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la loi, qui par sa nature frappait sans cesse tous les yeux, amènerait tôt ou tard de grands malheurs; l'assemblée nationale n'avait rien négligé pour les prévenir : des rapports, des discussions, des motions faites par ses membres et renvoyées à ses comités avaient averti le roi depuis plusieurs mois de la nécessité de f: ire disparaître d'auprès de lui des hommes que partout ailleurs les Français regarderont toujours comme des amis et des frères, mais qu'ils ne pouvaient voir rester, malgré le vœu de la constitution, auprès du roi constitutionnel, sans les soupçonner d'être devenus les instrumens des ennemis de la liberté.

Un décret les avait éloignés; leur chef appuyé par le ministère y demanda des changemens; l'assemblée nationale y consentit. Une portion des soldats devait rester près de Paris, mais sans aucun service qui pût renouveler les inquiétudes; et c'est malgré le vœu de l'assemblée nationale, malgré la loi, que le 10 août ils étaient employés à une fonction dont tous les motifs d'humanité et de prudence auraient dû les écarter. Ils reçurent ordre de faire feu sur les citoyens armés, au moment où ceux-ci les invitaient à la paix, où des signes non équivoques de fraternité annonçaient qu'elle allait être acceptée, au moment où l'on voyait une députation de l'assemblée nationale s'avancer au milieu des armes pour porter des paroles de conciliation et prévenir le carnage. Alors rien ne put arrêter la vengeance du peuple, qui éprouvait une trahison nouvelle au moment même où il venait se plaindre de celles dont il avait longtemps été la victime.

Au milieu de ces désastres l'assemblée nationale affligée, mais calme, fit le serment de maintenir l'égalité et la liberté, ou de mourir à son poste; elle fit le serment de sauver la France, et elle en chercha les moyens.

Elle n'en a vu qu'un seul ; c'était de recourir à la volonté suprême du peuple, et de l'inviter à exercer immédiatement ce droit inaliénable de souveraineté que la constitution a reconnu et qu'elle n'avait pu soumettre à aucune restriction. L'intérêt public exigeait que le peuple manifestât sa volonté par le vœu d'une convention nationale, formée des représentans investis par lui de pouvoirs illimités; il n'exigeait pas moins que les mem

bres de cette convention fussent élus dans chaque département d'une manière uniforme et suivant un mode régulier mais l'assemblée nationale ne pouvait restreindre les pouvoirs du peuple souverain, de qui seul elle tient ceux qu'elle exerce. Elle a dû se borner à le conjurer au nom de la patrie de suivre les règles simples qu'elle lui a tracées. Elle y a respecté les formes instituées pour les élections, parce que l'établissement de formes nouvelles, fussent-elles préférables en ellesmêmes, aurait été une source de lenteurs et peut-être de divisions. Elle n'y a conservé aucune des conditions d'éligibilité, aucune des limites au droit d'élire ou d'être élu, établies par les lois antérieures, parce que ces lois, qui sont autant de restrictions à l'exercice du droit de souveraineté, ne sont pas applicables à une convention nationale, où ce droit doit s'exercer avec une entière indépendance. La distinction entre les citoyens actifs n'y parait point, parce qu'elle est aussi une restriction de la loi. Les seules conditions exigées sont celles que la nature même a prescrites, telles que la nécessité d'appartenir par une habitation constante au territoire où l'on exerce le droit de cité, d'avoir l'âge où l'on est censé, par les lois de la nation dont on fait partie, être en état d'exercer ses droits personnels, enfin d'avoir conservé l'indépendance absolue de ses volontés.

Mais il faut du temps pour assembler de nouveaux représentans du peuple, et quoique l'assemblée nationale ait pressé les époques des opérations que cette convocation nécessite, quoiqu'elle ait accéléré le moment où elle doit cesser de porter le poids de la chose publique de manière à éviter le plus léger soupçon de vues ambitieuses, le terme de quarante jours aurait encore exposé la patrie à de grands malheurs, et le peuple à des mouvemens dangereux, si l'on eût laissé au roi l'exercice des pouvoirs que la constitution lui a conférés; et la suspension de ces pouvoirs a paru aux représentans du peuple le seul moyen de sauver la France et la liberté.

