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DEPOT DE PROJETS DE LOIS

M. le président. La parole est à M. le ministre des finances pour le dépôt de projets de lois.

M. Rouvier, ministre des finances. J'ai l'honneur de déposer sur le bureau du Sé-| nat deux projets de lois adoptés par la Chambre des députés:

Le 1er, autorisant le Gouvernement à approuver par décret la prorogation de surtaxes d'octroi et du droit d'entrée de banlieue dans le département de la Seine;

Le 2o concernant : 1o la régularisation de décrets rendus en conseil d'Etat qui ont ouvert des crédits sur l'exercice 1890; 2o la régularisation de décrets qui ont ouvert des crédits sur l'exercice 1890 au titre des budgets annexes des monnaies et médailles et des chemins de fer de l'Etat; 3° l'ouverture et l'annulation de crédits sur l'exercice 1890; 4° l'ouverture de crédits spéciaux d'exercices clos et périmés: 5° l'ouverture de crédits au titre des budgets

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« Chap. 59. clos. Mémoire. »

--

« Chap. 60. — Rappels de dépenses payables sur revues antérieures à l'exercice 1891 et non frappées de déchéance. Mémoire. »>

2o section.

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« Chap. 14. 15,200,000 fr.» Chap. 15.

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5 millions. >>

Dépenses extraordinaires (40 partie).

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Equipages de campagne, (Adopté.)

Armement des places, (Adopté.)

<< Chap. 16. Armement des côtes, 5,500,000 fr.» (Adopté.)

<< Chap. 17.- Equipages de siège, 6,850,000 francs.»- (Adopté.)

« Chap. 18.-Armes portatives, 24,460,000 francs.»- (Adopté.)

«Chap. 19. Munitions, 4,970,000 fr. » — (Adopté.)

« Chap. 20. Dépenses diverses, 400,000 francs. » (Adopté.) « Chap. 20`bis. Bâtiments et machines, 1,700,000 fr.» (Adopté.)

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<< Chap. 21. Places de la frontière du Nord, 1,000,000 fr. » — (Adopté.) Chap. 22. Frontière de l'Est, 8,200,000 francs. >> (Adopté.)

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<< Chap. 23. Places de la frontière du sud-est, 3,000,000 fr. » - (Adopté.) << Chap. 24. Ports et embouchures, 4,000,000 fr. » - · (Adopté.)

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Chap. 25. Magasins à poudre, 6 millions 365,000 fr. »> - (Adopté.) << Chap. 26. Améliorations, procès, transports, 403,000 fr.» (Adopté.) << Chap. 27. Bâtiments militaires, 1,615,000 fr. » (Adopté.)

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Chap. 28. Chemins de fer, 2,960,000 francs.»- (Adopté.)

« Chap. 29. Service de santé, 955,000 francs. » - (Adopté.)

((

Chap. 30.

--

Subsistances. »

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M. le président. Je vais consulter le Sénat.

M. Audren de Kerdrel. Vous m'avez, messieurs, habitué à votre bienveillance et véritablement je serais heureux d'en avoir encore une preuve.

M. le président. Je consulte le Sénat sur le renvoi de la discussion; le Sénat fixera ensuite le jour de sa prochaine séance.

(Après une première épreuve déclarée douteuse, le Sénat décide, par assis et levé, que la séance continue.)

M. le président. La parole est à M. Audren de Kerdrel. (Bruit.)

Veuillez, je vous prie, messieurs, faire silence. Le Sénat vient de décider que la séance continuerait, vous devez écouter l'orateur.

M. Buffet. Ceux qui ont voté la continuation de la discussion quittent la salle!

M. Audren de Kerdrel. Messieurs, je tiens tout d'abord à constater qu'un grand nombre de nos collègues qui me condamnent à parler tout de suite sont déjà partis de la salle.

Quoi qu'il en soit, je ne connais qu'une chose vis-à-vis d'une majorité à laquelle je n'ai pas l'honneur d'appartenir, mais qui a toujours été bienveillante pour moi, c'est l'obéissance : j'obéis.

Si je prends la parole au moment où le budget du ministère de la marine vous est

« Chap. 31. Télégraphie militaire et soumis, et avant que l'on ait mis aux voix

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<< Chap. 40. clos. Mémoire. »> M. le président. « Ministère de la marlne... »

Dépenses des exercices

Plusieurs sénateurs à droite. A demain ! à lundi!

Voix nombreuses à gauche. Non! non! continuons!

M. le rapporteur général. Je demande la parole.

M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.

M. le rapporteur général. Messieurs, la commission des finances, d'accord avec le Gouvernement, vous prie de vouloir bien continuer la discussion. Il n'est pas encore six heures, et nous avons une série de ministères dont les dépenses peuvent être votées; il n'y a pas d'amendements,

le premier chapitre de ce budget, veuillez bien n'en pas conclure que je vais me livrer à une discussion générale. Cette discussion a eu lieu à la Chambre des députés avec des développements qu'elle n'avait jamais eus dans cette enceinte, ni dans aucune autre peut-être.

Le budget de la marine a été l'objet de critiques je pourrais dire d'attaques multipliées et vives de la part de l'honorable rapporteur spécial, M. Gerville-Réache et de la part de l'amiral Vallon, fidèle écho d'un ancien ministre que j'ai combattu avec trop de vivacité quand il était au pouvoir, pour renouveler aujourd'hui mes attaques, d'autant plus que, dans une circonsiance - je vous demande pardon de cette confidence - que dans une circonstance absolument étrangère à nos débats, l'amiral auquel je fais allusion s'est montré avec moi d'une parfaite courtoisie.

Après ces attaques, sont venues les réponses. M. le ministre de la marine et son éminent collaborateur, le directeur de la comptabilité générale, M. Fournier, ont, tout en acceptant un certain nombre des critiques dirigées contre la marine, réduit la plupart à leur juste valeur. Avant M. le ministre de la marine et son collaborateur, on avait entendu des députés des ports qui avaient dit certainement d'excellentes choses; mais, qu'ils me permettent cette observation, ils en ont trop dit, ils ont trop embrassé, empiétant sur le rôle du ministre qui, du reste, n'a pas failli à sa tâche.

