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bolition du régime et des privilèges capitalistes. (Vifs applaudissements à l'extrême gauche.)

muscles de fer, d'acier ou de bois, multi- | légale du travailleur et déterminant un pliant ainsi les chômages pour la classe qui minimum de salaires. (Applaudissements à n'a que son travail pour vivre ; vous recon- l'extrême gauche.) Oui, les réformes sociales que nous ré- naîtriez aussi l'existence de cette concenclamons... tration des capitaux qui s'opère dans un

M. Morinaud. Et la suppression du nombre de mains de plus en plus restreint Sénat?

M. Zévaès. Monsieur Morinaud, vous savez que bien avant vous les socialistes ont réclamé la suppression du Sénat.

M. Morinaud. Mais en ce moment-ci vous le soutenez !

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au profit de quelques privilégiés dont quelques-uns siègent ici même, capitaux arrachés à l'épargne publique ou volés au travail.

Et, en nous basant sur ce phénomène de concentration capitaliste que nous voulons M. Daudé. Vous supprimez aussi les transformer en concentration sociale au gendarmes, monsieur Zévaès?

M. Alexandre Zévaès. Non, nous les conservons encore quelque temps pour les grands voleurs de la finance.

Nous ne nous bornons pas à réclamer pour l'amélioration du sort des travailleurs un certain nombre de réformes sociales immédiatement réalisables; ce que nous poursuivons, je le répète, c'est la transformation du régime capitaliste actuel en un régime socialiste, collectiviste ou communiste. Et si nous concluons ainsi, tenons à l'affirmer devant vous, pour qu'il n'y ait aucune équivoque, si nous concluons à la nécessité du collectivisme, c'est parce qu'aujourd'hui l'évolution économique elle-même prépare et commande cette transformation finale.

nous

Oui, deux facteurs nouveaux, deux facteurs essentiels dominent aujourd'hui cette évolution économique dont le collectivisme ou le communisme sera l'aboutissant. Ces deux facteurs, c'est le développement du machinisme et la concentration des capitaux. (Ah! ah! au centre.)

Ah! je comprends que nos affirmations socialistes déplaisent à quelques-uns d'entre vous.

Sur plusieurs bancs au centre. Non! non! M. le baron Amédée Reille. Au contraire!

M. Alexandre Zévaès. Mais nous ne sommes pas ici pour vous plaire, messieurs; nous sommes ici pour vous combattre.

Le premier de ces facteurs... (Interruptions à droite.)

Oh! vos interruptions ne me désarmeront pas; elles ne feront que prolonger mon séjour à cette tribune; vous pouvez être persuadés que, chargé par mes camarades socialistes d'apporter ici leurs revendications, je ne manquerai pas à ce devoir; je l'accomplirai jusqu'au bout.

Oui, messieurs, si vous vous donniez la

peine d'étudier quelquefois de près et le problème social, qu'il vous parait plus facile de nier, et les solutions basées sur les faits et sur l'expérience que nous proposons de donner à ce problème...

M. Paul de Cassagnac. Le problème social, pour vous, c'est la soustraction! (Rires à droite.)

M. Alexandre Zévaès. ... vous reconnaîtriez avec nous ce développement du machinisme qui, de plus en plus, remplace partout dans l'industrie le travail de l'homme, les muscles humains par les

bénéfice de tous, en nous basant sur les nécessités mêmes de la production moderne qui a revêtu un caractère collectif et exige un effort collectif, ce que nous demandons, c'est le retour à la nation des mines, des chemins de fer, des hauts fourneaux, des raffineries, des tissages, en un mot de tous les grands moyens de production et d'échange qui ont revêtu la forme collective et anonyme et sont à cette heure entre les mains de la féodalité capitaliste. Ce que veut le socialisme, c'est la nation ouvrière redevenue maîtresse de tout son outillage de production industriel et agricole, produisant par tous ses membres et produisant pour tous.

Messieurs, cette transformation-là, nous ne vous la demandons pas. Pas plus que le Tiers-Etat ne pouvait compter, pour s'affranchir, sur le concours de la noblesse et du clergé contre lesquels il devait faire sa révolution (Applaudissements à gauche), pas plus aujourd'hui nous ne pouvons demander sa collaboration à la bourgeoisie capitaliste qui vit et qui s'enrichit de la spoliation du travail et contre laquelle les travailleurs devront faire leur 89. (Très bien! très bien! à l'extrême gauche.)

M. Firmin Faure. En attendant, les financiers juifs subventionnent vos journaux.

M. Alexandre Zévaès. Personnellement, je n'ai pas de journaux! Et vous savez bien que cette allégation est inexacte pour tout journal socialiste.

M. le président. Monsieur Firmin Faure, vous ne cessez d'interrompre. Voulez-vous donc que je vous rappelle à l'ordre ?

M. Alexandre Zévaès. En attendant que cette transformation sociale soit réalisée par le prolétariat organisé, s'emparant du pou voir, expropriant politiquement la féodalité capitaliste afin de procéder ensuite à son ex. propriation économique (Applaudissements à l'extrême gauche), en attendant l'avènement de la République sociale qui sortira des efforts associés et combinés du prolétariat agricole et du prolétariat industriel, il y a néanmoins ici encore un certain nombre de réformes qui, dans l'ordre économique, en faveur de la classe ouvrière, sont réalisables immédiatement et que, par conséquent, vous ne sauriez, sous aucun prétexte sérieux, refuser aux travailleurs.

