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cations n'ont presque pas de solution légale absolue et les inconvénients peuvent être fréquents et graves.

Les membres présents à la séance n'ont pas cru pouvoir s'arrêter à un avis définitif sur le mode international qu'il serait bon de mettre en vigueur pour assurer la validité des mariages entre étrangers. M. Clunet, appuyé par M. Lachau, a présenté le projet de rédaction suivant : « L'Association exprime le vœu qu'une clause des conventions consulaires entre nations autorise les consuls à célébrer le mariage entre leurs propres nationaux et les femmes du pays ».

M. le professeur Baldwin a objecté qu'il serait dangereux de donner ce pouvoir aux consuls; certains d'entre eux pourraient être des personnes aptes à remplir un pareil mandat, mais ce ne serait pas toujours le cas. Ainsi, par exemple, lorsque les consuls sont indigènes du pays où ils sont accrédités, on aurait affaire à des hommes qui probablement manqueraient de familiarité avec la loi des pays qu'ils représentent. Il me semble que cela prouve tout simplement qu'il ne faut pas nommer consuls des gens qui ignorent précisément ce qui est indispensable pour l'exercice de leurs fonctions.

M. le professeur Leone Levi, de Londres, appuyé par M. le Dr Crelli Corraigioni, propose alors une rédaction, qui, sur la proposition de M. le Dr Wendt, est référée au conseil exécutif de l'Association pour examen plus approfondi. Voici le texte de cette rédaction :

<< Cette conférence recommande qu'aucun mariage ne soit célébré entre un indigène du pays où il a lieu et un étranger, en l'absence d'un certificat dûment autorisé à l'effet qu'il n'existe aucun empêchement légal à la célébration de ce mariage dans le pays de l'étranger; et que la production de ce certificat soit probante et définitive à l'égard de la capacité de l'étranger de contracter mariage ».

Il parait bien probable que c'est à l'usage de quelque moyen de ce genre qu'on devra arriver; mais ce sont, néanmoins, encore les consuls qui auraient à veiller à toutes les formalités, puisque déjà ils font fonctions d'officiers de l'état civil.

Parmi les hors-d'œuvre de la conférence, c'est-à-dire parmi les travaux qui ne figuraient pas à l'ordre du jour principal, je relève un mémoire préparé par le Dr Flickingen, et lu en son absence par M. Tomkins, sur le développement de la civilisation et des lois parmi les races indigènes en Afrique. Ce travail contenait de nombreux détails sur les tribus nègres de la côte occidentale de l'Afrique et sur les progrès qu'elles ont accomplis tant dans les arts industriels que dans le négoce. Signalons aussi une résolution présentée par M. Joaquim Nabuco, ancien membre du Parlement brésilien, contre le maintien de l'esclavage. M. Nabuco a pu annoncer à l'Association qu'un grand pas avait été fait 4a SÉRIE, T. xxxix. 15 septembre 1887. 27

depuis la conférence de Milan, il y a quatre ans. Les abolitionistes du Brésil luttaient alors contre les influences les plus hautes et semblaient n'avoir rien à espérer, tandis qu'aujourd'hui les grands propriétaires eux-mêmes comprennent qu'il faut abandonner une institution que réprouve la conscience nationale et qui depuis trois siècles est une plaie dans le flanc du Brésil. La loi qui abolissait l'esclavage ne pouvait plus se faire attendre longtemps maintenant. M. Nabuco demande à l'Association que la conférence affirme une fois de plus la déclaration adoptée à Milan à l'effet de condamner l'esclavage comme étant contraire aux principes de la loi internationale; elle se félicite du mouvement abolitionniste au Brésil et regrette en même temps que les autres nations civilisées du globe n'aient pu encore donner à ce mouvement l'appui moral international auquel il a droit, en interdisant à leurs nationaux de se rendre propriétaires d'esclaves au Brésil ou de se prêter en aucune façon au maintien de l'esclavage dans ce pays.

CORRESPONDANCE

H. C.

PELLEGRINO ROSSI.

Paris, août 1887.

