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ritable but, en lui assignant celui de s'emparer des diamans de la couronne. Ce prétexte était dérisoire, puisqu'on aurait ainsi donné des ordres le 17 avril pour courir après des valeurs qu'on avait depuis le g. Voici la teneur des ordres expédiés par M. de Bourienne.

Direction générale des postes et des relais de France.

«Le directeur-général des postes ordonne aux maîtres de postes de fournir à l'instant à M. de Maubreuil, chargé d'une importante mission, la quantité de chevaux qui lui sera nécessaire, et de veiller à ce qu'il n'éprouve aucun retard pour l'exécution des ordres dont il est chargé.

» Le directeur-général des postes et relais de France,

»Signé BOURIENnne.

» Hôtel des postes. Paris, 17 avril 1814.

» P. S. Le directeur-général ordonne aux inspecteurs et maîtres de postes de veiller avec le plus grand soin à ce que le nombre de chevaux demandé par M. de Maubreuil lui soit fourni avant et de préférence à qui que ce soit, et qu'il n'éprouve aucune espèce de retard.

» Le directeur-général,

» Signé BOURIEnne.

» Paris, 17 avril 1814. »

Malgré les marques de son dévoûment, M. de Bou

rienne n'en fut pas moins remplacé, comme on l'a vu, et M. de Talleyrand, trop occupé du soin de se soutenir lui-même ne servit pas avec beaucoup de chaleur son protégé.

On ne se souvint de l'ex-directeur des postes qu'au 12 mars 1815, lorsque Napoléon, de retour en France, était déjà à Lyon depuis deux jours. M. de Bourienne fut alors nommé préfet de police.

Etait-ce une mystification que l'on préparait à un transfuge, que le parti dominant alors n'avait jamais considéré, ou pensait-on ne pouvoir mieux faire que d'opposer à Napoléon un homme dont la défection était d'un genre à ne pas permettre de rapprochement entre eux ? C'était au moins un obstacle bien impuissant et qui ne put rien opérer. M. de Bourienne s'excusa depuis de son peu de succès sur l'époque tardive de sa nomination. Le seul acte marquant de son administration de huit jours fut de donner, le 16 mars, l'ordre d'arrêter Fouché, qui l'avait si bien servi dans le temps de sa disgrâce, et que l'ingrat préfet ne prévoyait point devoir être, trois mois plus tard, ministre de Louis XVIII (1

Pendant que le préfet de police faisait ainsi preuve de dévoûment, son nom était porté dans un décret

(1) Le duc d'Otrante parvint à se soustraire à l'exécution de cet ordre, en s'évadant avec l'aide de M. Félix Desportes, dont il signa trois mois après la proscription.

- Voyez la note, page 256.

impérial, daté de Lyon le 13 mars, et publié à Paris le 9 avril, ordonnant la mise en jugement et la confiscation des biens de ceux qui y étaient dénommés.

Napoléon étant entré à Paris malgré M. de Bourienne, son ancien secrétaire se rendit à Gand, où l'attendaient des reproches et presque des accusations. Cependant, à la seconde restauration, il fut nommé conseiller-d'État en service ordinaire, et entra au conseil privé le 17 septembre 1815. Dans le même mois, M. de Bourienne fut élu député par le collége électoral du département de l'Yonne. On devine qu'il vota constamment avec une majorité trop célèbre. Mais en vain s'efforça-t-il, pendant cette législation et depuis sa réélection en 1821, de donner les preuves les plus complètes comme les plus constantes de son zèle à combattre toutes les institutions libérales; en vain, dans son rapport sur le budjet de 1821, proposa-t-il de supprimer toutes les dépenses accordées jusque-là au soutien des lettres, des sciences et des arts, pour les appliquer à celui du parti jésuitique, M. de Bourienne est resté aussi éloigné du pouvoir que s'il n'eût été que simple votant à ressorts. Son nom n'a pas même figuré dans aucune de ces promotions présumées qui précèdent ordinairement les changemens qui doivent avoir lieu dans la haute administration. M. de Bourienne paraît condamné à unc nullité politique sans terme; les intérêts de la France ne peuvent ni gagner ni perdre à être défendus ou attaqués par lui.

M. de Bourienne à trop spéculé pour être riche: sa fortune est aussi médiocre que son importance. Il est officier de la Légion-d'Honneur.

COURTIN

(EUSTACHE-MARIE-PIERRE-MARC-Antoine).

Ce magistrat est né à Lisieux, département du Calvados, vers 1771. Son père, homme de mérite, généralement estimé en Normandie, avocat au bailliage d'Orbec, lui acheta la charge de procureur du roi près du même bailliage.

En 1790, le jeune Courtin se fit recevoir avocat au parlement de Rouen. Mais lors de la nouvelle organisation judiciaire il alla, avec son père, exercer sa profession dans la ville d'Evreux.

A l'époque du procès du roi Louis XVI, cet avocat réclama l'honneur de défendre ce prince malheureux; un pareil dévoûment était louable sans doute; mais il lui aurait fallu quelque chose de plus que le talent, c'est-à-dire une expérience que son âge l'avait empêché d'acquérir.

La première réquisition l'ayant atteint, il partit pour l'armée, y resta jusqu'en 1796 comme secrétaire attaché à différens états-majors, et quitta le service, en qualité de démissionnaire, au mois d'avril de la même année.

Il avait été secrétaire du général Tureau. Lorsque ce brave officier fut mis en jugement, en 1796, je

crois, pour avoir mal fait la guerre dans la Vendée, M. Courtin le défendit avec talent; le succès couronna ses efforts.

Après la célèbre journée du 9 thermidor an 2, M. Courtin fut employé comme secrétaire au comité militaire de la Convention, d'où il passa dans les bureaux de l'état-major général, à la recommandation du général Bonaparte, alors commandant de l'armée de l'intérieur.

Quand le Directoire fut établi, M. Courtin devint successivement chef du secrétariat particulier, et secrétaire du ministre de la guerre Petiet; chef du bureau des hôpitaux, chef de la cinquième division, enfin secrétaire-général de la liquidation des dépenses arriérées au même ministère. On le remplaça dans cet emploi pendant l'absence qu'une maladie grave l'avait forcé de faire il était allé prendre les eaux en Allemagne.

:

M. Courtin rentra au barreau, à Paris, en 1802. L'année suivante on le fit substitut du procureurgénéral près de la cour criminelle du département de la Seine.

Napoléon le nomma, en 1811, avocat-général à la cour impériale de Paris, et ensuite procureur-impéral près le tribunal civil; c'est en cette qualité qu'il organisa la police judiciaire d'après le nouveau code criminel, et qu'il reçut de Napoléon la décoration de l'ordre de la Réunion.

Ni la première restauration, ni l'événement des ent jours ne le firent changer de position.

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