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previdenza, volume consacré tout entier au crédit rural (credito agraria). Ce volume renferme les procès-verbaux de la commission royale d'Italie et un grand nombre de pièces à l'appui. - N'oublions pas non plus el Credito agricola, brochure espagnole contenant le discours de réception de dom Eugenio Montero Rios à l'Académie des sciences morales et politiques de Madrid, discours qui traite du crédit agricole et qui examine la question sous ses divers aspects.

Russische Revue (Revue russe), publiée par M. Hammerschmidt (St-Pétersbourg, libr. Schmitzdorff, 16° année, 1887, 2° n° trim.). Signalons une intéressante notice sur l'établissement de la navigation à vapeur en Russie. Les premières démarches pour atteindre ce but remontent à Fulton. Le premier navire construit par Fulton avait marché en 1807 sur l'Hudson entre New-York et Albany 1; en 1812 le ministre des États-Unis à la cour de Russie, John K. Adams, demanda au chancelier Rumjanzof un privilège de 20 à 25 ans pour son compatriote. Le chancelier trouva la durée du privilège trop longue et offrit 15 ans, à la condition que Fulton construirait au moins un bateau dans les trois premières années. Le Tzar y avait même consenti en principe, mais l'affaire traina en longueur et Fulton mourut en 1815 sans avoir reçu son privilège. (Il fallait verser au préalable 1.500 roubles).

En attendant, l'idée avait fait son chemin et Baird, qui était administrateur d'une usine et qui s'était adjoint un savant nommé Hamel qui avait été en Angleterre, demanda de son côté un privilège; il le reçut, en 1817, pour 10 ans. Il paraît cependant qu'un certain Vsevoloski avait fait, dès 1816, une promenade sur le Volga dans un bateau à vapeur qu'il avait fait construire en Russie même. Baird ne marcha pas vite, mais en 1823 il se fonda une société qui construisit quelques navires pour le Volga et la mer Caspienne, mais elle ne fit pas de bonnes affaires. En 1824 il se fonda une compagnie de navigation pour le Dnieper, mais sous ce système de privilège les entreprises ne parvenaient pas à prospérer. En 1843, le gouvernement proclama la liberté du remorquage et ce seul fait donna un certain élan à la navigation, il se fonda diverses compagnies, l'une d'elle obtint le concours de la maison Cail de Paris.

La Russie eut aussi son époque de spéculation fiévreuse et c'est surtout de 1860 à 1870 que l'ardeur paraît avoir été grande. Si nous

1 Fulton avait déjà fait un essai sur la Seine, à Paris, en 1802.

comprenons notre auteur, il y existait bien alors des bateaux à vapeur porteurs - aménagés pour porter des voyageurs et surtout des marchandises, mais le plus grand nombre étaient des remorqueurs, qui traînaient, les uns des yachts ou coches d'eau, les autres des chalands ou barques de transport. Ainsi voici un tableau indiquant les effectifs en 1859, 1860 et 1870:

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Les premiers toueurs furent installés en 1863. Ce qui devait arriver, arriva. L'offre dépassant de beaucoup la demande, la concurrence devint effrénée et le prix du transport s'avilit, il y eut des pertes, un véritable krach (1870). En 1881 on ne compta pas moins, rien que sur le Volga et ses affluents, de 572 vapeurs. Les grands lacs de la Russie, notamment le Ladoga (42 vapeurs) et l'Onéga (12 vapeurs), qui sont comme de petites mers intérieures, eurent leurs vapeurs. Le Dnieper en a 67, le Don 59, il y en a aussi en Asie. D'après une publication récente du ministère des travaux publics, la Russie aurait en tout 1.246 vapeurs avec 72.105 chevaux de force et un personnel de 18.766 personnes. De ces navires 562 sont chauffés au bois, 422 au charbon, 262 avec des résidus de pétrole ou de naphte.

Un autre article, dù à M. H. d'Aurich, raconte l'histoire de la colonisation russe des côtes de la mer Noire le long du Caucase. Les mesures tendant à la colonisation ont reçu à partir de 1865 un vigoureux élan : on a nommé des commissions, envoyé des généraux, voté des fonds, distribué des terres gratis, et des hommes désintéressés y ont dépensé des trésors de patriotisme et d'humanité, sans recruter plus de 679 personnes qui vivent misérablement. Quelle est la cause de cet insuccès ? Cela ne ressort pas clairement du travail de l'auteur; je crois entrevoir: 1o qu'on n'a pas choisi ou trouvé de bons éléments colonisateurs; 2° qu'on a trop réglementé. En comparaison des résultats obtenus au Caucase, ceux que la France réalisés en Algérie sont brillants. L'administration française n'est pas sans avoir commis des fautes, mais elle a été favorisée par deux circonstances: 1o le personnel des colons vaut mieux, 2o la Méditerranée a plus d'attraction que la mer Noire. La proximité de la

1 Littéralement remorqueurs à voyageurs.

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France est compensée par ce fait que le Caucase est en Russie même. Ce n'est d'ailleurs ni l'eau, ni le bois qui manquent, il y a de l'herbage et l'on rencontre de bonnes terres, mais on ne colonise pas à volonté, même lorsqu'on dispose d'une population de 100 millions d'âmes et qu'on accepte des étrangers « pourvu qu'ils fussent chrétiens».