On attendait le ministre, et ces députés n'ont peut-être pas été écoutés comme ils le méritaient. Je tâcherai de ne pas suivre leur exemple; je serai court, je me restreindrai, je ne parlerai que d'une question uni

que la spécialisation des ports et j'espère, messieurs, grâce à cette manière de faire, obtenir cette attention que je sollicite rarement, mais à laquelle vous m'avez habitué. (Très bien! Parlez !)

En lisant le discours de l'honorable rapporteur, M. Gerville-Réache, et celui de Famiral Vallon, je faisais une triste réflexion; je me disais: Comme nous sommes légers en France, comme nous passons facilement de la sympathie, de fad miration, de l'enthousiasme même à l'extrême contraire, aux critiques les plus acerbes, au désenchantement, au dénigrement.

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Le système était tellement radical, tellement, laissez-moi dire le mot, absurde, qu'on a imaginé un système atténué, et on prononça pour la première fois le mot de spécialisation des ports. Le mot est un peu nouveau et l'idée qu'il représente est un peu vague; je voudrais arriver à la préciser.

Après la guerre, dans laquelle les marins s'étaient montrés aussi remarquables par leur discipline que par leur courage, on ne La spécialisation des ports existe déjà, parlait que des marins, il n'y en avait que dans une certaine mesure; il y a des ports pour les marins; ils étaient, entre tous, po- où l'on construit beaucoup et où le mouvepulaires, et leur popularité avait rejailli surment naval est très faible, où l'on désarme fa marine tout entière. Si, dans ces cir- très peu, où l'on n'arme guère que les naconstances favorables, on avait demandé vires qui sont construits dans ce port. au Parlement, à l'unique Chambre qui existait alors, si on avait demandé pour la flotte, pour nos ports, pour nos côtes, en un mot pour la marine, ce qui lui était essentiel, on eût tout obtenu.

-

Malheureusement, le ministre d'alors, dont je ne veux pas dire de mal, car je n'en pense que du bien, un vieux camarade de collège resté mon ami, l'amiral Pothuau, brave entre tous les braves, il y a ici des témoins de sa bravoure, mon ami, l'amiral Veron, - l'amiral Pothuau avait un défaut qu'ont quelquefois les héros, car c'était un héros. (Marques d'approbation.)

Autant il était intrépide sur le champ de bataille, autant, en dehors du combat, il était réservé et timide. Effrayé de l'immensité des crédits que demandait son collègue du ministère de la guerre, crédits hélas! trop justifiés, il ne demanda pas ce qui était indispensable à la marine, et même il consentit à une importante diminution des cadres. Ce fut de sa part l'abnégation du patriotisme, mais ce fut une erreur. Erreur, messieurs, qui eut cette conséquence, qu'il rendit la succession du ministère de La marine difficile. L'heure de l'enthousiasme était passée, l'heure de marchander était venue; alors, pour justifier de regrettables économies, on voulut trouver à cette marine, qu'on avait vue un instant à travers un prisme si flatteur, des défauts sans nombre on trouva mauvaise l'administration, mauvaise la comptabilité, mauvaise l'inspection, mauvaise la caisse des invalides, mauvaise l'exécution des travaux dans les ports, mauvaise leur organisation, en un mot, tout mauvais.

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Au contraire, il y a des ports où le mouvement naval est considérable et où la construction, numériquement parlant, est inférieure à celle des autres ports dont je viens de parler.

C'est bien là de la spécialisation ou je n'y entends rien.

Cette spécialisation, on l'a accentuée et je n'ose pas dire aggravée, bien que ce soit mon opinion, par une mesure qui remonte à un accident arrivé à un de nos cuirassés dans une passe du port que j'ai l'honneur de représenter, accident dû à l'erreur d'un pilote et qui ne serait plus possible aujourd'hui en raison des changements qu'ont subi les feux. A la suite de cet accident, les grands cuirassés construits à Lorient ainsi que ceux construits à Rochefort, vont faire leurs grands essais à Brest.

Il y a, et je dis ceci pour ceux de nos collègues qui sont peu au courant des choses de la marine, il y a deux essais : l'essai sur place, l'essai à la machine; puis l'essai à la mer. Le grand essai qui a pour but de se rendre compte des qualités ou des défauts nautiques du bâtiment et surtout d'apprécier sa vitesse; pour y arriver, certaines lignes qu'on appelle des bases sont mesurées et indiquées à ces navires, qui doivent les suivre. Eh bien, dans l'opinion de beaucoup de marins, les bases de Brest sont moins favorables pour les expériences de vitesse pour arriver à la constatation du maximum, chose fort importante.

J'ajoute que, quand le Hoche, par exemple, cet admirable cuirassé qui a été lancé il y a quelques mois à Lorient, est arrivé tout armé à Brest pour faire ses grands J'ai prononcé le mot d'organisation des essais, il y a trouvé beaucoup d'autres bâports. On voulut alors, puisqu'on trouvait timents qui s'acheminaient, eux aussi, mauvaise cette organisation, la changer. vers les grands essais ou qui les avaient On ne parla pas moins, tout d'abord, que de commencés: bâtiments construits à Brest, supprimer deux ports. Nous en avons trois bâtiments de l'industrie privée; il y avait sur le golfe de Gascogne, et le port de Brest encombrement. Il n'y a pas, messieurs, un est presque à l'entrée de la Manche; il s'a- nombre indéfini d'ouvriers. Les ingénieurs gissait de supprimer deux ports: celui de du port de Brest ont peut-être un amour Lorient et celui de Rochefort. Il reste un peu paternel pour leurs constructions; Bayonne. Mais, Bayonne, n'est pas un port il en résulte que les essais du Hoche, qui, de guerre; on n'y trouve pas l'outillage né-à Lorient, ont absorbé toutes les préoccucessaire pour réparer les navires maltraités pations, tous les efforts de l'arsenal, ont par la tempête. Donc, sur tout ce littoral, été retardés de moitié. J'oubliais tout à qui a à peu près deux cents lieues de lon- l'heure, en parlant des bases de Brest dans gueur, si ce n'est davantage, vous n'auriez la baie de Douarnenez, de mentionner les en qu'un seul port, brumes qui règnent presque toujours dans les parages de Brest, même dans la belle saison, et qui sont inconnues dans ceux de

Ces ports de refuge, de réparations, ce sont les hôpitaux de nos navires qui sont, eux aussi, souvent des blessés.