Au premier rang, ce sont toutes les lois réglementant le travail dans les fabriques, les manufactures et les usines, limitant à un maximun de huit heures la journée

Nous demandons aussi pour assurer l'observation de ces lois que les inspecteurs du travail, au lieu d'être, comme ils le sont présentement, les créatures du grand patronat, au lieu d'être choisis, comme ils le sont aujourd'hui, par le Gouvernement, par le ministre du commerce, soient désignés soit par les syndicats ouvriers, soit par le suffrage universel direct des différentes corporations. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.)

Nous demandons le retour à la nation de ces propriétés éminemment publiques qui sont les mines, la Banque de France, les chemins de fer et qui n'ont pu être accaparées par des sociétés financières que par des conventions scélérates, par des traités de démembrement imposés à la nation vaincue par l'oligarchie capitaliste.

Et enfin, au point de vue fiscal, nous demandons l'impôt progressif et général sur les revenus et un impôt progressif sur les valeurs successorales. (Nouveaux applaudissements à l'extrême gauche.)

Telles sont, messieurs, les réformes essentielles que soit dans l'ordre démocratique et républicain, soit dans l'ordre économique et social, nous venons vous réclamer. Nous entendrons tout à l'heure votre réponse aux revendications du prolétariat ouvrier et du parti socialiste. (Applaudissements.)

Nous verrons si, majorité républicaine, si, Gouvernement de défense républicaine, vous hésiterez à prendre les mesures de salut républicain que nous vous avons indiquées et qui s'imposent comme une nécessité immédiate. (Applaudissements à l'extrême gauche.)

Nous vous demandons de ne pas oublier, comme vous le faites si souvent dans les

délices et la jouissance du pouvoir, les travailleurs qui ont été à la peine, qui ont fait la République, qui vous ont portés à ce Gouvernement. La misère les étreint aujourd'hui; un chômage meurtrier les décime de plus en plus impitoyablement, leurs espérances, à leurs convictions de et malgré tout, ces travailleurs, fidèles à toujours, ne veulent pas désespérer d'une République qui fut si oublieuse et si ingrate à leur égard.

A vous, messieurs, de prendre votre responsabilité et de donner la mesure de votre sollicitude pour cette classe ouvrière qui dans le domaine économique, est la source de toute richesse, la véritable providence pour notre société, et qui, dans le domaine politique, constitue l'armée la plus solide, la plus désintéressée, la plus résolue pour

le salut et pour le développement de la République. (Applaudissements à l'extrême gauche.)

M. le président. La parole est à M. La

sies.

M. Lasies. Messieurs, j'ai la mauvaise fortune d'arriver bon quatrième, mais si

c'est une mauvaise fortune pour moi ce sera une bonne fortune pour la Chambre, car l'heure m'indique que je dois être bref. Nous avons été un peu surpris que la discussion vienne à cette première séance; j'abrégerai le débat autant que je le pourrai, quoique le remarquable discours de de M. Zévaès (Mouvements divers) je le dis comme je le pense...

A l'extrême gauche. Faites-en autant! M. Lasies. Pas dans le même genre, mon cher collègue!

...bien que, dis-je, le discours de M. Zévaès me semble demander une réponse plus large. Cette réponse, j'espère que le Gouvernement la fera.

M. Zévaès n'a pas été tendre pour vous, monsieur le président du conseil, mais, soyez tranquille...

M. Paul de Cassagnac. Il votera pour le ministère!

M. Lasies. J'allais le dire. Soyez tranquille, tout à l'heure il votera pour vous. M. le général Jacquey. C'est de la logique socialiste !

M. Lasies. Je tiens à demander à M. le ministre de la guerre quelques explications sur le déplacement brutal de trois officiers. M. le général de Galliffet a pris avant et après le conseil de guerre de Rennes des mesures qui me semblent avoir été un peu trop précipitées. Eh! mon Dieu! peut-être les a-t-il prises, avant, pour intimider, et après pour se venger. (Mouvements divers.) Je demanderai au général de Galliffet ce qu'ont bien pu faire les officiers frappés: les commandants Exelmans et de Sèze et le capitaine des Michels. Quelle est la faute grave qu'ils ont commise pour être frappés avec tant de précipitation? Nous n'avons pas connu les motifs de ces mesures. Avaient-ils parlé un peu trop haut? - peutêtre, - ou dans une simple conversation? car nous sommes à une époque où il est très dangereux de converser mème à voix normale. Rires et applaudissements à droite.)

Nous sommes en droit de demander au général de Galliffet quelle est la faute que ces officiers avaient commise. Peut-il nous citer un écrit émanant d'eux? Peut-il nous citer des paroles de ces officiers constituant une faute contre la discipline?

M. le président. Je ne puis laisser passer ces paroles.

A droite. Pourquoi ?

