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sous des Souverains Catholiques, de la même sécurité que leurs sujets Catholiques. Tout a changé à cet égard depuis cinquante ans. Le droit que prétendoient les Pontifes de Rome, de délier les sujets de leur serment de fidélité envers un Roi hérétique, a été solennellement nié par toutes les Autorités ecclésiastiques de cette Religion (1).

(1) « Il seroit absurde de décimer aujourd'hui la Sorbonne, parce qu'elle présenta requête autrefois pour faire brûler la Pucelle d'Orléans; parce qu'elle déclara Henri III déchu du droit de régner, qu'elle l'excom- munia, qu'elle proscrivit le grand Henri IV. On ne recherchera pas sans doute les autres corps du royaume qui commirent les mêmes excès dans ces temps de frénésie; cela seroit non- seulement injuste, mais il y auroit autant de folie qu'à purger tous les habitants de Marseille, parce qu'ils ont eu la peste en 1720.....

>> La fureur qu'inspirent l'esprit dogmatique et l'abus de la Religion Chrétienne mal entendue, a répandu autant de sang, a produit autant de désastres en Allemagne, en Angleterre, et même en Hollande, qu'en France cependant aujourd'hui la différence de Religions ne cause aucun trouble dans ces États. Le Juif, le Calviniste, le Grec, le Luthérien, l'Anabatiste, le Socinien, le Memnoniste, le Morave et tant d'autres, vivent en frères dans ces contrées, et contribuent également au bien de la société..... La philosophie, cette sœur de la Religion, la philosophie a désarmé des

CHAPITRE VII.

PERSONNALITÉS ADULAtoires.

CE sophisme est exactement la contre-partie

de celui que nous venons d'exposer; mais, quoiqu'il puisse avoir les mêmes nuances ou les mêmes modifications, il n'est pas nécessaire de les examiner en détail, parce que l'argument qu'on veut en tirer n'a pas, à beaucoup près, la même force.

Dans le cas précédent, il s'agissoit de discréditer une mesure de réforme par le caractère de ses partisans; il s'agit ici de discréditer la même mesure en exaltant les vertus de ceux même qu'on veut soumettre à cette réforme. Elle leur déplaît, donc elle est mauvaise; car il est dans leur nature de vouloir tout ce qui est bien, de préférer l'intérêt public au leur, de ne considérer en toute chose que l'avantage de la communauté. La réforme proposée seroit

mains que la superstition avoit si long-temps ensanglantées, et l'esprit humain, au sortir de son ivresse, s'est étonné des excès où l'avoit emporté le fanatisme. » Voltaire. Tom. XXX. De la Tolérance. Ch. 3.

un acte de défiance injurieux à leur vertu. Les précautions ne sont nécessaires qu'autant que le danger existe; et, dans ce cas, les dispositions morales des individus en question sont une garantie suffisante, une sauve-garde supérieure à toutes les autres, contre tous les dangers possibles.

Le panégyrique s'élève graduellement des rangs inférieurs aux classes supérieures, constituées en autorité. Les Ministres, comme placés plus haut dans l'échelle, sont plus éminents en talent et en vertu, et quand l'argument s'applique au Chef suprême de l'Etat, il acquiert une force proportionnelle à sa dignité.

1. Cet argument a le caractère général du sophisme. Il est étranger à la question. La mesure doit avoir quelque chose de bien extraordinaire en elle-même, s'il n'y a pas de moyen plus sûr de juger de sa convenance que par le caractère général des Membres du Gou

vernement.

2.o Si la bonté d'une mesure a été prouvée par des arguments directs, l'accueil qu'elle reçoit est un meilleur critère des dispositions des hommes en place, que celui qu'on peut tirer de leur morale supposée et des éloges qu'on leur donne.

3. Si cet argument est bon dans un cas, il est bon dans tous; et s'il est admis, il ne tend pas moins qu'à donner aux personnes en pouvoir un veto absolu sur toutes les mesures qui seroient contraires à leurs inclinations.

4.° Quand le Législateur confie un pouvoir, il doit supposer, de la part du dépositaire, une disposition à abuser de son dépôt pour son avantage personnel. Cette supposition appliquée à tous les individus, n'est injurieuse à aucun. Voilà le principe: et la conséquence pratique est de prendre, contre les abus de pouvoir, toutes les précautions compatibles avec son plein exercice. Ainsi ces arguments tires des vertus de ceux qui gouvernent, sont en contradiction avec le fondement même des lois (1).

(1) « Choisissons de bons Magistrats et brůlons nos lois. » J'ai entendu ces propres paroles, prononcées par un homme respectable, dans le Conseil Représentatif d'une République. Ceux qui applaudissoient à ce sentiment ne considéroient pas qu'il ne teudoit à rien moins qu'à établir l'autorité arbitraire sous le nom d'autorité paternelle. Ces sortes de bergeries politiques sont un objet de dégoût pour ceux qui savent que les bonnes lois seules font de bons Magistrats, et que le premier vœu d'un bon Magistrat est de ne gouverner que d'après de bonnes lois.

5.° Qu'une mesure soit proposée par l'homme le plus probe, il n'en doit résulter aucun préjugé en sa faveur. Il peut être homme de bien et ignorant. Nul homme plus vertueux que Thomas Morus, le Chancelier d'Angleterre. Nul individu qui ait été plus dangereux par son fanatisme. Le vertueux Las-Casas n'eut pour objet que de soulager la misère des malheureux Indiens, lorsqu'il proposa de leur substituer pour les travaux des mines, les robustes Africains; et avec la meilleure intention du monde, il fut l'auteur du plus grand de tous les maux, la traite des Nègres.

Observations générales sur les sophismes tirés des personnalités.

OBSERVONS que ces sophismes sont souvent employés comme moyens de défense. Ils ser vent à repousser d'autres sophismes, et dans ce cas, ils ont une sorte de justice et d'utilité, puisque leur opération ne tend qu'à détruire le succès illégitime d'une espèce d'imposture, Ainsi dans le cas où on fait valoir en faveur d'une mesure l'autorité d'un grand nom, permis de combattre cette autorité par les considérations qui l'affoiblissent. On ne fait

il est

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