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conspiraient contre le Roi, mais que la sédition est heureusement réprimée, et que l'ordre est rétabli : ils recommandent officiellement la confiance et la tranquillité, tandis que secrètement ils ordonnent le massacre partout.

Quelques villes sont préservées par d'héroïques magistrats qui savent braver tous les périls pour ne pas exécuter des ordres impitoyables, ou par d'héroïques soldats qui bravent aussi tous les dangers pour n'être pas des bourreaux et des assassins. Mais dans d'autres villes, le massacre s'exécute comme à Paris. - A Lyon, les Cordeliers, les Célestins, l'Archevêché, la Prison de Roanne, sont remplis de Protestants qu'on y conduit sous prétexte de les mettre en sûrété; et tous y sont égorgés, ou sont noyés dans le Rhône ou la Saône, attachés par centaines à la même cordel... A Rouen, les Protestants sont emprisonnés; on les fait appeler l'un après l'autre, comme pour les interroger ou les mettre en liberté ; et tous sont successivement egorgés !...

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Le massacre dure quinze jours à Paris, et plus de deux mois dans les provinces - Plus de cent mille personnes périssent assassinées!...-Et le Parlement décrète une procession annuelle pour célébrer cette épouvantable boucherie.

Après cet horrible massacre, la guerre se rallume avec fureur les Protestants se défendent à la Rochelle; les femmes elles-mêmes s'y battent avec le courage du désespoir. Le Duc d'Anjou, qui l'assiége, y perd vingt-quatre mille hommes sans pouvoir s'en emparer; et la guerre tinit encore par un traité.

Peu après, le Duc d'Anjou, élu Roi de Pologne, part pour Varsovie. Mais la mort de Charles IX le rappelle presque aussitôt pour régner en France sous le nom d'Henri III.

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Mignons. Ligue. Conseil des Seize. Insurrection catholique; Journée des Barricades. Régicide. - Doctrine du tyrannicide.

Brave à la guerre, mais paresseux et bigot, Henri III se

livre à d'affreuses débauches: il crée l'ordre du Saint-Esprit pour en décorer ses favoris et ses infâmes mignons.

Les Protestants ayant obtenu un édit de pacification, les Ultra-Catholiques, irrités de sa prétendue faiblesse, s'associent, sous prétexte de défendre la Religion et le Roi, organisent une vaste confédération sous le titre de Sainte-Ligue, adoptent pour chef Henri de Guise dit le Balafré, lui jurent une obéissance aveugle, et forcent le Roi à sanctionner leur association.

Bientôt la guerre recommence entre les ligueurs et les Protestants, qui sont tour à tour vainqueurs et vaincus.

Bientôt aussi les Ligueurs conspirent contre le Roi luimême qu'ils ne trouvent pas assez catholique, et travaillent ouvertement à l'expulser du trône pour le remplacer par le vieux Cardinal de Bourbon. Ils s'adressent d'abord au Pape, qui répond qu'il est permis de destituer un Roi pour le bien de la Religion. Ensuite à la Sorbonne, qui decide qu'on peut remplacer les PRINCES INCAPABLES. - Puis, après avoir fait lancer au Cardinal de Bourbon un manifeste au nom des Monarques catholiques, ils s'assemblent à Nancy, et dictent des ordres au Roi.

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Henri III veut d'abord résister, et fait venir des Suisses au Louvre à Paris. Mais la Commune de Paris, ou le Conseil municipal des Seize, prépare l'insurrection dans les seize quartiers de la Capitale, comme nous verrons plus tard la Commune l'organiser dans les quarante-huit sections.

Au jour fixé, l'insurrection est proclamée; les mêmes Bourgeois qui ont fait la Saint-Barthélemy, prennent les armes, barricadent toutes les rues jusqu'au Louvre, et cernent de tous côtés la garde royale. Le roi prend la fuite, abandonnant sa capitale à l'insurrection victorieuse. Telle est la journée des barricades.

Cependant, le fugitif, redoutant que les Guise ne s'emparent de sa couronne, les fait assassiner. Puis, il se réconcilie

avec Henri de Navarre chef des Protestants, marche avec lui sur Paris, et vient camper à Saint-Cloud.

Mais le Pape l'excommunie; les Jésuites et les Ligueurs prêchent partout que la Bible permet de tuer les tyrans. Jacques Clément, jeune dominicain fanatique et dévoué, tue le Roi d'un coup de couteau; et la Bourgeoisie parisienne célèbre l'assassinat comme un prodige de vertu, et le meurtrier comme un saint martyr.

Henri III n'ayant pas d'enfants, la race des Valois d'Orléans s'éteint avec lui et fait place à la race des Bourbons.

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Fin de la Ligue.