Monsieur le Rédacteur en chef, on ne peut qu'admirer et vénérer Rossi, gloire presque aussi française qu'italienne. Je ne l'ai pas connu, mais j'ai fort entendu parler de lui, et fort souvent, soit par l'excellent Joseph Garnier, qui le possédait ad unguem, soit pendant un assez long séjour à Rome; c'est ma seule raison pour me permettre ces quelques lignes, dont je vous laisse juge, à propos de la « Lecture » de M. Courtois, reproduite dans le dernier numéro du Journal des Économistes.

A quarante ans de distance, y a-t-il inconvénient à préciser les faits qui ont précédé ou suivi l'assassinat de Rossi, dont les principales causes resteront d'ailleurs fort longtemps inconnues? Pour ne parler que de faits certains, en voici quelques-uns, cueillis et rédigés au hasard des souvenirs.

Reprenant et suivant la notice de M. Courtois, on peut ajouter que Rossi avait traduit de Byron non seulement le Giaour, mais aussi le Corsaire et Parisina, morceaux restés inédits, comme les « Lettres d'un

dilettante de la politique » qu'il écrivait, trente ans plus tard, dans sa retraite de quelques mois à Frascati.

A Bologne, il fonda dès ses débuts au barreau, une Académie judiciaire qui doit vivre encore, peut-être sous un autre titre, et qui compte ainsi plus de 75 ans d'existence.

Pendant les troubles de la Suisse, après avoir joué un tel rôle que Huber Saladin écrivait plus tard l'histoire de ce pays sous le titre de : M. Rossi et la Suisse de 1816 à 1833, il se vit attaqué et calomnié; il ne garda plus dès lors une extrême patience et ne quitta pas l'Helvétie sans avoir déclaré franchement que « la République de Genève était oune pétaudière ».

A son entrée presque bruyante en France, intronisé en peu de temps au Collège de France, à la Faculté de droit, il dut faire, place du Panthéon, ses trois ou quatre premières leçons devant des auditeurs littéralement flanqués de sergents de ville, puis s'imposa aux élèves par sa force même, à ses collègues par la façon mordante dont il relevait en public leurs moindres peccadilles, comme le fit maintefois Malgaigne aux cours de médecine.

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Tant de bruit et de tapage avait inquiété Louis-Philippe, attentif à toute émotion qui prenait consistance. « Êtes-vous bien sûr, dit-il à Guizot, que l'homme vaille l'embarras qu'il nous donne? Il vaut mieux, répondit le ministre, et vous en ferez bientôt plus qu'un profesAlors, soutenons-le! »

seur.

Sa nomination à l'Institut, en 1836, à la place de Sieyès, son entrée au Conseil royal de l'instruction publique au Contentieux des affaires étrangères, le titre de doyen de la Faculté de droit, avec le logement y affecté, son élévation à la pairie, sa nomination d'ambassadeur à Rome, ravivèrent les animosités et il faut lire, dans les « Nouvelles à la main, »> dans les « Guêpes, » dans les cent et quelques feuilles satiriques d'alors, les violentes diatribes dont il fut l'objet. Celle même d'Alphonse Karr le suivit en Italie et, paraît-il, y fut traduite, mais aussitôt arrêtée et rigoureusement bloquée à la douane.

Au milieu de tant d'occupations, il trouvait, avec sa merveilleuse facilité de travail, le temps de rédiger la Chronique de la « Revue des deux mondes,» alors signée V. de Mars. On la lui attribuait vaguement, faute de preuves et le secret bien gardé; la Table de la Revue a levé tous les doutes en mettant sous son nom seul la « Politique contemporaine: de 1839 à 1844, la plus longue période fournie par les rédacteurs intermittents avant M. de Mazade, le seul titulaire de cette chronique depuis plus de vingt ans et qu'elle a porté à l'Académie française.

Pour arriver de suite au 15 novembre 1818, il reçut, en effet, le matin même avis du complot; on peut affirmer qu'il en reçut au moins quatre:

chez lui, se faisant la barbe, un billet anonyme, mais très précis; en sortant, il croisa une comtesse étrangère qui le lui confirma; chez le pape, le camérier de service le supplia de ne pas paraître à la Chambre; sur le seuil du Vatican, un prêtre insista tellement qu'il hésita quelques minutes; mais prenant son parti : « Je soutiens la meilleure cause, dit-il; Dieu me protégera!»

