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Confonds dans ses conseils une reine cruelle.

(Plusieurs bien marqués.)

Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle
Répandre cet esprit d'imprudence et d'erreur,
De la chute des rois funeste avant-coureur.

(Redoublés à la fin de ce couplet.)

SCENE III.

JOSABET.

Mais, hélas! dans ce temps d'opprobre et de douleurs,
Quelle offrande sied mieux que celle de nos pleurs?
(Bien marqués aussi.)

ACTE II, SCÈNE III.

ATHALIE.

Heureuse, si je puis trouver par son secours
Cette paix que je cherche et qui me fuit toujours!
(Quelques-uns, mais un peu honteux.)

MATHAN.

Est-ce aux rois à garder cette lente justice?
Leur sûreté souvent dépend d'un prompt supplice.
N'allons point les gêner d'un soin embarrassant,
Dès qu'on leur est suspect, on n'est plus innocent.

(D'abord assez marqués, et très-forts au dernier vers.)

ABNER.

Eh quoi! Mathan, d'un prêtre est-ce là le langage?

(Vifs et redoublés.)

ACTE IV, SCÈNE II.

JOAS.

Un roi sage, ainsi Dieu l'a prononcé lui-même,
Sur la richesse et l'or ne met point son appui;
Craint le Seigneur son Dieu; sans cesse a devant lui
Ses préceptes, ses lois, ses jugemens sévères,
Et d'injustes fardeaux n'accable point ses frères.

La salle entière a retenti à la fin de ce couplet.)

JOAD.

(Grand silence qui semblait préparer les battemens, qui presque à chaque vers ont interrompu l'acteur.)

De l'absolu pouvoir vous ignorez l'ivresse,

Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse....

(Première interruption, à force de battemens de

mains.)

Bientôt ils vous diront que les plus saintes lois,
Maîtresses du vil peuple, obéissent aux rois......

(Seconde interruption.)

Qu'un roi n'a d'autre frein que sa volonté même........

(Troisième interruption.)

Qu'il doit immoler tout à sa grandeur suprême........

(Quatrième interruption.)

Qu'aux larmes, au travail le peuple est condamné....

(Cinquième interruption.)

Et d'un sceptre de fer veut être gouverné....

(Sixième interruption.)

Ils vous feront enfin haïr la vérité....

(Septième interruption.)

Vous peindront la vertu sous une affreuse image;
Hélas! ils ont des rois égaré le plus sage.

(Explosion générale de battemens de mains dans toute la salle.)

Ces rapports étaient de nature à éclairer la cour; mais il est certain que de Crosne aurait pu lui rendre de plus importans services, en luí signalant la cause et les auteurs de ces agitations secrètes qui amenèrent les premiers événemens de la révolution. Voici un des nombreux actes de la complaisance de de Crosne envers le baron de Breteuil.

Entouré de ministres et de courtisans intéressés à cacher la vérité, Louis XVI, en 1787, crut enfin s'apercevoir qu'on le trompait. Ce prince pensa qu'il parviendrait à connaître l'opinion publique en lisant les nombreux pamphlets politiques que la circonstance faisait naître, et il chargea secrètement le libraire Blaizot de remettre chaque jour ce qui paraîtrait, en un lieu indiqué. Depuis deux mois le roi pouvait juger à quel point ses ministres l'abusaient, et ceux-ci, trouvant le monarque mieux instruit qu'ils ne le désiraient, prirent l'alarme, et mirent leurs espions en campagne pour savoir d'où partait la lumière. Blaizot fut bientôt connu pour le coupable qui se permettait d'éclairer le monarque sans l'aveu des ministres; et M. de Breteuil ne trouva rien de mieux que de le faire mettre à la Bas

tille, sous prétexte qu'il se livrait à un commerce de livres prohibés.

Louis XVI, ne trouvant plus de brochures au lieu où le libraire avait habitude d'en déposer, s'informa du motif qui l'empêchait de faire ses dépôts quotidiens. Quel fut son étonnement quand il apprit que, par son ordre, Blaizot gémissait dans les cachots de la Bastille!

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Blaizot fut bientôt. libre; mais les fauteurs de cet emprisonnement arbitraire restèrent impunis.

Bailly ayant été nommé maire de Paris le 16 juillet 1789, de Crosne lui remit son administration de la police, et quelque temps après, à la prière de sa mère, s'éloigna de la capitale et partit pour Londres, d'où il ne tarda pas à revenir.

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Lors des excès révolutionnaires de 1793, l'ancien lieutenant de police fut emprisonné dans la maison de Picpus, où il se trouva avec Angran-d'Alleray (1),' son oncle, et madame Thiroux d'Arconville, sa mère (2).

Traduit au tribunal révolutionnaire, et condamné à mort le 28 avril 1794, il fut exécuté le même jour.

(1) Guillotiné le 28 avril 1794, à l'âge de soixante dix-neuf ans. Madame Angran-d'Alleray, sa femme, sœur de madame Thiroux-d'Arconville, fut gardée dans sa propre maison pendant tout le temps de la terreur.

(2) Madame Thiroux d'Arconville mourut le 23 décembre 1805, âgée de quatre-vingt-cinq ans.

« On le conduisit à l'échafaud en même temps que le lieutenant civil Angran-d'Alleray, le ministre de la guerre la Tour-du-Pin, le comte d'Estaing, etc. Dans ce moment même, il eut pour madame la marquise de Donnissan, qui était restée sa créancière par suite de leurs rapports d'amitié, le procédé le plus délicat, et sans que cette dame en eût alors connaissance. Huit ans après sa mort, le conseil municipal de Rouen ordonna que le nom de Crosne, effacé pendant la révolution, serait restitué à la rue qui le portait précédemment..... Ayant acquis de bonne heure ce que l'on appelle de l'instruction, il entendait très-bien tous les auteurs anciens; mais des manières, des tics, et souvent des questions qui paraissaient niaises à l'excès, dans sa bouche, prêtaient chez lui au ridicule. Dans sa jeunesse, il avait été cependant fort goûté de la société du duc de Choiseul; il était resté ami intime de la duchesse de Civrac, de sa fille, la marquise de Donnissan, et de madame de Lescure, aujourd'hui marquise de la Roche-Jacquelein (1). •

Je reviens sur la vie de de Crosne, afin de faire voir sous quelles influences ce magistrat dirigeait la police, et comment il l'administrait.

C'est le 9 décembre 1785 que le maréchal de Richelieu écrit à de Crosne, par la main de sa femme: Deux gardes de la connétablie, monsieur, m'ont amené à Versailles, un quidam qui, dans un café, a

(1) H. de La Porte.

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