Conspiration seigneuriale. — Projet de confédération française. — Projet de confédération européenne. - Nouveau régicide.

La couronne appartient à Henri de Navarre, comme descendant de Louis IX; il se fait proclamer en province sous le nom d'Henri IV: mais les Ligueurs le repoussent comme Protestant, et proclament le vieux Cardinal de Bourbon, son cousin, sous le nom de Charles X, qui appelle à son secours le Pape et une armée Espagnole. De son côté le Roi d'Espagne, aidé par quelques Ligueurs, intrigue pour se faire élire et couronner.-Le Pape excommunie l'hérétique.

Mais c'est la guerre civile qui va décider la question; et toute la France prend parti entre Henri IV et ses rivaux.

Après avoir battu les Catholiques et les Espagnols à Arques et à Ivry, Henri IV vient bloquer Paris.

Les Ligueurs s'y défendent avec fureur, formant des régiments de Moines, et supportant une horrible famine, pendant laquelle on fait du pain avec les os des cadavres.

Enfin, après cinq ans de guerre civile, les Catholiques modérés consentent à reconnaître Henri IV, s'il veut se faire catholique.« Paris vaut bien une messe,» dit-il; et, en 1594, après avoir abjuré le protestantisme et s'être fait catholique, il entre à Paris qui le reconnaît pour Roi.

Cependant les Ligueurs continuent la guerre dans les provinces; et ce n'est que quatre ans plus tard, après avoir été vaincu à Fontaine-Française, en Bretagne et ailleurs, qu'ils se soumettent et reconnaissent partout Henri IV.

Ce n'est aussi qu'après plusieurs années qu'il parvient à chasser les Espagnols et à les forcer à la paix.

Maître enfin du Royaume entier, Henri IV publie l'Édit de Nantes, par lequel le Protestantisme est toléré; mais le Catholicisme reste la Religion de l'État, et la majorité de la France reste catholique.

Cependant, les anciens Ligueurs toujours irrités de la tolérance religieuse accordée aux Protestants, et toujours excités par les Jésuites qui ne cessent de répandre leur doctrine du tyrannicide, conspirent continuellement, et tentent plusieurs fois de l'assassiner.-Il expulse enfin les Jésuites: maisle Pape ne veut lever l'ancienne excommunication lancée contre lui qu'à la condition de leur rappel; et les Jésuites sont rétablis, pour que le Roi ne soit plus excommunié.

Paisible possesseur du trône, Henri IV, aidé par un grand Ministre, Sully, s'attache à rétablir l'économie dans les finances, et s'efforce de rendre le Peuple heureux. Il veut, dit-il, que chaque paysan puisse mettre la poule au pot, et parvient à se rendre populaire.

Quel dommage qu'il n'ait pas l'idée de rendre à la Nation ses droits, et de constituer un système de liberté et d'égalité!

Mais il exerce un pouvoir despotique et consolide la Monarchie absolue. Il fait lui-même les lois et lève les impôts, sans convoquer les Etats-Généraux, se contentant d'assembler les Notables pour en obtenir des subsides extraordinaires.

C'est du moins un despote éclairé, juste, ami du Peuple, courageux, auquel on peut reprocher cependant d'aimer le jeu, et de séduire les femmes de ses sujets.

Néanmoins, la Réforme produit son effet, non-seulement sur les Protestants qui, pendant leur longue guerre civile, pensaient à la Souveraineté nationale, à un gouvernement constitutionnel, et à une République démocratique, mais aussi sur les grands Seigneurs, qui pensent à une espèce de République oligarchique ou aristocratique. Une vaste conspiration s'organise parmi les Ducs, Comtes, etc., qui veulent se déclarer Souverains indépendants de chaque province, et constituer une Confédération française composée, comme la Confédération allemande, de Princes féodaux élisant un Empereur ou un Roi. Mais la conspiration est découverte, et le Roi fait décapiter le Maréchal de Biron.

Une autre conspiration, ourdie dans le même but par la Marquise Henriette d'Entraigues, n'a pas plus de succès.

Et lui-même médite de constituer l'Europe en une espèce de République de Rois, c'est-à-dire d'organiser une Confédération Européenne ou une Sainte-Alliance entre tous. les Rois, pour régler les intérêts de l'Europe entière, lorsque, comme Henri III, il est assassiné par Ravaillac, fanatique agent des Jésuites, après avoir échappé, dit-on, à vingt-deux autres tentatives d'assassinat.

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§ 1er. Minorité. — Régence. · États-Généraux de 1614.

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Louis XIII n'ayant que neuf ans, il faut une Régence: qui la nommera? C'est le Parlement qui s'empare de ce droit, et qui choisit pour Régente Marie de Médicis, veuve d'Henri IV et mère de l'enfant-Roi,

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