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qu'un médiocre nombre de traités ; et d'ailleurs il est sujet aux mêmes imperfections qui défigurent ses autres recueils diplomatiques; de sorte qu'il doit être consulté avec circonspection; toutefois, il ne laisse pas d'être utile et important.

Je n'entrerai pas ici dans le détail des différents recueils des bulles, etc., du pape, en me contentant de mentionner le :

Bullarium magnum Romanum, dont les premiers volumes ont été imprimés à Rome (1655), et qui forme aujourd'hui dixhuit volumes in-folio; quelque volumineux que cet ouvrage soit, il y manque plusieurs concordats entre le siége de Rome et diverses puissances de l'Europe, qui sont le point de vue principal sous lequel ce recueil peut être cité ici.

Pour quelques États d'Italie, on trouve des recueils de diplômes, tels que : F. del Borgo, Raccolta di scelti diplomi Pisani; à Pise, 1765, qui, entre autres, renferme aussi quelques traités, mais anciens et en petit nombre.

Pour le royaume des Deux-Siciles, où, dans les temps plus récents, les traités s'impriment séparement d'autorité in-4o, on a commencé à publier un Codex diplomaticus Siciliæ complectens documenta a primo religionis christianæ sæculo ad nostram usque ætatem quem collegit Jo. de Johanne, t. I. Panormi, 1743, in-fol. Mais ce premier volume ne s'étend que jusqu'en 1059, et les quatre suivants, qu'on a promis, n'ont pas paru. Je ne parlerai point du code apocryphe d'Airoldi. L'auteur a été trop publiquement démasqué pour qu'on ait besoin d'en avertir.

On trouve aussi quelques traités insérés dans les recueils de lois, tels que, pour la Toscane, le Codice della Toscana legislazione. Firenza, t. 1-XXIII, in-8°. Mais ce qu'on peut y puiser n'approche pas des matériaux épars dans nombre d'ouvrages historiques et surtout dans ceux de Muratori, dont les rédacteurs du Corps diplomatique n'ont pu consulter qu'une très-petite partie.

XIII. POUR LES ÉTATS-UNIS DE L'AMÉRIQUE,

Je ne connais point de recueil particulier des traités de cette nouvelle république; mais, outre que plusieurs de ses traités ont été imprimés séparément à Philadelphie en anglais, in-8°, la constitution même de cet État donne lieu à insérer plusieurs de ses traités dans les actes du congrès des États-Unis. De ceux-ci il existe un recueil important sous le titre :

The laws of the United States of America. Philadelphia, 1799, t. I-IV, in-8°, qui renferme les actes des cinq premiers congrès depuis 1789; d'ailleurs les actes de chaque session s'impriment séparément in-8°; mais il n'est pas trop aisé aux étrangers de se les procurer.

Les recueils particuliers dont je viens de faire mention ne sont sans doute pas les seuls qui existent; il est probable qu'il y en a qui me sont échappés; mais ceux que je cite suffisent pour faire voir que, depuis l'époque où le Corps universel diplomatique a paru, les soins des savants de différents pays ont mis au jour une multitude de diplômes, qui, en grande partie, appartiennent à l'époque qu'embrasse le Corps diplomatique, et dont les rédacteurs de celui-ci n'ont pu profiter; et à ce qui pourrait être tiré de ces recueils particuliers, on doit ajouter ce nombre de diplômes dispersés dans une multitude d'ouvrages historiqnes qui ont été publiés après 1739, ou qui ont pu échapper à MM. du Mont et Rousset.

En rendant toute la justice qui est due aux soins des rédacteurs du Corps universel diplomatique, et à l'importance d'un ouvrage dont le mérite est trop reconnu pour avoir besoin de mon éloge, je crois que, lorsqu'il s'agit d'examiner jusqu'à quel point ce vaste recueil serait susceptible et demanderait d'être complété pour l'époque qu'il embrasse, je ne serai pas soupçonné de vouloir déprécier un ouvrage qui existe pour relever l'importance d'un autre qu'on ferait attendre, en me permettant de faire librement les observations suivantes :

1o En général, et par des raisons qui s'expliquent assez par ce qui précède, les rédacteurs ont été beaucoup mieux pourvus de traités auxquels l'Allemagne, la France, l'Espagne, l'Angleterre, la Hollande ont eu part, que de ceux qui ont été cimentés entre les puissances du Nord entre elles, dont une multitude manquent, ou ne sont donnés que par extraits. Cette même observation peut s'appliquer aux traités entre les cantons suisses dont il manque plusieurs, même de ceux que M. Schmauss a donnés dans sa petite collection, de laquelle M. Rousset aurait pu profiter; on peut en dire autant des traités de plusieurs États d'Italie.

