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cheurs, rappelez-vous aussi l'instant où vous étiez au pied de la Croix et que vous voyiez votre Fils mort, abandonné de tous et le corps affaissé vers la terre;

2° Rappelez-vous avec quelle ardeur, avec quel amour maternel vous receviez ses bras meurtris et percés sur la Croix;

3o Avec quelle foi, quelle charité, vous appliquiez votre visage ensanglanté sur ses bras qui pendaient; 4° Avec quelle douloureuse tendresse vous baisiez ses plaies et son visage pâle et livide;

5° Oh! racontez-moi, ô Marie, de combien de blessures fut alors percé votre cœur si sensible;

6° Qui me fera entendre vos gémissements profonds et lamentables?

7° Qui me fera voir aussi les larmes brûlantes et amères qui coulaient en abondance de vos yeux éteints?

8° Que ne puis-je entendre vos paroles déchirantes, vos plaintes et vos sanglots?

9° Que je compatis à vos douleurs, ô Marie, lorsque je vois votre visage, naguère si calme et si beau, et maintenant triste, pâle et tout obscurci des ombres de la mort!

10° Et votre cœur plongé dans un tel abîme de douleurs, que rien au monde n'aurait pu lui apporter la moindre consolation!

PRIÈRE. O Mère toute clémente, au nom de tout ce que vous avez souffert, soyez ma protectrice, mon guide fidèle pendant ma vie tout entière; fixez avec bonté vos regards miséricordieux sur mon âme, et placez-la sous l'aile tutélaire de votre Fils bien-aimé.

Que votre bouche, qui embrassa tant de fois le sang et les plaies de Jésus-Christ, me réconcilie et me le rende favorable. Que les blessures cruelles de votre tendre cœur m'obtiennent une contrition sincère de tous mes péchés. Que vos profonds soupirs éveillent en moi un désir incessant de Dieu seul et de son bon plaisir. Que vos paroles déchirantes m'inspirent le silence de l'esprit et de la langue. Qu'elles me délivrent de toutes les conversations inutiles et frivoles. Que vos gestes, que les signes de votre douleur pénètrent d'une sainte gravité mon âme et mon corps, qu'ils ôtent de moi toute dissipation et toute légèreté. Mais surtout que votre cœur désolé m'enseigne à fuir, à mépriser, à détester tout amour terrestre et passager.

16 O splendeur éblouissante de l'éternelle Lumière, ô mon Jésus, lorsque je vous vois sans vie, lorsque je contemple votre corps glacé sur les genoux de votre pauvre Mère; lorsque avec elle, au pied de la Croix, j'embrasse et je presse sur mon cœur vos membres inanimés, je pleure votre mort, mais je loue et je bénis votre infinie charité. Éteignez en moi les flammes de la concupiscence et les ardeurs de mes désirs et de mes passions;

2o O miroir très-pur de la Majesté suprême, combien vous êtes obscurci et souillé! Que vos peines et vos difformités divines purifient mon âme de ses taches et de ses souillures;

3o O brillante image de la bonté de Dieu votre Père,

comme je vous vois méprisée, avilie, foulée aux pieds! O mon Jésus, renouvelez par ces beautés de votre grâce l'image gâtée et perdue de mon âme;

4o O Agneau, l'innocence même, combien vous avez été cruellement maltraité et déchiré! Satisfaites à Dieu pour moi, et sanctifiez par votre sacrifice ma vie inutile et coupable;

5o O Roi des rois, Seigneur des seigneurs, comme vous voilà humilié, abaissé! Je pleure tous ces affronts, je vous aime, je vous adore, je vous embrasse dans votre honte et votre mort. Lorsque viendra aussi pour moi la mort, recevez-moi dans les bras de votre miséricorde et de votre charité; couronnez-moi de joie et de gloire en m'associant à votre vie éternelle.

A LA VIERGE MARIE

1° 0 très-sainte Vierge Marie, rappelez-vous la douleur inexprimable qui accabla et brisa votre cœur lorsqu'on prit et qu'on détacha de vos embrassements le corps sanglant de votre Fils;

2o Rappelez-vous votre tristesse lorsqu'il fallut quitter le sépulcre de Jésus, qu'on avait fermé et scellé ; 3o Lorsque vous marchiez accablée sous le poids de la douleur;

4° Lorsque vous descendiez le Calvaire en gémissant, en vous arrêtant à chaque pas pour pleurer votre Fils enseveli;

5° Mais surtout n'oubliez pas cette constance invin

cible, cet amour inébranlable que vous avez seule toujours montrés à Jésus dans ses peines et dans sa Passion, jusqu'au moment où il se reposa enfin dans le tombeau.

PRIÈRE. O Reine de mon cœur affligé, Marie, tendre Mère, obtenez-moi de votre Fils bien-aimé, qu'en vertu de sa Passion et de la part que vous y avez prise, je supporte et je surmonte toutes les afflictions, les dégoûts, les infirmités, les misères, les douleurs de ma vie; que je me cache dans son tombeau, que j'y sois mort à toutes les affaires et à toutes les inquiétudes du monde. Que cette terre soit pour moi un douloureux exil, que je n'y aie d'autre secours, d'autre amour, d'autre désir, d'autre vie que de pleurer JésusChrist. A lui seul mes soupirs, mes paroles, mes pensées, mes œuvres. Que je souffre toujours en lui, et que je le loue sans cesse jusqu'au dernier instant de ma vie. Obtenez-moi, ô Marie, la sagesse de l'amour, une vie pleine d'œuvres saintes, et une mort de grâce et de salut. Ainsi soit-il.

SOLILOQUE

SUR

LA MISERICORDE DE LA VIERGE MARIE

PAR LE BIENHEUREUX HENRI SUSO

« O profondeur des trésors de la sagesse et de la << science de Dieu! que ses jugements sont incompréhensibles, et ses voies impénétrables (1)! » Seigneur tout-puissant, mon Dieu, par combien de moyens surprenants et inconnus, par quelles routes extraordinaires vous ramenez l'àme à la vertu ! Qu'avezvous pensé dans votre immuable et éternelle intelligence? qu'avez-vous décidé dans votre adorable volonté, lorsque vous avez créé le chef-d'œuvre de votre sagesse, Marie, de toutes les créatures la plus élevée, la plus divine, la plus vierge, la plus pure, la plus belle, h plus aimable? Vous pouviez dire alors : « J'ai pour « vous des pensées de paix (2); » puisque, dans votre bonté infinie, vous faisiez celle de qui devait naître la Splendeur de la gloire, votre Fils, qui ramena à leur principe les créatures perdues.

Quel pécheur aurait osé s'approcher de vous, ô Père

(1) O altitudo divitiarum sapientiæ et scientiæ Dei! quam incomple hensibilia sunt judicia ejus, et investigabiles viæ ejus! (Rom., x1, 33. (2) Ego cogito super vos, ait Dominus, cogitationes pacis. (Jérém.,

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