En prononçant cette suspension nécessaire, l'assemblée n'a point excédé ses pouvoirs : la constitution l'autorise à la prononcer dans le cas d'absence du roi, lorsque le terme où cette absence entraîne une abdication légale

n'est pas encore arrivé, c'est-à-dire dans le cas où il n'y a pas lieu encore à une résolution définitive, mais où une rigueur provisoire est évidemment nécessaire, où il serait absurde de laisser le pouvoir entre des mains qui ne peuvent plus en faire un usage libre et utile. Or, ici ces conditions se réunissent avec la même évidence que dans le cas prévu par la constitution même; et en nous conduisant d'après les principes qu'elle a tracés, nous lui avons obéi, bien loin d'y avoir porté une atteinte contraire à nos sermens.

La constitution a prévu que toute cumulation de pouvoirs était dangereuse, et pouvait changer en tyrans du peuple ceux qui ne doivent en être que les représentans; mais elle a jugé aussi que ce danger supposait un long exercice de cette puissance extraordinaire, et le terme de deux mois est celui qu'elle a fixé | pour tous les cas où elle permet cette réunion que d'ailleurs elle a si sévèrement proscrite. L'assemblée nationale, loin de prolonger cette durée, l'a réduite à qnarante jours seulement; et loin d'excéder le terme fixé par la loi, en s'appuyant sur l'excuse de la nécessité, elle a voulu se réduire dans des limites encore plus étroites.

Lorsque le pouvoir de sanctionner les lois est suspendu, la constitution a prononcé que les décrets du corps législatif en auraient par eux-mêmes le caractère et l'autorité; et puisque celui à qui la constitution avait attribué le choix des ministres ne pouvait plus exercer ses fonctions, il fallait qu'une loi nouvelle remît ce choix en d'autres mains. L'assemblée s'en est attribué le droit à elle-même, parce que ce droit ne peut être donné qu'à des électeurs qui appartiennent à la nation entière, et qu'eux seuls en ce moment ont ce caractère; mais elle n'a pas voulu qu'on pût même la soupçonner d'avoir cherché, en se conférant ce pouvoir, à servir des vues ambitieuses et personnelles; elle a décrété que l'élection se ferait à haute voix; que chacun de ses membres prononcerait son choix devant la représentation nationale, devant les citoyens nombreux qui assistent à ses séances; elle a voulu que chacun de ses membres eût pour juges ses collègues, le public pour témoin, et qu'il répondit de son choix à la nation entière.

Français, réunissons toutes nos forces con

tre la tyrannie étrangère, qui ose menacer de sa vengeance vingt-six millions d'hommes libres. Dans six semaines un pouvoir que tout citoyen reconnait prononcera sur nos divisions : malheur à celui qui, écoutant pendant ce court espace des sentimens personnels, ne se dévouerait pas tout entier à la défense commune, qui ne verrait pas qu'au moment où la volonté souveraine du peuple va se faire entendre, nous n'avons plus pour ennemis que les conspirateurs de Pilnitz et leurs complices!

C'est au milieu d'une guerre étrangère, c'est au moment où des armées nombreuses se préparent à une invasion formidable, que nous appelons les citoyens à discuter dans une paisible assemblée les droits de la liberté. Ce qui eût été téméraire chez un autre peuple ne nous a point paru au-dessus du courage et du patriotisme des Français; et sans doute nous n'aurons pas la douleur de nous être trompés en vous jugeant dignes d'oublier tout autre intérêt pour celui de la liberté, de sacrifier tout autre sentiment à l'amour de la patrie!

Citoyens, c'est à vous à juger si vos représentans ont exercé pour votre bonheur les pouvoirs que vous leur avez confiés; s'ils ont rempli votre vœu en faisant de ces pouvoirs un usage qu'eux ni vous n'aviez pu prévoir. Pour nous, nous avons rempli notre devoir en saisissant avec courage le seul moyen de conserver la liberté qui se soit offert à notre pensée; prêts à mourir pour elle au poste où vous nous avez placés, nous emporterons du moins en le quittant la consolation de l'avoir bien servie.

