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M. Denys Cochin. Est-ce M. le général | ont le devoir de s'emparer du pouvoir. Ce | vistes et, en don de joyeux avènement, de Galliffet lorsqu'il prononçait de nobles sont ses expressions mêmes. Quoi de plus paroles, auxquelles j'ai applaudi, sur la vrai? tombe du général Brault, paroles si cruellement démenties par les actes mêmes du ministère dont il est membre solidaire?

Il n'a pas hésité. Et le jour où il s'est emparé, en effet, du pouvoir, au lieu de rester philosophe attristé et impuissant du socialisme, M. Millerand fait faire à sa cause plus de progrès que ne lui en eussent fait faire les plus éloquents discours ou les plus savants écrits.

Non, ce ne sont ni M. Caillaux, ni M. le président du conseil, ni M. le général de Galliffet. La politique du ministère a été exposée très complètement, très loyalement par un autre ministre : M. Millerand S'emparer du pouvoir en France, un sodans son discours de Lille. (Applaudisse- | cialiste-collectiviste! Qui eût prévu cette ments à droite. Rumeurs à l'extrême gau- | victoire il y a deux ans, au temps où che.) M. Waldeck-Rousseau menait la campagne contre son collègue d'aujourd'hui et son parti?

M. Coutant. Il vous gêne! (Bruit.) M. le président. Messieurs, un peu plus de calme. Vous allez vous épuiser dès le premier jour. (On rit.)

M. Denys Cochin. J'entends un interrupteur qui me dit : « Il vous gêne! »>

M. Lagasse. Oui!

M. Denys Cochin. Comme vous vous trompez, monsieur Lagasse! Nous nous connaissons depuis longtemps M. Millerand et moi. La politique qu'il défend, je la lui ai vu défendre non seulement ici, mais lorsque nous étions collègues au conseil municipal; je la connais bien la politique de la déchristianisation de la France au point de vue philosophique et de la socialisation de la France au point de vue économique. (Applaudissements à l'extrême gauche.) Est-ce que je m'en étonne? Est-ce que je reproche à M. Millerand de faire faire de si inespérés progrès à la cause que je le vois servir depuis quinze ans? Jamais et j'espère bien qu'aucun de mes collègues, ici, ne le contestera-jamais dans ma vie politique je n'ai éprouvé, je ne dirai pas de haine, mais même d'antipathie pour les gens qui ont une conviction différente de la mienne et qui la défendent fidèlement. (Très bien! très bien!)

-

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M. Coutant. Et l'internationale des curés? M. le président. Monsieur Coutant, je vous rappelle à l'ordre et je préviens mes collègues que je suis décidé à appliquer le règlement. (Très bien! très bien!)

M. Coutant. Je dis que les socialistes... M. le président. Je vais vous rappeler à l'ordre avec inscription au procès-verbal. M. Coutant. J'en ai l'habitude.

M. Denys Cochin. M. Millerand a déclaré que l'idée collectiviste n'était pas une chimère, mais une conception générale et féconde, et surtout il a parlé en homme politique, disant que les hommes qui défendent un système, qui professent une foi politique, ne doivent pas défendre seulement leur cause par des arguments philosophiques, mais que s'ils veulent la faire progresser ils

Mais je me retourne alors vers d'autres ministres et je leur dis: Si M. Millerand s'est emparé du pouvoir, qui le lui a livré ? C'est vous. Il est entré dans la forteresse : qui lui en a ouvert les portes? (Applaudissements à droite.) C'est vous. Et ce triomphe inespéré contre tout ce que vousmêmes estimez indispensable à la société, à qui le doit-il? A vous.

A Lille, M. Millerand parlait de ses actes; il disait modestement : « J'ai fait peu encore, mais enfin je suis là. » Il disait vrai, et la victoire était assez belle. D'ailleurs il n'a pas grand'chose à faire il n'a qu'à attendre les efforts empressés de ses collègues, nouveaux adeptes de la cause.

Lui, restant tranquillement sur son fauteuil ministériel, il voit M. Caillaux lui apporter, avec un projet rejetant le droit d'accroissement sur les propriétaires coupables de recevoir un religieux sous leur toit, il voit, dis-je, M. Caillaux lui apporter les dépouilles des congrégations. (Applau dissements à droite et sur divers bancs au centre. Rires et applaudissements à l'extrême gauche.)

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M. le marquis de Kerouartz. Regardez où sont vos amis, monsieur Caillaux ! M. le président. Messieurs, laissez parler

l'orateur.

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modéré, naguère contre les socialistes, vaM. Denys Cochin. Il voit M. Leygues, lidé grâce au concours des voix de la droite, lui apporter en litière les dernières libertés des pères de famille. (Applaudissements à droite. Exclamations ironiques à l'extrême gauche.) Il voit M. le général de Gallif. fet, le vainqueur impitoyable, le vainqueur rigoureux de la Commune, donner à la Commune sa revanche en venant s'asseoir sur ces bancs à côté de collègues collectivistes. (Bruit à l'extrême gauche.)