Et quand vous n'auriez eu que ce port, ce port unique de Brest pour réparer les navires endommagés par la tempête, et encore je ne me place ici qu'au point de vue du temps de paix, mais quand on parle de flotte, il faut penser à la guerre, car une flotte n'est pas faite pour la parade mais bien pour le combat; - quand les navires

Lorient.

Voilà, messieurs, un genre de spécialisation. Il y en a d'autres. On a proposé et je crois que l'expérience a été tentée à Toulon-de se borner à des réparations que le voisinage de l'escadre de la Méditerranée rend dans ce port plus fréquentes que partout ailleurs; et il est arrivé qu'un beau jour les ouvriers n'ont eu qu'à se croiser les

bras. Si, dans d'autres ports, usant du pro cédé inverse, on n'eût fait que du neuf, on fût arrivé quelquefois au même résultat; les ouvriers eussent été sans occupation.

La conclusion fut qu'il fallait dans tous les ports des constructions neuves et des réparations; un ouvrier du reste n'est complet que quand il a fait de l'un et de l'autre, en un mot, comme on dit, tout ce qui concerne son état; et j'en reviens encore à mon point de vue de tout à l'heure, la guerre.

En guerre, on ne construit pas beaucoup de neuf; si l'on peut en faire un peu cependant, quand on est à l'abri de l'ennemi, ce n'est pas à dédaigner, mais on doit surtout pouvoir réparer partout, car partout il y a des navires mutilés, partout il y a des navires à réparer.

Il y a un autre mode de spécialisation,celui-là serait plus acceptable; il consiste à construire des navires d'un grand tonnage dans certains ports et des navires d'un tonnage moindre dans d'autres. Je crois, messieurs, que, si cette distinction est raisonnable, il n'est pas à souhaiter qu'elle passe dans les faits. Ce qui est à souhaiter, à mes yeux, c'est que les difficultés qui empêcheraient de mettre tous nos ports sur la même ligne au point de vue des constructions neuves, des constructions de grands navires, que ces difficultés, disje, disparaissent.

Ah! je sais qu'il y a là une source de grosses dépenses dont M. de Mahy, dans un discours patriotique, indiquait la nécessité. Mais aussi, quels admirables résultats on obtiendrait! La petite rade de Lorient, débarrassée de ses vases, deviendrait un vaste bassin à flot. Lorient, du reste, dans son état actuel, arme les plus grands cuirassés; mais Rochefort est moins favorisé. Si l'on aplanissait complètement les seuils de la Charente...

L'amiral Peyron. Il faudrait pour cela trois millions seulement.

M. Audren de Kerdrel. Je remercie l'amiral Peyron de l'appui qu'il me prête avec une autorité qui me fait défaut. Si l'on creusait, dis-je, par un plus grand effort, un canal latéral au fleuve, Rochefort, situé à trois lieues dans les terres et complètement à l'abri du feu de l'ennemi, deviendrait le premier port de France et peut-être d'Europe.

Voilà donc trois genres de spécialisation. Il en est un quatrième : c'est celui qui consiste à séparer les armements des constructions. Si ce système n'avait été admis que par des esprits théoriques, un peu enclins à la chimère, je ne m'y arrêterais pas et je ne serais pas à la tribune. Mais M. le ministre de la marine, après avoir cité avec une apparente adhésion l'opinion de l'amiral de Gueydon, à laquelle cette fameuse commission de la marine qui avait d'abord songé à séparer les armements des constructions avait fini par se rallier, M. le ministre, dis-je, après avoir semblé adhérer à l'opinion de l'amiral de Gueydon, a ajouté ces quelques mots : « Je dois dire que ce n'est pas là tout à fait ma manière de voir. » Si ce ne sont pas textuellement les paroles de l'honorable ministre, je n'en dénature toujours pas le sens.

Il y a dans ces paroles quelque chose d'indéterminé, de vague, qui m'a un peu inquiété. Je dis un peu, car il est diffcile qu'un homme d'un esprit aussi pratique, qu'un ancien officier de marine aussi expérimenté que l'honorable M. Barbey puisse avoir l'idée de séparer la construc tion de l'armement.

Quant à moi, je vais vous dire en quelques mots quelles sont mes raisons pour rejeter absolument ce système.

Vous construisez un bâtiment, non pas un petit bâtiment, un bâtiment de 10 ou

11,000 tonneaux; ce bâtiment serait seulement construit, je suppose, dans le port de Lorient ou de Rochefort et il devrait aller armer à Brest.

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plus ce que je peux appeler la famille maritime, famille qui se perpétue de génération en génération, car nos marins envoient leurs enfants à l'école des pupilles, à l'école des mousses.

Ce que je vous dirais de la maistrance, messieurs, vous convaincrait bien mieux encore de la nécessité de garder les divisions.