Ont-ils dit, monsieur le ministre de la guerre, que, depuis deux ans, les officiers avaient fait preuve d'assez de patience

M. Gervaize. C'est l'expression de la vé- pour être enfin épargnés et pour obtenir

rité.

M. le président. Je n'ai jamais laissé passer des paroles blessantes pour mes collègues. (Très bien! très bien !)

M. Lasies. Monsieur le président, je vous fais remarquer que mes paroles s'adressaient non pas à la personne de M. le ministre de la guerre, mais à la politique du Gouvernement, que j'ai le droit de qualifier de politique louche. (Mouvements divers.)

Monsieur le ministre, un de ces officiers a été frappé pour un motif que la presse a donné. Chargé par son colonel de lire cet ordre du jour très court, mais très beau, que vous avez adressé à l'armée après le procès de Rennes, le capitaine en question s'est simplement contenté de déclarer, comme le disait M. le ministre, que l'incident devait être clos et que l'ordre du jour voulait certainement dire que le ministre de la guerre serait le premier à défendre l'armée lorsqu'elle serait attaquée, pour ne pas obliger les officiers à se défendre eux-mêmes. (Bruit à l'extrême gauche.)

Voilà ce qui a été reproché au capitaine des Michels. Est-ce une faute, monsieur le ministre? Cet officier, dans son interprétation, avait-il commis un acte contre la discipline? Je ne le crois pas; mais, sur les exigences de la presse qui a combattu l'armée pendant deux ans, vous avez puni cet officier des arrêts de rigueur; et puis brusquement, brutalement, vous lui avez intimé l'ordre de rejoindre un régiment en Afrique, et vous lui avez donné trois heures pour quitter la garnison qu'il occupait.

Un membre à l'extrême gauche. Très bien! et la mesure n'était même pas suffisante. M. Daudé. Voilà comment ces messieurs entendent la liberté!

M. Lasies. Les autres, qu'ont-ils fait ? Dans de simples conversations ont-ils dit que c'était un étrange spectacle de voir, par exemple, un président du conseil, dans une période critique et troublée, obligé de chercher pendant de longs jours des hommes pour faire partie de son ministère? Ont-ils dit qu'il fallait que la Chambre fût bien pauvre en hommes pour que le président du conseil choisit un ministre qui, pendant toute la séance, a été marqué à la face par un député républicain et qui n'a pas eu une parole pour protester contre les allégations de ce député? (Applaudissements Ah! général de Galliffet... (Exclamations à droite et sur divers bancs.) Ont-ils dit qu'il à l'extrême gauche.)

Si des écrits existent, si des paroles ont été prononcées, le général de Galliffet voudra bien venir les répéter à cette tribune, mais j'espère bien qu'il ne sera pas obligé de nous dire qu'il a frappé des officiers sur de simples dénonciations ou de simples conversations tenues au cercle, entre camarades.

J'espère, monsieur le ministre, que vous préférez ce titre, que vous devez à vos glorieux états de service, à celui que vous ne devez qu'aux louches combinaisons d'une louche politique. (Applaudissements à droite. Vives réclamations a gauche. Bruit.)

fallait que la Chambre fût encore bien pauvre pour qu'un autre ministre pût être traité publiquement dans la presse d'escroc et que ce ministre n'ait pas encore protesté, n'ait pas poursuivi celui qui a dit la vérité ou qui l'a diffamé? (Nouveaux applaudisse

ments sur les mêmes bancs, - Mouvements divers,)

qu'on leur laisse faire leur métier tranquillement? Ont-ils dit qu'il était triste que dans notre pays il suffise qu'un homme ait l'insigne honneur de porter l'épaulette, pour avoir droit à l'insulte et à la calomnie?

A l'extrême gauche. Assez! assez !
M. Lasies. Je n'ai pas fini.
A droite. Parlez! parlez!

M. le président. Je suis seul juge du droit de l'orateur. En ce moment, il parle dans une hypothèse et en son nom. Ne soyez pas si susceptibles! (Bruit à l'extrême gauche.) J'ai défendu, messieurs, le droit de vos orateurs.

M. Lasies. Et vous avez même défendu les orateurs contre moi, monsieur le président. On ne s'en souvient pas de ce côté de la Chambre (l'extrême gauche); je le regrette, et je m'étonne franchement que, pour des paroles qui n'ont rien d'exagéré... (Interruptions à l'extrême gauche.)

Comment! mais pendant deux ans c'est vous qui avez trainé les officiers dans la boue à cette tribune... (Vives protestations à l'extrême gauche. Applaudissements à droite.)

M. le président. Monsieur Lasies, je ne vous laisserai pas dire ici qu'aucun de vos collègues ait trainé les officiers dans la boue. Je vous rappelle à l'ordre. (Très bien ! très bien!)

M. Lasies. Il semble qu'on n'ait pas le droit d'évoquer ici des événements qui ne sont pas très éloignés. Mais si vous protestez, messieurs, contre mes paroles parce que vous avez des remords de la conduite que vous avez tenue contre l'armée, je vous en félicite. (Réclamations à l'extrême gauche et à gauche.)