M. Coutant. Vous l'applaudissiez quand il combattait la Commune!

M. le président. Monsieur Coutant, je vous rappelle à l'ordre avec inscription au procès-verbal.

briser l'épée des chefs les plus vaillants et les plus respectés de notre armée. (Applaudissements à droite et sur divers bancs au centre.)

M. Coutant. Je demande la parole sur mon rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal.

M. le président. Vous aurez la parole à la fin de la séance.

M. Denys Cochin. Quelle peut être la cause de pareils actes? Quelle en est l'explication, quelle en est l'excuse? Ah! j'en ai entendu plusieurs. On a prétendu que l'internationale noire relevait la tête. (Oui! oui! à l'extrême gauche et sur divers bancs à gauche.)

M. le président. Messieurs, vous avez des orateurs inscrits; vous n'avez pas besoin d'interrompre sans cesse.

M. Denys Cochin. On a prétendu que la République était en danger; on a prétendu qu'il fallait rétablir dans l'armée la discipline.

L'internationale noire! Que signifie ce mot? Tout le monde en parle, et cependant, si l'on cherchait dans la conscience de chacun, on trouverait que chacun, déblatérant en gros contre les jésuites, fait exception pour un parent, un frère, une sœur, entré dans les ordres, qu'il sait adonné avec une surhumaine patience au seul service des humbles, qu'il respecte dans son âme et au sujet duquel il s'écrie: Ah! si tous les autres ressemblaient à celui-là! (Interruptions à l'extrême gauche et sur divers bancs à gauche. - Applaudissements sur divers bancs à droite et au centre.)

Puis on parle de discipline non pas à maintenir, mais à rétablir dans l'armée ! Singulier et bien mauvais prétexte quand notre armée, à travers toutes les épreuves qu'elle a subies, malgré la campagne atroce de diffamations, d'injures et de calomnies dont elle a été abreuvée, a donné l'exemple de la plus noble, de la plus impeccable discipline (Très bien! très bien! à droite), sans que personne, du plus haut au plus modeste grade, songeât un instant à y manquer! Maintenez la discipline, monsieur le ministre, nous vous applaudirons tous, mais ne vous vantez pas de l'avoir rétablie.

La République en danger? Le salut de la République obligeant à opérer des perquisitions, à enfoncer des portes, à briser le cachet des lettres, à procéder à des arrestations arbitraires, à cambrioler des coffres forts....

M. de Baudry d'Asson. Et à commettre des faux!

M. le président. Veuillez ne pas vous substituer à l'orateur.

M. Denys Cochin. Le salut de la Répu

M. Coutant. Vous me rappelez à l'ordre parce que je combats le cléricalisme!blique exigeant tout cela? Je vous le de(Bruit.)

M. Denys Cochin. Il voit, disais-je, M. le général de GallifTet, vainqueur impitoyable de la Commune, donner à la Commune sa revanche en siégeant à côté de collecti

mande à vous, républicains, qui occupez presque tous les bancs de cette Chambre, qui disposez de toutes les fonctions, qui dépensez chaque année 1 milliard pour une armée dont M. Bérenger lui-même

proclamait l'inattaquable fidélité : républi- | loppé ce scepticisme politique, le pire Au mois de juillet dernier, plusieurs cains, avez-vous cru au danger? Non! Seule- danger de la liberté. Oui, vous y aurez journaux annonçaient que M. le général ment il y a des hommes ici qui avaient be- puissamment contribué. (Applaudissements Zurlinden, gouverneur militaire de Paris, soin que vous y crussiez ou que vous à droite.) Vous ne rappellerez plus les ci- | allait être relevé de ses fonctions. Or, le 8 eussiez l'air d'y croire (Applaudissements à toyens à la lutte; vous leur crierez en de ce mois, à dix heures du matin, aux droite) parce que pour justifier d'aussi ex- vain que le scepticisme politique est la journalistes qui se rendaient aux nouvelles traordinaires alliances il fallait pouvoir perte de la liberté, vous qui en aurez été rue de Grenelle, on communiquait la note crier, dire que l'ennemi était aux portes; il la vivante image. (Nouveaux applaudisse- suivante : fallait avoir l'air d'avoir sauvé le Capitole, ments sur les mêmes bancs.) quand le Capitole ne courait aucun risque. Et le vrai complot était celui de ceux qui s'y étaient installés. (Très bien ! très bien ! à droite.)

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M. Paul de Cassagnac. Vous préférez ce Parlement au régime plébiscitaire?

M. Denys Cochin. Eh bien! vous, monsieur Waldeck-Rousseau, vous, messieurs les modérés, qui êtes entrés dans le ministère des socialistes, vous avez porté le coup

Voilà pourquoi je voulais attaquer d'abord le Gouvernement sur ses actes et pourquoi je l'attaque maintenant sur sa politique générale.

Sa politique générale, c'est la perte de l'idée parlementaire et libérale en France. M. Paul de Cassagnac. Heureusement! A droite. C'est le seul service qu'elle ait rendu!

