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avec rapidité, quoique une édition entièrement exacte du traité d'Osnabruck n'ait paru que près de quatre-vingt-dix ans après, ensemble avec celui de Munster, par les soins de J. G. de Meyern à Gottingue (1738), in-fol.

Depuis l'époque de ce traité, longtemps considéré comme la base du droit public de l'Europe, on voit s'augmenter presque d'année en année les matériaux pour des recueils plus généraux et plus étendus, surtout en Allemagne, en Hollande et en France, et publier quelques recueils particuliers de traités, soit d'une époque déterminée, soit de telle puissance individuelle. C'est ainsi qu'en Allemagne parut le:

Theatrum pacis, hoc est tractatuum atque instrumentorum præcipuorum ab anno inde 1647 ad 1660 usque in Europa initorum et conclusorum Collectio. A Nurnberg, 1663, in-4° (continué depuis sous le titre Pars II, jusqu'à l'an 1683, par Ch. Pellerius.)

Et peu après :

Collectio præcipuorum Tractatuum pacis ab anno 1647 ad annum 1666, utpote Hispanorum et Belgarum, Osnabrugensis, Monasteriensis, Cromwellio-Hollandicus, Dano-Suecicus, Pyrenæicus, Polono-Suecicus. A Nurnberg, 1666, in-4°. (La seconde édition est de l'an 1634, en 2 vol. in-4°.)

C'est ainsi qu'en Hollande on vit commencer, dès 1658, ce Groot Placatenboek, dont j'aurai l'occasion de parler encore plus bas, et qui entre autres renferme aussi les traités de cette république. Un petit Recueil des traités de confédération et d'alliance entre les couronnes de France et les princes et pays étrangers, depuis 1629 jusqu'en 1644, y fut publié (1650), in-12; un autre des traités de confédération et d'alliance entre les couronnes de France et les princes et pays étrangers, depuis 1621 jusqu'en 1648, probablement aussi de Jean-Jacques Chiflet', y fut imprimé (1650), in-8° (1651), in-12. Un troisième sous le titre : Recueil des traités de paix et de confédération avec les couronnes de France, les princes et États étrangers, depuis 1621 jusqu'en 1664. A Amsterdam, 1664, in-12; augmenté jusqu'en 1667, 1668, in-8°, et à Amsterdam, 1671, in-12.

En France, le roi fit imprimer d'autorité les traités d'Aix-laChapelle et de Nimègue, et accorda à son imprimeur, alors M. Léonard, en date du 18 août 1678, le privilége d'imprimer seul pendant vingt ans tous les traités de paix, etc., avec et

LE LONG, Biblioth. historique, tom. III, p. 5.

entre les princes et États étrangers, les mettre en recueil ou séparément. Muni de ce privilége, ce savant imprimeur, après avoir publié séparément plusieurs traités et un volume sous le titre : Recueil de tous les traités modernes conclus entre les potentats de l'Europe et de tous les mémoires qui ont servi à faire la paix de Nimègue, avec un recueil des arrêtés de la chambre royale établie à Metz; à Paris, 1683, in-4°, conçut et exécuta le projet d'un recueil plus étendu des traités auxquels la France avait eu part, en remontant jusqu'à la paix d'Arras de 1435. C'est cet ouvrage qui parut sous le titre :

Recueil des traités de paix, de trêve, de neutralité et confédération, d'alliance et de commerce faits par les rois de France avec tous les princes et potentats de l'Europe et autres depuis près de trois siècles, rassemblé et mis en ordre, et imprimé par Frédéric Léonard, premier imprimeur du roi et de monseigneur le Dauphin. A Paris, 1693; 6 tomes in-4°. A la tête de l'ouvrage se trouvent les observations historiques et politiques sur les traités des princes, par Amelot de La Houssaye.

Ce recueil renferme près de neuf cents traités, outre quelques autres pièces qu'on a jugé à propos d'y ajouter, telles que les arrêts de la chambre de Metz, et comme nombre de ces traités ont été puisés à de très-bonnes sources, le roi, ses ministres et ses ambassadeurs ayant favorisé le rédacteur1, son ouvrage a été de très-grand secours aux auteurs du grand recueil de 1700 et du Corps diplomatique, qui semblent n'avoir pas entièrement rendu justice à Léonard, tout en profitant de son travail au point de l'éclipser. Aujourd'hui ceux qui possèdent le Corps diplomatique peuvent se passer du recueil de Léonard, dont d'ailleurs les troisième, quatrième et cinquième volumes ont cet inconvénient que, composés d'imprimés séparés de traités du XVIIe siècle, divisés par États, ils n'ont point de chiffre courant 2.

