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rienne fut confié au duc de Longueville, qui eut sous ses ordres du Hallier, lieutenant général; le vicomte de Turenne et le comte de Guébriant, comme maréchaux

de camp.

Guébriant, général en chef de l'armée française sur le Rhin, attaqua, le 17 janvier 1642, le général Lamboy dans ses retranchements de Kempen, dans l'archevêché de Cologne, et y remporta une victoire complète, qui lui valut le bâton de maréchal de France.

En 1643, le maréchal fit la guerre en Souabe, et entreprit le siége de Rothweil; il s'en rendit maître le 19 novembre, après y avoir perdu beaucoup de monde. Mais il avait été lui-même atteint d'un projectile, et il mourut des suites de ses blessures, le 24 novembre.

L'armée, qui avait été sous ses ordres, entra en quartiers à Duttlingen, où elle se laissa surprendre par les généraux Hatzfeld, Mercy et Jean de Werth. Les Français perdirent dans cette affaire beaucoup de monde; tous les officiers généraux furent faits prisonniers1. Turenne, qui venait d'être créé maréchal de France, prit alors le commandement des débris de cette armée; et, renforcé par le duc d'Enghien, il marcha, en 1644, contre le général Mercy, qui venait de se rendre maître de Fribourg. Il y eut devant cette ville trois actions vives et meurtrières, les 3, 5 et 9 août. Les Français forcèrent les ennemis jusque dans leurs derniers retranchements, derrière Fribourg, et s'emparèrent de leur camp, de leurs canons et bagages.

Le 5 mai 1645, Turenne se laissa surprendre par le général Mercy, dans ses quartiers de Mergentheim ou Mariendal en Franconie. Il fit cependant une vigoureuse résistance; mais le célèbre Jean de Werth étant

Histoire du maréchal de Guébriant, p. 730.

venu seconder les efforts du général bavarois, Turenne fut obligé de faire sa retraite; les bagages et les munitions de guerre furent la proie du vainqueur.

Turenne, réuni ensuite au duc d'Enghien, répara complétement l'échec de Mariendal par la victoire signalée qu'il remporta, le 3 août suivant, sur les Bavarois, près d'Allersheim, dans la principauté d'OEttingen, aux environs de Nordlingue. L'action fut extrêmement vive; l'aile droite des Français plia, et le maréchal de Grammont fut fait prisonnier; mais le comte de Gelehn ayant été trop ardent à poursuivre les fuyards, la victoire se décida en faveur du duc d'Enghien. Cette bataille coûta la vie au général Mercy; et le duc d'Enghien y fut blessé.

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Les Suédois furent successivement commandés par Banner, Torstenson et Wrangel, tous les trois élèves de Gustave-Adolphe.

Banner défit, le 4 octobre 1636, les Impériaux réunis aux Saxons, près de Witstock, dans la marche de Priegnitz, et ravagea ensuite toute la Misnie.

En 1637, les Impériaux, forts de plus de quarante mille hommes, marchèrent contre ce général, qui s'était retranché près de Torgau, n'ayant que quatorze mille hommes à leur opposer. Il se tira de cette situation critique avec une adresse admirable. Sa retraite de la Saxe en Poméranie, qu'il exécuta en traversant deux grands fleuves, l'Elbe et l'Oder, continuellement poursuivi par une armée infiniment supérieure à la sienne, est regardée comme un fait extrêmement glorieux1.

Le 14 avril 1639, le même général remporta, près de

! PUFFENDORF, de rebus Suecicis, lib. IX, § 2.

Chemnitz, sur les Impériaux et les Saxons, une victoire décisive à la suite de laquelle il entra dans la Bohême et ravagea ce royaume; mais les renforts qui arrivèrent aux ennemis l'obligèrent, au mois d'avril 1640, de faire sa retraite en Misnie. Dans cette retraite, le général Brédau mit en déroute neuf régiments suédois, commandés par le général Wittemberg. L'affaire eut lieu près de Plauen. Le colonel Rosa, de l'armée weimarienne, répara cet échec au mois de novembre suivant, par la défaite du général Brédau, près de Ziegenhayn. Brédau fut tué dans cette affaire.

Au commencement de l'année 1641, et au plus fort de l'hiver, Banner forma une entreprise sur Ratisbonne où l'empereur venait d'assembler une diète, dans l'espoir d'y traiter de la paix avec les États de l'Empire, à l'exclusion des puissances étrangères. Banner, voulant disperser la diète, profita du grand froid pour attaquer la ville, après avoir passé le Danube sur la glace. A cet effet, il opéra sa jonction avec le comte de Guébriant, qui commandait l'armée de Weimar, et marcha avec tant de diligence, qu'il faillit surprendre l'empereur à la chasse. Un dégel étant survenu, Banner fit sa retraite, après avoir bombardé la ville de Ratisbonne.

