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En suivant la marche qu'il s'est prescrite, M. Dallaway passe de l'Histoire de la peinture aux collections.

Il cite les noms des possesseurs, ceux des peintres célèbres, et décrit ceux de leurs ouvrages marquans que possède l'Angleterre. C'est surtout des portraits que les Anglais sont curieux; il possèdent aussi de beaux tableaux d'histoire et de paysage; cinq sections ou chapitres sont employés à leur description. M. Dallaway fait un pompeux éloge de l'école anglaise qu'il met audessus de toutes celles de l'Europe, et termine là son ouvrage, qu'il appelle modestement un aperçu. Il le soumet au jugement du public, et promet beaucoup de corrections et d'augmentations si son plan est approuvé.

Cet ouvrage manquoit à notre littérature. C'est un catalogue raisonné, un répertoire utile aux littérateurs, aux artistes et aux voyageurs, enrichi de notes historiques et de dissertations utiles. T D.

MÉMOIRE Sur l'Odorat des Poissons.

Lu à l'Institut national le 24 août 1807.

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PRESQUE tous les poissons observés jusqu'ici ont des narines (1). On donne du moins ce nom à deux cavités peu profondes qu'on remarque, le plus ordinairement, entre les yeux et les lèvres sur la tête de ces animaux. Ces enfoncemens ont un orifice unique et étroit; leur intérieur est tapissé d'une mémbrane muqueuse à replis nombreux, dans l'épaisseur de laquelle pénètre, se ramifie et se termine la première paire de nerfs qui sort du cerveau. L'analogie semble donc indiquer que les narines' des poissons sont spécialément destinées à l'organe de l'odorat, comme dans tous les autres animaux à vertèbres. C'est contre cette opinion, adoptée par tous les naturalistes et les physiologistes, que je viens cependant présenter des faits et quelques réflexions qui sembleront peut-être plus d'accord avec nos connoissances de physique et d'anatomie comparée.

Je me propose d'établir, dans le cours de ce Mémoire, que l'organe du goût n'existe pas et ne pouvoit pas même exister dans la bouche des poissons, par une suite nécessaire de leur manière de respirer; que les organes, regardés jusqu'ici comme propres à l'odorat dans ces animaux, sont

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(1) A l'exception des Cyclostomes, tels que les Lamproies et les Sphagebranches, qui ne sont pas de véritables poissons comme je le prouverai ailleurs.

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destinés à percevoir une sensation analogue à celle des saveurs; enfin qu'il ne peut y avoir de véritable odeur pour un animal habituellement plongé dans un liquide.

Il n'en est pas de l'organe du goût, chez les animaux à vertèbres, comme de ceux de la vue, de louie et de l'odorat dans lesquels l'anatomie a pu facilement reconnoître, parmi les nerfs qui s'y rendent, les troncs spécialement destinés à transmettre la sensation. On sait, à la vérité, que c'est à la surface de la langue, au moins chez les mammifères, que réside la faculté gustative'; mais comme cette partie charnue participe à d'autres fonctions et qu'en particulier elle est liée par ses mouvemens, aux organes de la voix et de la déglutition, elle reçoit des nerfs nombreux et très-ramifiés qui proviennent de trois régions différentes du cerveau.

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Les anatomistes n'ont pu déterminer encore, d'une manière très-précise, si la sensation est donnée par l'intermède du rameau lingual de la cinquieme paire, par le nerf glosso-pharyngien ou par le grand hypoglosse.

Le plus grand nombre des auteurs s'accordent, à la vérité, pour regarder la branche linguale du nerf maxillaire inférieur, comme la seule qui puisse transmettre l'idée des saveurs, et la plupart rapportent en faveur de leur opinion l'observation de Colombo (2), qui ne trouva pas cette branche de nerf dans un homme privé de (2) De re anatomica, liv. xv. pag. 483.

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l'organe du goût. Cependant Soëmmering (3) révoque en doute les circonstances de ce fait, et d'un autre analogue cité par Rolfink (4). D'un autre côté, quelques physiologistes, à la tête desquels on doit nommer le grand Boerhaave (5), ont attribué la faculté gustative au nerf grand hypoglosse; ils ont aussi appuyé leur sentiment de quelques observations anatomiques, et surtout d'un cas de pathologie cité par Hevermann (6), où l'organe du goût fut détruit à la suite de l'extirpation d'une glande avec laquelle on avoit enlevé le nerf appelé alors grand gustatif ou de la neuvième paire" se deg p 401

Le cas particulier de physiologie et d'anatomie comparée qui nous occupe, pourra đonc jeter quelque jour sur cette question qui n'est pas encore entièrement résolue.

Quoique le sens du goût soit essentiel aux animaux, et qu'il doive être nécessairement le dernier à s'oblitérer, puisque de ses jugemens dépend la conservation de l'espèce qui s'instruit ainsi de la nature des substances propres à l'alimenter, et du choix qu'elle doit en faire. Isembleroit cependant au premier aperçu, que les poissons en sont privés, si toutefois, et par analogie, l'on recherchoit cet organe dans les parties où il a le plus ordinairement fixé son siége.

En effet, l'intérieur de la bouche du poisson

(3) De Corporis humani fabrica. tom. Iv pag. 235..
(4) Dissertationum academ. lib. iv. cap. 35, p. 733.
(5) Prælectiones academicą‹ ›

(6) Physiologia. t. ij...

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est tapissé d'une membrane épaisse, lisse et polie à sa surface, son tissu est très-serré, analogue à celui de la peau, et coloré le plus souvent comme elle. Quelquefois cette membrane est absolument détachée des os du palais, lau retenue seulement par quelques vaisseaux, ainsi que nous avons eu occasion de l'observer dans les gades, les baudrojes, les cottes, les rayes, les squales; et elle ne nous a jamais offert de papilles ou de glandes saliyaires. ›b tai tuon ub ca.

La langue des poissons est rarement mobile; un os règne et la soutient dans toute sa longueur; jamais sa pointe ne peut se retourner en arrière, ni se porter sur les côtés Le plus ordinairement les lèvres, le palais, la langue et des arcs branchiaux sont couverts de lames ou de pointes osseuses de formes diverses, qui s'opposent au contact intime des substances portées dans la bouche,

1

A la vérité on trouve dans les muscles de l'hyoïde et des arcs branchiaux placés à la partie inférieure de la bouche, tous les filets de nerfs qui proviennent de la cinquième paire ainsi que ceux fournis par la première branche du nerf yague qni tient évidemment lieu du glosso pharyngien. Cependant nous n'avons jamais pu reconnoître le nerf grand hypoglosse dans les pois> sons (7), malgré les recherches les plus attentives que M. Cuvier et moi ayons faites à l'époque où j'ai eu l'avantage de rédiger ses lecons d'anatomie comparée. D'ailleurs comme ce fait étoit très-important pour l'objet de ce Mé(7) Leçons d'Anatomie comparée, t. ij, page 241.

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