Page images
PDF
EPUB

lentes de goutte et d'asthme. Un voyage qu'il entreprit dans les montagnes, lui avoit procuré du soulagement; mais le retour d'une goutte anomale très-cruelle, jointe à un asthme convulsif, le firent succomber le 31 décembre 1805; multis ille bonis flebilis occidit

par

le

Telle est la carrière honorable fournie brave et respectable Hensler. ave pia anima! molliter ossa cubent l s'écrient toutes les voix. En le perdant, les lettres ont à regretter un savant profond; l'Université de Kiel, un de ses professeurs les plus distingués ; la médecine, un scrutateur opiniâtre de l'antiquité et de la vérité; les malades, un praticien plein d'humanité et de zèle ; ses amis, un homme sûr et toujours dévoué à leurs intérêts. Que son exemple ne soit point perdu pour les jeunes médecins, et qu'ils apprennent de lui à connoître l'objet, le but et la manière de leurs études! Pauvre, son courage et son travail lui applanirent toutes les difficultés; jeté par la nécessité dans le labyrinthe de la théologie, son goût se réveilla pour l'étude des anciens, et son esprit, disposé par-là aux recherches historiques,le porta dans une nouvelle sphère où ses premières connoissances le servirent utileen confirmant l'expérience acquise depuis long-temps, que c'est à la solidité de la première éducation que la médecine dut toujours ses meilleurs littérateurs, ainsi que les fondateurs et les plus zélés partisans de la vraie doctrine. Les fleurs cueillies par Hensler sont des immortelles que le

[ocr errors]

Tome V. Octobre, 1807.

17

temps ne pourra flétrir, comme celles dont se parent des hommes bouffis de théories futiles et de frivolités pompeuses.

Voilà l'exposé succinct des principales époques de la vie de Hensler et des témoignages d'estime que les professeurs de lUniversité de Kiel ont publiquement payé à la mémoire de leur digne collègue, par l'organe de M. HEINRICH, dans un discours imprimé in-4.°, en 1806, sous ce titre: Memoria Philippi-Gabrielis Hensleri, celeberrimi medicine Doctoris et Professoris, regiique Archiatri, nuper defuncti, celebrata Academici Senatûs Kiliensis rogatu et autoritate. Partageant les regrets et tous les sentimens des membres de cette illustre et savante Université où, durant les orages de la révolution, j'ai joui de l'hospitalité la plus cordiale, je dois encore au professeur Hensler la reconnoissance d'un élève à qui il prodigua l'instruction et les bienfaits ; et c'est plus particulièrement à ce titre, qu'il m'est agréable de contribuer à faire honorer sa mémoire, en publiant cette notice succincte de ses travaux et de ses vertus.

10 Octobre 1807.

J. B. DEMANGEON.

[ocr errors]

ESSAI sur la restitution d'un passage corrompu de PLINE, concernant la statue de Praxitèle, appelée Sauroctone.

JES

Les anciens artistes ne représentoient pas toujours des traits d'histoire ou de mythologie, les sujets les plus indifférens leur suffisoient pourvu que l'action figurée leur donnât lieu de montrer leur talent. L'attitude la plus gênante, la plus embarrassante fut quelquefois choisie de préférence, parce qu'elle développoit tout le jeu des muscles, et qu'une heureuse exécution emportoit le mérite de la difficulté vaincue. Tel étoit l'apoxyomenos ou le baigneur qui se nettoye la peau avec un strigile. Quatre différens artistes avoient traité ce sujet, DÉDALE, ANTIGONE, DAHIPPE et LYSIPPE (1). On voit bien que ce ne fut pas la beauté de l'action, mais la difficulté de l'exécution qui le leur fit rechercher.

D'autres statuaires, qui aimèrent à exprimer la force, choisirent des sujets qui joignoient à une attitude difficile à saisir, des muscles trèstendus, et toutes les marques d'une agitation violente. Tels étoient tous les lutteurs combattans; le discobole ou lanceur de disque de MYRON, et les pristai ou scieurs du même auteur (2).