M. Denys Cochin. Cela aura été votre œuvre, monsieur Waldeck-Rousseau.

Et m'adressant finalement, comme je le faisais en commençant, aux socialistes qui se sont introduits dans le ministère, je leur dis: Vous, vous défendez votre idée, vous l'avez fait progresser singulièrement. Mais vous, messieurs, vous aurez ouvert la porte de la forteresse sociale aux socialistes: ce pouvoir dont ils se sont emparés, c'est vous qui le leur aurez livré. (Applau

le plus terrible au régime libéral et parle- dissements à droite et sur divers bancs au

mentaire.

Vous ne recommencerez pas, sachez-le, devant le pays ces grandes campagnes parlementaires que vous meniez jadis au nom d'une cause. On ne vous croira plus. Qu'est-ce que le parlementarisme? M. Paul de Cassagnac. C'est le parlementarisme qui est le coupable et la honte de ce pays.

centre.) Et entre vous et les autres, je vois
toute la différence qu'on doit mettre entre
des ennemis que l'on combat en face, et
les traitres qui livrent la place. (Applaudis-
sements à droite.)

M. le président. La parole est à M. de
Grandmaison.

M. de Grandmaison. Il y a quelques mois, au moment où le Gouvernement allait M. Denys Cochin. Non, ce sont ceux qui nous donner ces vacances, que d'aucuns, ont faussé le régime parlementaire.

Qu'est-ce que ce régime? Un groupe d'hommes apportant une doctrine et soutenus par une majorité. Où est votre doctrine? où est votre majorité? (Très bien! très bien! sur divers bancs à droite et au centre.)

Lorsque vous vous retrouverez en face du pays et que vous essayerez de lui dire : « Nous avons sauvé la République », il ne vous croira pas un instant. (Exclamations ironiques à l'extrême gauche.)

Lorsque vous reviendrez devant lui refaire vos discours de Roubaix ou de SaintEtienne, tous les Français, paysans, bourgeois, ouvriers, diront: Mais qui sont ces hommes qui nous ont appelés à la lutte, à la bataille, qui siègent ensuite et gouvernent ensemble? Ils ne vous croiront pas.

Ils diront: Qu'est-ce qu'on nous raconte donc ? qu'on nous donne un sabre et qu'on nous débarrasse de tous ces tribuns, ennemis de la veille et complices du lendemain. (Mouvements en sens divers.)

A gauche. C'est bien vieux jeu ! M. Denys Cochin. Oui, mais la partie pourrait recommencer. Quand on en viendra là, ce sera votre œuvre; ce sont des campagnes comme la vôtre qui auront déve

malgré les beaux jours des temps passés,
ont trouvées un peu longues, j'adressais
une interpellation à M. le ministre de la
guerre, pour lui demander quelles mesures
il comptait prendre pour défendre l'armée
contre les attaques dont elle est l'objet de-
puis trop longtemps. Au lieu et place de
M. le marquis de Galliffet, c'est le chef du
Gouvernement qui monta à la tribune pour
déclarer qu'il se tenait à la disposition de
la Chambre.

Ne reconnaissant à M. le président du
conseil aucune compétence pour parler des
choses de l'armée, je ne pus que constater

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« Le ministre de la guerre déclare que la visite du général Faure-Biguet au Président de la République, annoncée ce matin par un de nos confrères, n'a aucun rapport avec la situation du général Zurlinden, qui reste gouverneur de Paris. »

Deux heures après, à midi, à la suite du conseil des ministres, on dictait non moins officieusement aux reporters de journaux la

note suivante :

« Sur la proposition du ministre de la guerre, le général Brugère, membre du conseil supérieur de la guerre, a été nommé gouverneur militaire de Paris, en remplacement du général Zurlinden. »

Je ne puis croire que, dans la circonstance, M. le ministre de la guerre ait agi motu proprio. De ces attitudes contradictoires et successives, je ne puis déduire qu'une chose ou qu'il a subi l'influence de son collègue, l'honorable M. Millerand, ou qu'il

a été vivement sollicité par M. Joseph Reinach et qu'il a cédé aux objurgations de ce personnage...

M. Lasies. C'est probable!

M. de Grandmaison. ...devenu l'alter ego de M. le président du conseil depuis certaine visite élyséenne remontant à l'année 1894, et qui fit quelque bruit dans la presse il y a quelques semaines.

M. Jourde. Vous outragez l'armée!

M. le président. Je ne l'aurais pas toléré, mon cher collègue. Il n'y a aucun outrage à l'armée dans ce que vient de dire M. de Grandmaison.

M. de Grandmaison, J'adressai alors à M. le président du conseil la lettre suivante :

« Monsieur le président du conseil, « J'ai l'honneur de vous informer que je vous interpellerai, à la rentrée, sur les motifs pour lesquels vous avez exigé du ministre de la guerre le déplacement du général Zurlinden, gouverneur de l'aris. »

Il paraît que M. de Galliffet fut vivement froissé de ce mot : « exigé », et je le comprends. Aussi protesta-t-il deux ou trois jours après par la note suivante :

<«<< Il est absolument inexact que les mesures d'ordre militaire prises depuis la formation du ministère actuel aient été conseillées ou imposées au ministre de la guerre par ses collègues.