2° Tandis que, d'après le vaste plan de cette collection, on ne s'est pas borné aux traités formels, mais qu'on a voulu donner

un corps de droit des gens, ainsi que le titre l'annonce, il aurait fallu donner un plus grand nombre de ces priviléges pour le commerce étranger, si importants, non-seulement pour l'histoire du commerce du moyen âge, mais à une partie desquels on se rapporte encore dans les traités les plus récents. Sur ce point, et même sur celui des traités, je ne puis me défendre d'observer que l'on s'est plutôt occupé de rassembler tout ce que la vaste correspondance des intéressés, la protection, la bienveillance procurait, et d'y joindre ce qui se rencontrait déjà dans les grands recueils particuliers que d'étudier les relations particulières pour en trouver la chaîne et pour remplir les lacunes; si seulement on avait toujours noté les traités précédents cités dans les traités postérieurs, on eût découvert des vides, qu'en partie il y aurait probablement eu moyen de remplir; au moins il serait possible de les remplir aujourd'hui.

3o Un bon nombre de traités n'y ont été donnés que par extraits, tandis qu'il serait possible aujourd'hui de les donner en entier. 4o Un nombre d'actes publics ont été donnés d'après des copies inexactes 1, et quelques-uns se trouvent être absolument fautifs; tels, par exemple, que le traité d'accord entre le pape et Charles V, de 1527, t. IV, P. I, p. 485; le traité de 1654 entre le Portugal et la Grande-Bretagne, t. VI, P. II, p. 82, l'un et l'autre très-vicieux; ou comme la prétendue ligue entre l'Autriche et les Suisses de 1517, t. IV, P. I, p. 254, qui n'a jamais existé, et qui n'est qu'une copie fautive de celle de 1511,

etc.

5° Que l'impression de quelques actes, nommément de ceux qui ont été donnés en espagnol, a été négligemment faite en partie, au point d'être à peine intelligible : par exemple, les lois Sennorio uno et mayoria de 1252. Supplément, t. I, P. I, p. 101.

Mais, à mon avis, toutes ces observations ne sont point telles qu'elles pourraient faire désirer une nouvelle édition de tout le Corps diplomatique, et plus d'un motif s'oppose à un tel projet, en considérant que :

1o La majeure partie des documents est imprimée exactement, puisée à de bonnes sources et tellement propre au plan d'un recueil de ce genre, qu'on ne pourrait que la réimprimer en

1 Lenglet Dufresnoy, Méthode pour étudier l'histoire, t. V, p. 186, observe que surtout les copies des manuscrits de M. Dupuy, qu'il a tirées de la bibliothèque de Berlin, sont imparfaites, et de même plusieurs de celles tirées du Codex diplomatique de Leibnitz.

donnant une nouvelle édition, ou y substituer des variantes peu essentielles, et que ce serait à la fois reproduire une partie considérable de ces collections dans lesquelles les rédacteurs du Corps diplomatique ont abondamment puisé.

2o Si même on retranchait plusieurs pièces qui semblent être hors d'œuvre (ce qui toutefois devrait se faire avec beaucoup d'égards pour la diversité des goûts du public, puisque autre chose est ne pas faire entrer une pièce dans un nouvel ouvrage, autre chose la retrancher dans une nouvelle édition), néanmoins avec ce qu'il faudrait substituer ou ajouter, la nouvelle édition, même en la bornant à l'époque que renferme la précédente, deviendrait plus volumineuse que celle qui existe, et, vu le changement des prix des livres, ne pourrait peut-être pas se vendre pour le double du prix de la souscription 3, et pas même pour le prix auquel on peut ordinairement se procurer encore aujourd'hui le Corps diplomatique avec tout ce qui est censé en faire partie; que sans doute,

3o Comme le Corps diplomatique a été cité dans tant et tant d'ouvrages, toutes ces citations ne répondraient point à la nouvelle édition, et que tous les moyens qu'on voudrait employer pour y remédier auraient leurs inconvénients; que cependant, 4o La plupart des bibliothèques publiques sont aujourd'hui pourvues du Corps diplomatique, et ne seraient pas bien aises

Il me paraît que M. Lenglet Dufresnoy a jugé un peu trop sévèrement cé recueil; je ne conçois pas surtout comment il a pu dire, t. V, p. 404, que le Corps diplomatique ne valait pas mieux que le recueil de 1700.

