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sciences. A cet égard-là, il ne s'accommoda point d'un rôle secondaire, et demeura intégralement fidèle aux traditions d'autrefois. Il a constamment consacré des soins particuliers au développement de la bibliothèque de Gotha, si riche notamment en manuscrits orientaux; il s'est montré, avec une grande liberté d'esprit, sympathique aux savants de tous les pays.

Toutefois, ses inclinations personnelles l'ont porté vers le théâtre, où il ne s'est pas contenté d'un rôle de protecteur; il y a obtenu personnellement des succès qui n'étaient point sans charme. Il aimait l'art et les artistes. Musicien émérite, compositeur, il laisse une incontestable réputation dans le monde musical, où il comptait d'ailleurs d'illustres confrères, tels que son frère le prince Albert, sa tante la duchesse de Kent, la reine Victoria, l'impératrice Augusta, le roi de Hanovre, qui ont tous écrit en musique. Très doué de ce côté, le duc de Cobourg commença par des romances et de la musique de chambre. Son mariage avec la princesse de Baden, pianiste remarquable, ne fit que le confirmer dans ses vues. Il aborda l'opéra en 1846, il donna Zaïre, en 1848 Tony, en 1851 Casilda, en 1855 Santa Chiara, son œuvre principale. Une de ses chansons, restée populaire en Allemagne, est l'Hymne sur la puissance du chant, dont on loue la mélodie simple et profonde. On le voit, c'était non seulement un Mécène, mais un auteur. Successivement lié avec Meyerbeer, Mendelssohn, Liszt, Wagner..., il se fit, pour le chant, ce que le malheureux Louis de Bavière a été pour l'Opéra. Il encourageait, il instituait les sociétés chorales, il leur donnait asile dans sa propre résidence. Il vivra comme musicien dans les cœurs des Allemands.

Je ne m'étendrai pas, Messieurs, sur la marche de notre Société pendant l'année qui vient de s'écouler. Le succès de ses publications suffit à en faire l'éloge, et nos efforts communs doivent tendre à le justifier de plus en plus. Outre notre Revue, et les remarquables travaux qu'elle vous a apportés, notamment ceux de M. le comte Jean de Breuil, de M. Syveton, de M. Cordier, vous avez reçu l'intéressant volume de M. Schefer, Histoire de l'ambas

HIST. DIPL.

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sade de France à Constantinople. M. le comte Boulay de la Meurthe nous donnera pour l'année prochaine le 4° et dernier volume de son grand recueil de documents relatifs aux Négociations du Concordat français.

Au cours de cette année, le conseil d'administration a cru devoir élire deux membres correspondants: l'un, pour la Norvège, est le savant et distingué M. Gregers Gram, ancien membre du Tribunal arbitral de Behring, actuellement ministre d'Etat pour la Norvège; l'autre, M. le comte Andrea Marcello, digne. héritier d'un nom si justement honoré en Italie, présidera aux destinées de notre Société à Venise, l'une des plus vénérables métropoles de l'histoire diplomatique. Nous espérons ainsi voir naître et se développer dans les meilleures conditions, en Norvège et à Venise, deux nouveaux rameaux de notre Société.

R. DE MAULDE.

COMPTE-RENDU DU TRÉSORIER

La situation financière de la Société s'est maintenue, pendant l'exercice 1893, au niveau qu'elle avait atteint l'an dernier; les radiations effectuées sur la liste des sociétaires en cours d'exercice par suite de démissions ou de décès ont été à peu près compensées par les admissions nouvelles et nous constatons un total de recettes correspondant, à un millier de francs près, à celui de 1892.

L'examen du bilan fait, en effet, ressortir les chiffres suivants :

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le solde définitif au 1er janvier de l'année courante.

Cet excédent, comparé à celui de l'an dernier, qui n'était que de 865 fr. 90, lui est supérieur de 2.900 fr. en chiffres ronds, ce qui pourrait surprendre, si nous ne rappelions qu'en 1893 le crédit ouvert pour la publication d'un ouvrage documentaire n'avait pas été employé, le 3' volume sur le Concordat, qui vous a été distribué, ayant été généreusement offert à la Société par son auteur, M. le comte Boulay de la Meurthe. Le conseil avait affecté à cet ouvrage une somme de 2.400 fr. qui se retrouve dans le solde que nous venons de vous indiquer.

Les conditions matérielles de notre Société prise dans son ensemble, sont donc satisfaisantes; bien que la nature des travaux en vue desquelles elle a été constituée ne lui permette pas d'accroître indéfiniment ses adhérents, et, par voie de conséquence, ses ressources, nous devons reconnaitre que le nombre actuel des membres qui la compose suffit à lui assurer une existence honorable; nous ajouterons que la publication des volumes de documents inaugurée en 1890 a particulièrement contribué à cet état de choses.

Le Conseil, après avoir pris connaissance des comptes et règlements que nous vous présentons, vous prie de les approuver et de décider que l'excédent de 3.819 fr. 90, qui ressort de la balance des écritures, sera reporté à l'exercice 1894.

Octave NOEL.

UNE NÉGOCIATION SECRÈTE

SOUS LE DIRECTOIRE

L'AFFAIRE DE BESANÇON (1795-1796)

Pendant les premières années de la Révolution, on eût dit la France et l'Europe engagées dans une lutte inexorable, sans merci. Après la paix de Bâle en 1795, la diplomatie reparaît sur l'horizon des champs de bataille; toutefois, elle y semble encore importune et mal venue, témoin l'enlèvement, dans les bagages d'une légation russe, du fameux portefeuille de d'Antraigues, ou l'assassinat des plénipotentiaires français au congrès de Rastadt. Ses représentants, sous l'empire des passions nationales surexcitées, sortent souvent de leur rôle et ressemblent à des belligérants,à peu près comme une embuscade ressemble à une bataille: tels ces envoyés du Directoire qui se posent presque ouvertement, dans les cours étrangères, en agents de propagande républicaine; tels ces ministres anglais qui s'appliquent secrètement, de par leurs instructions, à fomenter en France la guerre civile. Entre les uns et les autres, en deçà et au delà des frontières françaises, le parti de l'émigration, déconcerté par les défaites de ses alliés, noue ses intrigues, afin de faire retomber par quelque surprise, l'héritage de la Convention entre les mains de l'ancienne monarchie.

Tous les historiens de la Révolution ont raconté, d'après les écrits de Fauche Borel et de Montgaillard, les négociations mystérieuses et stériles engagées, puis rompues, à la fin de 1795, entre Pichegru et le prince de Condé. A ces négociations se rattache

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