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Protester, c'est bien; prouver eût été en- | française de Hyde-Park. Vous eussiez été | de les sacrifier jusqu'à un certain point aux core mieux, et j'eusse été très désireux là dans votre rôle. (Très bien! très bien! d'entendre M. le ministre de la guerre nous à droite) expliquer comment, ayant déclaré à dix

Je ne veux pas retenir plus longtemps heures du matin que M. le général Zurlin- | l'attention de la Chambre sur les nomden resterait gouverneur militaire de Pa- | breuses contradictions qu'il m'a été donné ris, il le relevait de ses fonctions à midi. de relever dans les actes administratifs du général de Galliffet. Cependant, j'en citerai encore deux.

Depuis ce moment, messieurs, nous avons pu constater que tout est contradiction dans les actes administratifs de M. de Galliffet.

Je ne veux pas revenir sur cette maudite affaire dont on a tant parlé; mais enfin il me semble que M. le ministre de la guerre et le Gouvernement avaient déclaré que les juges du conseil de guerre de Rennes jugeraient dans la plénitude de leur indépendance? Alors, que signifient ces missi dominici, et ces dépêches envoyées chaque jour là-bas au président et au rapporteur du conseil de guerre ? (Très bien ! très bien! à droite. Bruit à gauche.)

M. le ministre de la guerre avait déclaré également qu'il ferait respecter l'arrêt du conseil de guerre, même par le canon, et nous avons vu grâcier successivement, en 1899, Giletta, Dreyfus et Arton. (Nouvelles marques d'approbation à droite et sur quelques bancs au centre.)

Un jeune officier qui avait passé deux ans aux colonies à combattre pour la patrie revient en France; M. le ministre de la guerre le nomme au 7 dragons à Fontainebleau. Malheureusement il portait un nom désagréable à quelques-uns il s'appelait Mercier. Une certaine presse déclare que l'envoi de ce jeune officier à Fontainebleau est une faveur, et immédiatement paraît au Journal officiel cette note que je n'ose pas qualifier comme elle devrait l'être...

M. le marquis de Keroüartz. Allez donc! Ne vous gênez pas!

:

M. de Grandmaison. Je me servirai d'un mot qui n'est peut-être pas académique, mais qui est français puisqu'il est de Molière cette note était d'un tartufisme délicieux. En voici le texte : « Au Journal officiel du 15 octobre 189) (Mutations dans Avant de prendre le pouvoir, M. le géné- la cavalerie) au lieu de : « M. Mercier, lieural de Galliffet, dans une lettre admirable tenant de cavalerie hors cadres (Soudan), adressée au Journal des Débats, s'était élevé est affecté au 7o régiment de dragons », il contre toute espèce de représailles futures, et faut lire : « M. Mercier, lieutenant de cavavoici qu'arrivé au ministère de la guerre illerie hors cadres (Soudan), est affecté au frappe justement ceux qui sont désignés à 11 régiment de dragons >> - c'est-à-dire à ses coups par ces journaux auxquels il Tarascon. avait la prétention de répondre à l'avance!

En particulier, de grandes manœuvres devaient avoir lieu dans le Centre de la France; ces manoeuvres devaient être dirigées par le général Giovanninelli. (Bruit.) Mais, à la dernière heure, sous prétexte de fièvre aphteuse, ces grandes manœuvres furent décommandées. Je félicite M. le mi

nistre de la guerre de l'intérêt qu'il porte aux choses de l'agriculture, mais je crois qu'il eût aussi bien fait de manifester sa sollicitude envers les intérêts des cultivateurs en ne laissant pas leurs champs en butte au pillage et à la maraude, comme cela s'est produit lorsqu'il a envoyé à Rennes les brigades de gendarmerie de dix départements de l'Ouest, sous prétexte de maintenir l'ordre, en réalité pour protéger deux cents journalistes étrangers (Très bien! à droite) qui, tous les jours, par notre télégraphe, envoyaient à leurs journaux des articles abominables contre nos

chefs militaires et contre nos institutions.

Aucune autre nation n'aurait toléré de pareils abus et une pareille atteinte aux droits sacrés de l'hospitalité. (Applaudissements à droite.)

Autre fait :

Deux officiers généraux, par leur passé, par leur intelligence, par leur vigueur, par leur activité, par leur courage, avaient la confiance de l'armée; ils occupaient des postes considérables; vous les avez mis en disponibilité.

Vous me direz que non, monsieur le mi

nistre. Alors, comment se fait-il que le mot << disponibilité » soit précisément dans les lettres par lesquelles vous annonciez à vos victimes la décision prise à leur égard? (Très bien! très bien! à droite.)

Je sais bien que par un communiqué officieux envoyé aux journaux vous avez déclaré que ces deux officiers généraux n'étaient pas mis en disponibilité, qu'ils étaient «< étaient << simplement remplacés dans des postes actifs ». (Mouvements divers.)