Quelque jugement que nos contemporains ou la postérité puissent porter de nous, nous n'aurons pas à craindre celui de notre conscience; à quelque danger que nous soyons exposés, il nous restera le bonheur d'avoir épargné les flots de sang français qu'une conduite plus faible aurait fait couler; nous échapperons du moins aux remords, et nous n'aurons pas à nous reprocher d'avoir vu un moyen de sauver la patrie, et de n'avoir osé l'embrasser. ›

Telle fut la fin de la monarchie française. La république, proclamée le 21 septembre suivant, peut être

considérée comme en activité, dès la nuit du 10 août. Le 15 août, l'assemblée décréta que le conseil exécutif provisoire, composé des six ministres, était chargé de toutes les fonctions exécutives et que le sceau de l'état serait changé.

Maintenant, avant d'entrer dans cette grande et terrible période de la convention, il ne nous reste plus qu'à jeter un coup d'œil sur la position politique et militaire de la France vis-à-vis des puissances coalisées contre elles.

SITUATION POLITIQUE.

JOURNÉES DE SEPTEMBRE.

(16 juillet-21 septembre 1792.).

Dispositions de la coalition.

Rapport de Pozzo DI BORGO. — Manifeste du duc de BRUNSWICK. — Prise de Longwi et de Verdun par les Prussiens. - Discours de VERGNIAUD. -- Discours de DANTON. - Massacres des 2, 3, 4, 5 et 6 septembre. - Lettre de ROLAND. - Discours de Vergniaud. Clôture de l'assemblée législative.

Le 10 août fut une épouvantable catastrophe; mais au moins les vainqueurs pouvaient se justifier en montrant leur sang mêlé à celui des vaincus ; la victoire avait été atroce, mais c'était encore une victoire: les sanglantes journées de septembre ne devaient pas avoir cette excuse. Ici le sang coula sans provocation, sans représailles.

gères vous a fait connaître les dispositions des différentes cours d'Allemagne à l'égard de la France; le roi lui-même vous a annoncé les hostilités imminentes, ou pour mieux dire commencées, du roi de Prusse vous avez renvoyé à vos comités réunis l'examen de cette grande affaire, et déjà plusieurs mesures extraordinaires ont été prises pour ranimer mentir à l'histoire, forfaire à l'humanité. Tout au plus le patriotisme des Français, et élever un rem

Chercher à excuser de pareilles atrocités, ce serait

peut-il être permis à l'observateur curieux de s'appliquer à découvrir les causes et les occasions de ces hideuses manifestations des instincts brutaux de

l'homme animal. C'est de la dissection appliquée à

l'histoire.

Depuis la déclaration de guerre du 20 avril 1792, les puissances coalisées n'espéraient plus cacher leurs démarches directes contre la France, mais elles avaient eu recours à un moyen détourné. Elles profitaient de la neutralité de quelques princes allemands, dont les états étaient limitrophes de la France, pour faire avancer leurs armées jusque sur nos frontières, et se mettre en mesure de commencer les hostilités à leur convenance. C'est sur ce fait que la commission extraordinaire présenta le rapport suivant, par l'organe d'un homme devenu célèbre depuis dans les rangs cette coalition des rois qu'il attaquait alors avec un si bouillant patriotisme. Cet homme, c'était Pozzo di Borgo. Voici son rapport.

de

RAPPORT DE POZZO DI BORGO sur la neutralité de quelques états allemands. (Séance du 16 juillet 1792.)

Messieurs, le ministre des affaires étran

part impénétrable contre les attaques de nos ennemis. Protégés par des princes dont le plus grand nombre a accédé à leurs projets hostiles, ils ont traversé l'Allemagne en sûreté, et sont venus établir leurs quartiers non loin de vos frontières, à l'aide d'une apparente neutralité. Vos armées ont vu tous ces préparatifs avec inquiétude; et déjà plus d'une fois elles auraient prévenu l'ennemi, si leur ardeur n'avait été arrêtée par une circonspection trop discrète sur l'inviolabilité du territoire de l'empire. Vos comités ont senti qu'il fallait enfin mettre un terme à cette inaction, et qu'il n'était plus permis, sans compromettre le succès de vos armes, de laisser occuper les postes, établir les garnisons et les campemens sur un territoire dont la neutralité est ouvertement violée par vos ennemis. La mesure qu'ils m'ont chargé de vous proposer n'est qu'un moyen de défense qui donnera toute la latitude nécessaire aux opérations militaires; et quelques observations suffiront pour la justifier aux yeux du monde impartial.

