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quens entre lui et le vainqueur de l'Italie. Il y prépara et détermina la conclusion du traité de paix du 9 février, entre la France et la Toscane, premier acte qui introduisit la république française dans le système politique de l'Europe.

Au commencement de l'année 1796, il vint avec la même qualité à la cour de Turin, qui fit, comme celle de Toscane, son traité avec la France.

Quand la Corse, livrée aux Anglais par l'ambitieux et avide Pascal Paoli, se trouva, en 1796, disposée à aider les Français dans leurs efforts pour la remettre sous leur ancienne domination, M. Miot, alors en Italie, reçut l'ordre de se rendre dans cette île en qualité de commissaire du pouvoir exécutif. Ses soins et son habileté assurèrent le retour de la Corse à la France, retour qui s'effectua au mois d'octobre de cette même année, presqu'entièrement par la voie des négociations.

L'année suivante, une nouvelle mission appela M. Miot en Italie. Il se rendit à Rome avec le titre de ministre extraordinaire, chargé de faire mettre à exécution le traité de Tolentino, conclu entre la république française et le pape. Ses efforts eurent tout le succès que pouvait désirer son gouvernement. Après avoir accrédité, près du souverain pontife, les commissaires Monge, Berthollet, Barthélemy, Thouin, Moitte et Tinet, envoyés par le Directoire pour recevoir les objets d'arts cédés à la république, il revint à Turin.

Dans cette ville, M. Miot se trouva en position de

protéger efficacement et de faire respecter l'asile que les deux princesses de Savoie, épouses des frères de Louis XVI, avait cherché à la cour de Sardaigne.

Rappelé en France en 1798, il resta sans fonctions jusqu'au mois de juin de la même année. A cette époque, François de Neufchâteau, qui venait de reprendre le ministère de l'intérieur, le désigna pour faire partie d'un conseil qu'il avait établi dans son ministère. Il fut adjoint, quelque temps après, à M. de Forgens, nommé ministre résident près la république batave, et le suivit à La Haye pour y remplir une mission secrète.

Le 18 brumaire replaça M. Miot à un degré assez élevé dans l'administration intérieure.

Il devint successivement commissaire-ordonnateur, secrétaire-général du ministère de la guerre, et, en 1799, membre du tribunat, puis conseillerd'État. En cette dernière qualité il eut à s'occuper d'une opération qui convenait spécialement à son genre d'esprit, tourné naturellement vers la conciliation et les mesures pacifiques : on le nomma parmi les membres du conseil-d'État chargés de rayer de la liste des émigrés les personnes qui y avaient été inscrites par d'aveugles passions ou par une précipitation funeste..

Bientôt le gouvernement consulaire renvoya M. Miot en Corse, avec le titre d'administrateur général, muni des pouvoirs les plus étendus. Il apaisa les troubles dont, cette île était le théâtre, y régula

risa l'administration intérieure, et ne tarda pas à revenir en France, où il rentra au conseil d'État.

Alors le premier consul lui confia le deuxième arrondissement de la police générale, qu'il garda depuis sa création, 21 messidor an 12 (10 juillet 1804), jusqu'au 21 février 1806, époque de la suppression de cet arrondissement. Pendant la durée des fonctions de M. Miot dans cet emploi, aucun événement, aucune circonstance majeure ne donna lieu de sa part à des actes dont la mémoire ait pu rester (1). Napoléon reconnut ses services en le créant commandant de la Légion-d'Honneur.

Après la déclaration qui enlevait le trône des DeuxSiciles à la dynastie des Bourbons, et y plaçait Joseph Napoléon, M. Miot, estimé du nouveau roi, plein de zèle et d'affection pour sa personne, le suivit à Naples au commencement de 1806, et fut immédiatement nomnié ministre de la guerre de ce royaume, qui dut à son expérience plusieurs amélio

rations utiles.

En 1808, le roi Joseph ayant quitté le trône des Deux-Siciles pour aller occuper celui d'Espagne, M. Miot accompagna ce prince; mais il ne prit aucune part directe au gouvernement, et resta près du roi en qualité de surintendant général de sa maison et de ses domaines. Avant cette translation, il avait reçu du nouveau roi de Naples, Joachim Murat, le

(1) Voir p. 390.

!

titre de comte de Melito, et de Napoléon celui de comte de l'empire.

La désastreuse affaire de Vittoria ( 21 juin 1813) ramena précipitamment en France le sujet et le prince qu'il avait servi, M. Miot reprit alors ses fonctions au conseil-d'État, et ne les quitta qu'à la chute de Napoléon,

On a dit qu'il avait adhéré à cette déchéance et au rétablissement de la maison de Bourbon sur le trône de France. Cependant aucun résultat personnel n'a depuis lors confirmé ce fait; son nom n'a figuré dans aucune des organisations du conseil-d'État faites à la suite des deux restaurations, et depuis cette époque M. Miot a vécu entièrement éloigné des affaires.

Si les nombreux emplois remplis par M. Miot ne lui ont fourni que l'avantage d'être utile à son pays, sorte de mérite qui mène moins à la gloire que certains méfaits brillans, le goût des lettres lui a fait trouver au milieu de ses travaux administratifs le temps de mettre au jour un ouvrage estimé, qui recommandera le souvenir de son auteur; c'est une nouvelle traduction de l'Histoire d'Hérodote, entreprise qu'il exécuta d'après l'inspiration de Volney, et qui dénote dans M. Miot des talens peu com

muns.

M. Miot fait sa résidence actuelle à Stuttgard, capitale du Wittemberg.

PELET DE LA Lozère.

M. Pelet ayant possédé le portefeuille de la police générale, la notice qui le concerne appartenait à la division des ministres. Voyez page 313.

RÉAL

(PIERRE-FRANÇOIS), comte.

Celui-là honore son caractère et comprend la didignité de l'homme, qui, appelé à traverser une grande révolution, et chargé d'emplois publics pendant le cours des événemens les plus fâcheux, y fait preuve de modération et de justice.

Celui-là a le cœur sincère, droit et délicat, et connaît les rigoureuses lois de l'honneur, qui, maître au moins de sa reconnaissance, conserve le souvenir du bienfait, même après la mort du bienfaiteur, méprise en silence la trahison, respecte et fuit la fortune et ses faveurs.

Telle est M. le comte Réal.

M. Réal naquit à Chatou, petit village des environs de Saint-Germain-en-Laye, le 28 mars 1757. Son père, qui n'était noble ni originaire des PaysBas autrichiens, comme l'ont avancé quelques auteurs, lui fit donner une éducation soignée au collége de Sainte-Barbe.

Se destinant à la suite des affaires judiciaires, il traita d'une charge de procureur au châtelet, et l'ex

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