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1515-1556.

DEUXIÈME ÉPOQUE.

L'avénement de Charles-Quint au trône décide la prépondérance de l'Espagne. Pendant trente ans, Charles et François Ier occupent l'Europe de leurs sanglants démêlés; quatre fois la lutte s'engage, mais Charles triomphe toujours de son rival. Le siècle éblouissant des Médicis réfléchit sur l'Espagne une partie de son éclat.

La Réformátion paraît d'abord la favoriser; elle lui oppose ensuite en Allemagne une heureuse résistance; elle ne s'introduit en Suède et en Danemark que pour lui préparer des ennemis redoutables; en Angleterre, elle lui enlève un allié, qui n'était pas son allié naturel, mais ne lui était pas moins utile.

TROISIÈME ÉPOQUE.

1556-1598. Lors de l'abdication de CharlesQuint, et surtout au moment de la paix de CateauCambrésis (1559), l'Espagne est à l'apogée de sa puissance. Philippe II domine en Europe; les guerres civiles et religieuses de la France, la révolution que le gouvernement espagnol veut opérer dans les PaysBas, et la guerre qu'il fait en Angleterre devaient assurer l'extension et la durée de la domination de l'Espagne; mais ces événements se tournent contre elle et amènent sa décadence. Les efforts réunis de Henri IV, de Guillaume d'Orange et d'Élisabeth triomphent de la politique et des armes de Philippe.

QUATRIÈME ÉPOQUE.

1598-1616.- La France, soutenue par le développement intérieur de ses forces, avance à grands pas dans la route de la puissance. La mort de Henri IV

l'arrête dans sa marche, et les vastes projets que formait ce prince généreux s'éteignent avec lui. L'état de toutes les puissances de l'Europe, et surtout celui de l'Allemagne, annoncent de grands événements. L'alliance des deux branches de la maison d'Autriche amène de nouveaux dangers; la lutte va s'engager, et les armes décideront si la maison d'Autriche se relèvera plus puissante, ou si la France sauvera la liberté religieuse et politique de l'Empire.

C'est principalement dans cette période que se montrent les premières formes et le caractère déterminé de la Diplomatie. Les ambassades devenues permanentes, il fallut créer un cérémonial des cours, un protocole ministériel, régler les préséances, assurer le secret de la correspondance par l'invention du chiffre, et établir dans chaque État une administration pour diriger les ambassades; de là, ce département appelé secrétairerie des affaires étrangères. Les transactions politiques, plus réfléchies, mieux discutées, furent conduites avec tout le soin qui pouvait prévenir les fausses interprétations. On donna plus de force aux garanties par des précautions nouvelles; ainsi, aux serments religieux, à la soumission, aux censures de l'Église, on ajouta le scellé des grands vassaux, des seigneurs et des villes principales, qui, institués conservateurs de la foi des traités, s'engageaient à ne plus reconnaître - leur propre souverain, et même à prendre les armes contre lui s'il venait à en décliner l'exécution. Les papes, qui, durant plusieurs siècles, avaient été appelés à être arbitres et garants des traités, voulurent convertir cette déférence en un devoir; mais les souverains, redoutant un pouvoir qui n'avait plus de bornes, substituèrent aux garanties pontificales celles

des laïques; et les schismes, ébranlant encore le respect envers la cour romaine, elle ne put désormais se rendre imposante que par l'ascendant de la vertu. Mais on doit réellement fixer le point de départ de l'ère diplomatique moderne à Henri IV. Tout ce qui existait des formes et des usages fut manifestement perfectionné sous son règne, auquel appartiennent les meilleurs négociateurs, d'Ossat, Jeannin, Villeroi, Bellièvre, Silleri, Bouillon, Sancy, Sully et d'autres. Des instructions furent dressées par des ministres qui avaient étudié les hommes et les affaires à l'école des révolutions. Et une circonstance bien digne de remarque, c'est que les passions haineuses qu'avaient engendrées les discordes civiles n'avaient point pénétré dans les actes ou les correspondances du cabinet. Les dépêches, et surtout celles du ministère de Henri IV, sont en général écrites avec une sagacité, une prudence et une candeur qui les font envisager comme les meilleurs modèles en ce genre; ce qu'on y découvre toujours, c'est l'esprit de conciliation, c'est le noble désir de faire prévaloir les moyens de persuasion. C'était là, en effet, un des principaux ressorts de la politique de Henri IV; c'est lui qui véritablement créa le système des médiations.