Mais, messieurs, pour qui connaît un peu la marine, remorquer une masse pareille à travers des courants nombreux et forts, ce serait un danger énorme pour le remorqueur et pour le remorqué, et plus qu'un danger, une impossibilité. Il y a quelques années, en 1879, je puN'y eût-il que cette raison pour ne pas sé-bliai une brochure sur la question qui nous parer, dans un même port, la construction occupe. Il y avait alors 580 maîtres ou sede l'armement, elle suffirait. Mais il y en a conds-maîtres à Lorient, 600 à Brest, 1,600 d'autres; ce serait un bien mauvais sys- en tout; par conséquent, Lorient fournistème que celui qui consisterait à séparer sait plus du tiers de la maistrance de la les marins des ingénieurs. flotte. Eh bien, chose assez remarquable, sur ces 600 maîtres, chiffre rond, qui existaient à Lorient, il n'y en avait que 20 qui ne fussent pas de Lorient même ou de la banlieue de Lorient.

Je ne veux pas médire de l'école polytechnique, mais enfin, quand on en sort, on a une certaine tendance aux abstractions mathématiques, et l'on a besoin d'être ramené à la pratique par des hommes du métier.

Quand un navire vient de faire campagne, les marins qui sont en contact journafier dans le port de débarquement avec les ingénieurs, leur disent: Ah! nous avions un gouvernail un peu trop grand ou un peu trop petit; notre mature laissait à désirer sous tel ou tel rapport; nos cheminées, nos chaudières ont telle ou telle imperfection, et les ingénieurs font leur profit de ces observations.

Messieurs, on l'a dit souvent, le conseil des travaux de la marine est trop isolé des ports. Il est composé d'hommes très distingués, mais qui ne sont pas en rapports suffisamment fréquents avec nos chan

tiers.

Ce serait bien pis, si les ingénieurs qui sont dans les ports n'étaient pas relation

avec les marins.

C'est beaucoup, l'outil! mais il faut que celui qui s'en sert en soit le premier juge et que ceux qui le construisent s'inspirent de son jugement dans les constructions ultérieures.

Dans ces ports, il faut, par une raison analogue, des artilleurs; il faut, pour le gréement, des marins; il faut, par conséquent, deux choses qu'on vous demande de supprimer: il faut une division et un préfet maritime.

Je dis qu'il faut une division et un préfet maritime, car enfin, n'eussions-nous que des constructions dans un port, il faudrait les défendre apparemment, il faudrait les mettre à l'abri des attaques de l'ennemi.

Qui armerait nos forts? Qui mettrait en mouvement nos troupes? Qui mettrait en mouvement notre défense mobile, les torpilleurs, les navires de toute sorte, si ce n'est un homme ayant une haute autorité, planant au-dessus des chefs, des fonctionnaires de tout ordre, c'est-à-dire un préfet maritime? Et en temps de guerre car il faut songer à la guerre-que de lenteurs si, pour une résolution urgente, il faut toujours en référer au ministre, avec lequel l'ennemi peut rendre les communications difficiles! Il faut donc un préfet maritime commandant en chef dans tous nos ports.

A côté de ce préfet maritime, il faut une division, il faut des marins; et ceux qui viennent demander si légèrement de supprimer la division de Lorient, par exemple, ne connaissent pas la marine et ne savent pas quelles en sont les exigences.

La division, messieurs, c'est le foyer où se forme l'esprit du marin, où s'allume son ardeur pour le métier; la division, mais, si elle n'existait pas, vous verriez, à Lorient comme ailleurs, l'inscription maritime fonctionner mollement; vous n'auriez plus ces loups de mer qui ne se contentent pas de faire dans la marine le service rigoureusement nécessaire, mais qui y restent jusqu'à l'âge de cinquante ans, qui ont toujours été la terreur de nos ennemis; vous n'auriez

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Il y en avait 4 de Vannes, 4 d'Auray, pays maritime cependant; pas un seul de BelleIsle, 4 de Groix: 20 en tout. Pourquoi cela? C'est que la division est, pour le marin à terre, le paradis terrestre. Quand il se conduit bien et généralement la conduite est bonne parmi nos marins - il obtient la permission d'aller deux ou trois fois la semaine dans sa famille; il peut même recevoir ses vivres en argent et les consommer avec sa femme et ses enfants. Eh bien, cela n'est possible que pour celui qui demeure à proximité du quartier, car il faut être à l'appel le lendemain matin.

Voilà pourquoi vous n'avez pas, à la division de Lorient, de marins qui soient éloignés de la ville ou de la banlieue; supprimez la division, vous êtes immédiatement réduit à ces 20 maîtres dont je parlais au lieu d'en avoir 600. Vous voyez à quoi vous arriveriez si vous adoptiez ce magnifique système de M. l'amiral Vallon, qui consiste à supprimer le préfet maritime, dont le rôle est de mettre en mouvement nos forces défensives, et offensives, et à supprimer aussi la division des équipages de la flotte.

M. l'amiral Peyron. Vous avez bien raison!

M. Audren de Kerdrel. Votre approbation, monsieur l'amiral, m'encourage, et j'espère que tous les marins, tous ceux qui connaissent les choses de la marine, m'approuveront comme vous.

Messieurs, je parlais tout à l'heure de la famille maritime; j'aurais dû ajouter que nos marins bretons mettent encore à servir l'Etat un orgueil qui s'affaiblit, il faut l'avouer en le déplorant, sur bien des points du littoral français.

L'appât du gain, la tranquillité et le profit d'une carrière industrielle fascinent bien des marins et les entraînent à quitter la marine dès qu'ils le peuvent. Mais dans la Bretagne, qui donne å la marine les trois quarts de ses matelots, on aime, je le répète, à servir l'Etat et on le fait avec fierté. Permettez-moi un souvenir.

Sous le ministère de M. l'amiral Pothuau, un maître du port de Lorient, je n'ai pas oublié son nom, c'était le maître Guennec,me pria d'appuyer auprès de l'amiral une demande de croix d'honneur qu'il avait, comme vous allez le voir, bien méritée. A l'appui de cette demande, il me fit passer une grande pancarte au haut de laquelle se trouvaient ces mots : « Etats de service du maître Guennec et de ses ancêtres: 101 ans de services et trois générations. >>

Je donnai cette pancarte à M. l'amiral Pothuau et je lui dis: « Amiral, c'est un Montmorency du peuple qui s'adresse à vous. » Et Guennec fut décoré. (Très bien! très bien!) Enfin, messieurs, pour justifier ma thèse, n'oubliez pas qu'il faut que dans nos ports soient réunis, comme l'a démontré très bien à la Chambre M. le ministre de la marine, des bâtiments de toutes sortes.