M. le président. Nos collègues ne peuvent pas avoir le remords d'injures qu'ils n'ont pas adressées à l'armée. (Exclamations à droite.— Applaudissements à gauche.)

Jamais vous le savez bien, messieurs - une injure n'a été adressée à l'armée de cette tribune; je ne l'aurais pas toléré. (Applaudissements.)

M. Lasies. Monsieur le ministre, vous avez entendu tout à l'heure l'orateur qui m'a précédé à cette tribune déclarer très loyalement et très nettement, et je l'en félicite, comment il entendait l'organisation militaire de la France; vous l'avez entendu dire qu'actuellement la vie militaire était une école de corruption. (Interruptions à l'extrême gauche.)

Un membre à l'extrême gauche. C'est M. Drumont qui l'a dit.

M. Lasies. Si M. Zévaès avait lu complètement les paroles de M. Drumont, s'il n'avait pas fait une coupure, on aurait vu que la pensée de M. Drumont a été très nettement exprimée l'année dernière.

Dans tous les cas j'ai le droit de protester ici contre les accusations portées con

tre l'armée, et d'après lesquelles l'armée | attaqués, ils ont non seulement le droit, est une école de démoralisation. L'esprit mais le devoir de dire que ce Gouvernemilitaire, le militarisme, comme vous dites ment est un gouvernement indigne. ( Vives par ici (l'extrême gauche), vous le combat- réclamations et bruit à gauche. - Applautez; c'est l'esprit militaire que vous haïs-dissements à droite.) sez (Vives interruptions et bruit à l'extrême gauche), et si vous haïssez l'armée telle qu'elle est organisée, c'est que vous savez qu'elle sera toujours l'armée nationale qui protégera à la fois et nos frontières contre l'ennemi de l'extérieur, et la démocratie contre les assauts de la démagogie internationale. (Nouveaux bruits.)

Pour ne pas rendre cette première séance houleuse, nous avons de la marge devant nous, je vais abréger autant que possible et conclure immédiatement.

Je dirai au général de Galliffet: Il y a trois officiers qui ont été frappés...

Une voix à l'extrême gauche. Pas assez! (Applaudissements ironiques à droite.)

M. Lasies. Monsieur le ministre, vous avez entendu pas assez ! Et voilà ceux avec lesquels vous marchez aujourd'hui ! (Vifs applaudissements à droite et sur divers bancs au centre et à l'extrême gauche.) Ce sont ceux qui demain encore vont vous pousser en vous disant: Frappez, frappez encore sur l'armée, l'armée dont vous êtes le chef, l'armée dont vous êtes sorti, vous, général de Galliffet!

J'ai l'intime conviction que vous n'écouterez pas ces sollicitations; car, entre ce parti qui veut détruire l'armée, entre ce parti demagogique et vous, il y a tout votre passé militaire, mon général, il y a tout ce passé dont l'histoire a bercé notre jeunesse, général de Galliffet (Applaudissements à droite), et ce passé se dresse entre eux et vous, il constitue un fossé infranchissable, et vous direz à ceux-là: Non! je ne veux plus frapper, si j'ai frappé jusqu'à présent.

M. Carnaud. Vade retro, Satanas! (On rit.)

M. Lasies. Monsieur le ministre, vous ne frapperez plus des officiers parce que, dans de simples conversations, ils ont laissé éclater leur colère. Ils ont bien le droit, quand ils voient que c'est l'honneur qui est poursuivi, de dire que ce Gouvernement, c'est la honte... (Vives interruptions et bruit à gauche et à l'extrême gauche.)

M. le président. Monsieur Lasies, je vous ai déjà rappelé à l'ordre. Pour les paroles que vous venez de prononcer, je vous rappelle à l'ordre avec inscription au procès-verbal (Très bien! très bien! à gauche), et je vous conseille de ne pas continuer sur ce ton.

M. Lasies. Monsieur le président, puisque vous n'avez pas perdu la bonne habitude de m'interrompre, à vous tout seul, plus que la Chambre tout entière, je vais conclure sur les paroles pour lesquelles vous m'avez rappelé à l'ordre et je dirai au général ministre de la guerre: Lorsque, pendant deux ans, des officiers ont été 1899.- DÉP., SESS. EXTR.-ANNALES, T. UNIQUE. (NOUV. SÉRIE, ANNALES, T. 59.)

M. le président. Je suis obligé de consulter la Chambre pour l'application de la censure. Mais auparavant je demande à M. Lasies de retirer les paroles qu'il vient de prononcer.

M. Lasies. Je ne retirerai rien et je déclare encore une fois, de la façon la plus énergique, que l'armée ayant été attaquée comme elle l'a été, pour elle l'indiscipline est un droit et l'insurrection un devoir. (Vives exclamations à gauche et à l'extrême gauche. Applaudissements à droite. Bruit prolongé.)

Voix nombreuses. La censure!

de les exposer; vous en serez juges. (Interruptions.)

A droite. Depuis 1871?

M. le ministre. Je regrette que des interpellations m'obligent à parler ici de faits que j'aurais voulu réserver pour le Gouvernement seul. Je le regrette au nom de l'armée: je n'aime pas à parler des coupables; j'aimerais mieux me taire; j'ai fait le nécessaire, et cela devrait suffire. Mais vous n'y perdrez rien je dirai tout, soyezen sûrs.

