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tores, reges, pontifices, principes vel communitates ab ineunte seculo duodecimo, videlicet ab anno 1101, ad nostra usque tempora habita aut tractata; ex autographis intra secretiores archivorum regiorum thesaurarias per multa secula reconditis fideliter expressa. Londini, t. I-XVII. 1704-1718, in-fol.

Rymer ne livra que quinze volumes au public. Son grand âge avait engagé le gouvernement, dès l'an 1707, à lui adjoindre Robert Sanderson, qui, après la mort du premier, survenue (1713), fut chargé seul de la continuation de l'ouvrage, C'est celui-ci qui publia le seizième volume (1715); le dixseptième (le plus onéreux de tous, puisqu'il renferme les tables des personnes et matières des seize précédents volumes, dressées avec un détail et une exactitude qu'on ne saurait assez louer). A ces dix-sept volumes il a encore ajouté le dixhuitième (1726), le dix-neuvième (1723) et le vingtième (1735), peu d'années avant sa mort survenue (1741).

Cet ouvrage est le premier de son genre, soit pour la pureté des sources, étant puisé immédiatement dans les archives du royaume, soit pour la richesse des matériaux pour l'époque qu'il renferme depuis 1101 jusqu'en 1654. L'ouvrage de Léonard n'est guère susceptible de lui être comparé. Il ne se borne pas aux traités; il renferme toutes sortes d'actes publics en grande partie relatifs aux étrangers, et on craint d'être accusé d'ingratitude en relevant qu'il s'y est glissé quelques documents que le plan, quelque vaste qu'il soit, semblait ne pas admettre, tandis qu'on y cherche en vain quelques autres dont il paraît qu'on aurait pu et dû les y insérer, tels que quelques priviléges accordés à la Hanse, et les priviléges qu'obtinrent les Anglais en Portugal et en Castille.

Comme on n'avait tiré que deux cents exemplaires pour la première édition, elle fut rare dès son apparition, et l'est demeurée jusqu'à ce jour. Une seconde édition des dix-sept premiers volumes parut (1727), revue et corrigée par les soins de George Holmes1. Depuis, les libraires spéculateurs de la Haye soignèrent (1739) une troisième édition, imprimée avec moins de luxe, et qui, dans dix volumes in-folio, renferme tout ce que contiennent les vingt volumes de la première édition, et en outre plusieurs documents ajoutés et une traduction française placée à côté d'une multitude de documents anglais. Cette édition, préférable aux précédentes, est beaucoup moins rare.

CHALMERS, Collection, tom. I, préface, p. vII.

Comme les volumes et les pages de la première édition y sont toujours indiqués en marge, on peut, d'après elle, citer celle-ci sans l'avoir vue, ce qui, je crois, s'est fait assez souvent.

Cette superbe collection servit de modèle à une autre qu'à la même époque Jean-Chrétien Lunig rédigeait pour l'Allemagne, destinée à renfermer, tant les actes qui concernent la constitution interne de l'Empire et de chacun de ses membres que ceux entre l'Empire et les puissances étrangères, comme aussi des membres de l'Empire entre eux, envers l'Empire et envers les étrangers, sous le titre :

Teutsches Reichs-Archiv. A Leipzick, 1710-1722, en vingttrois vol. in-fol. et un volume de registres.

Le grand mérite et les grands vices de cet ouvrage sont trop connus pour m'y arrêter 1. A tous les égards il est resté beaucoup au-dessous de son modèle, et le défaut de critique dans ce recueil aurait dû rendre les rédacteurs du Corps diplomatique plus scrupuleux dans le fréquent usage qu'ils en ont fait; mais aussi le rédacteur avait-il de plus grandes difficultés à vaincre, n'ayant point pu, comme Rymer, compulser librement les archives.

Ce même auteur a encore publié en outre un

Codex Italiæ diplomaticus en quatre volumes in-fol., dont les trois premiers seulement sont antérieurs au Corps diplomatique, ayant paru à Francfort et Leipzick (1725 et 1726); on les trouve allégués dans les derniers volumes de celui-ci; le quatrième n'a été publié qu'en 1735.

On a aussi de lui un

Codex Germaniæ diplomaticus en deux vol. in-fol. Ce recueil a paru (1732 et 1733), donc après le Corps diplomatique, mais avant les suppléments de Rousset; un petit nombre seulement des actes qu'il renferme, et qui la plupart concernaient les États héréditaires de la maison d'Autriche, pouvaient entrer dans le plan de ces suppléments.