Des députés, je ne sais lesquels, on dit et rien n'est plus vrai, qu'en répartissant nos forces dans différents ports, nous obligeons l'adversaire à diviser les siennes. Et puis, messieurs, si, par hasard, ce port de Brest que certains rêveurs souhaitaient de conserver tout seul, était bloqué par l'ennemi, -il l'a été longtemps et souvent sous le premier empire croyez-vous qu'une division partie de Lorient lui serait inutile? Dans deux circonstances, un pareil secours lui fut précieux.

A cette époque très triste où nos forces étaient pour ainsi dire tenues prisonnières à Brest, l'esprit français n'était pas éteint, et l'on faisait, comme en pleine paix, des chansons. Un brave amiral, qui s'appelait Gantheaume, commandait Tescadre de Brest.

Il y avait, à l'entrée de la rade de Brest, un petit fort appelé le fort Bertaume, situể sur un rocher auquel on accédait autrefois par un pont de cordes. Eh bien, un malin, un mauvais plaisant, avait fait ce quatrain :

C'est l'amiral Gantheaume
Qui va de Brest à Bertaume,
Et, profitant d'un bon vent d'ouest,
Revient de Bertaume à Brest.

(Rires.)

Ce quatrain eut tort, le jour où la division de Lorient arriva devant Brest et où l'ennemi, sachant qu'il allait avoir affaire à des forces supérieures ou tout au moins égales aux siennes, prit le large.

Messieurs, j'ai à peu près fini: ce système, que j'ai combattu et qui consiste à séparer la construction de l'armement, est tellement insoutenable que, pour moi, il mènerait, par la force des choses, par la force de la logique, à ce que j'ai démontré absurde, à savoir la suppression de deux ports.

En effet, puisqu'il est impossible de séparer la construction de l'armement et qu'on veut à toute force que nos ports soient organisés autrement qu'ils ne le sont aujourd'hui, il n'y a qu'à réunir dans un seul et l'armement et la construction,

Brest alors remplacerait Rochefort et Lorient. Pour ne parler que de Lorient, on abandonnerait là pour une valeur de 40 ou 50 millions d'ateliers, de cales, de magasins; et comme il faudrait en ajouter de semblables à ceux qui existent déjà à Brest, sous prétexte d'économie, on arriverait à des dépenses effroyables.

Le port de Brest est rempli d'édifices; pour en créer d'autres, il faudrait faire sauter au moyen de la mine des rochers durs comme du diamant. Il y a peu d'années, un petit atelier dont la construction ne montait qu'au prix de 55,000 fr., coûta, par suite de travaux de déblaiement, 300,000 francs.

Enfin, messieurs, pour achever de vous convaincre, je vous prierai volontiers de consulter les officiers généraux qui ont commandé les ports que l'on voudrait supprimer ou dénaturer; plusieurs de ces offciers existent, Dieu merci encore. Si nous n'avons plus l'amiral Gueydon ni l'amiral de Surville, nous conservons l'amiral Garnault, l'amiral Gicquel des Touches, les amiraux Duburquoy, Périgot, Amet, Conrad et de Marquessac, tous ont déclaré, bien qu'aucun ne fût de Lorient et n'y eût fait sa carrière, tous ont déclaré que, réduire Lorient à n'être qu'un port de construction serait une folie,-l'un d'eux a dit un crime, et, lorsque je publiai cette brochure dans laquelle j'exposai ces idées que j'ai soutenues peut-être un peu confusément à cette tribune....

Sur un grand nombre de bancs. Non! non! très bien ! parlez!

M. Audren de Kerdrel. ...je reçus de

l'amiral La Roncière une lettre très flatteuse, dans laquelle il s'associait complètement à ma thèse et aux arguments sur lesquels elle reposait.

Messieurs, ne courons pas après l'utopie, ne nous berçons pas de chimères; sous prétexte d'améliorer, ne désorganisons pas. (Très bien! très bien!) Gardons nos ports tels qu'ils sont, nos ports qui font notre personnel maritime et sans lesquels nous n'aurions pas ces marins d'élite qu'on ne saurait trop admirer.

Et alors, qu'on nous parle de la triple alliance, nous pourrons dormir tranquilles. Je ne fais pas fi, tant s'en faut, d'une belle et bonne flotte; mais, au-dessus de la flotte, je mets les équipages, et les nôtres sont incomparables.

Tenez!et, cette fois, je finis tout à fait et par une anecdote. Un de mes oncles, sous le Consulat, commandait une corvette qu'on appelait le Bull-Dog et qui avait été prise sur les Anglais, nous en prenions quelquefois.

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Cette corvette se trouve aux prises avec des forces triples ou quadruples les Français se battirent comme des lions; mais après quelques heures de combat, ils durent amener leur pavillon. Le Bull-Dog fut conduit à Malte et son commandant obtint l'autorisation d'adresser un rapport au ministère de la marine français.

J'ai ce rapport, messieurs, j'en ai du moins la copie dans mes papiers de famille, et voici ce qu'y dit le commandant : Après avoir rendu hommage à la bravoure de son état-major et de son équipage tout entier, il ajoute que trente matelots étrangers, de je ne sais quelle provenance, qu'on lui avait donnés pour compléter son équipage, s'étaient, aux premiers coups de canon, emparés des cages à poules je n'invente rien, et de tout ce qui pouvait flotter, pour gagner le rivage.

