Page images
PDF
EPUB

cution, des élections faites dans l'esprit de la charte eurent envoyé à la chambre des hommes à qui l'intérêt du pays était plus cher que ceux d'un parti désastreux, une révolution ministérielle s'opéra, et la France, après avoir risqué de voir à la tête de l'administration les réacteurs de 1815, eut, au contraire, un ministère qui releva ses espérances; c'est dire que M. Pasquier n'en fit point partie. M. de Serre lui succéda.

Dès que les ennemis des libertés publiques parviennent à reprendre le dessus, quand il s'agit de renverser la loi des élections et de restreindre un droit formellement consacré par la charte, M. Pasquier, l'inévitable M. Pasquier se trouve là pour travailler à l'œuvre oligarchique. Il prend, le 20 novembre 1819, le portefeuille des affaires étrangères des mains de M. Dessoles, qui avait donné sa démission, ainsi que MM. Gouvion-Saint-Cyr et Louis, dont la conscience refusait de participer à la destruction d'une loi vraiment nationale.

Celle de M. Pasquier lui faisait voir les choses sous un autre point de vue. Ses travaux parlementaires, pendant la session de 1819, justifièrent les prévisions sinistres des auteurs de la Biographie de Bruxelles, publiée cette même année, et donnèrent lieu à regarder comme constant le fait avancé par ces biographes. Ils disent que dès le mois d'octobre précédent, M. Pasquier, imitant les auteurs de certaine note secrète, et comme jaloux de rivaliser d'influence avec le congrès de Carlsbad ou la diète germanique,

remit au roi, qui ne le lui demandait pas, un mémoire sur l'état des affaires de la France, ou plutôt. une diatribe contre le ministère alors existant, et dont lui Pasquier ne faisait point partie.

Le nouveau ministre agit, dans cette session, comme on pouvait l'attendre de lui. Inspiré par une mauvaise cause, il montra presque autant de talent ou au moins de chaleur que d'impudence. Après avoir demandé l'ordre du jour sur les pétitions tendantes au maintien de la loi des élections, il déclara, le 15 février 1820, que la charte pouvait être modifiée. Il proposa en même temps une nouvelle loi suspensive de la liberté individuelle, qu'il qualifia de loi de confiance, demanda franchement à ce titre l'arbitraire pour les ministres, et le redemanda encore au 23 mars, en appuyant la loi de censure. M. Pasquier vit ses désirs comblés le 26 mars : le ministère fut investi du pouvoir inconstitutionnel d'incarcérer à son gré.

Au mois d'avril, M. Pasquier ne manqua point de défendre les emprunts dans lesquels on avait favorisé les étrangers: il combattit et blâma M. Madier de Montjau, qui avait osé dénoncer les Trestaillon et le gouvernement occulte; enfin, il revint complaisamment, presque à chaque séance, sur l'éloge de la nouvelle foi des élections. Le 12 juillet suivant, toujours jaloux de montrer son attachement aux principes, il avança que, puisque le roi avait le droit de faire les traités, la chambre devait voter les sommes convenues sans les discuter..

Tous ces titres à la considération du parti contrerévolutionnaire ne purent obtenir à M. Pasquier une place dans l'organisation du ministère Villèle; peutêtre même déterminèrent-ils son exclusion, car il avait montré au moins autant d'ambition que le maire de Toulouse, et celui-ci voulait gouverner ses collègues. M. Pasquier fut donc obligé de remettre le portefeuille des affaires étrangères à M. le vicomte de Montmorency. Il reçut en dédommagement le titre de comte et la dignité de pair de France, et comme on ne saurait éviter M. Pasquier et qu'il lui faut des fonctions quelconques, on le vit entrer au conseil des prisons.

[ocr errors]

Il n'est pas encore démontré qu'on ne reverra pas au pouvoir l'inévitable comte. Pour se venger de M. de Villèle, il s'éleva contre ce dernier, dès 1824, et parla à la tribune de la chambre des pairs contre la loi de réduction des rentes. Il ne cessa depuis de faire du libéralisme malgré tous ses antécédens, car qu'importe à M. Pasquier de quelle manière il parvienne à ses fins pourvu qu'il arrive.

On lui attribue une part active dans la chute du ministère déplorable; on prétend même que cette chute devait le ramener au ministère, et que certains personnages qui le composent aujourd'hui ne feraient que lui garder une place. Enfin on a été jusqu'à dire que M. Pasquier était rentré dans la bonne voie. C'est se convertir bien tard, et cette conversion, qui n'arrive qu'au moment où elle peut être utile, n'est pas faite pour inspirer une confiance entière.

D'ailleurs le passé, ce terrible passé, revient toujours à la mémoire. Il faudrait un manteau bien épais et bien large pour cacher complétement l'ancien préfet de police et le ministre de 1820.

On trouve à M. Pasquier des talens oratoires; il est facile de juger que ce politique en possède plusieurs autres qui brillent en lui à un bien plus haut degré,

RÉAL.

Voir les chargés d'arrondissement, page 397.

AGENS.

J'ai pensé que le titre d'agens, donné aux individus compris dans les notices suivantes, ne pouvait être pris dans une acception absolument défavorable.

Chacun doit porter la peine de ses actes; l'ordre alphabétique ne comporte aucune solidarité.

J'ai classé par genres de fonctions toutes les personnes qui ont eu une part quelconque à la direction de la police.

.

Après les hauts fonctionnaires, apparaissent quelques-uns de ces personnages qui, dans une position secondaire, sont cependant parvenus à exercer une certaine influence et à acquérir une sorte de renommée ce sont ceux-là que j'ai entendu désigner sous le titre d'agens, mais sans l'intention particulière d'attacher aucune flétrissure à cette dénomination.

DESMARETS.

S'il faut en croire Fouché, M. Desmarets est un homme souple et rusé, mais à vues courtes.

« EelmineJätka »