Page images
PDF
EPUB

du divin Sauveur, et que, fidèles à leur serment, ils ont toujours maintenue dans sa pureté.

<«< Pour mettre un terme à ces atrocités, nous nous sommes vus forcés de prendre les armes, seul remède dont nous puissions espérer un succès assuré. En conséquence, nous publions, à la face de l'Europe, que nous déclarons la guerre à Bonaparte.

« C'est au nom de notre Roi, Ferdinand VII, et de toute la nation espagnole, que nous déclarons la guerre par terre et par mer, à l'empereur Napoléon, et aussi à la France, tant qu'elle restera soumise à son joug. Nous ordonnons à tous les Espagnols de commencer les hostilités envers les Français, et de leur faire tout le mal que les lois de la guerre autorisent. Nous ordonnons qu'un embargo soit mis sur tous les bâtiments français qui se trouvent dans nos ports, et que le séquestre soit posé sur toute propriété appartenant au gouvernement français ou à des individus de cette nation, dont les Espagnols pourront s'emparer.

« Nous ordonnons en même temps qu'aucun mal ne soit fait à la nation anglaise, qu'on respecte son gouvernement, qu'on ne mette aucun empêchement à ce que les vaisseaux appartenant à son Roi, ou à des particuliers, ne continuent leur route, et que les propriétés des Anglais qui peuvent se trouver sur le sol de l'Espagne soient soustraites à tout séquestre ou à toute autre atteinte.

« Nous déclarons que nous avons établi un commerce libre avec la Grande-Bretagne, et que nous le maintiendrons intact; que nous avons conclu avec cet État un armistice qui, à ce que nous espérons, sera bientôt changé en une paix solide et durable. Nous promettons de ne poser les armes que lorsque l'empereur Napoléon aura rendu à l'Espagne Ferdinand VII, son souverain légitime, et les autres personnes de la mai

son royale, et qu'il aura pris l'engagement formel de respecter désormais les lois sacrées d'une nation qu'il a outragée, et de reconnaître la liberté, l'intégrité et l'indépendance de l'Espagne.

<< Et afin que notre résolution ferme et inébranlable soit portée à la connaissance de toute la nation espagnole, et obtienne son effet entier, nous ordonnons que la présente déclaration soit imprimée, proclamée, affichée aux lieux accoutumés, répandue dans la ca pitale et dans les provinces de l'Espagne et des deux Amériques, enfin publiée en Europe, en Asie et en Afrique.

<<< Donné au palais royal d'Alcazar à Séville, le 6 juin 4808.

« Au nom de la Junte suprême,

« Signé Juan Bautista PARDO, Emmanuel Maria AGUILAR, secrétaires. »>

Adresse à Napoléon, publiée à Valence le 7 juin 1808.

« Napoléon, le voile qui couvrait ta perfidie est déchiré. Le mystère dans lequel l'hypocrisie s'enveloppait est éclairci. Elle est dévoilée ton ambition effrénée qui ne connaît ni borne ni loi. Elle est le mobile de toutes tes machinations compliquées. Elle t'a enseigné ces paroles mielleuses et astucieuses par lesquelles tu réussis à tromper la bonne foi. Tu trompes pour séduire; tu séduis pour faire la guerre ; tu fais la guerre pour piller; tu pilles pour régner; tu règnes pour détruire.

Que Rome et Naples nous servent de témoins. Nous en appelons à l'Allemagne et à la Prusse, à la Toscane et à toute l'Italie, à la Suisse et à la Hollande, au Por

tugal et à notre Espagne. Toi-même, Napoléon, réponds, sois une fois maître de tes passions, qu'une parole de vérité sorte une seule fois de ta bouche. Que deviendra l'Espagne quand tu l'auras ravagée et asservie, quand tu la gouverneras, toi ou un de tes complices, quand tu auras enlevé à nos ateliers les mains laborieuses qui les mettaient en mouvement, quand tu auras arraché de leurs foyers trois cent mille hommes pour être égorgés dans une terre lointaine, où leurs corps pourriront sans sépulture? Nos bras sontils réservés à t'aider dans l'exécution de ce projet que tu nourris en secret, de détruire la maison impériale d'Autriche environnée de siècles de gloire? Lui prépares-tu déjà des funérailles comme à la maison des Bourbons?