En Angleterre les traités furent imprimés par autorité sous Charles Ier, et de même sous Charles II, soit séparément, soit en réunissant plusieurs traités dans un volume.

C'est ainsi que parurent les quatre traités de Breda imprimés par ordre du roi (1667), in-4°, chez J. Bill et C. Barker, imprimeurs

1 D'après LENGLET DU FRESNOY, tom. IV, p. 455, ces traités ont été tirés en grande partie du trésor des Chartes, de la bibliothèque du Roi, de la Chambre des comptes de Paris, de celle de Lille, de celle de Nantes, du cabinet de plusieurs ministres et secrétaires d'État et de divers ambassadeurs.

2 Depuis, FR. LÉONARD a encore imprimé séparément d'autorité les traités de la France de 1696 et 1697, dans la même forme que le recueil.

du roi. De même, c'est sous la direction du secrétaire d'État lord Sunderland que fut publiée une collection de dix-sept traités de l'Angleterre, depuis le traité de commerce avec l'Espagne de 1667 jusqu'à celui de 1682 avec Alger. A Londres, chez Bills et Hills et Newcomb (1685), in-4o1. Mais surtout ce fut en la même année où le recueil de Léonard avait paru en France, que le roi Guillaume III autorisa, en date du 26 août 1693, Thomas Rymer à publier un recueil d'actes publics de la Grande-Bretagne avec les puissances étrangères (dont le premier volume n'a paru qu'en 1704).

C'est encore dans cette même année 1693 que parut à Hanovre le code diplomatique du célèbre Godefroy-Guillaume Leibnitz sous le titre : G. W. L. Codex juris gentium diplomaticus. Hannov., 1693, fol., suivi (1700) d'une mantisse. C'est le premier recueil général qui embrasse une époque considérable, savoir: depuis la fin du xre siècle jusqu'à la fin du xvire; il renferme un nombre de diplômes importants, curieux et non imprimés avant lui, la plupart authentiques, quoique mêlés de plusieurs copies inexactes ou négligemment imprimées, et de plusieurs pièces qui, telles que les actes d'élection des anciens rois romains, les statuts des ordres, etc., semblent ne par répondre au titre de l'ouvrage. Aujourd'hui les rédacteurs qui l'ont suivi ont emprunté de lui ce qu'il avait ramassé d'utile ; sa lumineuse préface seule lui est restée, mais seule elle vaut un livre. Le code entier a été réimprimé à Hanovre (1724), et à Wolfenbüttel (1747), in-fol.

A ces matériaux rassemblés dans différents pays vinrent se joindre d'autres, renfermés dans une multitude d'ouvrages qui furent publiés pendant le siècle de Louis XIV, soit histoires, négociations, etc., soit déductions volumineuses pour lesquelles, à cette époque surtout, les souverains firent fouiller les archives afin de couvrir d'un voile diplomatique l'ambition ou le ressentiment qui guidaient leurs démarches.

Tant de trésors dispersés invitaient à les rassembler; et la Hollande étant alors le centre des affaires de l'Europe, le lieu de rassemblement le plus général pour les ministres étrangers, le foyer des écrits et déjà même des journaux politiques2, il n'est pas surprenant que plusieurs savants libraires d'Am

1 CHALMERS, tom. I, p. 5. Ce recueil a aussi été allégué et suivi dans le Corps universel diplomatique pour diverses pièces.

2 Tels que le Mercure historique et politique de la Haye, qui commença

sterdam et de la Haye, à la tête desquels se trouvait surtout Adrian Moetjens, libraire de la Haye, s'associèrent pour la publication d'un grand recueil général de traités, en remontant jusqu'à l'époque la plus reculée de l'ère chrétienne qu'ils croyaient pouvoir atteindre. Eux-mêmes ils mirent la main à l'ouvrage, et les soins, les sollicitations, la correspondance surtout de A. Moetjens servirent à leur procurer encore nombre de traités qui ne se trouvaient pas dans les ouvrages dont la liste est placée à la tête de leur recueil. Cependant, quant à l'arrangement, à la rédaction et à la traduction française de plusieurs traités, ils recoururent à M. Jacques Bernard', théologien français réfugié en Hollande, et dont l'infatigable activité 2 s'employa avec zèle à la rédaction d'un ouvrage où il ne fut pas nommé. Ce recueil parut sous le titre :

Recueil des traités de paix, de trêve, de neutralité, de suspension d'armes, de confédération, d'alliance, de commerce, de garantie et d'autres actes publics, comme contrats de mariage, testaments, manifestes, etc., faits entre les empereurs, rois, républiques, princes et autres puissances de l'Europe et des autres parties du monde; depuis la naissance de Jésus-Christ jusqu'à présent. A Amsterdam, chez Henri et la venve de T. Boom; à la Haye, chez Adrian Moetjens et Henri van Bulderen (1700), tome I-IV, in-fol.