La nation française avait cru assurer la paix à l'Europe, en renonçant, par un article de sa constitution, à la guerre offensive et aux conquêtes; elle se promettait sans doute de mettre un terme aux malheurs des peuples, et de détruire les jalousies et les haines que les gouvernemens surent si bien exciter entre les nations, pour les rendre l'instrument de leur ambition ou de leur avarice; mais cette doctrine, fondée sur la justice, réclamée par l'humanité et l'intérêt de tous, ne pouvait s'accorder avec la fureur sanguinaire des despotes. A peine on a parlé des droits du peuple, que ceux qui le tiennent dans les fers, depuis les bords glacés de la Baltique jusqu'à | la Méditerranée, ont conspiré contre les Français, par cela même qu'ils avaient juré de ne point usurper le territoire de leurs voisins, et de n'armer leurs bras que dans le cas d'une défense légitime. L'Autriche ambitieuse avait déjà préparé ses bataillons; elle menaçait de vous dicter des lois, et de vous prescrire le genre de despotisme sous lequel vous deviez gémir. Tous les Français ont demandé vengeance d'un outrage dirigé contre l'indépendance nationale, et vous avez commencé la guerre que vos ennemis avaient déjà déclarée de fait par leurs dispositions évidemment hostiles.

Cet acte a accéléré le dénouement de toutes les conspirations secrètes que le temps aurait encore rendues plus funestes à la liberté publique. Par un étrange renversement de la politique européenne, le successeur du grand Frédéric a arboré, en faveur de nos ennemis, les drapeaux triomphans à Lignitz et à Barkan; et le maître de la Silésie est compté aujourd'hui au nombre des alliés de la maison d'Autriche.

La confédération germanique, dont l'indépendance est naturellement garantie par la France, qui seule peut la préserver de l'immortelle ambition de l'Autriche, a vu avec joie cette ligue formidable se former pour détruire votre constitution; plusieurs princes même sont réputés y avoir accédé; déjà les armées ennemies ont inondé leur territoire ; et à la faveur de la neutralité, les campemens, les quartiers, les magasins et les autres dispositions militaires s'exécutent sans inquiétude le temps viendra où ces puissances,

comme tant d'autres, aveuglées sur leurs propres intérêts, sortiront enfin de l'erreur dans laquelle elles paraissent se plaire aujourd'hui; la ligue du Nord prescrit à l'Europe entière une servitude générale, et montre de toute part un front menaçant; selon son système, la Pologne ne doit voir finir les horreurs de la guerre qu'avec le sacrifice de son indépendance; les libertés de l'Allemagne sont détruites par le changement de la politique prussienne; la France doit être livrée aux angoisses d'une guerre intestine, et aux coups fatals des bataillons étrangers, jusqu'à ce que, cédant aux torrens des maux qu'on lui prépare, elle soit livrée, dans un état de faiblesse, à la discrétion de ses nouveaux protecteurs ; c'est alors que la balance politique étant renversée, le sort des autres puissances leur sera soumis, et que, forts de leurs soldats mercenaires, couverts de fer et avides d'or, toutes les usurpations leur deviendront faciles.

C'est aux Français à préserver le monde de ce terrible fléau, et à réparer la honteuse insouciance, ou la malignité perfide de ceux qui voient avec indifférence la destruction de tout genre de liberté sur la terre; les peuples courageux et sagement gouvernés sont la providence du monde; et les Français seuls, en combattant les ennemis communs du genre humain, auront la gloire de rétablir l'harmonie politique qui préservera l'Europe d'une servitude générale.

Quels que soient le nombre et les forces de nos ennemis, nous ne pouvons pas succomber dans la lutte sanglante, mais glorieuse, qu'on nous prépare; un peuple immense qui sent ses forces et sa dignité, réuni d'intérêts et des lois, protégé par une grande armée et des places fortes, sur un territoire qui, par sa contiguité et l'heureuse correspondance de ses parties, fournit une masse solide de puissance, ne peut jamais devenir la proie des rois combinés contre lui. Soumis comme nous à l'inconstance des événemens, aux dépenses incalculables de la guerre, et ayant un ennemi de plus à combattre dans la force et la vérité de nos maximes; le moindre choc doit renverser nos agresseurs, et altérer leur accord; car jamais il n'exista de traité solide entre des ambitieux qui soutiennent la

