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sociation de l'individu avec le parti auquel il tient. Je sais que ce moyen ne va pas loin, parce que tous les individus se connoissent les uns les autrés; mais il n'en est pas de même par rapport au public qui les écoute, et qui est dérouté quand il est appelé à juger l'Orateur sur ce qu'il dit, et non sur la place d'où il parle.

On peut objecter que c'est une gêne, et que cette gêne peut priver l'Assemblée des lumières d'un honime timide qui craint de se mettre en scène d'une manière trop marquée.

On peut dire qu'il en résulteroit une perte de temps, si, pour un seul mot à dire, une courte explication, un rappel à l'ordre, il falloit traverser la salle, et se rendre à la tribune.

Ces deux objections ont bien peu de valeur. La première suppose un degré de timidité qui est bientôt surmonté par l'babitude. Un homme exercé parle d'une place comme d'une autre. Il parle mieux où il est mieux entendu. Il parle plus librement où il parle avec moins d'effort.

Pour les courtes explications, le Président peut permettre à un Membre de les faire sans se déplacer. Ce sont des minuties sur lesquelles il se forme bientôt une 1outine de détail.

Les deux Chambres du Parlement Britanni que n'ont point de tribune, et il n'en résulte aucun inconvénient grave. Toutefois il faut observer que ces Assemblées sont rarement nombreuses, qu'il y a peu d'orateurs habituels, et que ceux-ci occupent presque toujours les mêmes places. Mais quand un Membre veut parler d'un siége éloigné, il parle avec un dé¬ savantage manifeste, il est moins entendu de l'Assemblée, et souvent point du tout de la galerie. Il est peu de débats importants où les rapporteurs des papiers publics ne soient réduits à supprimer la mention de quelque discours dont il n'est parvenu jusqu'à eux que des sons épars et des phrases rompues,

CHAPITRE XXXII.

DU COSTUME.

L'ÉTABLISSEMI

'ÉTABLISSEMENT d'un costume pour les Membres, durant les heures des séances, est un de ces points sur lesquels il ne conviendroit pas de heurter des habitudes nationales; l'objet n'est pas toutefois aussi peu important qu'on pourroit le croire au premier aspect.

1.° Le costume sert à distinguer les députés d'avec les spectateurs: il peut prévenir une usurpation de privilége.

2.° La robe peut remplir le but d'une loi somptuaire, sans en avoir la rigueur. Cette égalité apparente défend l'homme de mérite pauvre d'une comparaison désavantageuse avec le faste de la fortune.

3.o Le costume tend d'une autre manière à mettre les individus de niveau, en diminuant les désavantages de ceux qui ont à lutter contre quelque défaut corporel.

4. Il produit une certaine impression de respect sur les spectateurs, et place les Membres eux-mêmes dans une situation plus distingnée deux causes qui tendent également à maintenir l'ordre, et à inspirer les bienséances.

5. Dans le cours d'un débat où les partis se balancent et où l'on peut craindre l'intrigue et la corruption, le costume peut servir à éclairer les démarches des Membres, à signaler ce qui se passe autour d'eux. Toute communication avec eux devient plus manifeste et attire l'attention publique. Ce moyen, je le sens, n'est pas d'une grande force; mais si l'on peut, sans inconvénient, mettre un grain de plus dans la balance de la probité, il ne faut pas le négliger. 6. Dans un tumulte populaire tel que toute Assemblée politique est exposée à en voir naître autour d'elle, un habit qui annonce la dignité de celui qui le porte, peut disposer le peuple au respect, et donner aux Membres plus d'influence pour calmer l'orage.

7.° Si le tumulte s'élève au point de menacer personnellement quelques Membres de l'Assemblée, le simple acte de poser leur signalement peut favoriser leur retraite. Le Chancelier Jefferies, ce Juge si fameux sous Jaques II, par ses arrêts sanguinaires, réussit, en quittant les marques de sa dignité, à éluder, pour quelque temps, les fureurs de la populace.

Ces diverses raisons ne sont pas également applicables à toutes les assentblées politiques.

N.

CHAPITRE XXXII.

DE L'ADMISSION DES ÉTrangers.

ous avons vu dans le chapitre de la Publicité les raisons pour admettre une certaine portion du public aux séances de l'Assemblée, et nous avons indiqué les cas d'exception. Le nombre admis doit être aussi grand que possible, sans nuire à la facilité de parler et d'entendre: ɔonsidération majeurequi réduit la salle à des dimensions beaucoup plus petites qu'un théâtre ordinaire, car on ne peut pas exiger d'un Député du peuple la force de voix et la déclamation d'un acteur.

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L'expérience de la France a fait voir d'autres dangers dans un nombre de spectateurs égal ou supérieur à celui de l'Assemblée. Il est vrai que ces dangers auroient pu être prévenus par une police sévère, mais cette police est plus difficile à maintenir à proportion que le nombre est plus grand. D'ailleurs, il est des hommes qui s'énivrent de la popularité du moment; ils s'occuperoient plus de l'audience que de l'Assemblée, et la discussion pourroit prendre une tournure plus favorable aux mouvements oratoires qu'aux preuves logiques.

« EelmineJätka »