Pour des paroles un peu vives, - peutêtre justifiées par les événements, vous avez déplacé des officiers supérieurs, des officiers généraux, mais vous avez à presque tous donné des compensations, et ils occupent aujourd'hui des situations au moins équivalentes à celles qu'ils occupaient auparavant. Et pourquoi? Parce que dans Ah! monsieur le général de Galliffet, il votre cœur de vieux soldat, vous avez reseut mieux valu pour vous, au lieu de pro- senti un remords. (Interruptions à droite.) téger les journalistes anglais et autres, Vous avez vu tous vos vieux camarades demander à votre ami le général Talbot traqués, surveillés odieusement; vous avez comment il se fait que des officiers anglais vu les actes les plus intimes de leur vie aient pu dernièrement prendre part, en livrés à la police, et vous vous êtes dit: uniforme, à la grande manifestation anti-Moi, leur défenseur naturel, je suis obligé

besoins de l'existence ministérielle, mais personnellement je ferai pour eux ce que je pourrai pour pallier l'effet des mesures prises contre eux. - Je ne saurais vous blåmer de cette moitié d'acte de contrition.

Et puis, n'y a-t il pas un certain moment où vous vous êtes demandé ce que vous faisiez dans cette combinaison ministé

rielle? Il y a quelques jours, vous sollicitiez de la commission du budget des crédits pour la défense nationale. Cette demande rencontra une certaine opposition au sein de la commission, et vos collègues vous lâchèrent sans vergogne ni ménagement par cette note vraiment admirable communiquée à la commission du budget par le Gouvernement et où il était dit que «< la lettre du ministre de la guerre pouvait être considérée

comme non avenue ». Félicitez vos collègues de cette marque de courtoisie, puisque, comme je le vois, cette incorrection ne vous a pas frappé.

Et puis, monsieur le ministre de la guerre, ne vous êtes-vous pas senti quelque peu déplacé dans ce Gouvernement où vous êtes le collègue de l'honorable M. Millerand qui, étant à Lille ces temps derniers, dans les circonstances que rappelait il y a un instant M. Cochin, écoutait sans protester, en présence du maire de Lille, qui, lui, avait protesté contre son entrée au ministère, - les paroles suivantes que lui adressait le représentant de je ne sais quel syndicat révolutionnaire belge : « Je vous offre ces fleurs rouges, rouges comme droits, rouges comme le drapeau sous les le sang du peuple dont vous défendez les plis duquel nous nous serrons » ? (Exclamations à droite.)

Il paraît, monsieur le ministre de la guerre, que votre honorable collègue, M. Millerand, avait refusé les honneurs mi

litaires. Je le comprends, car je ne le vois pas saluant dans la même journée et le drapeau rouge et le drapeau tricolore. (Applaudissements à droite et sur plusieurs bancs au centre.)

Vous ne vous êtes pas senti à votre place dans ce ministère dont un des derniers actes a été de faire brutaliser des femmes jusque dans leurs lits par des agents de police. (Mouvements divers.)

Monsieur le marquis de Galliffet, vous avez toujours passé pour un des types les plus accomplis de la vieille urbanité et de la galanterie françaises; vous ne voudriez pas, sur vos derniers jours, ne plus mériter cette réputation, en faisant partie d'un Gouvernement qui moleste des femmes.

Un autre de vos collègues qui inaugurait il y a quelque temps la ligne de Terrasson à Sarlat prononçait les paroles suivantes que j'ai découpées dans un journal du Midi à la dévotion du parti radical socialiste : «Se faire une idée de patrie limitée par la frontière est un crime chez les fils de la Révolution. »

Je serais très heureux que l'honorable

M. Baudin vint démentir le propos. (Très | tions à celles de l'orateur. Vous aurez la | exception en faveur du ministre de la bien! très bien ! à droite.)

A l'extrême gauche, ironiquement. C'est très grave!

M. de Grandmaison. Je me demande ce que les républicains modérés qui, pour des raisons inconnues, ont voté et probablement voteront encore pour le ministère, ont pu penser en lisant ces lignes, et s'ils n'ont pas senti toute la responsabilité qui leur incombait devant le pays en soutenant un ministère qui comprend des membres capables de tenir de pareils propos.

Vous avez poursuivi et fait emprisonner des gens qui criaient Vive l'armée! au passage de ces hommes admirables que l'Europe nous envie... (Interruptions à gauche.) Oui, que l'Europe nous envie ; je n'en veux pour preuve que les paroles mêmes que prononçait il y a quelque temps lord Roseberry. Il faut aller en Angleterre pour voir honorer ceux qui sont les artisans de la gloire nationale; je le regrette pour vous! (Très bien! très bien! à droite.)

Parlant de Marchand et de ses compagnons, lord Roseberry a dit : « Ils ont obtenu dans leur entreprise un succès qui attachera pour toujours une grande gloire à leurs noms. »

Si vous avez fait poursuivre et emprisonner ceux qui criaient : Vive l'armée, monsieur le ministre de la guerre, est-ce que, sous la poussée de votre cœur vous n'avez pas lancé ce cri, vous aussi?

