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menté de plus d'un million, les cinq Item ou catégories de placements suivants suffiront pour le montrer:

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On pourrait dire que les exemples cités jusqu'à présent ne s'appliquent qu'aux classes riches ou aisées. Voyons donc quels indices nous donneront les autres classes sociales. Nous trouvons: que le montant des sommes déposées à la caisse d'épargne a monté de 67.500.000 à 97.500.000 €, les sommes placées dans les building societies (sociétés coopér. de construction) se sont élevées de 20.000.000 à plus de 52.000.000, qu'elles se sont accrues de 4.000.000 dans les sociétés de production, et plus ou moins dans toutes les combinaisons analogues; enfin, le nombre des pauvres assistés, qui était en 1875 de 3.39 0/0, est tombé à 2.75 0/0. Le lecteur va être agréablement surpris quand nous lui révélerons la cause de la diminution du produit des taxes: c'est que la consommation de l'eau-de-vie a diminué; en 1876 les droits sur l'eau-de-vie rapportaient 21.295.000 et en 1887 (1886-7) 17.155.000 seulement. Faut-il en attribuer le mérite aux sociétés de tempérance? Ces 100 millions de francs, le ministère des finances devra les chercher dans d'autres sources de revenu.

Citons encore l'Economist du 7 mai, où il est question d'introduire en Angleterre des billets de 1 livre sterl., 25 fr., qui existent d'ailleurs déjà en Ecosse. Ce qui parle en faveur de cette mesure, c'est qu'elle rendra, pour la circulation intérieure, le même service qu'un accroissement de la frappe des monnaies d'or.

The Banker's Magazine de M. Albert S. Bolles (New-York, mars, avril, mai 1887). L'article State taxation nous montre des Etats de l'Union américaine à la recherche du meilleur des impôts, et plus souvent, à la recherche d'un impôt quelconque, mais très productif. Ainsi le Connecticut supporte un impôt sur le revenu mobilier, dont il est très mécontent. On ne doit imposer que les revenus visibles, disent les sages de la cité, la charge imposée aux revenus invisibles (à la propriété personnelle) n'est portée que par les honnêtes gens, le grand nombre dissimule... et s'abstient de payer. Et le serment? demandera-t-on. C'est qu'on vous fait jurer que vous ne pos

sédez pas de revenu « assujetti à l'impôt » et vous pouvez aisément le jurer, car, selon vous, le revenu que vous tirez du Mexique ou du Brésil, ou que vous gagnez à la bourse de New-York n'est pas passible d'impôt. Vous en êtes le meilleur juge, va done pour le serment. Il n'y a que M. le Fise qui y trouve à redire.

A New-York, le cas n'est pas tout à fait le mème: là c'est la propriété visible, les revenus patents qu'on impose et l'on trouve que ce système a «ses injustices et ses inégalités », aussi on tape dessus à coups de marteau «< hammering » jusqu'à ce qu'il le systeme, soit brisé en morceaux into pieces. Or. pour briser l'injustice, il faut créer de nouveaux impôts au préjudice de citoyens qui en étaient quittes à trop bon marché jusqu'alors. On cherche done des « franchises » à taxer, mais je parirais que les franchises» sont des revenus qualifiés d'invisibles au Connecticut: justice sur la rive droite, injustice sur la rive gauche de l'Hudson. Cependant, à New-York, on parait incertain sur le caractère ou la qualité d'un impôt dont on a chargé autrefois les manufacturiers qui ont un magasin à New-York sans y demeurer. Il y a x années, on a trouvé l'impôt juste puisqu'on l'a voté; le lendemain du vote, on l'a trouvé injuste, puisqu'on n'a pas appliqué la loi; aujourd'hui, le contrôleur des finances, ayant besoin d'argent, veut réaliser la taxe; mais il en est empêché par les clameurs qui s'élèvent... l'impôt est inconstitutionnel, crie-t-on, done il est inexécutable, la loi est caduque: qu'il est difficile de se mettre d'accord sur une loi fiscale!

Le numéro du mois de mai renferme plusieurs notices auxquelles nous pouvons emprunter de courtes indications. D'abord, voici le produit brut de l'extraction de certains métaux aux Etats-Unis en 1886; or, pour 30.773.750 dollars; argent, pour 53.776.055 dollars; cuivre, pour 9.276.755 dollars; plomb, pour 9.185.192 dollars; ensemble, pour 103.011.761 dollars. C'est le plus fort total depuis 8 ans pour ces métaux.