Ce recueil renferme seize cent vingt-cinq diplômes, depuis 536 jusqu'en 1700; donc presque le double du nombre que contient celui de M. Léonard, totalement reproduit dans celui-ci. On a conservé la langue originale des traités en les accompagnant d'une traduction française là où il y avait lieu; et, fidèle au plan qu'on s'était proposé, on a donné proprement un Code de droit des gens sans y mêler ce qui concerne les affaires internes.

Cet important ouvrage fut tellement accueilli par le public, que déjà, en 1707, Moetjens s'occupait d'une nouvelle édition augmentée, à l'égard de laquelle lui et les autres intéressés entrèrent en négociations avec M. Jean du Mont, réfugié français, qui vivait alors à la Haye; mais en attendant qu'on eút pu en 1686; l'Europische Mercurius, qui parut dès 1690; les Lettres histori ques, publiées dès 1692.

LENGLET DU FRESNOY, dans sa Méthode d'étudier l'histoire, tom. V, p. 185 et 404, attribue la rédaction de ce recueil à M. DU MONT. C'est une erreur; il n'a eu aucune part à cette première édition. On a qu'à lire la préface à son petit recueil de 1710 pour s'en convaincre.

2 MORERI, Dictionn. art. Bernard.

s'arranger avec lui, et surtout soigner un ouvrage si étendu que celui qu'on méditait, parurent encore plusieurs petites collections bien différentes les unes des autres.

D'abord Moetjens lui-même, pour satisfaire aux besoins du moment, publia (1707) un Recueil des divers traités de paix, de confédération, d'alliance et de commerce, etc., entre les États souverains de l'Europe, et qui sont les plus importants et les mieux choisis et les plus convenables au temps présent. A la Haye (1707), t. I-II, in-8°. Ce manuel ne renferme rien qui n'eût déjà paru, et peu de traités postérieurs au recueil de 1700. Ensuite M. Jean du Mont, à l'époque où il croyait ne pas pouvoir terminer avec les libraires de Hollande1, publia un Nouveau recueil de traités d'alliance, de trêve, de paix, de garantie et commerce faits et conclus entre les rois, princes et États souverains de l'Europe, depuis la paix de Munster jusqu'à l'an 1709, lesquels, pour la plupart, n'ont point encore été imprimés, etc. A Amsterdam, 1710, t. I-II, in-8°; recueil curieux et intéressant, et qui ne répète aucune des pièces renfermées dans le manuel de Moetjens, mais en offre beaucoup qui n'avaient pas encore été publiées.

C'est dans cette même année 1710 que parut en Angleterre un recueil des traités depuis 1648, traduits en anglais, sous le titre A general collection of treaties, etc., from 1648 to the present time, un volume in-8°, auquel fut ajouté (1713) un second. Il renferme quelques pièces qui n'avaient pas encore paru, et fait le commencement d'un recueil anglais publié (1732), duquel il sera parlé en son lieu.

Ce qui pouvait être emprunté de ces petites collections en faveur de la nouvelle édition du grand recueil était sans doute peu de chose, à côté des secours qu'offrait la vaste collection d'actes publics de la Grande-Bretagne, dont T. Rymer avait été chargé, dès 1693, et dont le premier volume parut (1704). Elle a pour titre :

Thomæ Rymeri Fœdera, conventiones, litteræ cujuscunque generis, acta publica inter reges Angliæ et alios quosvis impera

Dans la préface de ce nouveau recueil, il dit, en parlant du recueil de 1700: « Si les libraires qui l'ont imprimé avaient été d'humeur à en faire une seconde édition, j'y auraiș volontiers donné quelques années de mon temps, persuadé que je n'aurais pu les employer à rien de meilleur; mais ils m'ont paru fort incertains de ce qu'ils devaient faire, et j'ai compris que les inté rêts de leur commerce ne leur permettraient pas d'y penser de sitôt. Ainsi, j'en ai abandonné le dessein, et j'ai tourné mes études d'un autre côté. »

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