C'est là un acte criminel, sans doute, au dire de vos amis d'aujourd'hui...

M. Jourde. La plupart de ceux qui crient: Vive l'armée! sont des gens qui n'ont pas le courage de crier A bas la République! (Applaudissements à l'extrême gauche.)

M. de Grandmaison. Eh bien! moi, je crie: Vive l'armée! et vive la République ! et je ne m'en cache pas.

M. Jourde. Moi aussi, je crie: Vive l'armée mais pas dans le même sens que

vous.

parole à votre tour.

M. de Grandmaison. Elle a souffert en silence, puisque celui qui devait la défendre l'abandonnait à elle-même. Elle a suivi en cela des exemples qui lui étaient donnés par les plus élevés en grade de ceux qui ont été frappés : je veux parler du général de Négrier, dont la disgrâce a été accueillie dans les Etats de la triple alliance par une explosion de joie. (Très bien! très bien! à droite.) Et comme je ne dis rien que je ne puisse prouver, voici le télégramme reçu de Londres par l'officieuse Agence Havas quand on a appris la disgrâce du général de Négrier:

«Londres, 27 juillet. Tous les journaux commentent longuement l'incident de Négrier. La plupart approuvent la mesure prise contre le général, tout en en faisant ressortir la gravité.

<< Les journaux jingoïstes louent cette mesure sans restriction. » C'est-à-dire que les journaux jingoïstes ou patriotes anglais étaient contents de nous voir abaissés en voyant enlever à un de nos meilleurs généraux un commandement qu'il avait mérité et par son courage et par les longs services qu'il avait rendus. (Applaudissements à droite et sur divers bancs au centre.)

Et dire que tout cela était exécuté sur les ordres impératifs de ceux dont un des principaux chefs pouvait dire il y a quelque temps, à Albi, que la haute armée était un ramassis de scélérats... (Vives interruptions à l'extrême gauche.)

M. Coutant. Qui a dit cela?

M. de Grandmaison. C'est M. Jaurès.
M. Coutant. C'est faux! Nous étions à
Albi, et il n'a pas dit cela.

M. Eugène Fournière. Non, et nous
sonimes ici plusieurs témoins.

M. de Grandmaison. Je suis très heureux que vous démentiez ce propos.

M. René Viviani. M. Jaurès a dit que ceux qui par des crimes et par des faux avaient fait condamner un innocent étaient des scélérats. (Applaudissements à l'extrême Interruptions à

M. de Grandmaison. J'ai une conception particulière de ce que doit être la République, et, je le répète, je crie: Vive l'ar-gauche et à gauche. mée! et Vive la République ! droite.)

Mais, monsieur le ministre de la guerre si vous avez crié : Vive l'armée! qu'avezvous fait pour protéger cette armée attaquée par une presse sans nom? L'avez-vous couverte de votre épée, puisque vous cherchiez à obtenir son silence? Oui, vous avez dirigé quelques poursuites, mais contre qui et contre quoi? Contre des journaux sans lecteurs; et vous avez eu bien soin de ne pas poursuivre les journaux grassement commandités par je ne sais quelles puissances occultes, ceux qui sont dirigés par les maîtres de la plume, et cela parce qu'ils sont les principaux soutiens de votre ministère. (Très bien ! très bien! à droite.) L'armée s'est tue et elle a bien fait. M. Lasies. Elle a eu tort. (Bruit.) M. le président. Monsieur Lasies, je vous prie de ne pas mêler vos observa

M. le vicomte de Montfort. On n'a pas
le droit de parler d'innocence après deux
condamnations par le conseil de guerre.
M. René Viviani. Je demande la pa-
role.

M. de Grandmaison. Si M. Jaurès ne l'a
pas dit, d'autres l'ont dit. (Interruptions à
l'extrême gauche.

A l'extrême gauche. Qui?

M. de Grandmaison. Dans l'Aurore vous le voyez écrit tous les jours.

Mais si M. Jaurès ne l'a pas dit, d'autres l'ont dit; pour s'en rendre compte, il suffit d'ouvrir certains journaux, et certain livre qui a paru i' n'y a pas bien longtemps et qui souleva quelque émotion.

Eh bien! je demande si ceux qui écrivent ces lignes et qui, d'autre part, soutiennent le ministère, font, dans leur pensée, une

guerre. J'espère pour lui que non.

Messieurs, l'armée s'est donc tue, suivant l'exemple du général de Négrier et du général Zurlinden, du premier d'entre les grands chefs militaires qui a été frappé par M. le ministre de la guerre et dont l'attitude toute correcte a été admirable dans cette circonstance.

A ce propos, permettez-moi, messieurs, de vous lire quelques lignes qu'un de vos amis écrivait sur M. le général Zurlinden, le 18 janvier 1898, dans le Matin :

<< Atteint par l'inexorable limite d'âge, Saussier se retire. Heureusement, il est remplacé par le général Zurlinden, qui, lui aussi, est un homme de droiture, incapable de se prêter à tout acte qui ne serait pas inspiré par le devoir le plus strict. C'était le meilleur choix qu'on pût faire. Comme Clinchant, comme Lecointe, comme Saussier, le général Zurlinden s'est échappé des prisons allemandes pour rallier le drapeau de la défense, qui était aux mains du gouvernement républicain. C'est une bonne note.