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Telles sont les explications que vos comités ont cru nécessaires pour assurer la marche des opérations militaires, contre toute crainte mal fondée qui pourrait s'élever dans l'ame de ceux qui commandent nos armées; ils m'ont, en conséquence, chargé de vous présenter le projet de décret suivant. (Applaudissemens.)

cause de l'injustice. Mais les vrais Français | tager les horreurs de la guerre à ceux qui dont l'intérêt public a fait une confédération n'exercent pas d'hostilités envers la nation fraternelle n'ont pas de défection à craindre; française; mais puisque leur territoire est le les dangers de la patrie exciteront le courage point d'appui de nos ennemis déclarés, il ne de ses enfans; c'est dans les dangers, dans doit plus être sacré pour nous, et la justice les malheurs même que les ames s'exaltent et nous autorise à faire les dispositions nécesse ressentent de toute leur énergie; nous saires à notre conservation, et à regarder avons tous contracté une dette immense encomme soumis aux lois de la guerre tous les vers le monde entier : c'est l'établissement et établissemens militaires que nos ennemis y ont la pratique des droits de l'homme sur la terre. déjà formés. La liberté, féconde en vertus et en talens, nous prodigue les moyens de l'acquitter tout entière; ils espèrent sans doute, nos ennemis, dans les dissensions passagères qui nous agitent; ils en augurent la désorganisation de notre gouvernement; non, nous n'accomplirons pas leurs coupables espérances; nous sentons bien que dans l'état des choses un changement dans nos institutions politiques amènerait nécessairement l'interrègne des lois, la suspension de l'autorité, la licence, le déchirement dans toutes les parties du royaume, et la perte inévitable de la liberté; notre vigilance conservera sans détruire, mettra les traîtres dans l'impuissance de faire le mal, et avec la stabilité du gouvernement, nous ôterons aux ambitieux toutes les chances qu'ils se préparent dans les changemens et les révolutions perpétuelles des empires; ainsi, réunissant l'énergie à la sagacité, nous pourrons parvenir à des succès glorieux.

Le roi nous dénonce de nouveaux ennemis, et nous déclarons au roi que l'intention | des Français et son devoir sont de les combattre, et de les repousser, quelque part qu'ils soient, tant qu'ils persisteront à se montrer nos agresseurs.

L'assemblée nationale, après avoir entendu le rapport de sa commission extraordinaire des douze, et de ses comités diplomatique et militaire réunis, sur la neutralité de quelques princes d'Allemagne, dont le territoire avoisine les frontières de la France, déclare que le roi est chargé de repousser, par la force des armes, tout ennemi déclaré, en état d'hostilités imminentes ou commencées contre la nation française, et de le faire attaquer et poursuivre partout où il conviendra, d'après les dispositions militaires. ›

La proposition de Pozzo di Borgo fut adoptée et l'impression de son rapport décrétée.

qui est restée comme monument historique.

A diverses reprises l'assemblée avait publié des manifestes déclaratifs de ses intentions et de ses projets ; la coalition crut devoir imiter à son tour cet exemfit Le pays qui contient dans son sein les for-ple, et le duc de Brunswick, son généralissime, rédiger la pièce suivante, dont on a tant parlé, et ces destinées à nous détruire n'est pas en droit de réclamer la neutralité : c'est lui qui l'a violée le premier, s'il a accepté de bon gré les bataillons ennemis, permis les magasins, l'établissement des quartiers, et les autres préparatifs de guerre. Si, au contraire, il y a été forcé, ces troupes alors sont ses ennemies et les nôtres, et nous sommes en droit de les combattre; et ce serait une prétention bien étrange que celle de vouloir fixer les limites de notre défense à une neutralité violée par nos agresseurs, et qui sert d'appui à toutes leurs entreprises. Loin de nous de vouloir faire par

MANIFESTE DU DUC DE BRUNSWICK, au nom de
LL. MM. l'empereur d'Autriche et le roi de
Prusse, sur la guerre qu'ils ont entreprise
contre la France.

Leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse m'ayant confié le commandement des armées combinées qu'ils ont fait rassembler sur les frontières de France, j'ai voulu annoncer aux habitans de ce royaume les motifs qui

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