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est le traité de 1686 entre la Russie et la Pologne, qui jusqu'ici n'a été imprimé nulle part, que je sache, que dans ce recueil, mais s'y trouve en langue polonaise. Ce qui, quant au traité de 1716, se trouve de plus ici que dans le recueil de M. du Mont se réduit à peu de chose.

Je ne dirai que deux mots de l'autre manuel qui a paru en France sous le titre :

Abrégé des principaux traités conclus depuis le commencement du XIVe siècle jusqu'à présent entre les différentes puissances de l'Europe, disposés par ordre chronologique, par le vicomte de La Maillardière. A Paris, 1778, t. I, II, in-12.

Cet abrégé, qui forme la seconde partie de la Bibliothèque politique du même auteur, ne me paraît être que de médiocre utilité; il est assez négligemment rédigé, même par rapport aux dates; d'ailleurs on ne s'est pas contenté d'abréger en ne donnant que les articles les plus essentiels, mais le plus souvent l'auteur a abrégé les articles mêmes, en ne donnant que ce qu'il a jugé en former le sens principal. Cela peut être très-utile et très à sa place dans une histoire des traités destinée à servir d'instruction, telle que le Droit public de l'Europe de Mably ou l'excellente Histoire des traités qu'a donnée M. Koch à Strasbourg; mais il me semble que dans un recueil chronologique cette sorte d'extraits n'est tolérable que dans le cas où, faute de pouvoir fournir les articles entiers, on offre en attendant un extrait pour en donner une idée générale.

Ce qui précède fait voir que proprement le public n'était bien servi en recueils généraux que jusqu'à environ 1731, où finit la grande collection de du Mont et la petite de Schmauss; et, bien que les suppléments de Rousset continuent le Corps diplomatique jusqu'à l'an 1738 (et que son recueil de mémoires offre des traités et autres actes jusqu'à la paix d'Aix-la-Chapelle), on ne trouve plus la même abondance de matériaux, le même scrupule dans le choix des sources, la même exactitude à donner les traités aussi complétement qu'il convenait au continuateur de M. du Mont; on ne trouve plus que soixante et onze documents postérieurs à l'année 1731, et de ceux-ci vingt-cinq documents postérieurs à l'année 1734; encore un grand nombre de ces documents ne sont-ils point des traités, mais des actes d'un genre bien différent, comme, par exemple, l'arrêt du parlement de Paris contre Hélène de Courtenay, et plusieurs manifestes et mémoires.

C'est donc sans doute bien vu que M. le conseiller de cour

Wenck, en commençant un nouveau recueil diplomatique, ait remonté jusqu'à l'an 1735, et non simplement à l'an 1738, où finit le Corps diplomatique; et, d'un autre côté, son ouvrage n'étant pas la simple continuation du petit recueil de M. Schmauss, il n'était pas obligé de remonter jusqu'à l'an 1731, où celui-ci a terminé sa collection.

Cet excellent recueil a paru sous le titre: Ferd. Aug. Guil. Wenckii Codex juris gentium recentissimi e tabulariorum exemplorumque fide dignorum monumentis compositus. Tom. I. Lipsiæ, 1781, in-8°. Ce premier volume renferme les traités pendant l'espace de huit ans, depuis 1735 jusqu'en 1743. Le tome II ne parut qu'en 1788, renfermant des suppléments au premier volume et la continuation jusqu'à l'an 1753. Il était donc assez probable qu'il faudrait encore un volume et peutêtre encore d'autres sept ans pour conduire ce recueil à la paix de Fontainebleau et de Hubertsburg, surtout comme le second volume, ainsi que le premier, fit espérer encore des suppléments (aussi ce troisième volume n'a paru qu'en 1795; mais il renferme des actes jusqu'à l'an 1772); et il était peu à espérer qu'en poursuivant sur le même pied l'auteur pourrait, dans nombre d'années, pousser son recueil jusqu'aux temps les plus récents.