« Le général Zurlinden n'est pas inféodé à la camarilla cléricale qui travaille à dominer l'armée nationale en y constituant une caste de privilégiés.

«< Enfin, il n'était pas le candidat de ce que M. le ministre de la guerre appelle, paraît-il, dans ses heures d'expansion, la ‹ jésuitière ».

((

Ces lignes étaient signées de M. Ranc, sénateur de la Seine et l'un des meilleurs soutiens du cabinet. (Rires à droite.) Et c'est l'homme dont il parlait ainsi que vous avez frappé le premier!

M. le ministre de la guerre s'est tu en présence des attaques dirigées contre l'armée, parce qu'il sacrifiait peut-être ses tendances personnelles aux nécessités de la politique de ce cabinet dit de défense républicaine et que j'appelle un cabinet de désorganisation sociale. (Très bien! très bien! à droite.)

Mais si le général de Galliffet veut rassembler ses souvenirs, se rappellera-t-il avoir écrit il y a dix ans à quelqu'un lui recommandant un jeune homme qui venait d'entrer au service, une lettre au bas de laquelle il ajoutait ce post-scriptum : « Quand faites-vous un coup d'Etat pour ramener le roi et nous débarrasser de la. République?» (Applaudissements et rires à droite.) La lettre est à Nantes; elle existe et j'en soumets le texte à l'appréciation de vos collègues; je leur demande s'il n'est pas eucore temps de vous envoyer devant la Haute Cour. (Nouveaux rires à droite.) M. Lasies. Ce que l'on n'a pas fait il y a dix ans, on pourrait le faire encore.

M. de Grandmaison. Je demande à ce ministre de la guerre, membre d'un gouvernement de défense républicaine, ce qu'il pense de ce factum paru dans les journaux qui sont à la dévotion de ses collègues socialistes et qui est adressé à tous les conscrits de France. On y trouve des phrases

absolument invraisemblables de la part de gens qui se recommandent d'un ministère dans lequel a pris place celui qui représente le militarisme dans toute l'acception du mot M. le général de Galliffet! En voici quelques lignes :

« Au camarade que notre civilisation barbare va transformer de producteur utile en parasite meurtrier;

<«< Au camarade que la caserne va prendre pour s'efforcer à briser son caractère, à déformer son cerveau, à polluer son cœur et son intelligence.... » (Exclamations et bruit à droite et sur divers bancs. Applaudisse ments sur quelques bancs à l'extrême gauche.) M. le président. Je pense, messieurs, que vous n'applaudissez pas à la citation. Plusieurs membres à l'extrême gauche. Si! si! (Protestations à droite et au centre.)

A droite. A l'ordre ! C'est abominable!

M. le président. L'Assemblée protesterait et je proteste énergiquement contre une pareille manifestation. (Applaudissements sur un grand nombre de bancs.)

M. de Grandmaison. «... Nous renvoyons le salut de notre fraternelle sympathie, le confiant « au revoir » qui le soutiendra dans les épreuves de l'esclavage militaire. >> (Bruil à droite.)

Cet appel à la révolte et à l'indiscipline a été entendu des conscrits d'Albi, ainsi qu'en témoignent les incidents qui se sont passés hier soir dans cette ville.

Monsieur le ministre de la guerre, vous serez appelé dans quelques jours à signer une amnistie; amnistierez-vous celui qui a écrit dans un moment d'orgueilleuse colère :

« Je n'ai plus que l'épouvante de voir arriver la vérité dans un coup de foudre de la Némésis vengeresse, saccageant la patrie, si nous ne nous hâtons pas de la faire resplendir nous-mêmes. >>

Vous voici donc obligé d'apporter votre concours non seulement aux fauteurs de la révolution, sociale, mais à ceux qui préconisent ou appellent l'invasion étrangère. (Réclamations à gauche.)

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y a loin et que si on considère l'œuvre sociale du ministère on voit qu'il s'est bien gardé de suivre les conseils de ceux qui auraient bien voulu le pousser trop en avant.

C'est ainsi que je vous citerai ce fameux arbitrage du Creusot. (Exclamations.)

Les ministres socialistes ne pouvaient descendre du pouvoir les mains vides. Je reconnais que l'affaire a été menée d'une façon très adroite par les habiles du parti. Le Gouvernement, en effet, n'aurait certainement pas donné satisfaction aux ouvriers sur les premières revendications formulées; aussi a-t-on persuadé à ceux-ci qu'il leur fallait demander quelques petites modifications dans les tarifs, dans les salaires, choses qui pouvaient être facilement accordées; mais sur les deux griefs principaux qui avaient déterminé les ouvriers à se mettre en grève, c'est-à-dire le renvoi de l'ingénieur en chef et la reconnaissance du syndicat comme puissance avec laquelle le patron devrait traiter d'égal à égal, le président du conseil en a passé un sous silence, et sur l'autre il a donné tort aux ouvriers! (Très bien! très bien! à droite.)

