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et par

les noms germaniques qni se lisent dans les écrits de Jules César et de Tacite peuvent facilement s'expliquer par la langue erse ou celle des habitans des montagnes de l'Ecosse, et celle des habitans du pays de Galles; cela peut s'appliqner à beaucoup de dénominations de fleuves de montagnes, de l'Allemagne, qui n'ont aucun sens en allemand, mais dont on saisit la signification, si on connoît l'une ou l'autre des langues que je viens d'indiquer, et qui toutes sont dérivées de l'ancienne langue des Celtes (17). En supposant même que la langue celtique ne se soit pas étendue jusqu'au nord de l'ancienne Germanie, il n'en sera pas moins vrai qu'en Italie, en Espagne et dans les Gaules, le peuple a parlé

(17) On trouve des exemples de pareilles dénominations, explicables seulement par les langues dérivées du celtique, dans le Voyage de NICOLAï en Allemagne, t. x1, p. 15 à 22, et l'Appendix II, page 3 à 57; tom. XII, p. 1 à 17, 19, 20, 25, 26, 30 à 47; l'Appendix xIII, 1, p. 3 à 26; et les additions au tom. xi, ibid. pag. 130 à 138. Le savant Écossois, M, JAMES MAGDONALD, of Sout-Uist, aussi versé dans la connoissance de la langue allemande, qu'il a approfondie pendant son séjour assez prolongé en Allemagne, que dans celle des montagnards de sa patrie, regarde ces dérivations comme dignes de l'attention de ceux qui s'occupent de recherches sur les langues. Voy.le Mercure allemand (1798, n.o 8, p. 344),

M. BOETTIGER a publié quelques détails biographiques sur ce savant Ecossais qui actuellement est ministre de l'évangile dans le comté de Fife en Ecosse. Il s'est fait connoître en Allemagne par les intéressantes observations, dont il a accompagné la traduction allemande du Voyage en Angleterre, en Ecosse et aux Hébrides de M. FAUJAS DE St. FOND, publié à Goettingue 1799, in-8.°.

des dialectes celtiques, c'est-à-dire semblables à la langue irlandaise ou du pays de Galles, même à l'époque où la langue latine étoit universellement répandue dans l'empire romain. SUETONE, auteur du premier siècle, et FESTUS, auteur du quatrième, qui citent plusieurs mots gaulois ou celtiques, sont à cet égard des témoins irrécusables (18):

Tous les auteurs qui ont fait des recherhes sur les origines de la langue française actuelle, s'ac

(18) SUETONE, dans la Vie de Vitellius, chap. 18, nous apprend que le compétiteur de cet Empereur étoit né à Toulouse, et qu'il y avoit été désigné, pendant sa jeunesse, par le sobriquet becco, qui, dans la langue du pays, signifie bec de poule, à-peu-près de même que nous disons blanc bec. Selon le même auteur, Vie de Galba, ch. 3, on croyoit que celui de la famille Sulpitia qui le premier porta le nom de Galba, fut appelé ainsi, à cause de son embonpoint, du mot gaulois ou celtique galba, qui signifie gras; encore aujourd'hui, les mots 'calb ou galb signifient en bas-breton gras, épais. Voyez le Dictionnaire français-celtique du P. ROSTENEN. L'Empereur Marcus-Aurelius Antoninus, né à Lyon, plus connu sous le nom de Caracalla, reçut ce surnom, parce qu'il portoit habituellement le manteau des soldats gaulois, que l'on désignoit par le mot celtique caracalla. Encore aujourd'hui, un surtout ou manteau s'appelle carrachallamh dans la langue erse. FESTUS, de ling lat. lib. 11, dit que cimber, dans la langue celtique, étoit synonyme de latro, c'est-à-dire soldat, et que bardus signifioit un chanteur, ibid, lib. ri Plusieurs autres mots que Festus veut faire passer pour appartenant au vieux langage latin, se retrouvent encore aujourd'hui dans la langue erse et dans celle du pays de Galles; tels sont, entre autres, ocr, nom d'une montagne escarpée, lib. XIII; runa, espèce de flèche, selor ENNIUS, lib. xvi. Rin et run signifient une pointe dans la langue erse.