C'est cette considération et celle de l'utilité d'un recueil des traités les plus récents qui m'ont déterminé à commencer (1790) un recueil des traités depuis le pacte de famille de 1761 jusqu'aux temps les plus récents, dont le septième et dernier volume a paru (1801), et renferme les traités jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

J'ai déjà rendu justice aux mérites du recueil de M. Wenck dans la préface au premier volume du mien; le troisième volume, qui a paru depuis, n'est guère moins digne d'éloges, et je suis fort éloigné de me plaindre de ce qu'il l'a poussé au delà de l'époque à laquelle j'avais commencé; d'autant plus qu'il a donné une couple d'actes qui manquaient alors à mon recueil et deux qui y manquent encore1; d'un autre côté, s'il s'y est plaint de ce que, sans sa permission, j'avais tenté de devenir son continuateur, si peut-être il se plaignait encore de ce que je donne aujourd'hui au public quelques traités importants qui lui manquent, je serais sensible à ces plaintes par l'estime que je lui

1 Savoir : les traités de la France avec la république de Gênes de 1764 et 1768, que je n'ai donnés que par extraits.

voue et qu'il mérite; mais les regardant comme mal fondées, je n'en poursuivrais pas moins mon chemin en silence. Le droit de publier des traités est, à mon avis, un droit de tout individu qui n'est pas dans l'obligation d'en garder le secret, et souvent le public gagne au concours.

Le recueil de M. Wenck et le mien sont les seuls recueils généraux de traités entiers qui ont paru depuis qu'en 1739 les suppléments au Corps diplomatique ont été publiés1. Mais nombre de recueils particuliers de tel État avec les autres ont été publiés depuis, et c'est de ceux-ci, ainsi que de l'usage de faire imprimer séparément et d'autorité les traités, que je dois maintenant rendre compte pour terminer ces recherches.

I. POUR LA FRANCE.

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Longtemps le recueil de Léonard de 1693 (p. x) est resté la seule collection de ce genre imprimée en France. Mais déjà, dès 1762, on forma le projet de rassembler un dépôt, établi par l'autorité publique, des copies de tous les actes relatifs à l'histoire de France. Pour faire des recherches, de Bréquigny fut envoyé à Londres, du Theil à Rome; les bénédictins fournirent plusieurs coopérateurs; de cette collection universelle on voulait choisir les matériaux les plus essentiels pour composer et publier un recueil pour la France à l'exemple des Actes de Rymer pour l'Angleterre, mais en divisant l'ouvrage en deux parties, dont la première renfermerait les diplômes et actes publics, l'autre les lettres historiques. Trois volumes de cette collection ont paru (1791) sous le titre :

Diplomata chartæ, epistolæ et alia documenta ad res francicas spectantia ex diversis regni exterarumque regionum archivis ac bibliothecis jussu regis christi, multorum eruditorum curis, plurimum ad id conferente congregatione S" Mauri, eruta notis illustrarunt et ediderunt L. G. O. F. de Brequigny et F. I. G. La Porte du Theil. Paris, in-fol.

1 On ne peut guère ranger dans cette catégorie la Collection of state papers relating to the war against France, qui a paru à Londres, t. I-IV, cinq volumes (1794-1796), in-8°, vu qu'elle n'a rapport qu'à la guerre d'alors, et ne consiste en partie qu'en traités, principalement de l'Angleterre.

2 Sur la multitude de recueils manuscrits dans les bibliothèques des grands seigneurs français, voyez Le Long, Bibl. hist., t. III, p. 1-20. L'usage de faire imprimer séparément et d'autorité les traités n'a pas cessé en France depuis les temps de Léonard.

Le premier volume seulement appartient à la première partie de toute la collection, et renferme les diplômes entre les années 475 et 721; le deuxième et le troisième appartiennent à la seconde, et ne renferment que les lettres du pape Innocent III.

L'Institut national s'est occupé, dès 1796, de la continuation de cet important ouvrage, interrompu, comme tant d'autres, pendant la Révolution; et le citoyen du Theil a été invité à s'en charger1. Il y a tout lieu d'espérer que quand cette collection sera achevée, elle surpassera tout ce qui a existé jusqu'ici de ce genre, sans en excepter la collection de Rymer.

