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reprit du service, et partit en 1803 pour Saint-Domingue. Il se distingua dans une affaire contre les Anglais; mais il y reçut une blessure dont il mourut le 9 janvier 1804.

PÉTION (JÉRÔME). Pétion ayant fait partie de la convention, aussi bien que de la constituante, sa notice est renvoyée à la fin de la convention.

ROBESPIERRE (MAXIMILIEN). Même observa

tion.

SIEYES (le comte EMMANUEL). Même observation.

TALLEYRAND-PÉRIGORD (CHARLES-MAURICE de), né à Paris en 1754, nommé évêque d'Autun en 1788, et député du bailliage de cette ville aux états-généraux. Sa carrière publique a été trop secondaire à l'assemblée constituante, et trop importante sur un plus grand théâtre, pour que nous puissions, sans sortir de l'objet de cet ouvrage, lui consacrer ici une notice de quelque étendue. Il est mort à Paris, en

1838, après avoir tout vu, tout connu et tout méprisé.

THOURET (JACques-Guillaume) naquit à Pontl'Évêque en avril 1746. Il débuta au barreau de sa ville natale, puis à celui de Rouen, où il acquit une grande réputation. Lors de la convocation des étatsgénéraux, il contribua beaucoup à la rédaction des cahiers de sa province. La ville de Rouen le nomma son député. Thouret fut le plus infatigable travailleur de l'assemblée; et la constitution de 1791 peut être considérée presque comme son ouvrage. Son éloquence était l'éloquence de la raison et du savoir plutôt que du sentiment. Après la session, il fut nommé président du tribunal de cassation; mais il était écrit que la révolution ne ferait grâce à aucun de ses enfans; Thouret eut beau se tenir en dehors de la politique; il fut décrété d'accusation, enfermé au Luxembourg, puis à la Conciergerie et condamné à mort, le 3 floréal an II.

TRONCHET (FRANÇOIS-DENIS). Voir sa notice à la fin du directoire.

FIN DE LA CONSTITUANTE.

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

INTRODUCTIÓN.

La session de l'assemblée législative s'ouvrit le 1er octobre 1791. Ici commence un nouvel ordre de choses; une transformation inouie va s'opérer dans les formes de la société. Tout s'ébranle, tout s'émeut, tout prend un aspect formidable. On se précipite aveuglément dans un avenir inconnu. Partout des fermens de discorde, des haines envenimées, des passions ardentes qui bouillonnent; partout on entend comme le sourd craquement de l'édifice social ancien qui s'écroule. Un étrange fanatisme, qui s'empare de toutes les têtes, est le signe précurseur de la tempête, qui, dans un an, épouvantera les deux mondes. La révolution marche à pas de géant; comme Brennus, elle jette son glaive dans la balance, et s'écrie: Malheur aux vaincus! Oui, malheur aux vaincus! car à peine est-elle affranchie de la tutelle de la constituante, qu'elle se livre à la fougue de tous les excès, heurte de front les principes qu'elle avait consacrés, et dans sa course aventureuse et sanglante emporte avec elle les derniers lambeaux de la monarchie.

L'histoire de l'assemblée législative est la période de transition entre la constituante et la convention, c'est-à-dire entre l'autorité légale et le despotisme de la liberté.

L'assemblée constituante avait été élue dans des temps où la révolution était environnée des illusions de la philantropie, où l'on se reposait avec confiance sur les bienveillantes dispositions d'un prince dont on chérissait le caractère et les vertus. Aussi cette assemblée ne confondit-elle ja

mais Louis XVI avec sa cour et ses privilégiés. Mais l'assemblée législative, élue sous l'influence de l'irritation qu'avait excitée l'évasion du monarque, poursuivi par les cris accusateurs qu'élevaient de toutes parts contre lui des hommes inquiets, ardens, enflammés par les menaces qui retentissaient sur toutes les frontières, devait offrir la réunion d'une grande partie des sentimens qui l'avaient produite ou qui avaient environné son berceau.

La révolution seule était représentée à l'assemblée législative. Mais ceux qui la composaient, d'accord sur le but, ne l'étaient pas sur les moyens. Les feuillans ou constitutionnels occupèrent le côté droit, où l'on ne voyait plus un seul des anciens privilégiés. Vaublanc, Dumas, Ramond et Girardin, furent les principaux organes de ces partisans de la première révolution; c'étaient des hommes généralement éclairés, d'une haute probité politique, propres à gouverner un peuple dans un état normal, mais insuffisans dans un temps de crise et de bouleversement social.

Les constitutionnels s'appuyaient au dehors sur le club des feuillans et sur la bourgeoisie; toutefois leur pouvoir s'affaiblissait graduellement. Chaque jour éclairait une de leurs défaites, et les rapprochait du terme de leur carrière législative. Repoussés par la cour, dont ils suspectaient la bonne foi, débordés par le parti démocratique, dont ils redoutaient l'exagération des principes, ils essayèrent de lutter encore quelque temps contre ces deux puissances rivales, et finirent par être engloutis comme les girondins, leurs adversaires, par le flot populaire qui devait briser toutes les digues de la civilisation.