Je commencerai par les moins élevés en grade des officiers sur lesquels on m'a demandé de m'expliquer: j'indiquerai pourquoi tout à l'heure. (Mouvements divers.)

Il y a trois mois, un capitaine breveté s'est permis de louer publiquement l'acte d'indiscipline commis par un membre de M. le président. Je consulte la Chambre l'instruction publique; il n'en avait ni le droit ni la possibilité légale.

sur la censure.

(La Chambre, consultée par assis et levé, La faute était grave; la punition ne fut prononce la censure.) pas sévère. Je pense et j'ai toujours pensé M. le président. La parole est à M. Gay-que la gravité d'une faute résulte principalement de la situation de celui qui l'a M. le général de Galliffet, ministre de commise. Le capitaine Guyot de Villeneuve la guerre. Je demande la parole.

raud.

M. le président. La parole est à M. le ministre de la guerre.

est un jeune officier; je ne l'ai pas frappé sévèrement. (Interruptions à droite.)

(M. Firmin Faure interrompt au milieu du bruit.)

M. le président. Monsieur Firmin Faure, je vous rappelle à l'ordre avec inscription au procès-verbal. Vous ne cessez d'inter

rompre!

M. le général de Galliffet, ministre de la guerre. Messieurs, je croyais que je ne serais appelé à monter à cette tribune que pour défendre les actes du Gouvernement auxquels j'ai participé. Mais je dois commencer par protester de toutes mes forces M. le ministre. Le capitaine des Michels, contre les paroles de M. Lasies. qu'on a cité tout à l'heure, a commis une L'armée n'a pas le droit de parler. (Ap-faute; je l'ai déplacé ; c'est mon droit. plaudissements vifs et prolongés à gauche et Interruptions à droite.) Elle le sait et n'a pas pour habitude de faillir à son devoir.

au centre.

M. Lasies. Parlez pour elle, alors!
Un membre au centre. Défendez-la.

M. le ministre de la guerre. Je commencerai, comme je terminerai, en vous disant que je ne regrette aucune des paroles qui m'ont été justement imputées, que je ne regrette aucun de mes actes. (Mouvements divers.)

A droite. Et la Commune? Et les fusillades de 1871? (Bruit.)

M. le président. On a interrogé M. le ministre; il faut, maintenant, entendre sa réponse.

M. le ministre. Je déclare que seul j'ai conçu, que seul j'ai préparé toutes les mesures qu'on me reproche, avant de les soumettre au Gouvernement. Ce serait à recommencer, que je recommencerais. (Applaudissements sur divers bancs à gauche. Bruit à droite.)

--

Plusieurs membres à droite. Quelle faute? M. le ministre. Celle de paraphraser un ordre qu'il n'avait qu'à lire! (Vifs applaudissements à gauche et sur divers bancs à l'extrême gauche et au centre.)

Les commandants de Sèze, Exelmans et le sous-intendant militaire d'Arbade m'ont été signalés par leurs chefs comme se trou

vant dans une situation à commettre des

imprudences. (Exclamations et rires à droite.) A droite. Lesquelles?

M. le ministre. Je les ai changés de régiment. C'est un acte d'administration et de commandement; j'en avais le droit. (Très bien! à gauche et sur divers bancs au centre. Brut à droite.)

Le colonel de Saxcé qui est, d'ailleurs, un excellent officier supérieur, a mêlé son régiment à une querelle politique; il n'en avait pas le droit. (Mouvements divers. Applaudissements à gauche.) Je lui ai donné le commandement d'un autre régiment: c'était mon droit. (Applaudissements à gauRéclamations à droite.)

M. Paul de Cassagnac. Je demande la che. parole.

centre.)

Le général Roget (Ah! ah!) parle bien, M. le ministre. Quant aux actes qui mais il parlait trop. (Applaudissements répém'ont été reprochés par les orateurs quités et rires à gauche et sur divers bancs au m'ont précédé à cette tribune, je vais vous les exposer les uns après les autres, n'en oubliant aucun; je ne crois pas même que je sois obligé de les justifier: il me suffira

Le général Hartschmidt, officier général que j'aime et estime profondément, a prononcé des paroles imprudentes; je l'ai

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envoyé commander la 12o division à Reims... | bruit à droite. A l'extrême gauche. C'est un avance

ment!

M. le ministre. S'il fallait défendre le pays, tout le monde me remercierait d'avoir confié à cet homme un commandement d'avant-garde. (Applaudissements.)

J'arrive à un fait d'une gravité plus considérable. Le général de Négrier - puisque je suis obligé de prononcer son nom...

Sur divers bancs à droite. Vive Négrier!

M. le président. Messieurs, vous pouvez témoigner votre estime pour un général de l'armée française sans troubler la séance. (Très bien! très bien!)

