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1789.

procès-verbaux, comme seule réponse convenable enfin, la chambre de la noblesse prit un arrêté portant que,« pour cette tenue d'états« généraux, les pouvoirs seront vérifiés séparé<«<ment; et que l'examen des avantages ou des «< inconvénients qui pourraient exister dans la «forme actuelle, seraient remis à l'époque où <<< les trois ordres s'occuperont des formes à ob« server pour l'organisation des prochains étatsgénéraux. »

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C'était trancher la question, et couper court aux conférences. Le clergé, auquel cet arrêté fut envoyé sur le champ, se trouva séance levée; le tiers-état y répondit indirectement, en envoyant au clergé une députation solennelle, pour l'inviter «< au nom du Dieu de paix, de se «réunir à lui dans la salle nationale, pour opé<<rer l'union et la concorde ». On sentit tout le poids d'une pareille invitation: le parti était déja pris dans les communes de se constituer en assemblée législative, soit que le clergé se réunît ou non. On comptait au moins sur une trèsgrande scission dans cet ordre, dont les curés des campagnes formaient la nombreuse partie: alors, on se serait déclaré la majorité des représentants, et le reste n'eût plus été qu'une minorité dissidante.

On se hâta d'appeler l'intervention du roi comme médiation; car, comme autorité, elle eût

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été déja insuffisante; il faut étudier les premières L. Ep. journées des états-généraux, comme on va voir les fleuves à leurs sources: des démarches légères òu fausses qui se firent alors, découlèrent tous les malheurs et tous les événements qui firent ensuite la révolution. Les communes avaient une marche constante, suivie, un plan de conduite soutenu et réglé: elles étaient une; leurs adversaires, divisés d'intention, de vues, ne leur opposaient qu'une résistance incalculée; le clergé était, comme on le disait alors, expectant; Ja noblesse se hâtait avec franchise et trop d'inconsidération; la cour voyait et laissait les différends s'élever, espérant en être l'arbitre; les parlements ne paraissaient nulle part, et agis saient partout: n'ayant rien à faire, c'était assez que rien ne se fit. Dès le 19 mai, un arrêté des communes portait « que les conférences ne se<<raient pas reprises, et que la chambre devait « se constituer », Sur l'invitation du roi, le tiers annonça le premier aux deux ordres, qu'il affec tait de ne plus connaître que sous la déno> mination d'ordres privilégiés, que les confé rences seraient continuées, et que ses commis saires s'y rendraient; la délibération portait :

Les députés des communes, assemblés dans la « salle nationale, ont arrêté, à la pluralité des << voix, que, pour répondre aux intentions pa « ternelles du roi, les commissaires déja choisis

L." Ep. « par eux, reprendront les conférences avec ceux 1789. « choisis par le clergé et la noblesse, au jour et

« à l'heure que sa majesté voudra bien indi« quer; que procès-verbal sera dressé de chaque « séance, et signé par tous ceux qui y auront assisté, afin que le contenu ne puisse être révo« qué en doute. »:

Malgré la lettre du roi, la chambre de la noblesse avait maintenu son précédent arrêté; les conférences furent reprises; les commissaires des trois ordres se rendirent chez le garde-dessceaux; les commissaires nommés par le roi furent, d'Ormesson, Lamichaudière, le duc de Nivernais, Vidaux, Lagalésière, Montmorin, Vildeuil, Puiségur, Saint-Priest, Necker, Delessart. Dès l'ouverture des discussions, la signature du procès-verbal éleva une difficulté; les commissaires de la noblesse refusèrent de le signer avec l'expression des communes ; le clergé dit que, pour conserver sa qualité de médiateur, il s'abstiendrait de prendre part aux discussions; on lui observa assez ingénieusement que «<le clergé «<fournissait le premier exemple d'un média<< teur qui, pour concilier les parties, attendît

qu'elles fussent d'accord. » Le garde-des-sceaux proposa l'expédient de nommer un secrétaire hors de l'assemblée, et que sa signature ferait foi.

Les conférences se prolongèrent jusqu'au 10

juin;

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juin; chaque ordre restant dans ses prétentions, L. Ep. la noblesse s'appuyant sur les anciens usages, qui établissaient la vérification dans chaque ordre, les communes opposant le raisonnement et la raison, qui réclamaient que chaque ordre devant influer sur les affaires ou les décisions communes, il fut reconnu, et par conséquent vérifié par les deux autres, le clergé disant toujours qu'il attendrait que les deux ordres eussent pris un avis commun pour s'y ranger; les commissaires du roi proposèrent un projet d'accommodement, qui tendait à laisser chaque ordre libre de ses vérifications non-contestées par les autres ordres, et à s'en rapporter au roi pour la décision des vérifications qui le seraient; on s'appuyait sur ce que les trois ordres ayant reconnu au roi le droit de convocation, il était de justice de lui reconnaître le droit de décision sur toutes les questions relatives à la convocation, et les élections étaient du nombre: chacun tenait en réserve son véritable motif; la noblesse disait vérifier en commun, c'est préjuger la délibération par tête ; les communes n'en convenaient pas, mais cependant insistaient sur la délibération par tête; elles donnèrent même à leurs commissaires le pouvoir de traiter cette question dans les conférences; mais bienLôt elles furent troublées par une démarche imTome I. 5.

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1. Ep. prévue.et même profondément mal calculée de 1789. la chambre du clergé.

Déja des alarmes sur les subsistances avaient produit la cherté et même la rareté des grains; la commune de Paris. s'occupait activement de cet objet, étranger par sa nature aux fonctions d'un corps législatif, qui, n'ayant aucun moyen d'exécution, ne peut que donner des lois générales; et même les ordres n'étant pas encore constitués ne le pouvaient pas. Ce fut dans ces circonstances qu'une députation du clergé apporta, dans la chambre du tiers, cet arrêté: « Les membres du clergé assemblés, profon«< dément touchés de la misère des peuples et « de la cherté des grains qui affligent les diffé<< rentes provinces, croient ne pouvoir mieux << se conformer aux vues paternelles de sa ma«jesté, mieux remplir ses devoirs les plus chers, que de s'empresser de nommer une commis«sion composée des différents députés des gou. << vernements et principales divisions du royaume, « pour prendre en considération un objet si essen<< tiel, sur lequel ils profiteraient de tous les mé« moires qui leur seront remis, et d'inviter les <«< deux autres ordres à s'occuper également du « même objet, pour vérifier les différentes causes de la cherté du pain, aviser aux moyens les plus prompts que l'on pourrait y apporter, << en rétablissant la confiance, et la maintenant

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