L'empereur, irrité de cet affront, rassembla dans la plus grande hâte toutes ses troupes, et les envoya à la poursuite de l'ennemi. Banner, obligé de précipiter sa retraite, laissa trois régiments en arrière; avec le reste de son armée, il traversa la Bohême, et arriva dans la Misnie en treize jours. Rien de si difficile que la marche de ce général à travers un pays ennemi, et dans une aussi rude saison. Embarrassé par les neiges et les marais, il était continuellement harcelé par un corps de dix mille chevaux; et Piccolomini le suivait de près avec toute son armée.

Cet habile général ne jouit pas longtemps de la gloire dont cette retraite l'avait couvert. Il mourut à Halberstadt, à la fin du mois de mai 1641, à l'âge de quarante-cinq ans.

Immédiatement après sa mort, les troupes suédoises qu'il avait commandées se réunirent à l'armée weimarienne, qui était sous les ordres de Guébriant ; celui-ci marcha contre les Impériaux que l'archiduc Léopold - Guillaume et Piccolomini avaient conduits jusqu'aux environs de Wolfenbüttel, et les défit près de cette ville, le 29 juin 1644. Une circonstance de cette action, qui mérite d'être rapportée, c'est que les Suédois, pour s'exciter au combat, placèrent au milieu de leurs rangs le corps inanimé de Banner, qu'ils ne pouvaient abandonner sans se déshonorer.

Torstenson arriva de la Suède pour prendre le commandement de l'armée suédoise. Ce général se montra supérieur à son devancier, par la hardiesse de ses plans et par l'activité et l'intelligence qu'il mit dans leur exécution. Dès l'entrée de la campagne de 1642, il pénétra dans la Silésie pour entreprendre le siége de Schweidnitz. Le duc de Saxe-Lauembourg s'étant avancé à la tête de l'armée impériale, il lui livra bataille devant cette ville, le 31 mai 1642, le battit et le fit prisonnier, ainsi que tous les généraux de l'armée ennemie. Le duc mourut de ses blessures, et Schweidnitz se rendit trois jours après l'action. Torstenson se porta ensuite dans la Moravie, prit Olmütz, capitale de cette province, et continua à faire la guerre en Silésie; mais n'ayant pu réussir à engager au combat les généraux impériaux, qui se bornaient sagement à le tenir dans l'inaction, il tomba sur la Misnie, et assiégea Leipzick.

'PUFFENDORF, lib. XIII, § 24. -Histoire de Guébriant, p. 344.

L'armée impériale s'étant rapprochée sous les ordres de l'archiduc Léopold-Guillaume et de Piccolomini, il se donna, le 2 novembre 1642, devant cette ville, une sanglante bataille; les Impériaux perdirent beaucoup de monde et tous les bagages de l'armée, avec quarante-six pièces de canon. Leipzig ouvrit ses portes au vainqueur, le 5 décembre suivant.

En 1643, Torstenson marcha dans la Bohême contre Gallas, qui commandait l'armée impériale. Ce dernier ayant évité soigneusement toute action décisive, le général suédois rentra dans la Moravie. Pendant qu'il s'y arrêtait, il reçut de la cour de Suède l'ordre de porter la guerre dans le Danemark. Il sort alors brusquement de la Moravie, et traverse, avec une célérité inouïe, la Silésie, la Lusace, la Misnie et la marche de Brandebourg, continuellement poursuivi par le général Gallas, qu'il trompa par de faux bruits.

Torstenson conquit le Holstein avec une étonnante rapidité, et jeta l'épouvante dans tout le Danemark. Gallas, dans le cours de la campagne de 1644, avait établi son camp à Oldeslo dans la Wagrie, comptant retenir Torstenson dans la Péninsule, et affamer son armée; mais ce général n'eut pas plutôt soumis le Danemark qu'il rassembla ses troupes du côté de Rendsbourg et qu'il vint offrir la bataille à Gallas. Celui-ci l'ayant refusée, il défila sous ses retranchements, le devança, et prit de telles mesures, du côté de Bernbourg, sur la Sale, qu'il réussit à enfermer à son tour Gallas, qui, ainsi enveloppé, eut à souffrir des cruels ravages de la famine. Enfin, ce général s'étant avancé à Magdebourg, et ayant fait un effort pour sauver du moins sa cavalerie, Torstenson la joignit, le 23 novembre 1644, à Niemeck, près de Jüt

'PUFFENDORF, lib. XIV, §§ 25 et 26.

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