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-

Eh bien, nos marins à nous, les marins français, messieurs, ne fuient pas devant le canon de l'ennemi et ne naviguent pas sur les cages à poules. (Très bien! très bien! et applaudissements sur un grand nombre de bancs.)

M. Barbey, ministre de la marine. Messieurs, je n'ai qu'une très courte réponse à faire à mon honorable collègue M. de Kerdrel.

Je lui dirai simplement qu'il vient de prononcer un discours qui a été écouté avec la plus grande attention par le Sénat, qui sera lu avec plaisir et avec reconnaissance par la marine. (Assentiment.)

il a prononcé des paroles patriotiques auxquelles je m'associe complètement et il a manifesté des craintes que je suis heureux de pouvoir dissiper.

Il s'est demandé si le ministre de la marine n'avait pas la pensée de supprimer un de nos arsenaux maritimes, un de nos ports de guerre. Vous pouvez être certain, mon cher collègue, que celui qui est à cette tribune ne vous parferait plus comme ministre le jour où la suppression d'un de nos ports de guerre serait décidée. (Très bien! très bien?)

M. Audren de Kerdrel. Il y a malendu, monsieur le ministre, j'ai parlé de la spécialisation des ports et non de suppressions.

M. le ministre. Oui, la spécialisation, c'est là un mot assez étrange, comme vous le disiez tout à l'heure et qui peut prêter à des interprétations bien différentes.

de Lorient et de Rochefort, mais aussi de | messieurs, que quelques mots à dire et je
Cherbourg, de Brest et de Toulon.
pense qu'ils ne seront pas inutiles.

J'estime qu'il y a à réaliser peu à peu, avec prudence et avec fermeté, des réductions importantes dans les frais généraux, et je n'ai pas hésité à entrer dans cette voie.

On peut, suivant la situation géographique des ports, suivant les services qu'ils sont appelés à rendre, simplifier certains rouages administratifs, donner moins d'importance à certaines directions pour en fortifier d'autres, supprimer des non-valeurs dans les divisions sans nuire au recrutement de nos marins et de nos officiers mariniers. Mais, pour tirer le meilleur parti possible de nos arsenaux maritimes, il est indispensable qu'on puisse s'en servir comme ports de constructien, de réparation et d'armement. (Très bien !)

Je me bornerai, messieurs, à cette heure tardive, à rassurer sur ce point capital l'honorable M. de Kerdrel.

Si, dans le cours de la discussion, au moment où l'on votera les chapitres du budget, il y a de nouvelles explications à get, il y a de nouvelles explications à fournir au Sénat, je m'empresserai de les lui donner.

Ce que je tenais à déclarer immédiatement, c'est qu'on ne peut pas supprimer une de nos préfectures maritimes sans porter une atteinte sérieuse au système de défense de notre littoral, arrêté d'un commun accord entre les ministres de la guerre et de la marine, sans nous priver d'une chance de plus de pouvoir recueillir en temps de guerre nos bâtiments, les réparer, les ravitailler et les renvoyer au combat; de réparer aussi les bâtiments ennemis capturés et de les mettre en état de nous servir au besoin.

J'ai eu l'honneur de faire part à M. le ministre qui s'occupe avant tant de sollicitude et d'activité des intérêts de la marine, de mes anxiétés, de mes inquiétudes sur le résultat de nos efforts pour 1895, échéance à laquelle nous devrons nous trouver, visà-vis des flottes allemandes et italiennes, dans une situation semblable à celle que nous avions l'an dernier.

Dans une discussion qui eut lieu à cette tribune, l'année dernière, la comparaison entre nos forces navales et celles de la double alliance fut établie sur des documents positifs. A ce moment nous savions que ces deux puissances allaient dépenser jusqu'en 1895 une somme de 250 millions et nous avions la nomenclature des divers bâtiments qui, à cette époque, viendraient augmenter leur flotte. Nous pouvions dès lors calculer exactement l'effort qu'il nous fallait faire pour maintenir l'équilibre constaté.

--

Sans m'occuper de toutes les catégories de navires, je ne veux m'arrêter qu'aux types de cuirassés d'escadre, c'est-à-dire des plus grosses unités de combat, et cela parce qu'il faut au moins quatre ans pour mettre un de ces géants en état de prendre armement, tandis que, pour les unités de plus petites dimensions, croiseurs, torpilleurs, etc., on peut, au besoin, en construire rapidement le nombre nécessaire.

Or, l'an dernier, il fut constaté que nous devions, d'ici à 1895, construire et achever cinq de ces grands cuirassés.

Je trouve dans le budget de 1891, à l'article « constructions neuves », que nous ne mettrons en construction pendant cette prochaine année que deux de ces types dans nos ports militaires, un à Brest et l'autre à Toulon, mais qui à la fin de l'année ne seront rendus qu'aux 8 et 6 centièmes, c'est-à-dire qu'ils seront à peine commen

cés.

L'honorable M. de Kerdrel a fait allusion aux paroles que j'ai prononcées à la Chambre au moment de la discussion du budget. Il a été question, en effet, de la suppression éventuelle d'un établissement appartenant à la marine. On s'est demandé s'il ne serait pas possible de céder ou de L'industrie devra en mettre un sur chanlouer à des conditions avantageuses un de tier, pour lequel une dépense relativement nos établissements maritimes de l'inté-forte est inscrite, le dixième environ. Je ne rleur, en confiant à nos arsenaux le soin de produire les objets confectionnés dans ces usines qu'on ne pourrait pas se procurer en s'adressant à l'industrie.

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Je me fais donc un devoir de le répéter: Les craintes de M. de Kerdrel ne sont pas fondées; nos ports maritimes doivent rester ports de construction, de réparation et d'armement, et je demande au Sénat de vouloir bien passer à la discussion des articles. (Très bien! très bien! sur un grand nombre de bancs.)

M. l'amiral Veron. Je demande la parole.

Voix diverses. A demain! Non! non! Parlez! parlez!

M. le président. La parole est à M. l'a

miral Veron.

