations qu'on a pu élever contre lui, la moins fondée serait celle qui lui reprocherait d'avoir donné des preuves de versatilité ou d'ingratitude.

M. Savary, né à Sedan le 26 avril 1774, et fils d'un

ficier vieilli sous les drapeaux, qui n'avait obtenu pour prix de ses longs services que le grade de major et la croix de Saint-Louis, peut-être parce qu'il descendait d'un meunier.

A peine avait-il fini ses études lorsque la révolution éclata. Il embrassa la carrière des armes, entra dans le régiment de Royal-cavalerie, qui ne tarda pas à être dissous. Attaché en qualité d'officier à l'étatmajor du général Desaix, il mérita sa confiance et fut chargé de plusieurs missions importantes pendant les campagnes sur le Rhin; il le suivit en Egypte, revint en Europe avec lui, l'accompagna en Italie, et combattait encore à Marengo, sous les ordres de ce général, avec le grade de chef d'escadron, lorsque celuici reçut le coup mortel. Voici de quelle manière il rend compte de cet événement dans ses Mémoires :

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«Je n'étais pas à cent pas du lieu où je l'avais laissé, j'y courus, et le trouvai par terre, au milieu des » morts déjà dépouillés, et dépouillé entièrement lui} même. Malgré l'obscurité, je le reconnus à sa vo>> lumineuse chevelure, de laquelle on n'avait pas en» core ôté le ruban qui la liait. Je lui étais trop at»taché pour le laisser là, où on l'aurait enterré sans >> distinction, avec les cadavres qui gisaient à côté de » lui. Je pris à l'équipage d'un cheval, mort à quel»ques pas de là, un manteau qui était encore à la selle » du cheval; j'enveloppai le corps du général Desaix » dedans, et un hussard, égaré sur le champ de bataille, vint m'aider à remplir ce triste devoir envers » mon général. Il consentit à le charger sur son che

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» val et à le conduire à la bride jusqu'à Gorofollo, pen»dant que j'irais apprendre ce malheur au premier

» consul..

Le consul l'attacha au même instant à sa personne, en qualité d'aide-de-camp. Lors de l'enlèvement de M. Clément de Ris, il fut envoyé à Tours, pour tâcher de découvrir les auteurs de cet attentat, et s'acquitta de cette mission avec beaucoup de finesse et de perspicacité. A l'époque où l'amiral Ganthaume dut aller porter des secours aux débris de notre expédition en Égypte, le premier consul le chargea d'aller à Brest et à Lorient pour surveiller les armemens.

Des intrigues ayant été ourdies contre le premier consul, M. Savary eut la mission de surveiller les meneurs, et même de les arrêter. Dès lors on le regarda comme le chef d'une police secrète. On voit en effet, par ses Mémoires, qu'il alla dans la Vendée, sous divers déguisemens, pour pénétrer les desseins de quelques-uns de ceux qui avaient figuré dans les troubles de cette contrée, et surtout les complices de Georges.

En 1804, époque à laquelle le duc d'Enghien fut arrêté à Ettenheim, amené en France, traduit devant une commission militaire, siégeant dans le don jon de Vincennes, condamné le 20 du mois de mars, et exécuté immédiatement, M. Savary était colonel de la gendarmerie d'élite. Il avait reçu ordre de se rendre à Vincennes. Du haut du parapet, sur le bord du fossé, cet officier supérieur assista à l'exécution du prince.

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