Une autre chose curieuse est le vol des terres qui se fait sur une grande échelle en Georgie (Georgia land theres). Il s'est formé là une sorte de bureau où vous pouvez acheter des terres qui n'appartiennent pas aux vendeurs. Dans ce bureau on a une liste de juges de paix et autres fonctionnaires qui ont habité les divers districts depuis 50 ans, ainsi que leurs signatures, et l'on vous fabrique, sur demande, les pièces nécessaires pour prouver que vous êtes, depuis 20 ou 30 ans, propriétaire de telle terre qui vous plaît. Si cette terre est en possession de quelqu'un, vous l'évincez purement et simplement. Et ses papiers, ses documents, ses pièces authentiques? Ne vous en occupez pas, Comme il est légitime propriétaire, il n'aura

pas pris toutes ses précautions, il y aura des lacunes, il ne pourra pas les faire compléter, tandis que le bureau des faussaires aura tout prévu pour vous. Vous avez beaucoup de chances de gagner votre procès. Si vous le perdez, vous avez au moins la consolation de savoir que votre adversaire a eu, pour se maintenir en possession, plus de frais que la terre ne vaut. Si c'est du terrain non approprié, vous n'avez pas d'adversaire, et la situation est plus nette. Décidément on a une avance sur nous, de l'autre côté de l'Atlantique, la terre est « mobilisée » sans l'acte de Torrens.

M. Stephen Dowell a publié, à la librairie Longmans, Green et Cie, un ouvrage en quatre volumes intitulé: A History of taxation and taxes in England (Histoire des impôts en Angleterre, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours). L'auteur divise les derniers dix-huit siècles en périodes, et pour chacune d'elles il nous fait connaître la nature des impôts et leur assiette. Le premier volume commence aux Romains et finit avec la guerre civile, sous les Stuarts. Le second volume va de Cromwell jusqu'à nos jours, et la division en périodes a été combinée de manière à nous permettre de suivre plus aisément le développement de l'idée fiscale. Nous rencontrons ainsi une grande variété de taxes, mais qui néanmoins peuvent être réunies en deux groupes : contributions directes et contributions indirectes, ou aussi, mais moins aisément, en impôt sur la propriété et en droits de consommation. Ces deux groupes se rencontrent presque en tout temps et en tout lieu, les autres sources de revenus sont, outre les impôts personnels et les prestations, les domaines, productifs d'une part, les exactions, les spoliations, les confiscations de l'autre. On ne parle de ces derniers, que pour être complet. Les emprunts ne constituent pas une source de revenus, mais un expédient. Signalons, en passant, un impôt mentionné dans le tome II, p. 6, c'est la weekly meal tax, la taxe d'un repas par semaine. Sous Cromwell, les puritains étaient censés de jeuner une fois par semaine, et la valeur du repas ainsi économisé était versée au trésor de la République. Cet impôt a été levé pendant six ans et a produit 100.000 1. st. par an. De nos jours le jeune est moins répandu, il serait donc moins productif; mais la vraie raison qui empêche de le rétablir, c'est qu'on ne saurait dans quelle catégorie le ranger, car on ne pourrait certes pas le classer parmi les droits de consommation.

Les deux derniers volumes de cette histoire des impôts anglais reprennent les principales taxes l'une après l'autre et les traitent séparément en autant de monographies; les deux premiers volumes

sont plus curieux, les deux derniers plus intéressants et plus instructifs. Nous voyons là que la capitation n'a pu durer longtemps en Angleterre, de 1376 à 1698; encore était-elle graduée selon les moyens du contribuable. Il est moins sûr que l'impôt sur les tradesmen de la fin du XIe siècle ait été un droit de patente; cependant eertaines profession eurent à supporter des taxes spéciales qui pouvaient très bien être assimilées soit aux patentes, soit aux licences. L'impôt foncier remonte au xii siècle, sous le nom de Danegeld, (argent pour se débarrasser des Danois, 1163). L'income-tax fut d'abord imposé de 1790 à 1802, puis à partir de 1842. Et nous pourrions continuer encore longtemps si l'espace le permettait. Résumons donc notre impression: l'auteur n'a voulu faire que de l'histoire; il ne touche pas aux doctrines; mais ce qu'il promet, il le tient, il donne des faits et les présente simplement et avec clarté. Cela suffit pour qu'on lise son ouvrage avec plaisir et profit.