M. le ministre. Le 8 juillet 1899, un colonel de régiment de l'Est réunissait ses officiers, à dix heures et demie du matin, dans la salle d'honneur et leur faisait la commu

nication suivante :

<< En présence des attaques dont l'armée est depuis quelque temps l'objet et que le Gouvernement se fait un devoir de tolérer...» (Applaudissements à droite), « les membres du conseil supérieur de la guerre ont examiné s'ils ne devaient pas intervenir; ils se sont mis d'accord et ont décidé d'attendre la fin de l'Affaire, et si, à ce moment, le Gouvernement n'agit pas, les membres du conseil supérieur de la guerre ont décidé d'agir. Ils sont unanimes à cet égard.» (Exclamations à gauche. Bruit.)

M. Michel. Il faut les briser tous.

M. le ministre. A la suite de cette communication, le colonel a interdit aux officiers de parler de ce qui leur avait été communiqué et même d'en parler entre eux. (Bruit.)

Je me contente de vous citer les ordres qui ont été donnés.

Le silence ne fut pas gardé et l'émotion fut grande; le bruit en vint jusqu'au Gouvernement. Je fis venir immédiatement le colonel de ce régiment et je lui répétai textuellement la communication qu'il avait adressée à ses officiers.

et à l'extrême gauche.)

Applaudissements à gauche | que ce qui concerne la mobilisation, les
approvisionnements et l'instruction mili-
taire des troupes. Quant au commande-
ment, quant à la discipline et même à l'ad-
ministration, ils n'ont pas à y intervenir.
(Nouveaux applaudissements à l'extrême
gauche et à gauche. Exclamations à
droite.)

M. le président. Les orateurs sont libres,
vous le savez bien, messieurs, de conduire
leur discussion comme ils l'entendent.
M. Laroche-Joubert. Nous ne pouvons
pas admettre qu'un ministre nous parle
sur ce ton, monsieur le président.

M. le président. Monsieur Laroche-Jou-
bert, soyez bien sûr que personne ici ne
vous manquera.

M. le ministre. Je vous ferai observer
que dans la communication du général de
Négrier il y a deux faits graves. Le pre-
mier, c'est d'avoir excité les officiers au
mépris et à la haine du Gouvernement; le
deuxième, c'est d'avoir laissé supposer que
le conseil supérieur de la guerre avait pris
parti et était prêt à agir. (Applaudissements
à gauche et à l'extrême gauche.)
A droite. Lisez! lisez!

M. Morinaud. Il y a un ordre du jour de la Chambre, pourtant!

M. le président. Monsieur Morinaud, je vous rappelle à l'ordre.

M. le ministre. Ces instructions ne sont pas de moi, elles sont de mes prédécesseurs. Je donnerais les mêmes à l'occasion. (Applaudissements à l'extrême gauche, à gauche et sur plusieurs bancs au centre.)

Veuillez ne pas oublier, messieurs, que la seule institution légale dans la matière, c'est le commandant de corps d'armée. Lui seul est responsable devant le ministre, et

M. le président. Veuillez laisser M. le nul autre. ministre poursuivre sa discussion.

M. Galpin. Nous demandons la lecture
sans commentaires.

M. le ministre. Voici le texte même du
général de Négrier : « Les officiers, en
présence des attaques dont ils sont l'objet,
qui s'exercent librement et sans
entrave..» (Interruptions à droite.)

aucune

Je

ne suis peut-être pas intelligent, mais je ne
vois là avec le texte du colonel aucune
différence.

« Les officiers, en présence des attaques
dont ils sont l'objet, qui s'exercent libre-
ment et sans aucune entrave, se demandent
si le haut commandement se désintéresse

de cette situation et pourquoi il n'intervient
pas. (Mouvements divers. Très bien! très
bien! à droite.) Le haut commandement est
loin de se désintéresser; il sait quels sont
ses devoirs et il est prêt à demander au
Gouvernement d'intervenir... »

M. de l'Estourbeillon. C'était son devoir
élémentaire. Cela est absolument correct!
M. le ministre. « A cet égard tous les
membres du conseil supérieur de la guerre
sont unanimes, et leur entente est complète;
s'ils ne croient pas devoir agir actuellement,
c'est parce que leur action serait attribuée
aux préoccupations de l'affaire Dreyfus... >>
(Interruptions à droite.)

Je lui dis « Est-ce bien là la communication que vous avez faite? Oui, mon général, à un mot près. » Alors, m'adressant à ce colonel, je lui dis: « Comment se fait-il qu'un chef de corps aussi sage, aussi prudent, aussi avisé que vous l'êtes habi- «< ...Si, après l'affaire, les attaques contre tuellement se soit permis de prêcher à 'armée continuent, les officiers peuvent l'armée la haine et le mépris du Gouverne-être assurés que le haut commandement ment? De quel droit voulez-vous préparer les officiers à la révolte? » (Vifs applaudissements sur divers bancs à gauche, à l'extrême gauche et au centre.)

Ce colonel m'a répondu : « C'est par ordre du général de Négrier. » Immédiatement, j'ai fait venir le général de Négrier et, ses explications m'ayant paru insuffisantes, je l'ai invité à me les donner d'une façon plus complète. Dans l'explication écrite qu'il m'a fournie, le général de Négrier varie un peu les termes de la communication.

A droite. Lisez ! lisez!