Ajoutez à ceci ces nombreux recueils de diplômes de tout genre, en partie très-volumineux, qui avaient paru à la fin du XVII ou au commencement du XVIIIe siècle, tels que ceux de Martène et Durand, de Miéris, etc., ces bullaires de la cour de Rome de Chérubin et autres, ce nombre toujours augmentant

Sur ce recueil et sur les autres ouvrages de cet auteur, voyez PUTTER, Litteratur des teutschen Staatsrechts, tom. I, p. 310 et suiv.

d'annales, et autres ouvrages enrichis de diplômes, etc., dans le détail desquels je n'ose entrer ici, et on peut juger combien les matériaux s'étaient accumulés et s'accumulaient d'année en année.

Que de besogne et à la fois d'encouragements pour ceux qui méditaient une nouvelle édition amplifiée du recueil de Bernard de 1700. J'ignore l'époque précise à laquelle M. du Mont a terminé avec ses libraires et a commencé à s'occuper de la rédaction1; mais ce que sa propre préface au Corps diplomatique fait voir, c'est que même depuis ils n'étaient pas d'accord sur plusieurs points. Les libraires, par un scrupule auquel ils se croyaient intéressés, voulaient que tout ce qui s'était trouvé dans la première édition entràt dans la nouvelle, et l'y firent entrer, sans même faire grâce de la dissertation sur le temple de Janus 2, malgré M. du Mont, qui demandait d'élaguer les parties hétérogènes ou de peu de prix. D'un autre côté, comme M. du Mont étendait prodigieusement son plan, en y faisant entrer nombre d'autres pièces qui sont du ressort du droit public intérieur, et que les libraires s'effrayaient du nombre des volumes qui en résulteraient, il leur proposa de diviser l'ouvrage, de sorte que la première partie ne serait qu'une nouvelle édition du recueil de 1700; la seconde renfermerait les suppléments également depuis 800, et une troisième les actes relatifs au cérémonial. Mais les libraires ayant rejeté cette proposition, et se permettant de disposer assez librement du manuscrit qu'il leur avait envoyé, arrangèrent le tout d'après l'ordre chronologique; de sorte, cependant, que les actes relatifs au cérémonial et des suppléments, probablement rassemblés pendant l'impression de l'ouvrage, restèrent entre les mains de M. du Mont.

Il est probable que ce n'est qu'environ en 1716, vu que dans sa préface au premier volume il dit qu'il a commencé son travail il y a six ans : cependant, dans un autre endroit il insère une lettre à ses libraires du mois de décembre 1721, qui fait supposer qu'il leur a déjà envoyé alors le manuscrit pour le faire imprimer, et on voit que cette partie de la préface a été écrite assez longtemps avant 1726, où le premier volume parut.

2 Cependant il faut qu'ils aient cédé sur un point; savoir qu'on ne commencerait que depuis 800, tandis que le recueil de 1700 commençait depuis 536; mais aussi l'édition de 1700 ne renfermait que deux traités antérieurs à l'époque de 800, savoir: celui de 536 entre Théodat, roi des Goths et Justinien, et celui de 591 entre Gontran et Brunehaut; ces diplômes ont été dans la suite insérés dans le premier volume des suppléments, renfermant l'histoire des anciens traités de M. BARBEYRAC.

C'est ainsi que cette vaste collection parut sous le titre : Corps universel diplomatique du droit des gens contenant un recueil des traités d'alliance, de paix, de trêve, de neutralité, de commerce, d'échange, de protection et de garantie, de toutes les conventions, transactions, pactes, concordats et autres contrats qui ont été faits en Europe, depuis le règne de l'empereur Charlemagne jusqu'à présent — avec les capitulations impériales et royales les sentences arbitrales et souveraines dans les causes importantes, les déclarations de guerre, les contrats de mariage des grands princes, leurs testaments, donations, etc.;

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les érections des grandes dignités, celles des grandes compagnies de commerce et en général de tous les titres qui peuvent servir à fonder, établir ou justifier les droits et les intérêts des princes et États de l'Europe; le tout tiré des archives de la T. A. maison d'Autriche et en partie de celles de quelques autres princes et Etats; comme aussi des protocoles de quelques grands ministres; des manuscrits de la bibliothèque royale de Berlin, des meilleures collections qui ont déjà paru tant en Allemagne qu'en France, en Angleterre, en Hollande et ailleurs; surtout des actes de Rymer, etc., par M. J. du Mont, écuyer, conseiller et historiographe de Sa Majesté impériale et catholique. A Amsterdam et à la Haye, t. I (1726), t. VIII (1731), in-fol.

