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protestations d'amitié pour la reine régente, sa sœur, et pour Louis XIV, son neveu, et c'était à ses sentiments de tendresse qu'on devait, disait-il, le sacrifice des dédommagements qu'il aurait eu droit d'exiger.

- Cette communication se faisait vers le milieu de l'année 1644. Dans ce temps, nous l'avons vu, le duc d'Enghien, réuni à Turenne, battait les Impériaux sous Fribourg, et jetait l'épouvante sur les deux rives du Rhin. Dans les Pays-Bas, Gaston, duc d'Orléans, remis en honneur depuis la mort de Louis XIII, s'emparait de Gravelines, et faisait craindre pour toute la Flandre. Les affaires, en Italie, sans être aussi prospères, l'étaient cependant encore assez pour faire espérer aux négociateurs français que de nouvelles victoires amèneraient leurs adversaires à des propositions moins vagues. En conséquence, ils ne faisaient point de réponses, ou n'en faisaient que d'évasives.

Les médiateurs, qu'une pareille conduite réduisait à une inaction absolue, ne pouvaient s'empêcher de montrer de l'impatience. Un jour, les Espagnols firent une proposition qui paraissait raisonnable à Contarini, et qu'il appuyait avec chaleur. Mazarin, qu'on instruisit de la vivacité du médiateur, accompagna sa réponse d'une réflexion utile à tout homme chargé d'une mission conciliatrice. « Contarini, disait le cardinal, peut bien avoir quelque raison; mais il n'y a pas de qualité moins propre pour des médiateurs que celle de s'impatienter, et de signifier trop violeinment les intentions des parties. Ils doivent être le symbole de la patience. Les conditions qui leur conviennent davantage sont celles d'être souples, pliants et accommodants, faire valoir à chacune des parties les raisons de l'autre, mais non les siennes si bien que, propres ; quand ils sortent de ces termes, ils ruinent l'essence

de la médiation. >>

-Le cardinal donna ordre de faire quelques pas en avant, et enfin, vers le milieu de 1645, on commença à traiter sérieusement. Les Français proposèrent dixhuit articles, mais enveloppés d'ambiguïtés qui pouvaient donner lieu à des rétractations. De tous ces articles, il y en avait peu qui les regardassent directement. La majeure partie concernait la liberté de l'Empire, la seule chose, disaient-ils, qui leur tînt à cœur, et qui leur fit prodiguer les trésors et le sang des Français. Les Suédois, sans trop négliger les prétentions de leurs co-États, firent pour eux-mêmes des demandes très-amples. Quelque exorbitantes qu'elles fussent, les Impériaux n'en parurent pas trop révoltés, ce qui fit concevoir l'espérance d'une paix prochaine; mais le vieux chancelier d'Oxenstiern, qu'on en félicitait, ne se laissait pas tromper par cette apparence, et il répondait au compliment: Il y a encore bien des nœuds qu'on ne pourra trancher qu'avec l'épée. En effet, tandis qu'on traitait de la paix dans une ville, le reste de l'Europe continuait d'être en proie au fléau de la guerre; et, des alternatives de succès et de revers, il résulta que, pendant les années 1646 et 1647, on passait avec une extrême rapidité des prétentions ambitieuses aux demandes modérées, et du désir de pousser la guerre à celui de hâter la conclusion de la

paix.

Nous venons de dire que les premières propositions des Français étaient particulièrement relatives à l'Allemagne, et ne portaient, à proprement parler, que sur les articles préliminaires. Les négociateurs exigeaient, en effet, avant tout, que l'électeur de Trèves fût mis en liberté, et que tous les États d'Empire fussent invités par l'empereur à se rendre au congrès1.

MEIERN, tom. I, liv. III, §.48.

Ces prétentions des Français, qui étaient soutenues par les Suédois, révoltèrent fortement l'empereur et les Espagnols, qui prétendaient faire de l'élargissement de l'électeur de Trèves un article du traité de paix; et l'empereur, en particulier, envisageait l'admission de tous les États d'Empire, sans distinction, aux négociations avec les puissances étrangères, comme contraire à sa dignité, et préjudiciable à ses intérêts.