Ce furent ces dernières paroles, celles que Pie IX, à son retour de Gaëte, fit graver sur le riche mausolée qu'il lui fit élever dans l'église San-Lorenzo in Damaso, attenant à la Chancellerie. Ce tombeau, tout en marbre blanc, porte l'inscription suivante :

QVIETI. ET. CINERIBVS

PELLEGRINI. ROSSI.COM. DOMO. CARARIA

QUI. AB. EXTERNIS. NEGOTIIS. PII IX. PONT. MAX
IMPIORVM. CONSILIO

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MEDITATA

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CAEDE

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OCCVBIT

XVII. KAL. DEC. AN. MDCCCXLVIII

ÆT. ANN. LVI. M. IIII . D . XII

CAVSAM. OPTIMAM. MIHI. TVENDAM ASSVMPSI

MISEREBITVR. DEVS1

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Par parenthèse, San-Lorenzo possédait autrefois 44 colonnes de granit provenant du théâtre de Pompée; on les y prit pour en orner la double colonnade de la Chancellerie; ce qui a fait dire et même écrire, avec plus de couleur que d'exactitude, que Rossi était tombé, comme César, aux pieds de la statue de Pompée. Et par un de ces jeux familiers au hasard, il repose à côté du célèbre poëte Annibale Caro, si ami de la France, qui conseillait à ses concitoyens, au xvre siècle, de s'abriter à l'ombre des lis d'or: Venite all' ombra degli gigli d'oro!

Le soir du 15 novembre, sans parler ni de l'attitude de la Chambre et de celle de la police, ni des bacchanales de la rue, on dansa dans les salons romains comme si rien ne se fût passé. Lorsque l'armée française eut occupé Rome, on rechercha le meurtrier Jergo. Un gredin presque homonyme fut pris avant le vrai et exécuté pour lui; mais il avait luimême un compte antérieur assez lourd à régler avec la justice.

Douze ans après, quand mourait Cavour, les amis de l'indépendance italienne, les plus indifférents même en 1848, rapprochaient avec regret les noms de ces deux hommes qui avaient de si longtemps rêvé l'Italie

Carare

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1 Au repos des restes de Pellegrino Rossi comte d'une maison de qui, chargé des affaires étrangères par Pie 1X pontife suprême succomba sous les coups préparés par des impies le 17 des calendes de décembre de l'année 1848 — à l'âge de 56 ans, 4 mois, 12 jours.

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- « J'ai sou.

unie et libre, et l'on rappelait avec tristesse que Rossi, qui s'était levé au cri de Murat en 1815, avait envoyé son fils au premier appel de CharlesAlbert, en 1848, lui disant: « Pars, mon fils, la cause est belle! >

Pardonnez, Monsieur le Rédacteur, cette lettre peut-être un peu longue, mais il est des noms qui entraînent, et ce sera l'excuse du Tout respectueux et dévoué,

BULLETIN

EDMOND RENAUDIN.

PUBLICATIONS DU « JOURNAL OFFICIEL ».

(Août 1887.)

1er août. Relevé des quantités de froment importées et exportées du 1er août 1886 au 30 juin 1887 (page 3603).

Mouvement commercial de la France avec la Tunisie (page 3602). 3 août. Loi portant ouverture au ministre de la marine et des colonies, sur l'exercice 1887, d'un crédit extraordinaire de 931.668 fr. pour les dépenses d'occupation et d'administration de Diego Suarez pendant l'année 1887 (page 3621).

- ayant pour objet : 1° la déclaration d'utilité publique de travaux d'amélioration au port de Bordeaux (extension des quais en rivière et amélioration du bassin à flot); 2° les voies et moyens propres à assurer la réalisation de ces travaux (page 3621).

ayant pour objet d'autoriser: 1° l'exécution au port d'Oran de la restauration de la jetée du large et des pavages du quai de la gare; 2o les voies et moyens propres à assurer la réalisation de ces travaux (page 3622).

Décret approuvant la convention concernant l'échange des colis postaux sans déclaration de valeur, signée le 18 juin 1886, entre la France et la Grande Bretagne et qui en prescrit la publication (p. 3623). -Réglement général pour l'exposition générale de brasserie (p. 3628). 4 août. Rapport adressé au Président de la République par le ministre de la marine et des colonies, relatif à des modifications à l'organisation judiciaire des établissements français dans l'Inde. Décrets conformes (page 3637).

« EelmineJätka »