M. l'amiral Veron. Messieurs, après l'éloquent discours que vous venez d'entendre, vous pouvez être certains que je n'occuperai pas longtemps la tribune. Je n'ai que de très courtes observations à présenter. (Parlez!)

Si l'on entend par « spécialisation » une organisation plus économique de nos ports de guerre, qui permettrait de diminuer les frais généraux et de consacrer des sommes plus importantes aux constructions neuves sans augmenter le total des dépenses du budget, je suis très partisan de la spéciali-instants d'attention. sation des ports, non seulement de ceux

M. le président. Veuillez écouter, messieurs. L'orateur ne réclame que quelques

M. l'amiral Veron. Je n'ai, je le répète,

sais pas dans quel port on compte effectuer cette construction; je pense, quant à moi, que l'on devrait choisir la Seyne.

M. le baron de Lareinty. Et SaintNazaire?

M. l'amiral Veron. Je n'admets pas que l'on construise à Saint-Nazaire, parce que, s'il s'y trouvait en temps de guerre un bâtiment prêt à être lancé, il faudrait, après la mise à l'eau, le remorquer jusqu'à Brest pour l'équiper et l'armer, et que le moindre croiseur ennemi pourrait le surprendre et l'enlever au passage dans les raz de Glénan, sur les côtes de Bretagne.

Je n'admets pas, par conséquent, que des bâtiments d'une valeur aussi énorme que ceux dont je parle soient construits ailleurs que dans un grand port militaire, d'où ils puissent sortir entièrement équipés et armés, et tout prêts à combattre.

Eh bien, pour le bâtiment dont l'exécution sera confiée à l'industrie, et que je suppose devoir être construit à la Seyne, on aura dépensé, à la fin de l'année, le dixième à peu près de la somme totale qu'il devra coûter. Or, à la fin de 1891, il ne restera plus que trois ans pour arriver à l'année 1895 où nous devrions avoir ces grands cuirassés, et je crains bien qu'à cette date nous n'en ayons pas un seul.

M. le ministre de la maríne. Je demande la parole.

M. l'amiral Veron. Voilà, messieurs, ce qui cause ma préoccupation, je pourrais dire mon anxiété. Je demande donc à M. le ministre de la marine si, dans ces conditions, il pense que notre flotte pourra être augmentée en 1895 de cinq ou six cuirassés

d'escadre. Je viens exposer ici mes doutes patriotiques, et supplier M. le ministre de se servir des moyens que lui offrent nos arsenaux pour parfaire ce qui est indispensable à notre puissance navale. Je ne m'étends pas davantage sur cette question.

M. le président. La parole est à M. le ministre de la marine.

Voix nombreuses. A demain! A lundi! | fixation du budget général des dépenses et M. Blavier. Messieurs, je devrai parler des recettes de l'exercice 1891. (No 21 et 27, session extraordinaire 1890. M. Ernest un peu longuement. (A lundi!) Boulanger, rapporteur.)

M. le président. On demande la remise de la discussion? (Oui! qui!) Je consulte le Sénat.

(La remise de la discussion est prononcée.)

M. le ministre de la marine. Messieurs, lorsque je suis arrivé aux affaires, le budget de 1890 était voté, et le programme des Constructions neuves à entreprendre pen-il dant cette année était arrêté; je n'ai eu par conséquent à me préoccuper que des constructions à commencer en 1891; or, j'ai répondu en partie aux vœux exprimés par f'honorable amiral Veron, puisque, sur ce budget, j'ai prévu trois cuirassés, dont deux construits dans nos arsenaux et un sur les chantiers de l'industrie privée.

Mais, me dit M. l'amiral Veron, on n'aura fait à la fin de 1891 que les huit centièmes de la construction totale de ces bâtiments. Certainement, messieurs, je voudrais qu'il fût possible d'en faire davantage mais l'honorable amiral Veron n'ignore pas que les travaux de construction d'un grand cuirassé n'avancent pas vite la première année; il y a des opérations préliminaires à terminer, des marchés à passer avec l'industrie pour les matériaux de construction, et ce n'est qu'au bout d'un temps assez long qu'on peut porter sur cette catégorie de bâtiments de guerre un nombre d'ouvriers suffisant pour activer les travaux. Si l'on a prévu comme avancement de la con

struction en 1891 les huit centièmes seulement du navire tel qu'il sera en 1895, sur le programme de 1892 la proportion sera beaucoup plus forte vingt-cinq à trente centièmes probablement.

L'honorable amiral Veron nous a dit que nous avions cinq grands cuirassés à construire au lieu de trois. Mais il a reconnu lui-même que nous devions les construire le plus rapidement possible, afin qu'ils soient prêts en 1895. Or, le moyen d'aller vite n'est pas d'en mettre trop à la fois sur les chantiers au risque de ne pas appliquer un nombre suffisant d'ouvriers sur chacun d'eux et de rendre la surveillance plus diffi

cile.

Il ne faut plus que ces énormes bâtiments

mettent comme autrefois huit et dix ans à

se terminer, de manière à être démodés quand ils commencent à servir.

Aussitôt que les trois cuirassés prévus dans le programme de 1891 seront en pleine activité comme construction, nous pourrons en commencer deux autres qui seront prévus au budget de 1892. L'honorable amiral aura donc alors complète satisfaction. Il ne faut pas oublier, l'honorable M. de Kerdrel le rappelait tantôt, qu'à mesure que nous construisons des cuirassés il faut mettre sur chantier un certain nombre de crolseurs, d'éclaireurs et de torpilleurs, afin de conserver toujours la même proportion entre les bâtiments de combat de diverses catégories et de manière que notre flotte puisse entrer en action dans les meilleures conditions possibles au moment voulu.