M. René Viviani. Voulez-vous venir faire une réunion publique au Creusot avec moi pour expliquer l'arbitrage? (Applaudissements et rires à l'extrême gauche.) J'irai à Saumur, si vous voulez.

il s'agissait d'une élection à laquelle il était intéressé; il a changé depuis sa manière de voir. Mais passons!

Cette politique d'alliance des extrêmes, immorale en tous points, est d'autant plus incompréhensible qu'elle est le fait d'un homme j'ai nommé M. Waldeck-Rousseau, qui, aux élections de 1898 dans le département de la Loire, recommandait aux électeurs républicains plusieurs candidats, anciens conservateurs ralliés à la République dans les termes suivants :

« Et vous ferez alors patriotiquement le sacrifice, s'il le faut, les uns de vos regrets, les autres de vos préférences, et tous vous unirez vos efforts et vos suffrages pour consommer dans les trois circonscriptions la défaite des fauteurs ou des complaisants de la révolution sociale.

«Ne vous inspirant que de votre conscience, vous voterez en hommes libres pour l'ordre et la liberté dans la République, contre l'anarchie et la servitude dans le socialisme. »>

Et c'est après avoir écrit ces paroles, monsieur le président du conseil, que vous avez formé le ministère avec lequel vous vous présentez aujourd'hui devant les Chambres.

Mais j'en reviens à M. le ministre de la guerre, puisqu'il nous a fait l'honneur d'assister aujourd'hui à cette séance, et je

M. de Grandmaison. Je suis à votre dis- lui dis: Vous avez reçu pendant ces vaposition.

cances cette belle lettre qui vous a été écrite

gauche.)

Je prie la Chambre de m'excuser de lui avoir fait certaines citations. Elles étaient

nécessaires à mon argumentation. Je vais lui lire la dernière.

M. le président. Restez ici d'abord tous par un de nos plus sympathiques collèles deux, messieurs. (On rit.) gues, M. le vicomte de Montfort, un de vos M. de Grandmaison. Je réponds à M. Vi- anciens camarades de l'armée. (Bruit à viani, qui prétend que les ouvriers du Creu-| sot trouvent que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes: comment se fait-il que j'aie lu ces jours-ci dans un journal que M. Viviani connaît bien, et qui est dirigé par un de ses amis, dans la Petite République, et non pas dans un journal réactionnaire ou dans un journal républicain modéré, « que les ouvriers commençaient à ne plus rien comprendre à la politique de M. Waldeck-Rousseau »? Cela n'a

M. Coutant. C'est le langage des émi- rien qui puisse nous étonner. grés!

M. de Grandmaison. Vous tombez mal, car je suis le petit-fils de généraux de la Révolution; vous ne pouvez donc pas m'appeler un fils d'émigré.

M. le président. Monsieur Coutant, l'orateur ne s'adresse pas à vous.

Voici ce que vous écrivait M. de Montfort:

« Qu'auraient donc pensé de tout cela, je vous le demande, mon général, les illustres soldats de l'ancienne armée qui furent les chefs vénérés de ma jeunesse, et aussi les vôtres, et sous les ordres desquels nous avons connu, vous en souvient-il? les eni.

C'est comme en ce qui concerne les gares de petite vitesse, où les ouvriers des che-vrements de la victoire - Canrobert, Douay, mins de fer avaient repos le dimanche, on a supprimé le repos, par un arrêté d'un ministre socialiste.

Et ce fameux règlement des chauffeurs et mécaniciens, très équitable, du reste, mais

M. Coutant. Nous sommes aussi patriotes qui n'est pas l'œuvre du ministère actuel et que n'importe qui!

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Bataille, Aymard et Clinchant: et Ducrot, lui aussi, qui vous aimait comme son fils et auquel vous répondiez, sur le champ de bataille de Sedan, le sabre haut et l'œil à l'ennemi, alors qu'il vous demandait de charger encore une fois, pour l'honneur des armes Tant que vous voudrez, mon général, et tant qu'il en restera.

qui a probablement été trouvé dans quelque
tiroir que M. Méline avait oublié de visiter
avant de quitter le ministère !
« Un vaillant soldat de mon nom, qui
Voilà l'œuvre sociale du ministère qui était aussi votre ami, tombait à vos côtés
est sur ces bancs.

Et tout cela, messieurs, au nom de cette fameuse défense de la République que personne ne menace, et qui est scellée par l'alliance des extrêmes à laquelle nous assistons aujourd'hui, alliance que M. le président du conseil qualifiait d'immorale en 1883, que l'honorable M. Decrais traitait de même l'année dernière. Il est vrai qu'à ce moment

ce jour-là; lui non plus, je vous le jure, mon général, ne vous aurait pas compris à l'heure actuelle, et je sais cependant que

son souvenir vous est resté cher. »>

M. le ministre de la guerre n'a sans doute pas compris cette lettre, car autrement il ne serait pas aujourd'hui au banc des ministres.

Je ne sais qui va me répondre. Sera-co

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