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N'est-il pas quelque chaumière,
Dans le fond de ce réduit,
Où je vois une lumière

Percer l'ombre de la nuit."

'Mon fils,' dit le solitaire,

Crains ce feu qui te séduit;

C'est une vapeur légère,

Elle égare qui le suit.
Viens dans ma cellule obscure:
Je l'offrirai de bon cœur,
Mon pain noir, ma couche dure,
Mon repos et mon bonheur.'

Ces accens faisant sourire
Le voyageur attendri,
Un secret penchant l'attire

Vers le bienfaisant abri:
Un toit de chaume le couvre,
Et l'hermite hospitalier
Pause au loquet qui les ouvre
L'humble porte du foyer.

Devant lui son chien folâtre,

Et partage sa gaîté;
Le grillon chante dans l'atre,
Etincelant de clarté.

Mais hélas! rien n'a de charmes

Pour son hôte malheureux;

Rien ne peut tenir les larmes

Qui s'échappent de ses yeux.

L'hermite voit sa tristesse,
Et voudroit la soulager,
D'où vient l'ennui qui te presse?'

Dit-il au jeune étranger.

Est-ce une amitié trahie,

Est-ce un amour dédaigné?

Ou la misère ennemie

Qui te rende infortuné?

Hélas! tous les biens du monde
Sont peu dignes de nos vœux;
Et l'insensé qui s'en confonde
Est plus méprisable qu'eux.
L'amitié, s'il en est une,

N'est qu'une fantôme imposteur,
Une voix qui suit la fortune,
Et s'éloigne du malheur.

L'amour est plus vain encore,
C'est un éclat emprunté;
Un nom faux dont se décore
L'ambitieuse beauté;
On ne voit l'amour fidelle,

S'il daigne quitter les cieux,
Qu'en aide de la tourterelle
Qu'il échauffe de ses feux.

Va, crois-moi, deviens plus sage,
Méprise un sexe trompeur;'-
L'hôte, ému de ce langage,

S'embellit par sa rougeur.

Son front où la candeur brille,

Les yeux, sa bouche, et son sein,

Font reconnoître une belle

Dans la charmante pélerin.

Voyez,' dit-elle, une amante,
Qui cherche en vain le repos;
Voyez une fille errante,

Dont l'amour cause les maux.
Long-tems, superbe, inhumaine,
Ignorant la prix d'un cœur,
A fuir une tendre chaine

J'avois mit tout mon bonheur.

Dans cette faute volage

Qui renoît grossir mon cœur, Raimond m'offrit son hommage, Sans m'oser parler d'amour.

5

Le ciel étoit dans son âme;
Le lis qui s'ouvre au matin
N'est plus pur que la flamme
Que j'allumois dans son sein.

"Sa naissance étoit commune,

Raimond, sans bien, sans emploi, N'avoit qu'un cœur pour fortune, Mais ce coeur fut tout à moi.

Las de mon ingratitude,

Il me quitte pour toujours,

Et dans une solitude

Il alla finir ses jours.

• Maintenant désespérée,
Victime d'un fol orgueil,
Je m'en vais dans la contrée
Qui renferme son cercueil;
Là je n'ai plus d'autre envie

Que de mourir à ses pieds,
Payant des jours de ma vie
Ceux qu'il m'a sacrifiés.'

"Non, non,' dit Raimond lui-même,
En la serrant dans ses bras;
Non, celui qui ton cœur aime
N'a point subi le trépas.
Regarde, O mon Angéline!

Cher object de mes regrets,
Regarde, O fille divine!

Cet amant que tu pleurais.'

Angéline est dans l'ivresse,

Sa transport coupe sa voix; "Ah!' dit-elle avec tendresse, Est-ce toi que je revois ? Vivons, mourons, l'un pour l'autre; Il ne faut plus vous quitter; Qu'un seul trépas soit le nôtre; Qu'aurons nous à regretter?'

THE

HAUNCH OF VENISON.

A POETICAL EPISTLE TO LORD CLARE.

"The Haunch of Venison," written, it is believed, in 1771, was first published in 1776, two years after Goldsmith's death. It is here printed from the second edition, 1776, containing ten additional lines and numerous emendations, said to be taken from the last transcript of its author.-CUNNINGHAM.

THE Lord Clare to whom this poem is addressed, was Robert Nugent of Carlanstown, Westmeath, created, 1766, Viscount Clare, and, in 1776, Earl Nugent.

He died at Dublin, in 1788, and was buried at Gosfield, in Essex. He was a poet, and a stanza from his Ode to Pulteney has been quoted by Gibbon in his character of Brutus:

"What! though the good, the brave, the wise,
With adverse force undaunted rise

To break th' eternal doom;

Though Cato liv'd, though Tully spoke,

Though Brutus dealt the godlike stroke,—
Yet perished fatal Rome."

He was thrice married; was a big, jovial, voluptuous Irishman, with a loud voice, a strong Irish accent, and a ready, though coarse wit.-CUNNINGHAM.

"The leading idea of 'Haunch of Venison' is taken from Boileau's third Satire, (which itself was no doubt suggested by Horace's raillery of the banquet of Nasidienus;) and two or three of the passages which one would à priori have pronounced the most original and natural, are closely copied from the French poet."-CROKER.

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