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En Angleterre, le mot Établissement (Ecolésiastique) est souvent enrôlé pour le même service. Ceux qui ne veulent attaquer que ses défauts, sont accusés de vouloir renverser l'Établissement même (1).

(1) Plusieurs personnes très-sincèrement attachées au Culte Anglican, reprochent trois défauts à l'établissement ecclésiastique :

1.o L'extrême inégalité des salaires, l'excès et, le déficit. L'excèsayant une tendance à détourner les Ecclésiastiques des devoirs de leur profession, et invitant, comme une loterie, un trop grand nombre de personnes à courir cette chance; le déficit -repoussant de cet état les sujets les plus propres à le bien remplir, ou les rendant incapables de le remplir comme il faut.

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2.o Le mode du salaire. La dixme opère comme un découragement pour l'agriculture, - et produit entre les Ecclésiastiques et les Paroissiens les dispositions les plus propres à nuire au ministère des premiers.

3. Les formes d'admission. L'obligation de signer des formulaires de Foi, si dangereuse pour les bases de la moralité.

CHAPITRE VIII.

SOPHISME DES TERMES IMPOSTEURS.

Ce que l'on défend sous un nom

Est souvent permis sous un autre. LA MOTHE.

Τουτ Tour ce que nous avons dit du sophisme précédent s'applique également à celui-ci, c'est qu'il en diffère très-peu. La seule différence, est qu'il s'applique à des cas où l'objet, sous son vrai nom, seroit clairement injustifiable. Il faut donc avoir recours, pour le justifier, à quelque terme déceptif d'une signification plus étendue et qui embrasse d'autres objets que le public est disposé à approuver.

Avec cet artifice, au lieu d'exciter le dégoût et l'aversion par l'emploi du mot propre, vous parvenez à vous faire écouter sans répugnance et à envelopper le mal avec le bien.

Le mot persécution n'est pas dans le dictionnaire des persécuteurs. Ils ne parlent que de zèle pour la religion. Lorsque l'Abbé, Terray faisoit une banqueroute aux créanciers publics, il lui donnoit le nom de retenue.

Dans l'emploi de ce sophisme, il y a deux

objets à considérer: 1.° Un fait, une circonstance qui, vue dans son état naturel et désignée par son vrai nom, seroit peu honorable ou peu agréable et qu'on a besoin de couvrir ou de déguiser. (Res tegenda.)

2.° La dénomination particulière à laquelle on a recours pour servir de voile ou d'enveloppe à l'idée qui déplaît, ou même pour lui concilier quelque faveur à l'aide d'un heureux accessoire (Tegumen.) (1).

(1) Prenons un exemple familier. Le terme Galanterie est pris en deux sens. Dans l'un, il exprime la disposition du sexe le plus fort à témoigner en toute occasion, au plus foible, ces égards, cette affection, cette déférence, qui forment le caractère distinctif de la civilisation et son plus beau titre de supériorité sur la vie sauvage.

Dans l'autre sens, il est synonyme d'adultère, mais non pas tellement synonyme qu'il n'y ajoute une idée accessoire. Ce terme, employé souvent dans un sens où il emporte approbation, en conserve une teinte flatteuse qui adoucit l'idée que présenteroit le mot

propre.

Mais qu'on prenne l'homme le moins scrupuleux ou même le plus glorieux de ce qu'il envisage comme les triomphes de son mérite, il se gardera soigneusement de les désigner par des termes auxquels ses auditeurs attachent un sens de réprobation. Pour ménager le

Si le terme apologétique est heureusement choisi, tous ceux qui, par intérêt ou par préjugé, pensent favorablement de l'objet que vous défendez, approuveront, à la faveur de l'équivoque, ce qui est justifiable et ce qui ne l'est pas. Il est vrai que si on les presse vivement, si on établit clairement la distinction qui sépare le vrai du faux, si on leur ôte, en un mot, le subterfuge, et que le voile soit déchiré, ils peuvent se trouver dans la nécessité de limiter leur approbation à la partie louable, et d'abandonner ce qui ne l'est pas.

Mais aussi long-temps que la distinction n'est pas mise en évidence, il existe un prétexte pour donner à l'objet en question un suffrage qu'on n'oseroit pas hasarder si la ligne de démarcation entre le mal et le bien étoit clairement tracée.

sentiment moral et les bienséances du langage, il cherche une expression détournée qui, loin de rappeler un acte défendu, présente au contraire des associations avec des qualités aimables et brillantes. Le dictionnaire du héros devient celui de l'homme à bonnes fortunes.

Il y a plus. Il attend les mêmes égards de tout le monde. Parlez-lui de ses adultères, il pourra se croire insulté. Mais si vous lui parlez de ses galanteries ou de ses succès, il n'y verra qu'un compliment très-flatteur.

Appliquons ceci à un des termes les plus communs et les plus équivoques dans la langue politique.

Exemple. Influence de la Couronne.

L'influence de la Couronne est un de ces termes ambigus qui fournissent une grande, matière aux débats, soit pour l'attaque, soit pour la défense. Sous le nom de corruption, peu oseroient la justifier ouvertement et sans réserve mais aussi long-temps qu'on se sert du terme générique d'influence, il n'est pas un être pensant qui voulût prononcer à cet une condamnation absolue.

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l'une,

Le mot influence, relativement à la Couronne, c'est-à-dire au Roi et à ses Ministres, renferme deux espèces d'influence qu'on ne peut condamner sans condamner en même temps toute forme de gouvernement monarchique, et que par conséquent on ne peut vouloir détruire qu'en voulant détruire la monarchie - l'autre, qu'on peut condam→ ner et qu'on peut aspirer à supprimer sans avoir la moindre pensée de condamner le gouvernement monarchique, ou de vouloir lui porter atteinte.

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