M. le ministre. Je lirai ce que je dois lire, et pas autre chose. (Interruptions et

provoquera les mesures nécessaires pour
arrêter ces attaques. » (Applaudissements à
droite. Exclamations à gauche.)

M. Armand Porteu. C'est vous, mon-
sieur le ministre, qui auriez dù tenir ce
langage à la tribune.

M. le ministre. En adressant cette communication, le général de Négrier non seulement est sorti de son devoir, il est sorti même de ses droits. (Applaudissements à l'extrême gauche et à gauche. — Interruptions à droite.)

A droite. Et Reinach?

M. le ministre. J'ai pensé que le chef qui avait commis pour le moins une imprudence de ce genre n'était pas qualifié pour conserver plus longtemps son emploi. (Applaudissements sur les mêmes bancs.)

Seul j'ai eu la pensée du châtiment qui lui a été infligé; seul je l'ai proposé au Gouvernement; et je n'ai eu qu'un regret, c'est de n'avoir pas eu assez de pouvoir pour l'exécuter moi-même. (Très bien! très bien! sur les mêmes bancs.)

A droite. C'est une vengeance!

M. le ministre. Mais rassurez-vous, messieurs, le conseil supérieur de la guerre ne s'était pas réuni; il n'y a pas eu entente entre ses membres; ils savent parfaitement qu'ils ne peuvent être convoqués que par le ministre et qu'ils ne peuvent discuter que les questions qui leur sont soumises par le ministre ils savent parfaitement qu'en temps de paix ils ne sont pas un instrument de guerre, mais un instrument de travail. (Vifs applaudissements à gauche et au centre.)

M. Laroche-Joubert. Et vous, vous êtes l'instrument de la désorganisation de la défense nationale. (Exclamations à gauche.) M. le président. Monsieur Laroche-Joubert, je vous rappelle à l'ordre.

M. Laroche-Joubert. Je m'en honore. Mon indignation n'a pu se contenir.

M. de Grandmaison. Vous voulez vous faire pardonner la Commune, monsieur le ministre.

M. le président. Monsieur de Grandmaison, voulez-vous que je vous rappelle aussi à l'ordre ? C'est vous-même qui avez demandé des explications à M. le ministre; veuillez les écouter. (Très bien ! très bien !)

M. le ministre. Je n'ai aucun regret, aucun remords de ce que j'ai fait depuis que je suis au monde.

Je crois que je vous ai assez parlé du général de Négrier; c'est à mon très grand Les instructions données par tous mes regret que j'ai dû en parler à cette tribune. prédécesseurs aux inspecteurs d'armée Je vais maintenant vous parler de M. le sont très nettes: ils ne doivent inspecter | général Zurlinden, puisqu'on m'y a convie,

Le Gouvernement, usant de ses droits, a cru qu'il ne devait pas conserver le général Zurlinden au gouvernement militaire de Paris, et le même jour où cette nouvelle a été annoncée il m'a été permis de lui faire connaitre que le premier commandement vacant lui serait donné.

Trois mois après, un commandement, le plus important peut-être en temps de paix, très considérable en temps de guerre, je veux parler du 19° corps en Algérie, s'est trouvé vacant.

Avant d'en parler au conseil des ministres, j'ai fait venir le général Zurlinden et, lui témoignant de mon désir de tenir la promesse qui lui avait été faite, je lui ai offert de demander ce commandement pour lui.

Le général Zurlinden s'y est refusé, ou du moins...

A droite. Il a bien fait !

M. le ministre. Je me trompe en disant qu'il s'y est refusé; je ne le lui aurais pas permis il m'a déclaré qu'il préférait ne pas recevoir ce commandement.

Quatre jours après, le général Zurlinden est venu me demander ce commandement; mais il était trop tard, le commandement était donné.

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les insultes contre l'armée; je vous répondrai facilement: la loi actuelle me désarme d'une façon absolue.

M. le comte de Lanjuinais. Elle ne vous désarme pas : il y a le jury, qui condamnera. M. le ministre. Permettez-moi d'ajouter que, si je suis profondément peiné des insultes qui sont adressées à l'armée par une certaine presse, je le suis encore bien plus en lisant les journaux qui provoquent l'armée à la rébellion. (Applaudissements à gauche.)

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M. le président. Messieurs, je me suis simplement conformé aux usages qui ont M. Lasies. Vous devriez être le premier toujours été suivis en appelant les uns à vous révolter.

M. le ministre. On m'a reproché mon ordre à l'armée. Ce serait à recommencer que je recommencerais. (Très bien! très bien! sur divers bancs. - Bruil à droite.)

On m'a reproché une parole que j'ai prononcée devant le cercueil du général Brault. Parlant devant un soldat chrétien, pouvaisje, moi chrétien, tenir un autre langage que celui d'un chrétien? (Applaudissements à droite.)

On m'a reproché la manière dont je maintiens la discipline dans l'armée. Quand on insulte l'armée, je ne peux pas l'empêcher de penser; ce n'est pas dans mes pouvoirs. La discipline des actes, la disciJe continue à répondre aux questions pline des paroles, j'en suis responsable; la qui m'ont été posées.

