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nairement accessibles par les femmes, et, parmi elles, il y en a plusieurs qui ont réuni tant de gen» res d'expériences, qu'elles rencontraient bien peu » de choses impossibles..

C'est en fouillant dans les correspondances qu'on connaissait les parties qui se formaient pour aller aux eaux de Bohême, de Bade, d'Aix-la-Chapelle. Alors, on en chargeait un de nos agréables, qui ne demandait pas mieux que d'aller s'y divertir, ce que les amateurs de jeux et de plaisirs sont toujours prêts à faire.

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«J'en ai vu de si adroits, disait M. le duc de Rovigo, qu'ils se faisaient défrayer par une dupe, de la voiture et des gens de laquelle ils se servaient. » Ils se faisaient ensuite ramener par quelque femet rentraient à Paris sans avoir délié les cor» dons de leur bourse, ayant même gagné de l'ar»gent, et s'étant fait chérir de ceux qu'ils avaient › ruinés. »

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A l'époque de la conspiration du général Mallet, le 23 octobre 1812, le duc de Rovigo fut arrêté à l'hôtel de la police générale par les généraux Lahorie et Guidal, et conduit à la Force, où il fut écroué. Ses jours avaient été un instant en danger. Sa détention ne dura que quelques heures; mais cet étrangè événement attira le ridicule sur l'administration de la police on ne tarit pas en plaisanteries et en caricatures. On pouvait lui reprocher de n'avoir pas découvert cette conspiration, et cette circonstance eût amené la disgrâce de tout autre;

elle ne lui aliéna cependant pas la confiance de l'empereur.

Témoin, plus tard, de toutes les intrigues qui ne contribuèrent pas peu à amener les étrangers au sein de la capitale, M. le duc de Rovigo ne put les empêcher, car il est impossible de croire qu'il n'en eut pas connaissance. Sa police devint impuissante, parce que la force morale lui manquait. Les événemens lui avaient pour ainsi dire lié les mains.

Le duc de Rovigo fut du nombre des ministres qui, lors de la reddition de Paris en 1814, accompa gnèrent à Blois l'impératrice Marie-Louise. Il se rendit ensuite à Orléans, où il quitta cette princesse.

Rentré dans la vie privée à cette époque, il vivait tantôt dans sa terre de Nainville et tantôt à Paris. Il touchait les appointemens de lieutenant-général en non-activité. On supposa qu'il n'avait pas été étranger à la détermination de Napoléon de quitter l'île d'Elbe pour revenir en France.

Néanmoins il ne recouvra pas le ministère de la police, qui fut donné au duc d'Otrante. Napoléon le nomma inspecteur-général de la gendarmerie et pair de France.,

On lit dans les Mémoires de Fleury de Chaboulon :

«Le duc de Rovigo, aide-de-camp de Napoléon, »lui avait juré, par sentiment et par reconnaissance, >> un dévouement éternel; ce dévouement, né dans » les camps, avait conservé le caractère de l'obéis»sance militaire; un mot, un geste suffisaient pour

» le mettre en action. Mais, quelle que soit sa force, » et, si l'on veut, son fanatisme, il n'altéra jamais la » droiture et la franchise qui faisaient l'ornement et » la base du caractère du duc.

» Personne plus que lui, si ce n'est le duc de Vi»cence, ne faisait entendre à l'empereur des vérités plus utiles et plus hardies; vingt fois il osa lui dire » (sa correspondance ministérielle en fait foi) que la » France et l'Europe étaient fatiguées de verser du » sang, et que, s'il ne renonçait point à son système de » guerre, il serait abandoni.é par les Français et pré» cipité du trône par les étrangers. »

Napoléon a rendu la même justice au général Savary: il disait, à Saint-Hélène : « Savary n'est pas un » méchant homme, au contraire, il a un excellent » cœur, et c'est un brave soldat. Il m'aime avec toute >> l'affection d'un père.