2 En entrant dans un examen plus particulier des pièces qui composent le Corps diplomatique, on est frappé de voir combien d'entre elles ont été copiées de Lunig, de Léonard et de Rymer. C'est ainsi, par exemple, que le quatrième volume du Corps diplomatique renferme en tout (P. I-III et supp.) quatre cent quatre-vingt-dix documents, entre lesquels

164 sont copiés de Lunig (dont 155 de son Reichsarchiv);

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Dans ce calcul, on n'a pas compris ceux qui se trouvent aussi dans ces ouvrages, mais que du Mont a puisés à d'autres sources. Dans le cinquième volume, il y a, sur six cent treize documents, cent dix-neuf copiés de Lunig, Reichsarchiv, quatre-vingt-sept de Léonard, etc.

3 Par un avertissement qui se trouve à la tête du septième volume, on voit que le prix de tous les huit volumes de du Mont était, pour les souscripteurs, 90 fl. 10 s. de Hollande, et, dans les librairies, 125 fl. J'ignore le prix des suppléments, pour lesquels, je crois, il n'a pas été souscrit ; je suppose que, dans les librairies, il a été d'environ 75 fl. de Hollande: donc en tout 200 n.

d'acheter un nouvel ouvrage coûteux, dont la majeure partie serait une répétition; qu'il, semble même que le nombre des exemplaires du Corps diplomatique qui se trouve entre les mains des particuliers suffit au besoin de cette partie du public qui est à même de le posséder, vu que la rareté et le prix du Corps diplomatique ne semblent pas augmenter depuis longtemps; ce qui, si toutefois cette observation est juste 1, pourrait s'expliquer par la considération, que cette espèce d'ardeur diplomatique qui semblait enflammer le public à la fin du XVII° siècle s'est refroidie dès longtemps, et qu'en parlant des temps les plus récents, si d'un côté le nombre des gens lettrés a augmenté, de l'autre, le goût pour l'étude des sources semble avoir diminué, du moins pour cette partie; surtout depuis que les cours ont substitué les notes aux déductions.

Le seul projet qui pourrait donc entrer en ligne de compte serait de donner quelques volumes de supplément au Corps diplomatique assimilés à celui-ci (même quant à la forme extérieure). Mais celui qui voudrait s'acquitter dûment de cette tâche devrait, à mon avis:

1° Embrasser toute l'époque que renferme le Corps diplomatique, au moins depuis 800 jusqu'en 1735; je ne voudrais point que ces suppléments soient bornés aux derniers siècles; ceux qui ne sont avides que de nouveautés, ou de ce qui peut être encore immédiatement appliqué, trouveraient peut-être déjà le XVIe siècle trop reculé; mais les vrais amateurs de diplomatique voudraient sans doute voir éclairer l'histoire du moyen âge, surtout depuis l'époque des croisades par des diplômes intéressants, tels, par exemple, que tout récemment M. Sylvestre de Sacy vient de nous en donner un échantillon dans un traité du XIIIe siècle entre l'Aragon et l'Égypte, tiré des papiers du père Berthereau ;

1 Il n'est guère possible de vérifier cette observation, vu que le Corps diplomatique ne se trouve plus en feuilles chez les libraires à un prix fixe, et que le prix des ventes publiques est variable. Mais, autant que mon expérience peut me guider à cet égard, je crois pouvoir affirmer que, depuis assez longtemps, il n'est pas difficile de se procurer, en Allemagne, une édition complète et bien conditionnée pour 25 à 30 de nos louis, d'après la beauté de l'exemplaire. Or, si le prix primitif dans les librairies a été, pour les treize volumes, 200 fl., en y ajoutant pour l'histoire des traités et pour les négociations de la paix de Munster encore environ 50 florins, ces 250 florins de Hollande, répondant à peu près à 25 louis de Prusse, le prix se serait assez soutenu depuis le commencement,

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