Les généraux Hervé, Giovanninelli, Pierron et Langlois ont été déplacés. Je n'ai pris ces mesures qu'après avoir consulté qui je

devais consulter.

A droite. Qui avez-vous consulté? Reinach?

discipline des consciences, je n'en suis pas responsable.

On a laissé entrevoir les questions qui seraient posées au Gouvernement particulièrement au point de vue militaire. Vous me permettrez de ne pas répondre; nos actes seront une réponse suffisante. (Vifs

Au centre. Quelles sont les raisons de ces applaudissements à gauche et sur divers déplacements?

bancs au centre. Bruil à droite.)

M. le président. La parole est à M. Gay

M. le président. Messieurs, cette attitude est intolérable; on a sollicité des explica- | raud. tions, et à chaque phrase de M. le ministre de la guerre on l'interrompt.

M. le ministre. On m'a accusé d'avoir voulu influencer le conseil de guerre de Rennes. Jamais plus grande liberté n'a été laissée à un conseil de guerre. (Très bien! très bien! sur divers bancs à gauche.)

M. le lieutenant-colonel Guérin. J'ai demandé la parole.

M. Alexandre Zévaès. Je demande à dire un mot de ma place à M. le ministre de la guerre.

M. le président. Je ne puis pas vous laisser prendre le tour de parole d'un collègue.

Je vais plus loin, je dirai: j'ai fait acte de faiblesse (Mouvements divers) en n'usant M. Paul de Cassagnac. Monsieur le prépas de tous mes droits et de tous mes pou-sident, j'ai demandé la parole pour réponvoirs vis-à-vis du commissaire du Gouver- dre au ministre de la guerre. Je dois nement. (Exclamations et bruit à droite. l'avoir. Applaudissements sur divers bancs à gau

che.)

M. Georges Berry. Vous le regrettez? M. le ministre. C'est dans l'intérêt de la liberté de la justice que j'ai agi ainsi.

Je n'ai jamais promis, ni en parole ni on écrit, mon aide à n'importe quel prétendant pour venir en France occuper l'emploi de chef de gouvernement. (Mouvements divers.)

M. le marquis de Kerouartz. Il y a quatorze mois, le général de Galliffet a diné à Marienbad avec le duc d'Orléans. (Bruit et exclamations.)

M. le président. Monsieur de Kerouartz, je vous rappelle à l'ordre; vous ne cessez d'interrompre.

M. le ministre. On m'a accusé de tolérer

M. le président. Vous avez demandé la parole, c'est entendu; mais je vous ferai observer que, parmi les interpellateurs, figure M. Gayraud.

M. Paul de Cassagnac. Alors, je demande la parole pour un rappel au règlement et pour établir mon droit de priorité. M. le président. Vous avez la parole.

M. Paul de Cassagnac. Je fais la Chambre juge d'une simple question de règlement. M. le président prétend, à tort, selon moi, qu'en raison des nombreuses et diverses interpellations qui ont été déposées sur le bureau de la Chambre, la parole appartient, pour répondre au ministre, à ous les interpellateurs qui n'ont pas encore pris part au débat et qui suivent dans

après les autres les auteurs des interpellations dans l'ordre même où ces interpellations ont été déposées.

Maintenant les orateurs qui se sont inscrits sans déposer de demandes d'interpellation sont MM. Viviani, Paul de Cassagnac et Guérin.

M. Paul de Cassagnac. J'ai demandé la parole pour répondre au ministre de la guerre!

M. le président. Je le répète, je me suis conformé aux précédents en appelant successivement les auteurs de demandes d'interpellations, dans l'ordre où ces interpellations ont été déposées. En conséquence, M. Gayraud a la parole.

M. Paul de Cassagnac. Je demande à la Chambre de juger.

M. le président. Ce que j'avance est conforme à tous les précédents. Monsieur de Cassagnac, vous aurez la parole à votre

tour.

M. Paul de Cassagnac. Je la prendrai immédiatement, comme c'est mon droit, ou pas du tout. J'ai le droit de dire que c'est un escamotage de parole. (Bruit.)

M. le président. M. Viviani est inscrit avant vous.

M. Paul de Cassagnac. Vous voulez couvrir la retraite du ministre de la guerre !

M. Gayraud. Je cède mon tour à M. de Cassagnac.

Sur divers bancs. A jeudi! Non! non! continuons!

M. le président. J'entends demander le renvoi à jeudi de la suite de la discussion. (Oui! Non! non!)

Je consulte la Chambre.

(Le renvoi à jeudi n'est pas prononcé.) Sur plusieurs bancs. A demain ! M. le président. On demande maintenant la remise à demain.

Je consulte la Chambre.

(La Chambre, consultée, décide que la discussion continue.)

M. le président. La parole est à M. de Cassagnac.

M. Paul de Cassagnac. La Chambre a compris qu'à cette heure avancée de la séance il n'est pas possible de venir prononcer un long discours à cette tribune.

Je n'y suis pas préparé d'ailleurs, et dans cette intervention inopinée je veux me borner à quelques rapides observations que suggèrent les déclarations que le ministre de la guerre vient de faire entendre.

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