El Economista de M. J. Garcia Barrado, à Madrid, nous fait connaître que l'Espagne est dans la même situation économique que le reste du monde civilisé. Ainsi, l'importation du coton brut, qui était de 52.622.212 kg. en 1884, est descendue en 1885 à 48.803.489 kg. et en 1886 à 45.842.189 kg. Ce mouvement ne s'explique que « par le profond malaise qui existe dans le pays ». Mais qu'est-ce qui cause le malaise? L'auteur répond très judicieusement ce ne peut être l'excès de production, puisque nous produisons beaucoup moins. — Et pourquoi le prix du vin diminue-t-il? Parce qu'on en exporte moins, dit-on; mais c'est encore une erreur, soutient l'Economista : le prix du vin diminue parce que l'Espagne, devenue plus pauvre, consomme moins elle-même. En fait, d'ailleurs, l'exportation, n'a pas diminué.

M. Eleuterio Delgado Martin, avocat de l'Etat (commissaire du gouvernement) vient de publier à Madrid (Tip. de M. G. Hernandez, 1887) un livre, intitulé: Estudios sobre politica y administracion financieras (Etude sur la politique et les finances). L'auteur prêche la séparation de la politique et des finances. Cette fois-ci les deux côtés des Pyrénées s'inclinent devant la même vérité; chez nous aussi la politique exerce une influence pernicieuse sur les finances, contre laquelle, il est vrai, on a commencé à réagir. M. E. Delgado, qui a déjà publié de très utiles traités de droit administratif (1. Contratos administrativos, etc., 1883 et 2. Apuntes di derecho économico del Estado, 1886), étudie le mal, ses causes (immixion des députés, faveurs, fraudes) et indique les remèdes. En lisant son livre on a l'occasion de jeter un coup d'œil sur les «< cosas de España ». On verra que l'Espagne n'est pas hors d'Europe.

El Economista mexicano de M. Zapata Vera, à Mexico, nous apprend qu'on a découvert dans le Yucatan un nouveau ver à soie,

une variété du Bombyx Psydii dont il décrit les particularités. On le trouve très semblable au Bombyx Mori, qui est le ver à soie ordinaire que nous élevons. Ces insectes sauvages sont peut-être appelés à régénérer nos insectes domestiques qui semblent avoir gagné tous les vices de la civilisation. - Le numéro du 23 juillet, auquel nous empruntons cette indication résumée, renferme aussi des détails sur le commerce des bois d'ébénisterie « bois précieux » (voyez aussi le 11 juin). Signalons aussi le numéro du 13 août où D. J. D. Casasus résume l'histoire de la monnaie au Mexique. J'y trouve ce renseignement que les Aztèques se sont servi d'une sorte de caca comme (petite) monnaie.

Le Jornal dos Economistas de M. Silva Figueiro, à Rio de Janeiro, montre que dans l'autre hémisphère de notre globe on a les mêmes préoccupations qu'à peu près partout en Europe: crise politique, crise économique, réduction des dépenses, tarif douanier, question des sucres..... à laquelle le Jornal brésilien accole le café. L'auteur de l'article « A crise do assucar » indique un moyen très rationnel pour sauver le sucre de canne, c'est d'introduire au Brésil les procédés perfectionnés qu'on a trouvés en Europe pour extraire le sucre de la betterave. Les idées les plus simples viennent en dernier. Mais il vaut mieux tard que jamais.

MAURICE BLOCK.

LE PARLEMENT ANGLAIS

ET

UN PROJET D'ASSURANCE OBLIGATOIRE

RAPPORT DE LA COMMISSION PARLEMENTAIRE ANGLAISE, CHARGÉE DE FAIRE UNE ENQUÊTE SUR LE MEILLEUR SYSTÈME D'ASSURANCE ET DE PRÉVOYANCE NATIONALES.

La position insulaire des Anglais ne les garantit pas contre la contagion des idées fausses, contre l'importation de projets de réforme sociale, destinés à supprimer les maux et les faiblesses de l'organisation actuelle. Comme le Journal des Economistes a eu l'occasion de le signaler à plusieurs reprises, le socialisme, sous ses divers aspects, a pris racine de l'autre côté du détroit; il a porté des fruits plus ou moins gros, plus ou moins dangereux. Le socialisme révolutionnaire de M. Hyndman est le moins redoutable; le socialisme gouvernemental, municipal, industriel, de MM. Chamberlain, Jesse Collings, de lord Randolph Churchill, des producteurs de beurre, des adversaires de la liberté du travail, est plus menaçant. Les inflationnistes, les bimétallistes, qui parlent au nom des commissionnaires et des fabricants de Manchester, au nom des agriculteurs ennemis de la concurrence indienne, sont du même bord. Mais le bon sens pratique et les véritables doctrines économiques préservent l'Angleterre de se lancer dans des expériences désastreuses. Il est difficile parfois de jeter du premier coup au panier les pétitions adressées au Parlement et au Gouvernement; on est obligé de les traiter avec une apparence d'égards et de les confier aux soins de commissions parlementaires.

L'assurance obligatoire est à la mode; le prince de Bismarck a procuré un retentissement extraordinaire à cette formule, et il était vraisemblable que l'attention du gouvernement et des chambres britanniques serait appelée de ce côté. En effet, dès 1885, une commission de la Chambre des communes fut chargée de faire une enquête sur le meilleur système d'assurance et de prévoyance publiques contre le paupérisme. Deux dissolutions ont interrompu les

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