M. l'amiral Veron. Je ne m'inquiète pas de ceux-là vous les aurez quand vous voudrez.

:

M. le ministre. L'amiral Veron peut être sans inquiétude. Ma plus grande préoccupation est de prendre les mesures nécessaires pour faire marcher rapidement nos constructions neuves, et, si le Parlement m'en fournit les moyens, en 1895 nous ne serons pas loin d'avoir les cinq cuirassés de plus qu'il réclame avec raison (Très bien! très bien !)

M. l'amiral Veron. Il sera utile, en effet, qu'on travaille pour ces bâtiments-là un peu plus vite qu'on ne l'a fait jusqu'ici. M. Blavier. Je demande la parole.

RÈGLEMENT DE L'ORDRE DU JOUR

se réunir? M. le président. Quel jour le Sénat veut

Voix diverses. Lundi!

Demain!

M. Buffet. Demain, c'est dimanche. (Bruit.)

M. le président. On propose deux jours, lundi et demain.

Je mets aux voix, selon l'usage, le jour le plus éloigné, c'est-à-dire lundi. (Après une première épreuve, déclarée douteuse, le Sénat décide, par assis et levé, que sa prochaine séance aura lieu lundi.) M. le président. A quelle heure le Sénat veut-il ouvrir sa séance?

Sur divers bancs. A une heure! - A midi! M. le président. Des deux heures qui sont proposées, je mets aux voix la plus éloignée, c'est-à-dire une heure.

(Le Sénat décide qu'il ouvrira sa prochaine séance à une heure.

M. le président. Voici quel serait l'ordre du jour:

Tirage au sort des bureaux.

Suite de la discussion du projet de loi, adopté par la Chambre des députés, portant fixation du budget général des dépenses et des recettes de l'exercice 1891.

Discussion du projet de loi, adopté par la Chambre des député, relatif à l'émission de rentes 3 p. 100 et de rentes 3 p. 100 amorobligations du Trésor. tissables, et au remboursement de diverses

Discussion du projet de loi, adopté par la Chambre des députés, tendant à établir d'office une imposition extraordinaire sur la commune de Monieux (Vaucluse).

Discussion du projet de loi, adopté par la Chambre des députés, tendant à autoriser la ville de Marseille à s'imposer extraordinairement.

Discussion du projet de loi, adopté par la Chambre des députés, ayant pour objet : 1o de maintenir à la disposition du service vicinal les reliquats qui deviendront disponibles au 31 décembre 1890 sur les fonds d'avance de la caisse des chemins vicinaux; 2o de régler le mode d'emploi de ces reliquats.

1re délibération sur le projet de loi adopté par la Chambre des députés, ayant pour objet de déclarer d'utilité publique l'établissement, dans le département du Finistère, d'un réseau de chemins de fer d'in

térêt local.

Discussion sur la prise en considération de la proposition de loi de M. Emile Lenoël et plusieurs de ses collègues, ayant pour objet d'obliger le bailleur qui revendique des bestiaux que le fermier a vendus sur une foire ou un marché, à rembourser aux acheteurs de bonne foi le prix qu'ils ont payé.

Il n'y a pas d'opposition?...

L'ordre du jour est ainsi réglé.
Personne ne demande la parole?...
La séance est levée.

(La séance est levée à sept heures moins vingt minutes.)

Ordre du jour du lundi 22 décembre.

A une heure, séance publique. Tirage au sort des bureaux. Suite de la discussion du projet de loi, adopté par la Chambre des députés, portant

Discussion du projet de loi, adopté par la Chambre des députés, relatif à l'émission de rentes 3 p. 100 et de rentes 3 p. 100 amortissables et au remboursement de diverses obligations du Trésor. (Nos 22 et 28, session extraordinaire 1890.-M. Boulanger, rapporteur.)

Discussion du projet de loi, adopté par la Chambre des députés, tendant à établir d'office une imposition extraordinaire sur la commune de Monieux (Vaucluse). (N° 146, fascicule 56, et 147, fascicule 62, session extraordinaire 1890. M. Jean Macé, rapporteur.)

Discussion du projet de loi, adopté par la Chambre des députés, tendant à autoriser la ville de Marseille à s'imposer extraordinairement. (Nos 189, fascicule 56, et 148, fascicule 63, session extraordinaire 1890.— M. Le Monnier, rapporteur.)

Discussion du projet de loi, adopté par la Chambre des députés, ayant pour objet : 1o de maintenir à la disposition du service vicinal les retiquats qui deviendront disponibles au 31 décembre 1890 sur les fonds d'avance de la caisse des chemins vieinaux; 2o de régler le mode d'emploi de ces reliquats. (Nos 17 et 33, session extraordinaire 1890. M. de Verninac, rapporteur.)

1re délibération sur le projet de loi, adopté par la Chambre des députés, ayant pour objet de déclarer d'utilité publique l'établissement, dans le département du Finistère, d'un réseau de chemins de fer d'intérêt local. (N° 15 et 25, session extraordinaire 1890. ordinaire 1890.-M. Adolphe Cochery, rapporteur.)

Discussion sur la prise en considération de la proposition de loi de M. Emile Lenoël et plusieurs de ses collègues, ayant pour objet d'obliger le bailleur qui 'revendique des bestiaux, que le fermier a vendus sur une foire ou un marché, à rembourser aux acheteurs de bonne foi le prix qu'ils ont payé. (Nos 6, et 31, session extraordinaire 1890. M. Guérin, rapporteur.

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MM. Andigné (général marquis d'). AngleBeaumanoir (marquis de l'). Arnaudeau (général). Audiffret-Pasquier (duc d'). Audren de Kerdrel.

Baragnon (Louis-Numa). Barthélemy-SaintHilaire. Beauchamp (de). Béjarry (de). Biré. (Alfred). Bocher. Bremond d'Ars (général marquis de). Brun (Lucien). Caflac (comte de). Canrobert (maréchal). Carné (marquis de). Chadois (colonel de).

Chesnelong. Clément (Léon).

Decroix. Delbreil. Delsol. Dumon. Dutreil

(Paul).

Espivent de la Villesboisnet (général comte)."

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