<< Et parvenu à ce but, les guerriers que tu enlèveras aux champs fertiles de l'Autriche, comment les emploieras-tu pour être les instruments et les soutiens de ta tyrannie? Parcourront-ils l'Allemagne pour renverser ces trônes chancelants auxquels tu as donné une existence éphémère? Alors le titre imposant d'empereur d'Occident te suffira-t-il enfin? Ou bien as-tu promis tes secours à la Russie pour renverser et la Prusse, et la Porte et la Perse? Sera-t-il permis alors à son czar de s'intituler empereur d'Orient? Napoléon, défie-toi de toi-même : jamais tu ne permettras qu'il existe auprès de toi un homme qui soit ton égal. Tu prendrais les armes pour anéantir ton meilleur ami. Ton ambition ne connaît pas de borne, mais elle n'échappera pas au châtiment qui lui est dû.

« Dis, quelle destinée prépares-tu à l'Espagne, à cette Espagne qui s'était placée comme amie et comme alliée à tes côtés, qui pour toi avait combattu la GrandeBretagne, et dont les trésors t'ont aidé à vaincre à Marengo, à Austerlitz, à léna et à Eylau? Ta magna

nimité si vantée, quelle récompense a-t-elle réservée à ces Espagnols qui par ton ordre doivent verser leur sang dans la Scandinavie, et à une nation qui jusqu'à ce jour s'est soumise à tes lois et à tes caprices? Tu nous avais, pour tous ces sacrifices, solennellement promis ton amitié, ta foi, ta reconnaissance et ta protection.

<< Combien il est heureux le pays qui a obtenu un tel protecteur! Le ciel t'a envoyé sur la terre pour répandre la joie parmi nous. Tes bourreaux inondent l'Espagne; tu as transporté à Bayonne notre maison royale, sans doute pour inculquer à ses Princes tes maximes politiques, pendant que toi-même tu condescends à instruire nos grands dans l'art de gouverner. Napoléon, change de rôle, cesse de jouer cette comédie qui a trop duré; il est temps que le spectacle se termine par une scène de sang et d'horreur. Tous les Espagnols doivent-ils, dans leur faiblesse, être la victime de la fourbe, comme l'ont été les Charles et les Ferdinand? doivent-ils, comme le prince de la Paix, trahir leur patrie? L'Espagne doit-elle trembler devant le colosse de ta puissance fantastique? Doit-elle frémir des imprécations que vomissent contre elle tes adulateurs et tes esclaves? Doit-elle imiter ses Princes, qui, égarés par les lueurs perfides que tu as fait briller à leurs yeux, les ont suivies jusque dans les cachots de la France, où tu les a renfermés? L'Espagne doit-elle remettre entre tes mains le choix d'un souverain, ou, comme l'Italie, placer sur ta tête une couronne de plus? Que d'autres te préconisent arbitre de la paix ; qu'ils soumettent à ta décision les dissensions fomentées par ta perfidie; continue à punir les crimes que tu as créés! quant à nous, aucune loi ne te permet de nous juger, de nous châtier.

<< Où te conduit ta démence? Il est une vérité que nous

sentions vivement depuis longtemps, c'est que, grâce à ton amitié, l'Espagne n'est plus qu'un squelette décharné; nous savions qu'ils ont été gagnés par toi, ces traîtres qui t'ont juré fidélité par la tête de leur chef, le prince de la Paix. Nous savions qu'il a existé quelques Espagnols de bonne foi, qui jusqu'à présent ont cru à ta loyauté. Mais écoute ce que nous reconnaissons maintenant, ce que nous savons, ce que nous croyons, ce que nous espérons, car aujourd'hui la nation n'a plus qu'une opinion, qu'un sentiment, et nous allons te les faire connaître.

<< Tes paroles ne sont que faussetés; tes traités ne sont que trahisons; la soif de sang qui te dévore est insatiable, tu es ce Roi des ténèbres entouré de nuées de sauterelles infernales; c'est toi que l'Apocalypse a nommé; tu t'appelles Apollyon, c'est-à-dire, le destructeur; tu es sorti des abîmes de l'enfer pour régner sur la terre; tu veux que nous avalions à longs traits le calice amer que tu as préparé aux peuples, dont le bonheur et la liberté ne sont vantés que par toi; tes paroles, tes sentiments et tes actions répondent à la bassesse de ta naissance, à la conduite que tu as toujours tenue, à ta religion, car tu n'en professes pas d'autre. Voilà ce que nous reconnaissons. Écoute maintenant ce que nous savons.

<< Sous un prétexte spécieux tu as envoyé tes mercenaires pour nous asservir et nous exterminer; tes vils courtisans ont acheté des amis pour toi, des ennemis pour les Bourbons; tu as forgé des lettres et des actes d'abdication; tu as arraché par force les signatures de Charles et de Ferdinand; tu as beau les dire volontaires ces signatures, elles ne seront jamais légales, car elles sont les enfants de ton ambition et de ta violence; tu promets du soulagement aux cultivateurs ; tu expulses le propriétaire de son domaine, et tu

« EelmineJätka »