La guerre de la Révolution a donné naissance à plusieurs recueils des traités de la France pendant cette époque; tels sont le recueil de M. Gerhard, celui de M. de Schwarzkopf, les traités ajoutés au quatrième volume de l'Histoire des traités du célèbre M. Koch, et le recueil général avec la carte de Brion, que je passe ici sous silence, pour ne pas répéter ce qui en est dit dans mon recueil, t. VI, p. VIII. On peut y ajouter encore aujourd'hui :

Recueil des traités de paix, etc., relatifs à la pacification générale de l'Allemagne, conclus par la République française, depuis 1795 jusqu'à présent. A Berlin, 1801, in-8°.

On n'y trouve point de traité qui manquerait à mon recueil, si ce n'est le traité supposé entre la France et l'Autriche à Bâle (1795), mais que le rédacteur lui-même regarde comme apocryphe.

II. POUR L'ESPAGNE.

J'ai déjà parlé du petit recueil que Chifflet, médecin du roi, fit imprimer (1645) à Anvers, alors sous la domination espagnole. Quant aux imprimés séparés, le traité de trêve avec la Hollande de 1609 fut imprimé à Bruxelles (1609), in-4° 2 par l'imprimeur du roi. Mais j'ignore quand l'usage d'imprimer séparément les traités d'autorité a pris en Espagne. Le traité des Pyrénées fut imprimé séparément en espagnol à Barcelone (1660), in-fol.; mais il est incertain s'il est le premier, et s'il l'a été d'autorité ; aujourd'hui cet usage est établi en Espagne comme ailleurs.

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Rapport du cit. Camus dans les Mém. de l'Institut national, littérature et beaux-arts, t. II, p. 25-43.

2 Voy. Chalmers, Coll., t. I, préf. p. ix, note.

3 Voy. par exemple, Gazetas de Madrid del año 1790, t. I, p. 230, où l'on

Je ne connais aucun recueil imprimé en Espagne sous les rois de la maison d'Autriche. C'est au commencement du XVIIIe siècle que le célèbre marquis de Santa-Cruz commença à former un recueil des traités1 de l'Espagne, dans le dessein de le publier un jour; mais il fut interrompu pour aller combattre à Ceuta, ensuite à Oran, où il perdit la vie (1732). Je n'ai pu apprendre quel a été le sort de son manuscrit. Depuis, Philippe V conçut le plan de faire imprimer un vaste recueil des traités de l'Espagne depuis l'époque reculée à laquelle les Phéniciens abordèrent en Espagne, jusqu'aux temps les plus récents, et don Antonio de Abreu y Bertodano fut chargé de la rédaction. Mais comme un plan si vaste, et assujetti à tant de difficultés, entraînait naturellement des longueurs, le roi ordonna à don Abreu de commencer d'abord par l'époque du règne de Philippe III, sauf à revenir dans la suite sur les temps les plus reculés 2. C'est d'après cette direction qu'il publia depuis 1740 jusqu'en 1752 douze volumes in-fol. à Madrid, dont deux pour celui de Philippe III, sept pour celui de Philippe IV, et trois jusqu'à la fin du règne de Charles II; de sorte que ce recueil embrasse l'époque depuis 1598 jusqu'en 1700, sous le titre :

Coleccion de los tratados de paz, alianza, neutralidad, garantia, proteccion, tregua, mediacion, accesion, reglamento de limites, comercio, navegacion, etc., hechos por los pueblos, reyes y príncipes, de España, con los pueblos, reyes, príncipes, repúblicas y demás potencias de Europa, y otras partes del mundo, etc., desde antes del establecimiento de la monarchia gothica hasta el feliz reynado del Rey D. Phelipe V (Fernando VI), por D. Joseph Antonio de Abreu y Bertodano3, todo de orden y á expensas de Su Magestad. En Madrid, por A. Marin, etc.

Quoique cette collection ne renferme pas une si prodigieuse quantité d'actes qu'on pourrait attendre de douze gros vo

trouve une liste d'imprimés séparés in-4o, qui se vendent à l'imprimerie royale pour deux à quatre réaux la pièce.

1 Histoire des États barbaresques, t. II, p. 256.

2 Voy. préface au premier volume de cette collection.

3 Ses titres y sont ainsi exprimés: Del Consejo de S. M. en el de Hazienda, Cavallero Fiscal del orden de Santiago, y académico de número de la Real academia Española. J'ignore si c'est ce même auteur qui a écrit le traité des Prises maritimes, traduit (1758) en français.

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