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c'est-à-dire en 1866, et la commission des relations étrangères, prési dée par le sénateur Edmunds, a, plus tard, constaté dans son rapport que tous les gains et avantages semblaient être du côté des Canadiens tandis que les pertes et les désavantages étaient le lot des Américains ». Un argument favori des adversaires de la réciprocité était que, frappé de droits d'entrée ou non, le poisson canadien revenait toujours au même prix au consommateur américain, ce qui prouvait que, ce que le Trésor des Etats-Unis perdait, les exportateurs canadiens l'empochaient. Après l'abrogation du traité, les relations entre les deux pays furent pires que jamais. Un écrivain assez impartial, pour donner une idée de l'attitude du Canada, se sert des mots menace », « insulte », « opérations équivalant presque à des actes de guerre ». Pendant quelque temps, le commerce canadien souffrit considérablement, et les pêcheurs. américains se trouvèrent fort embarrassés. La question de l'Alabama arriva à point pour fournir l'occasion de conclure un nouvel arrangement, et, en vertu du traité de Washington (1871), les Américains obtinrent de nouveau le droit de pêche en échange de l'abolition du droit d'entrée sur le poisson et les huiles de poisson. Une clause de ce traité stipulait qu'une commission se réunirait à Halifax pour déterminer quelle somme serait, en plus, payée, s'il y avait lieu, par les EtatsUnis ».

La commission, après bien des délais, se réunit enfin en 1877, et accorda aux Canadiens la somme énorme de 5.500.000 dollars, ou 27.500.000 fr. Le commissaire américain protesta et mit en doute << le droit de la commission de fixer une somme sans l'assentiment unanime des membres qui la composaient ». Les Américains payèrent, néanmoins, en 1878.

Cette fois encore, les deux Chambres du Congrès, « à une très grande unanimité », dénoncèrent le traité le plus tôt possible, c'est-à-dire le 2 juillet 1885, bien que, pour la commodité des deux pays, on convint de prolonger jusqu'en 1886 les dispositions du traité à la condition que le Président Cleveland << soumettrait au Congrès la question des pêcheries dès la prochaine session (1er décembre 1885), et recommanderait la nomination d'une commission mixte ». C'est ce que fit M. Cleveland, et le Sénat, en avril 1886, décida par 35 voix contre 10 que ce n'était pas au Sénat à nommer cette commission. On revenait au point de départ, et la convention de 1818 était de nouveau remise en vigueur.

En 1886, 17 bateaux américains furent capturés par les Canadiens ; le Canada dépensa 130 000 dollars (650.000 fr.) pour la protection de ses pêcheries; la correspondance échangée entre Londres et Washingtonremplit deux Livres Bleus; le Congrès vota une loi de représailles autorisant le gouvernement des Etats-Unis à cesser toutes relations commer

ciales avec le Canada; quelques fiers-à-bras ont, une fois de plus, crié qu'il fallait << remorquer les lles-Britanniques jusque dans les eaux de Mississipi et, enfin, une nouvelle commission est en route pour Washington afin de trancher la question équitablement, et, cela va sans dire « pour toujours », tout comme en 1818. Voilà où nous en sommes aujourd'hui.

HENRY NORMAN.

Le Message du président des Etats-Unis présente cette année un intérêt inaccoutumé. On sait que le Trésor américain est affligé d'un excédent chronique de recettes. Cet excédent sera, le 30 juin prochain, de 140 millions de dollars. Jusqu'à présent on l'a appliqué au remboursement de la dette, à l'augmentation du nombre et du chiffre des pensions, — quelques-unes remontent à la guerre de l'Indépendance et ne semblent pas près de s'éteindre. Un homme d'Etat du parti républicain, a proposé de distribuer le surplus entre les États particuliers, ce qui améliorerait sensiblement le sort des infortunés politiciens auxquels les comités organisateurs des élections imposent des taxes véritablement exorbitantes. Un simple candidat aux fonctions de sénateur d'Etat par exemple est obligé de payer 5.000 dollars au comité électoral de son parti, quoique le mandat de sénateur ne dure que deux ans et que l'indemnité sénatoriale ne dépasse pas 1.500 dollars; pour les fonctions dont la durée est plus longue, le tarif s'élève en proportion. Une répartition annuelle d'une centaine de millions de dollars entre les Etats accroitrait directement ou indirectement, d'une façon notable, les ressources du monde politicien et permettrait à ses membres de supporter avec moins de gêne, le fardeau des dépenses électorales. Il est vrai que celles-ci pourraient bien s'augmenter de manière à absorber une grosse part de la subvention. Quoi qu'il en soit,et malgré l'appui que les protectionnistes ont prêté à cette combinaison, en vue d'assurer le maintien du tarif actuel, elle n'a pas été adoptée jusqu'à présent, et voici que M. Cleveland propose d'affecter le surplus trop encombrant du Trésor à une réduction du tarif des douanes.