The source of business profits (la Source des bénéfices de l'entrepreneur) est le titre d'un article de M. Fr. A. Walker inséré dans une revue américaine et dans lequel l'auteur cherche à expliquer théoriquement les bénéfices. Il le fait d'une manière très ingénieuse, en se servant de la théorie de la rente de Ricardo. De même qu'il y a des terres peu productives, plus productives, très productives, extrêmement productives, il y a des entrepreneurs d'industrie de tous les degrés de capacité; les moins capables gagnent le minimum équivalent aux salaires d'un ouvrier ordinaire et avec la capacité s'élève le taux des bénéfices. Plus un entrepreneur est capable, plus aussi il étend son industrie, occupe des ouvriers, multiplie les produits auxquels il sait trouver des débouchés. Les ouvriers ont done tort de jalouser et surtout de hair l'entrepreneur qui jouit de ses succès, c'est surtout celui qui ne réussit pas et végète qu'on devrait tendre à éliminer. Voilà le système réduit à la plus simple expression. C'est une solution élégante, digne d'un artiste en économie politique; mais ce n'est pas le fait brutal que la vie de tous les jours présente à notre observation. Dans la vie réelle nous voyons un homme (ou des hommes) qui expose son capital, ou celui qu'on lui confie, non à une loterie aveugle, comme celui qui irait en mer dans un bateau sans voile ni gouvernail, ni boussole, ni connaissance maritime, avec le simple espoir d'être poussé par un vent bienveillance et d'arriver, par hasard, à bon port; non, l'entrepreneur raisonnable sait son métier et son bateau a tout ce qu'il faut pour être conduit, je dirai pour être forcé à bien marcher. Seulement toute

la science, toute la prévision humaine ne peuvent empêcher les tempètes, les écueils, les bas fonds, les courants sous-marins, et autres circonstances pareilles de causer des naufrages. S'il y a naufrage l'entrepreneur et ses commanditaires perdent tout; de là il suit qu'en gagnant même favorisés par des chances heureuses - ils ont tout à fait mérité leurs bénéfices: 1° par l'habileté qu'ils ont mise dans la direction de leur affaire; 2° par les risques qu'ils ont courus. Je trouve que cette explication, que je n'ai pas inventée, est encore la meilleure.

Viertrljahrschrift für Volkswirthschaft, etc. (Revue trimestrielle d'économie politique de M. le Dr Wiss, t. XCXI, fasc. 1 et 2. Berlin, F. A Herbig, 1887) 1. Dans ces fascicules, deux articles du rédacteur en chef traitent des logements des gens peu aisés. L'un de ces articles est consacré aux règles de l'hygiène à observer lors de la construction des maisons et l'auteur traite cette matière en médecin qu'il est. Je me borne à signaler ce travail très intéressant. L'autre, qui est plus étroitement économique, étudie les diverses tentatives faites pour procurer aux ouvriers en toute propriété de petites maisons d'habitation à bon marché et il communique ses propres idées sur la matière. C'est un travail à lire. Bien que l'auteur soit très chaud partisan de ces petites maisons ouvrières, il m'est resté, de son exposé, l'impression que la chose est assez difficile; car chacun des trois systèmes qu'il a examinés la spéculation, la société d'intérêt général, la société de bienfaisance, a ses inconvénients. L'auteur parle aussi des maisons ouvrières de Mulhouse et il cite à cette occasion une publication de laquelle il résulterait que ces maisons de Mulhouse sont loin d'avoir rendu les services qu'on leur attribue. Il en est beaucoup qui, au lieu de servir d'habitation à une seule famille d'ouvriers qui en a fait l'acquisition, sont divisées en 3 logements et louées. Cette publication dit encore d'autres choses, plus graves, dont je ne veux pas me faire l'écho; mais je citerai le titre complet de la publication sur laquelle il s'appuie et qui, si mes souvenirs ne me trompent pas (car j'en ai déjà entendu parler) a été une thèse de doctorat: Die Oberelsässiche Baumwoll-Industrie und ihre Arbeiter (l'Industrie cotonnière de la Haute-Alsace et ses

1 Nous venons d'apprendre que M. le Dr Ed. Wiss, ancien consul, etc., est mort le 17 juin dernier. C'était un savant très distingué et l'un des soutiens de l'économie politique libérale en Allemagne.

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