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Lors de la seconde abdication de Napoléon, le duc de Rovigo voulut s'attacher à sa fortune, et il l'accompagna à Rochefort (1). Transporté avec lui à bord

(1) S'il faut en croire M. Fleury de Chaboulon, le duc de Rovigo avait donné à l'empereur le conseil de se faire tuer sous les murs de Paris. Il disait à cette occasion : « Il doit par>>>tir cette nuit. Dieu sait où nous irons; mais n'importe, je le >> suivrai. Avant tout, je veux le savoir hors de danger : il vaut >> mieux d'ailleurs courir les aventures avec lui, que de rester »ici. Fouché croit qu'il s'en tirera, il a tort; il se trompe; il » sera pendu comme les autres, et il l'aura mieux mérité : la » France est abîmée, est perdue! Je voudrais être mort. »

du Bellerophon, le gouvernement anglais refusa de le comprendre parmi les individus qui avaient la permission de suivre son maître à Saint-Hélène. Embarqué ensuite avec le général Lallemant et quelques autres qui avaient subi la même exception que lui, il arriva à Malte le 18 septembre, et fut enfermé au fort Emmanuel. C'est là qu'il composa ses Mémoires. On lui offrit l'occasion de s'évader. Les portes de sa prison s'ouvrirent dans la nuit du 7 au 8 avril 1816.

Le duc de Rovigo ne savait quel parti prendre. Il craignait d'être livré à la France. Il ne sentait aucune disposition pour faire voile vers l'Amérique.

« La situation où j'étais, dit-il lui-même, en sor* tant du fort, ne permettait pas de longue délibéra» tion. J'étais habillé à double ; j'avais un habit, une ⚫redingotte et mon manteau; chacune de mes po› ches renfermait un petit paquet roulé et ficelé dans une serviette, lequel contenait un rechange com» plet en linge; mon manteau en masquait un autre que je portais à la main; le général Lallemant était accoutré de la même manière. Obligés l'un et l'au»tre de cheminer à pied sous le soleil de ces contrées brûlantes, nous eûmes à parcourir tout l'espace qui » court du fort Emmanuel, d'où nous sortions, jus» qu'à l'extrémité intérieure du grand, port au fond duquel était postée la chaloupe qui devait nous re» cevoir; nous étions épuisés de fatigue quand nous >> arrivâmes. >>

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Embarqué sur cette chaloupe qui allait à Odessa, il débarqua à Smyrne où il séjourna quelques mois;

c'est là qu'il apprit, à la lecture des journaux français, qu'il avait été condamné par contumace à la peine de mort, dans un conseil de guerre assemblé à Paris le 25 décembre 1816.

Il s'embarqua sur un vaisseau qui partait pour Trieste. L'avis de son arrivée dans cette ville l'avait devancé; on l'arrêta et on le conduisit à Gratz, en Styrie. Là, il vécut libre; mais dans une affligeante situation pécuniaire, au point de ne pouvoir dépenser que vingt kreutzers par jour, c'est-à-dire à peu près quinze sous de France. Sa femme et sa fille aînée allèrent le visiter et lui apportèrent quelques res

sources.

Au passage de l'empereur à Gratz, M. le duc de Rovigo s'adressa au prince de Metternich, qui l'accompagnait, et c'est à l'intervention de ce ministre qu'il dut de retourner à Smyrne en juin 1818. Mais l'insolente agression d'un jeune officier de la marine française, avec lequel il dut se battre, lui ayant donné lieu de craindre de nouvelles persécutions, il se détermina à s'embarquer sur un vaisseau qui se rendait en Angleterre, où il arriva en juin 1819.

Là on lui insinua de se rendre à Hambourg. Il résolut bientôt après de se rendre à Paris pour purger sa contumace. Il y arriva, sans avoir prévenu ni sa famille ni ses amis, à la mi-décembre 1819.

M. le duc de Rovigo écrivit à Louis XVIII; on ne le fit entrer à l'Abbaye que pour se conformer à la loi, et même en prenant son jour. Bientôt après, il comparut devant un conseil de guerre. Sa défense

« EelmineJätka »