Les quatre premiers volumes publiés (1726) sont les seuls que M. du Mont ait eu la satisfaction de voir paraître; il mourut en 1727. Mais il avait déjà mis en ordre et remis aux libraires le manuscrit pour les quatre volumes suivants; de sorte que ceux-ci continuèrent l'impression dès 1728, sans même faire mention sur le titre de ce que M. du Mont n'était plus. Pas un mot en honneur de sa mémoire; craignait-on de nuire au début de l'ouvrage? ou croyait-on ne plus rien lui devoir, depuis qu'il ne pouvait plus compulser les archives impériales pour servir les intérêts de ces spéculateurs? M. Rousset, qui est devenu son continuateur, n'aurait-il pas du moins dû nous apprendre quelques circonstances de celui au nom duquel il a tant de fois ajouté le sien. Et rien n'aurait été plus aisé pour lui, tandis qu'aujourd'hui la chose n'est pas sans difficulté. On n'oublia pas toutefois de demander aux héritiers de feu M. du Mont, d'après le contrat fait avec celui-ci, ce qui leur restait de manuscrit. On y trouva, 1o des suppléments; 2° des actes relatifs au cérémonial destinés à former une seconde collection. Sur son lit de mort il y avait fait cette inscription: On trouvera cette seconde collection fort dérangée, parce que j'étais actuellement

occupé à l'enrichir, lorsqu'il plut à Dieu de m'envoyer la dernière maladie dont je vais mourir.

Les libraires confièrent la rédaction de ces matériaux à M. Rousset, déjà avantageusement connu par plusieurs écrits. politiques, entre autres par son Recueil historique des mémoires, etc., dont les quatre premiers volumes avaient paru (1728). Mais, comme on désirait aussi un supplément antérieur à l'époque de 800, de laquelle du Mont était parti, et que cet ouvrage, d'un genre différent, ne pouvait s'attendre ni de M. Rousset ni de son prédécesseur, on s'était adressé à M. Barbeyrac, célèbre professeur à Groëningen. C'est à la vaste érudition de celui-ci que le public est redevable de l'Histoire des anciens traités, qui forme le premier volume des suppléments au Corps diplomatique (bien qu'elle se vende aussi séparément); elle parut (1739), et renferme une multitude de traités, soit en entier, soit par extrait depuis le traité de divers peuples de la Grèce, pour l'établissement du conseil des Amphictyons, conclu quatorze cent quatre-vingt seize ans avant la naissance de Jésus-Christ, jusqu'à l'époque de Charlemagne. Ouvrage précieux pour l'étude de l'histoire ancienne, et dont la rédaction exigeait plus de talent, d'érudition et d'étude que celle de tous les autres volumes du Corps diplomatique collectivement pris. A ce premier supplément, M. Rousset joignit un second et un troisième, qui parurent aussi (1739), et dont chacun est divisé en deux volumes. Le second, dont les deux volumes forment les troisième et quatrième des suppléments entiers, renferme, et les suppléments proprements dits, savoir des actes qui manquent dans le recueil de M. du Mont, et la continuation, depuis 1731 jusqu'en 1738. Quant au premier, le manuscrit laissé par feu M. du Mont a été d'un grand secours, quoiqu'il ait induit le nouveau rédacteur à faire imprimer une seconde fois plusieurs traités qui se trouvaient déjà imprimés de même, mais dont la copie avait été conservée dans les manuscrits; au reste, M. Rousset a beaucoup ajouté encore, soit traités, soit autres pièces, qui, d'après ses vues, devaient entrer dans la collection, mais dont plusieurs, comme les disputes de religion en France, n'auraient pas dû trouver ici leur place. Pour les temps les plus récents et pour la continuation du recueil jusqu'à l'an 1738, les autres collections de M. Rousset ont pu lui servir utilement1.

Il y a nombre de pièces qu'il a fait imprimer trois ou quatre fois, une fois dans son ouvrage sur les intérêts des puissances de l'Europe, une autre dans

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