Le Message, lisons-nous dans l'analyse sommaire de ce document, propose de maintenir l'impôt sur les tabacs, les vins et les spiritueux mais il proclame la nécessité de réorganiser le tarif douanier, tout en sauvegardant les intérêts des industriels et des travailleurs américains ; toutefois, la prise en considération de ces intérêts ne doit pas signifier, pour les industriels, le droit de réclamer des profits excessifs. La réduc

tion du tarif douanier doit être combinée de telle sorte qu'elle ne porte pas préjudice à l'emploi ou aux salaires des ouvriers. Le Président est favorable à la suppression ou du moins à la réduction des droits sur la laine. Il est également favorable soit à la réduction des droits sur les matières premières employées dans l'industrie américaine, soit à leur libre importation.

Cependant, il ne faudrait pas se flatter trop tôt de voir une brèche s'ouvrir dans le tarif américain. Les influences protectionnistes sont demeurées puissantes aux Etats-Unis, et la division des partis n'a pas cessé de leur assurer la prépondérance au sein du Congrès. Déjà on annnonce que les cultivateurs et les marchands de laine ont protesté vivement contre les tendances subversives du message. Il se pourrait fort bien qu'une coalition politicienne et protectionniste se constituât pour faire prévaloir le système de la répartition des excedents budgétaires entre les Etats particuliers et écarter ainsi le danger d'une réforme du tarif. L'honnête et libéral M. Cleveland n'en mérite pas moins les remerciements des libre-échangistes des deux mondes.

Nous empruntons à la chronique des tribunaux, le récit d'une affaire qui mériterait de passer à la postérité la plus reculée comme un exemple d'héroïsme professionnel. Le héros est un simple gabelou qui s'est fait arracher une dent pour gagner la prime que la Compagnie des allumettes alloue à ses agents, quand ils réussissent à saisir des allumettes de contrebande,

En août dernier, M. Peter Lemonnier, dentiste niçois, reçut la visite d'un client qui le pria de lui extirper une molaire. L'opération fut faite séance tenante, sinon sans douleur, du moins sans que le patient poussat la moindre plainte. La bouche une fois soigneusement lavée, celui-ci exhiba un cigare et demanda une allumette au dentiste.

M. Peter lui présenta sa boîte.

Tiens fit l'autre, mais ce sont des allumettes de contrebande. Désolé, mon cher monsieur..., je vous dresse procès-verbal !...

L'homme était un agent de surveillance de la Compagnie des allumettes chimiques.

Roux c'était son nom

avait pris le soin de se faire accompagner

dans cette originale expédition par un collègue M. Poncelle, qui attendait dans l'antichambre le résultat de l'entrevue et au premier signal

s'empressa d'intervenir pour être témoin du procès-verbal.

4 SÉRIE, T. XL. 15 décembre 1887.

31

Poursuivi pour détention d'allumettes de contrebande, le dentiste a riposté par une plainte reconventionnelle contre les deux agents pour violation de domicile.

Le tribunal a annulé le procès-verbal de Roux et Poncelle et rejeté la plainte de M. Peter Lemonnier.

Le jugement décide, d'une part, que si les agents de la Compagnie des Allumettes ont le droit de pénétrer dans un établissement public, un restaurant, un café, par exemple, ils ne peuvent verbaliser dans un domicile privé, alors surtout qu'ils y sont entrés par surprise.

D'autre part, il déclare que les agents n'ont point commis le délit de violation de domicile au sens légal du mot, M. Peter Lemonnier ayant ouvert de bon gré sa porte, et les allumettes n'ayant pas été saisies par violence, puisque le dentiste a présenté lui-même la boîte.

Les dépens sont mis moitié à la charge des agents, moitié à celle du dentiste, la boîte d'allumettes saisie restant d'ailleurs confisquée.

Nous aurions bien quelque chose à redire sur l'arrêt du tribunal. Mais quel beau dévouement! Et qui s'aviserait encore de se plaindre des allumettes de la Compagnie si elles étaient aussi inflammables que le zèle de ses agents?

Paris, 14 décembre 1887.

G. DE M.

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