(1) PLIN. 1. n. lib. 34, cap. 19. n.o6, 15, 26, 28. (2) PLIN. l. c, n.o 3.

Les artistes qui se plaisoient à exprimer la beauté et la fraîcheur de la première jeunesse, représentèrent, par la magie de leur ciseau, les actions et les jeux de l'adolescence. Ainsi POLYCLÈTE exécuta deux astragalizontes, c'est-à-dire, des jeunes garçons qui jouent aux osselets (3). On les voyoit dans le vestibule du palais de l'Empereur Titus,et ils passoient pour être l'ouvrage de ce genre le plus achevé:tel étoit encore le jeune garçon qui souffloit le feu, exécuté par ELEUTHERUS, disciple de Myron (4), et un autre qui offroit de l'encens; ouvrage fait par Lycus. Tel étoit enfin le jeune garçon de PRAXITÈLE qui menaçoit de la pointe d'une flèche un lézard, c'est le célèbre Sauroctone dont parlent Pline (5) et Martial.

Parmi une grande quantité de répétitions qui existoient anciennement de cette statue, quelquesunes se trouvent à la Villa Borghèse à Rome; une autre en bronze se voit dans la collection de Son Em. le Cardinal Albani; elle a cinq palmes de hauteur. Le tronc d'arbre sur lequel grimpe un lézard exécuté en argent, a été ajouté (6). La statue qui fait partie de la collection des antiques du Musée Napoléon, est faite de marbre blanc et semblable aux autres par son attitude; mais l'ar

(3) PLIN. 1. c. cap. 19, n.o 2.

(4) PLIN. 1. c. cap. 19, n.

(5) PLIN. 1. c. cap. 19, n.

[ocr errors]

17.

10, fecit et puberem ( Apollinem) subrepenti lacertæ cominus sagitta insidiantem, quem Sau

roctonon vocant.

(6) WINKELMANN Monumenti, tóm. I, p. 40.

tiste qui l'a restaurée, au lieu d'ajouter un tronc d'arbre et le lézard, lui a donné une lyre.

C'est par une méprise assez singulière que cette statue a été reçue sous le nom d'Apollon Sauroctone, être mythologique de moderne création et désavoué par toute l'antiquité.

L'autorité du Père HARDOUIN a principalement contribué à répandre cette erreur. Il dit,dans une note sur cet endroit de Pline (7), « j'ai ajouté le » mot Apollinem, qui a été omis dans les éditions > antérieures de Pline. Ce mot se trouve dans les > manuscrits de la bibliothèque du Roi et de la >> bibliothèque de Colbert. MARTIAL paroît con> firmer cette leçon, en disant à son Sauroctone, › épargne le lézard que tu menaces de la pointe » de ton fer ; il voudroit périr de ta main. C'est» à-dire, il voudroit périr d'une mort glorieuse > tué par la main d'un dieu. Nous avons vu, » de plus, que Pythagore le Leontin a fait un » Apollon tuant un serpent à coups de flèches ».

Pour répondre aux argumens du Père Hardouin, il faut réfléchir que la mythologie n'offre

(7) Vocem eam Apollinem admonitu codicum regii 2, COLBERT 3, vel DALECAMP aliorumque in libris hactenus vulgatis prætermissam restituimus. Favere ei lectioni videtur etiam MARTIALIS, hoc signum describens lib. 14, epig. 172, cui titulus Sanroctonos Corinthius;

Ad te reptanti puer insidiose lacertæ
Parce: cupit digitis illa perire tuis.

cupit ea nimirum nobili fato perire, nece à Deo illata. Simile conflasse signum PYTHAGORAS Leontinus dicitur hac ipsa sec tione 4, Apollinem serpentem sagittis conficientem.

« EelmineJätka »