cordent à dire qu'elle a adopté beaucoup de mots celtiques. Les dénominations de beaucoup de villes, de villages, de montagnes, en France en Espagne, en Italie et en Suisse, en sont des preuves indubitables; on ne trouvera donc pas étrange de chercher dans cette langue des anciens Gaulois, l'origine du mot perruque, qui dans le vieux français, et dans le vieux italien, a ḍ'abord eu la signification de forte chevelure naturelle, et qu'on ne peut expliquer raisonnablement par aucune langue connue.

II

Le Vocabulaire ou Dictionnaire provençal français (Marseille 1785, grand in-4.° tome 11, page 487) dit expressément que le mot perruque est dérivé du celtique, mais il n'indique pas comment. Le Dictionnaire roman, walon, celtique et tudesque déjà cité, dit également que ce mot est d'origine celtique. Dans la langue irlandaise, barr signifie la chevelure, et uc ou uch veut dire grand, élevé, considérable (19); barr-uch seroit donc une chevelure forte et élevée, et cette signification conviendroit parfaitement à l'épaisse chevelure d'Absalon, que BELLINCIONI appele dans ses vers la parrucca. Cette dérivation est donc la moins forcée, puisqu'elle est tirée de l'ancienne langue des pays où son acception primitive se trouve à une époque très-reculée.

(19) Dans la langue du pays de Galles, le mot barug signifie la gelée blanche qui enveloppe les arbres comme une espèce de chevelure.

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Il est encore curieux d'observer que le mot latin galericulus a passé dans le vieux langage français. Dans le Dictionnaire du vieux langage français par LACOMBE (Paris 1766, in-8.o), on trouve à la page 236, galéricule ou galicolie, perruque de femme, c'est-à-dire, en prenant le mot perruque dans l'acception que nous lui donnons aujourd'hui, et qu'il n'avoit pas anciennement, ainsi que je l'ai démontré plus haut ; et c'est précisément ce qui a engagé à adopter le mot latin dans le vieux langage.

Après cette digression sur l'étymologie du mot perruque, il nous reste à donner, d'après des sources authentiques, l'histoire de l'emploi des perruques, depuis le moyen âge jusqu'à nos jours; ce sera le sujet d'un article que je réserve pour le numéro suivant.

LETTRES Sur la Calabre et la Sicile; par M. Jean Henri BARTELS (1).

LETTRE PREMIÈRE

Naples, août 1786.

Mon parti est pris, dans peu de jours je pars pour la Calabre. Depuis longtemps j'en avois formé le projet, malgré les représentations d'amis, peutêtre trop craintifs, qui ne cessent de vouloir m'en détourner par le récit de dangers,que je crois imaginaires. Ces amis ont sans doute été effrayés par tout ce qu'on raconte de défavorable sur cette partie de l'Italie ; je ne me laisserai point épouvanter par ces bruits sans les approfondir.

Il ne me manquoit qu'un ami qui partageât avec moi les plaisirs et les désagrémens du voyage: si M. HEEREN (2) n'avoit pas été retenu à Rome,

(1) Ces lettres et le Voyage de M. Munter sont les deux ouvrages qui font le mieux connoître la Calabre et la Sicile. M. Winckler avoit entrepris la traduction de celui de M. Bartels;j'en donnerai quelques lettres qui feront connoître cet intéressant voyage, fait en 1786: celle-ci est la première, elle traite des motifs qui y avoient déterminé M. Bartels, et du plan qu'il s'étoit tracé pour l'exécuter.

(2) Arnold-Hermann Ludwig HEEREN à présent professeur de philosophie à Goettingue, né à Brême le 27 octobre 1760, est un des plus habiles philologues et des meilleurs esprits de l'Allemagne ; il est auteur de plusieurs excellens ouvages qui lui ont assigné une place distinguée parmi les savans ; il a passé

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