Le centre de la nouvelle assemblée se composait d'une classe moyenne, infime, vacillante, et qui, sans engagemens pris, votait tantôt avec les constitutionnels, tantôt avec les jacobins. Comme les constitutionnels, il voulait la constitution, mais il n'avait ni signe de ralliement, ni symbole politique. C'était une masse inerte et passive, une véritable machine à décrets, et l'instrument avili d'une faction impatiente de renverser le parti qui lui était opposé pour arriver plus tôt à cette formidable unité révolutionnaire, conception la plus hardie à laquelle l'esprit humain se soit jamais élevé.

Le côté gauche formait le parti qu'on nomma girondin. Ce parti ne voulait pas encore la république, mais il en préparait à son insu l'avène

ment par l'énergie et l'enthousiasme avec lesquels il défendait les principes de la révolution. A sa tête se trouvait cette brillante députation de la Gironde, qui lui donna son nom. Vergniaud, Guadet, Gensonné, et l'impétueux Isnard, de Grasse, en étaient les principaux orateurs. Condorcet, esprit rigide et profond, en était l'écrivain; autour de ces hommes se groupaient plusieurs de leurs collègues, presque tous distingués par leur savoir ou par leur éloquence. C'était Louvet, avec son âme de feu, devenu célèbre depuis par son admirable accusation contre Robespierre. C'était Brissot, ami de Mirabeau et de Lafayette, qui, sans avoir laissé un nom éminent comme orateur, se faisait remarquer par la finesse de son esprit, l'étendue de ses lumières et le désintéressement de ses convictions.

Les girondins jetèrent un grand éclat sur la révolution; mais ils n'eurent ni l'intelligence des passions du temps où ils vivaient, ni la patiente sagesse qui convient aux législateurs d'une grande nation. Leurs succès à la tribune soulevèrent contre eux la haine implacable de leurs ennemis. Ils furent grands dans le péril mais faibles; trop de présomption les égara, trop d'imprévoyance les perdit. C'est Patrocle voulant combattre avec les armes d'Achille, et tombant victime de sa folle témérité.

Le côté gauche de l'assemblée avait un parti plus incandescent que lui; ses membres les plus influens étaient Couthon, Chabot, Bazire et Merlin de Thionville; inférieurs par le nombre et par l'habileté, ils l'emportaient sur les autres girondins par l'audace et lá violence qui triomphent toujours dans les mauvais temps. Ils formaient le noyau de la faction démocratique qui disposait des clubs et de la plèbe séditionnaire des faubourgs et qui devint le parti de la montagne, lorsque après la chute du trôné ces fougueux démagogues se séparèrent des girondins.

A partir de cette époque, les clubs acquirent une plus grande importance. Celui des jacobins était armé d'une effrayante popularité; on y voyait les plus ardens ennemis de la cour, les antagonistes des chefs de l'assemblée constituante, tous les patriotes, en un mot, du Champ-de-Mars, qui, par principes, par passion ou par intérêt, travaillaient activement à la destruction de la monarchie. Leur système d'affiliation et de correspondance entretenait le zèle des sociétés répandues sur la surface entière de

la France. De continuelles dénonciations contre la magistrature et les membres du pouvoir exécutif donnaient à leurs séances un intérêt dramatique qui y faisait affluer des spectateurs de tout âge, de tout sexe, de toute condition; c'est là que Robespierre tenait ses redoutables assises, et qu'il régnait sans partage sur une multitude inconstante et séditieuse. Là, tous les esprits fermentaient, tous les sentimens étaient extrêmes. Là, se forgeaient ces armes révolutionnaires qui devaient décimer la France et porter la terreur dans les rangs de ses ennemis.

Le club des feuillans avait été formé pour balancer l'influence du club des jacobins. Barnave, Duport, Alexandre Lameth s'y réunissaient depuis le voyage de Varennes avec un grand nombre d'hommes distingués qui avaient appartenu à l'assemblée constituante. Ils se montraient favorables à la cour et entretenaient des relations avec elle.

Avec des principes et des sentimens si opposés, les jacobins et les feuillans devaient bientôt devenir ennemis irréconciliables; et dans la lutte de la raison avec l'enthousiasme, de la modération avec le fanatisme, il n'était pas difficile de prévoir à qui demeurerait la victoire.

Il existait un autre club, celui des cordeliers, qui était encore plus exalté et plus violent que le club des jacobins. On y remarquait principalement Danton, Camille Desmoulins et Fabre-d'Églantine. Danton, que l'on avait surnommé le Mirabeau de la populace, en était le chef; ses formes athlétiques, ses traits brutalement taillés, son indomptable courage, la puissance de son organisation, son éloquence sauvage et gigantesque, tout révélait en lui l'audacieux tribun qui dispose en maître des passions de la multitude. Sa laideur même avait quelque chose d'imposant, comme son génie dévastateur.

Tels étaient les fermens de discorde qui environnaient le berceau de l'assemblée législative.

Aux efforts des factions, aux systèmes des novateurs, à l'extrême susceptibilité d'un peuple enivré de l'amour de la liberté, qu'opposait la cour de l'infortuné Louis XVI? Des intrigues minutieuses, des combinaisons chimériques; à une activité incessante, infatigable, une politique à la fois pré

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