DEUXIÈME PÉRIODE

(MILITAIRE ET COMMERCIALE)

1618-1718.

La guerre opiniâtre qui, depuis le commencement du xvi siècle, ravageait l'Allemagne, entraîna dans son tourbillon presque toute l'Europe. Jusque-là les royaumes du Nord, encore trop occupés de leurs querelles particulières pour contracter des alliances solides.

dans le Midi, avaient continué à faire un monde à part. La politique lia enfin les affaires du Nord à celles du Midi, et le ministère du cardinal de Richelieu est l'époque de cette révolution. La France applaudit en secret à l'élévation de l'électeur palatin Frédéric V; elle excite le Danemark et la Suède à défendre la religion protestante; Richelieu, appelé au ministère en 1624, reprend le système de Henri IV; il fait connaître par ses actions et par quelques paroles échappées à sa discrétion ordinaire, que le colosse de la maison d'Autriche ne devait pas être regardé d'un œil indifférent; cette pensée dirige la politique de la France. La paix de Westphalie (1648), qu'on a nommée le code des nations, lui donne une influence décisive, et la paix des Pyrénées lui assure le premier rang. La France acquiert une force qui la rend dominatrice en Europe. Le génie de Colbert active le développement des éléments de sa puissance, Louis XIV la déploie tout entière. A la paix de Nimègue elle est à son plus haut degré d'élévation. Déjà elle menace la liberté générale et abuse de sa supériorité. Le génie de Guillaume d'Orange, la révolution qui le place sur le trône d'Angleterre, et la ligue d'Augsbourg entravent et arrêtent l'ambition de la France. A Ryswyk, elle ne dicte plus la loi; à Utrecht, elle conclut encore une paix avantageuse, mais elle est affaiblie; elle possède de grandes ressources, mais elle n'est plus prépondérante.

On peut rapporter à quatre époques les faits généraux de cette période essentiellement militaire et commerciale.

PREMIÈRE ÉPOQUE.

1618-1648.-L'électeur palatin, Frédéric V, enlève la Bohême à Ferdinand II, chef de l'union protestante,

gendre du roi d'Angleterre il semble avoir en main tous les moyens de calmer le pays; mais il ne sait profiter d'aucune de ces ressources, il est frappé d'un acte de bannissement, et perd tout à la fois sa couronne et ses États héréditaires. Ferdinand II triomphe, et l'Allemagne paraît asservie. Le roi de Danemark, Christian IV, s'engage dans la querelle; il échoue: L'antique constitution germanique ne sera bientôt plus qu'un fantôme, la liberté générale de l'Europe est menacée. Mais des événements imprévus vont changer la face des affaires et sauver l'équilibre. La Suède possède un héros, et la France un ministre, dont le génie est au niveau des circonstances. A l'instigation de Richelieu, Gustave-Adolphe se montre sur le théâtre de la guerre, et ses victoires font trembler la maison d'Autriche. La France prend une part active aux hostilités; elle repousse les armées qui s'étaient avancées jusqu'à la capitale, et reporte la guerre sur le territoire autrichien. Cependant le congrès de Munster se réunit; il a une tâche immense à remplir; il doit assurer l'existence indépendante de tous les États de l'Europe, rétablir les lois et la liberté de l'empire germanique, fixer le sort des protestants, et dédommager la France et la Suède de leurs sacrifices; la paix de Westphalie satisfait à tous ces desseins et sert de base à la grandeur de la France.

1648-1660.

DEUXIÈME ÉPOQUE.

L'Angleterre, favorisée qu'elle est toujours par sa position géographique, et occupée d'ailleurs par les divisions intérieures et par toutes les calamités de la guerre civile, n'avait point paru sur la scène politique. Le génie profond et audacieux de Cromwell jette le fondement de la puissance britan

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