Il proposa d'abord, comme un moyen de conciliation, d'admettre les ambassadeurs électoraux, et puis une députation de l'Empire; mais les ministres de France et de Suède ayant fortement insisté sur chacune de leurs demandes, l'empereur se vit enfin obligé de céder. Il s'agissait, en effet, de débattre au congrès des affaires de la dernière importance pour les princes d'Empire il était question de leur liberté, de leur honneur, de leur religion, et généralement de tout ce qu'ils avaient de plus cher au monde. Les plénipotentiaires des couronnes avaient donc raison de soutenir

qu'il convenait que rien n'y fût décidé que du commun aveu de toutes les parties intéressées, et par l'influence immédiate de tous et un chacun en particulier. Ces raisons ayant paru sans réplique, l'empereur fut obligé de céder : il fit mettre en liberté l'électeur de Trèves, et invita en même temps tous les États d'Empire à se trouver au congrès. Au reste, il faut le dire, la victoire de Jancowitz, remportée en 1645 par Torstenson, ne contribua pas moins que la fermeté des ministres de France et la solidité de leur raisonnement, à rendre Ferdinand III si conciliant et si facile.

Le duc de Longueville et le comte de Trauttmansdorff s'étant rendus à peu près dans le même temps au congrès, en qualité d'ambassadeurs extraordinaires, les négociations sur le fond furent entamées. Les Fran

çais et les Suédois avaient remis leurs propositions dès le 1er juin. La réponse des ministres de l'empereur se fit attendre quelques mois, de manière que les négociations ne commencèrent que vers les premiers jours de l'année 1646.

Pour donner le précis de l'histoire des négociations de Munster et d'Osnabruck, on peut suivre l'une des trois méthodes suivantes : l'ordre chronologique, l'ordre réel ou l'ordre systématique. En choisissant le premier, on se conformera à la marche de la négociation, pour laquelle on peut se servir du tableau suivant :

1. NÉGOCIATIONS AVEC LA SUÈDE1.

4645. 1er juin. Proposition suédoise.

15 septembre. Réponse impériale.

1646. 7 janvier. Réplique verbale des Suédois.

28 avril et 4 mai. Duplique impériale et communication d'un projet de traité.

13 juillet. Conférence entre Oxenstiern et les ministres impériaux.

14 novembre. Observations suédoises.

20 novembre. Résolutions impériales.

1647. 14 février. Projet de traité communiqué par la Suède, et discussion à cet égard.

14 avril. Projet de traité de la Suède tel qu'il a été remis aux plénipotentiaires de l'empereur.

6 septembre. Différences entre les deux projets, celui de l'empereur et celui de la Suède.

1648. 30 janvier. Ultimatum impérial.

mars. Observations des Impériaux sur le projet suédois.
juin. Observations des Suédois sur le projet impérial.

7 juillet. Ajustement du traité de paix.

II. NEGOCIATIONS AVEC LA FRANCE.

1645. 1er juin. Proposition française.
17 décembre. Réponse impériale.

1646. 7 janvier. Réplique verbale des Français.

Il faut observer que les dates sont du vieux style.

1.646. mars. Duplique des Impériaux. avril. Suite des négociations.

31 août. Déclaration des Impériaux.

10 septembre. Mémoire des médiateurs et concert convenu entre les deux parties.

1647. juin. Projet de traité remis par les Impériaux.

juillet. Contre-projet des Français.

novembre. Arrangement sur l'objet de la satisfaction et sur la cession de la part de l'Autriche.

1648. avril. Mémoire de la ville de Strasbourg.

avril. Mémoire des villes impériales d'Alsace.
avril. Mémoire de la préfecture de Haguenau.
septembre. Ajustement au traité.

III. NÉGOCIATIONS DES ÉTATS DE L'EMPIRE.

4° Sur les propositions des couronnes.

1645. 27 et 31 octobre. Délibération des États protestants sur la réponse des Impériaux à la proposition suédoise.

27 octobre. Délibération des mêmes sur les griefs de la religion. 34 octobre. Délibération des mêmes sur les griefs politiques. novembre. Avis des États évangéliques, rédigé par Magdebourg.

20 novembre. Observations sur cet avis par un ministre catholique.

28 décembre. Conférence entre Trauttmansdorff et Salvius. 1646. 20 janvier. Délibération des États d'Empire assemblés à Munster (catholiques), sur les répliques des deux couronnes.

26 janvier. Délibération des États d'Empire assemblés à Osnabruck (protestants), sur le même objet.

janvier. Vote des évangéliques.

janvier. Suite des séances du collége des princes à Osnabruck. 26 mars. Corrélation du collége des princes sur la première classe de la réplique suédoise.

7 avril. Idem sur les deuxième, troisième et quatrième classes. 16 avril. Re et corrélation des trois colléges, et avis général.

2° Sur les griefs de religion en particulier.

4646. 2 février. Réponse des catholiques aux griefs des protestants, et griefs des premiers.

1646. 14 février. Moyens de composition proposés par les protestants réunis à Osnabruck.

février. Opinion des catholiques réunis à Munster, sur cet

objet.

mars. Contre-proposition des catholiques.

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